PhiloStjo

Une vie sans examen ne vaut pas la peine d'être vécue

Qu’est-ce qu’un scientifique ?

  • qui a une blouse blanche (avec 2 étoiles ! :) ), il fait autorité (Pourquoi ? Quelle légitimité ?)
  • pourquoi doit-on se méfier quand on entend : “c’est prouvé scientifiquement” ou “des études scientifiques le prouvent” 

 

  • …et en même temps ne pas verser dans le complotisme, et penser que les scientifiques se trompent sans cesse ou ne produisent que des hypothèses
    • cas de la négation de la théorie de l’évolution par certains, platisme

 

Aujourd’hui certaine méfiance à l’égard des scientifiques : on croit que les connaissances ne sont que des croyances particulières d’une communauté. Pourquoi donc croire dans les résultats de la science, le savoir produit ? Voilà une question un peu bizarre, car la science bannit la croyance pour s’appuyer sur des démonstrations. Mais, ceux qui ne sont pas scientifiques, ou les scientifiques d’autres domaines que celui concerné, sont obligés de croire dans les résultats des études scientifiques (car ils ne peuvent les pratiquer eux-mêmes). 

 

Pire, tout le monde se croit légitime à parler à la place du scientifique :  développement d’un type de discours qui promeut des points de vue intuitifs et souvent erronés sur toutes sortes de sujets. confiance dans son seul ressenti pour trancher des questions très complexes tout en reconnaissant ne rien y connaitre (je ne suis pas médecin mais..) : ce que Etienne Klein appelle le “démagogisme cognitif” 

nouvelle pathologie du savoir : croire savoir alors même qu’on sait ne pas savoir !! 

Un scientifique n’est ni une personne qu’on devrait croire sur parole ni se méfier systématiquement 

humilité des scientifiques d’un côté/ l’arrogance et l’aplomb des non sachants de l’autre. 

Dans Vérité et véracité, Bernard Williams soutient que notre société se trouve parcourue par deux courants de pensée contradictoires et associés :

-attachement à la véracité (souci de ne pas se laisser tromper par les discours officiels, par les apparences etc.)

-défiance à l’égard de la vérité ( existe-t-elle vraiment ? , relative, subjective…?)

en fait liés car un désir de vérité enclenche un processus critique généralisé => contribuer à affaiblir le crédit des scientifiques et universaliser la suspicion à l’égard des discours officiels. 

 

I ) Un scientifique est un homme sérieux, fiable, qui cherche à être exempt de préjugés 

 

-il a une volonté de savoir “vraiment” (la science exige

« un ardent désir de savoir comment les choses sont réellement ». Charles Sanders Peirce)

 : certains sont indifférents à la connaissance, d’autres préfèrent se fier à un dogme rassurant. La pente naturelle de l’homme est de nier, de s’arranger, de biaiser la réalité, plutôt que de s’y confronter. Cette volonté de savoir vraiment  départage la science d’activités qui ont des finalités différentes, telles que légiférer sur la société, enjoliver la réalité, donner de l’espoir, reproduire les traditions, prescrire des conduites, endoctriner les foules, véhiculer des opinions. Le terme volonté de savoir « vraiment » note le fait que cette volonté est double : c’est celle d’aller vers un savoir vrai (cohérent et en adéquation avec la réalité), mais aussi de ne pas se leurrer, de ne pas s’en tenir à des croyances.

=>-il se méfie, il réforme son esprit, critique vis à vis de lui-même. “le scientifique sait ce qu’il ne sait pas” => humilité 

=> différent de l’opinion, du dogme mais aussi du doute permanent (le doute est un moyen pas une fin en soi pour le scientifique). 

ex: c’est la volonté de savoir vraiment si la théorie des éléments d’Aristote (chaud/froid, sec/humide) était vrai qui a poussé le chimiste Lavoisier à les décomposer : le scientifique ne prend pas pour argent comptant la tradition. Il n’a pas douté pour douter, 

 

=> Il s’efforce de prendre conscience de ses propres limites (psychologiques) 

-Francis Bacon Novum Organum théorie des 4 idoles

-Bachelard obstacle épistémologique

-Kuhn paradigme

 

Gaston Bachelard insiste sur la nécessité d’une « rupture épistémologique » et d’une « psychanalyse » de la connaissance ordinaire, pour entrer dans une vision scientifique de la réalité. Il faut en effet un effort particulier pour se plier à la discipline scientifique, car la pensée humaine n’y est pas portée spontanément, bien au contraire.

 

-il est courageux ( quoi dans son labo il fait preuve de courage ?) : Galilée aurait pu se contenter de l’idée évidente que le Soleil tourne autour de la Terre. => conclusion inverse du dogme scolastique et évidence empirique ordinaire, commune. 

 Les découvertes peuvent prendre du temps, parfois toute une vie, => ténacité, persévérance, patience. 

-et surtout il aurait pu se contenter de la garder pour lui ! Le scientifique souhaite faire savoir, partager ses découvertes : transmission grande part dans l’activité du scientifique 

 => risques, sacrifices, 

Or la recherche du savoir n’a pas toujours été portée socialement : interdite ou combattue socialement => il y aurait une sorte d’éthique du scientifique. 

 

transition  : Ce courage à remettre en cause ce qu’on croit est illustré dans l’allégorie de la caverne mais il est aussi pris pour un fou. À juste titre ?

 

  1. II) Oui mais il est aussi un peu fou ( inventeur, créativité, expérience de pensée, imagination)

 

  • Il est détaché des préoccupations pratiques. Il n’est pas dans l’action et la pratique : il est plutôt dans la réflexion et la théorie > on l’imagine loin des préoccupations de la vie quotidienne. 

Ex : Thalès qui tombe dans le puits

dans un labo sale et encombré > découverte pénicilline Alexander Fleming

 

> Le scientifique élabore des théories, et pour cela doit se détacher de l’observation, il doit imaginer ce qui permettrait de rendre raison des observations.

Cela requiert beaucoup d’imagination, de création (science proche de l’art)

 

  • Il est mystérieux : on ne sait pas très bien comment il fait, il apparaît comme une sorte de génie : encore // avec artiste : comment viennent les idées au scientifique ? Einstein : hasard, rencontres, connaissances. La pensée est de “l’imaginaire refroidi”. expériences de pensée voire expériences oniriques. 

 

Galilée : pour élaborer loi de la chute des corps, doit remettre en cause les évidences, et imaginer ce qui n’existe pas – le vide (qu’il ne peut expérimenter, qu’il ne sait pas exister) > conférence Etienne Klein Cité des sciences sur l’imagination. interroger l’observation, les évidences (> Galilée, mais aussi géométries non-euclidiennes)

 

  • mais il n’invente pas en partant de rien : les théories scientifiques progressent par ajouts / corrections successives : loi gravitation : Aristote > Galilée > Kepler > Newton

 

III) Le scientifique explique le monde 

 

-différentes sciences pas LA science donc pas UN scientifique pareil : les sciences exactes ou sciences de la nature désignent les mathématiques, la médecine, la physique, la chimie, l’astronomie etc. Les sciences humaines désignent l’histoire, la linguistique, la sociologie, la psychologie, l’économie politique, l’ethnologie… 

extrême diversité ne doit pas occulter l’unité profonde du savoir scientifique. En quel sens parler DU scientifique, pas unité de l’objet mais de la méthode. Ce qui distingue science et non-science, scientifique et non scientifique c’est la démarche par laquelle les objets sont observés, décrits et les théories soumises à des tests expérimentaux. 

=> connaissance qui se dote de garanties (validité interne, cohérence) et vérification empirique

 

  • il part de l’observation (mais doit s’en détacher)

 

C’est en observant la nature, le monde, qu’on peut espérer le comprendre. Mais elle ne peut se résumer à une contemplation passive. “il faut réfléchir avant de regarder.” 

ex: fumée, pomme/feuille (chute dépend du poids ?)

“Il fallait être Newton pour remarquer que la Lune tombe quand tout le monde voit qu’elle ne tombe pas.” 

Le scientifique sait aller contre ses propres évidences (sens, logique), apprendre à contredire l’expérience courante. 

 

Il ne se contente pas de décrire mais cherche à dégager des causes, des lois générales des phénomènes. 

 

  • il se sert d’outils pour expliquer : instruments, mathématiques, modélisation, concepts (qu’il faut savoir maîtriser) 

“il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments” La réalité est trop complexe pour être étudiée telle quelle. ex : plans inclinés Galilée

instruments simples mais imprégnés de théorie.

 

  • ...sans savoir finalement si son explication correspond à la réalité (modèle explicatif) : évolution du modèle de l’atome

=> Einstein L’Évolution des idées en physique “ les concepts physiques sont des créations libres de l’esprit humains.. il n’a aucun moyen d’ouvrir le boitier…jamais en état de comparer son image avec le mécanisme réel.” l’importance du rôle de l’imagination dans les sciences exactes (partie II) 

 

 

  • il doit suivre une méthode / un protocole :

 

l’observation n’est pas passive mais expérimenter c’est poser des questions à ce qu’on s’apprête à observer,

« Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse a une question. S’il n’y a pas eu de question, il ne peut pas y avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit. » (Gaston Bachelard, La formation de l’esprit scientifique, 1938)

 

// Kant Préface à la seconde édition de la Critique de la raison pure 1787 : la raison “doit obliger la nature à répondre à ses questions et ne pas se laisser conduire pour ainsi dire en laisse par elle.” 

 

  • Cas de l’hydroxychloroquine : traitement qui n’a cessé d’être tantôt recommandé tantôt proscrit, car aucun essai respectant la méthodologie rigoureuse des essais thérapeutiques n’avait été mené. 

 

 et maîtriser les paramètres pour isoler une cause. 

Ex: Mendel expérience d’hybridation sur les petits pois, il sait quel but il poursuit (pas une observation hasardeuse) : comprendre comment les supports de l’hérédité se transmettent (se combinent ou se mélangent ?) (il force la nature à répondre à ses questions) => sélection de variétés de petits pois qui produisent des lignées pures. Une expérience : choix, tri => imagine d’autres sortes de combinatoires, refait des expériences etc.  

 

Cette méthode est donnée en même temps que les résultats de la recherche (publicité de la connaissance et garantit et légitime la démarche). Elle se dote donc de garanties pour sa transmission : Ce n’est pas un savoir qu’il faudrait apprendre, reproduire et transmettre. C’est une connaissance qui se compose par une série de démonstrations que tout étudiant doit être capable de refaire. Un scientifique doit pouvoir démontrer ce qu’il prétend. De même Les catégories, les concepts, sont bien définis et sont énoncés dans un langage dépourvu d’ambiguïté. Ils sont transmissibles et utilisables par les praticiens de la science considérée. 

L’argument d’autorité ne joue pas, la tradition ne joue pas, chacun individuellement doit être capable de démontrer à ses pairs ce qu’il soutient.

Par cet aspect, elle se départage des savoirs d’érudition : citer des textes, faire référence aux auteurs reconnus, répéter l’enseignement traditionnel, tout cela n’est pas de la science. On a là un critère simple, mais pertinent de définition et de démarcation. Le mythe, la religion, l’idéologie sont appris, transmis et reproduits, sans exigence de démonstration.

 

Si on reprend la question en intro : Pourquoi donc croire dans les résultats de la science, le savoir produit ? La raison tient à ce qui vient d’être décrit ci-dessus : le savoir est obtenu selon des procédés non arbitraires qui tentent vraiment d’interroger le monde. On peut nommer cela la vertu épistémique de la connaissance. La science constitue son savoir selon des démonstrations universelles contrôlables par la communauté scientifique et mises à l’épreuve de faits. Elle ne défend ni des opinions particulières, ni des croyances collectives. Elle est donc a priori beaucoup plus crédible que ces dernières.

 

Transition :  Elle peut et donc ouvrir un débat, des controverses mais ces échanges doivent avoir lieu de manière réglée (argumentés, publics et entre personnes compétentes…  => III ème partie réfutabilité 

 

  1. IV) Le scientifique parvient à des certitudes 

 

  • ces certitudes ne sont pas absolues (on ne peut démontrer que le faux- inférence inductive) : mais alors si elles ne sont pas des vérités absolues, en quoi sont-elles distinctes d’une simple opinion ? (pour voir ceux qui ont suivi !)

 

  • il cherche toujours à les réfuter, importance de l’erreur (est-ce une faute de faire des erreurs en science ?). 

plus une théorie résiste à la réfutation, plus elle est… vraie ? plutôt valide > et parfois, en essayant de réfuter une théorie, on comprend qu’elle n’est pas aussi valide qu’on le pensait : cas des géométries euclidiennes.

 

  • Popper : 

une théorie scientifique est une théorie réfutable : elle présente les critère de sa réfutation possible 

/ pseudo sciences : auto-confirmation, cherche une réponse à tout prix, satisfaire un désir non de vérité mais consolation, être rassuré. 

 

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