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Une vie sans examen ne vaut pas la peine d'être vécue

Archive for the 'science' Category

Qu’est-ce qu’un scientifique ?

  • qui a une blouse blanche (avec 2 étoiles ! :) ), il fait autorité (Pourquoi ? Quelle légitimité ?)
  • pourquoi doit-on se méfier quand on entend : “c’est prouvé scientifiquement” ou “des études scientifiques le prouvent” 

 

  • …et en même temps ne pas verser dans le complotisme, et penser que les scientifiques se trompent sans cesse ou ne produisent que des hypothèses
    • cas de la négation de la théorie de l’évolution par certains, platisme

 

Aujourd’hui certaine méfiance à l’égard des scientifiques : on croit que les connaissances ne sont que des croyances particulières d’une communauté. Pourquoi donc croire dans les résultats de la science, le savoir produit ? Voilà une question un peu bizarre, car la science bannit la croyance pour s’appuyer sur des démonstrations. Mais, ceux qui ne sont pas scientifiques, ou les scientifiques d’autres domaines que celui concerné, sont obligés de croire dans les résultats des études scientifiques (car ils ne peuvent les pratiquer eux-mêmes). 

 

Pire, tout le monde se croit légitime à parler à la place du scientifique :  développement d’un type de discours qui promeut des points de vue intuitifs et souvent erronés sur toutes sortes de sujets. confiance dans son seul ressenti pour trancher des questions très complexes tout en reconnaissant ne rien y connaitre (je ne suis pas médecin mais..) : ce que Etienne Klein appelle le “démagogisme cognitif” 

nouvelle pathologie du savoir : croire savoir alors même qu’on sait ne pas savoir !! 

Un scientifique n’est ni une personne qu’on devrait croire sur parole ni se méfier systématiquement 

humilité des scientifiques d’un côté/ l’arrogance et l’aplomb des non sachants de l’autre. 

Dans Vérité et véracité, Bernard Williams soutient que notre société se trouve parcourue par deux courants de pensée contradictoires et associés :

-attachement à la véracité (souci de ne pas se laisser tromper par les discours officiels, par les apparences etc.)

-défiance à l’égard de la vérité ( existe-t-elle vraiment ? , relative, subjective…?)

en fait liés car un désir de vérité enclenche un processus critique généralisé => contribuer à affaiblir le crédit des scientifiques et universaliser la suspicion à l’égard des discours officiels. 

 

I ) Un scientifique est un homme sérieux, fiable, qui cherche à être exempt de préjugés 

 

-il a une volonté de savoir “vraiment” (la science exige

« un ardent désir de savoir comment les choses sont réellement ». Charles Sanders Peirce)

 : certains sont indifférents à la connaissance, d’autres préfèrent se fier à un dogme rassurant. La pente naturelle de l’homme est de nier, de s’arranger, de biaiser la réalité, plutôt que de s’y confronter. Cette volonté de savoir vraiment  départage la science d’activités qui ont des finalités différentes, telles que légiférer sur la société, enjoliver la réalité, donner de l’espoir, reproduire les traditions, prescrire des conduites, endoctriner les foules, véhiculer des opinions. Le terme volonté de savoir « vraiment » note le fait que cette volonté est double : c’est celle d’aller vers un savoir vrai (cohérent et en adéquation avec la réalité), mais aussi de ne pas se leurrer, de ne pas s’en tenir à des croyances.

=>-il se méfie, il réforme son esprit, critique vis à vis de lui-même. “le scientifique sait ce qu’il ne sait pas” => humilité 

=> différent de l’opinion, du dogme mais aussi du doute permanent (le doute est un moyen pas une fin en soi pour le scientifique). 

ex: c’est la volonté de savoir vraiment si la théorie des éléments d’Aristote (chaud/froid, sec/humide) était vrai qui a poussé le chimiste Lavoisier à les décomposer : le scientifique ne prend pas pour argent comptant la tradition. Il n’a pas douté pour douter, 

 

=> Il s’efforce de prendre conscience de ses propres limites (psychologiques) 

-Francis Bacon Novum Organum théorie des 4 idoles

-Bachelard obstacle épistémologique

-Kuhn paradigme

 

Gaston Bachelard insiste sur la nécessité d’une « rupture épistémologique » et d’une « psychanalyse » de la connaissance ordinaire, pour entrer dans une vision scientifique de la réalité. Il faut en effet un effort particulier pour se plier à la discipline scientifique, car la pensée humaine n’y est pas portée spontanément, bien au contraire.

 

-il est courageux ( quoi dans son labo il fait preuve de courage ?) : Galilée aurait pu se contenter de l’idée évidente que le Soleil tourne autour de la Terre. => conclusion inverse du dogme scolastique et évidence empirique ordinaire, commune. 

 Les découvertes peuvent prendre du temps, parfois toute une vie, => ténacité, persévérance, patience. 

-et surtout il aurait pu se contenter de la garder pour lui ! Le scientifique souhaite faire savoir, partager ses découvertes : transmission grande part dans l’activité du scientifique 

 => risques, sacrifices, 

Or la recherche du savoir n’a pas toujours été portée socialement : interdite ou combattue socialement => il y aurait une sorte d’éthique du scientifique. 

 

transition  : Ce courage à remettre en cause ce qu’on croit est illustré dans l’allégorie de la caverne mais il est aussi pris pour un fou. À juste titre ?

 

  1. II) Oui mais il est aussi un peu fou ( inventeur, créativité, expérience de pensée, imagination)

 

  • Il est détaché des préoccupations pratiques. Il n’est pas dans l’action et la pratique : il est plutôt dans la réflexion et la théorie > on l’imagine loin des préoccupations de la vie quotidienne. 

Ex : Thalès qui tombe dans le puits

dans un labo sale et encombré > découverte pénicilline Alexander Fleming

 

> Le scientifique élabore des théories, et pour cela doit se détacher de l’observation, il doit imaginer ce qui permettrait de rendre raison des observations.

Cela requiert beaucoup d’imagination, de création (science proche de l’art)

 

  • Il est mystérieux : on ne sait pas très bien comment il fait, il apparaît comme une sorte de génie : encore // avec artiste : comment viennent les idées au scientifique ? Einstein : hasard, rencontres, connaissances. La pensée est de “l’imaginaire refroidi”. expériences de pensée voire expériences oniriques. 

 

Galilée : pour élaborer loi de la chute des corps, doit remettre en cause les évidences, et imaginer ce qui n’existe pas – le vide (qu’il ne peut expérimenter, qu’il ne sait pas exister) > conférence Etienne Klein Cité des sciences sur l’imagination. interroger l’observation, les évidences (> Galilée, mais aussi géométries non-euclidiennes)

 

  • mais il n’invente pas en partant de rien : les théories scientifiques progressent par ajouts / corrections successives : loi gravitation : Aristote > Galilée > Kepler > Newton

 

III) Le scientifique explique le monde 

 

-différentes sciences pas LA science donc pas UN scientifique pareil : les sciences exactes ou sciences de la nature désignent les mathématiques, la médecine, la physique, la chimie, l’astronomie etc. Les sciences humaines désignent l’histoire, la linguistique, la sociologie, la psychologie, l’économie politique, l’ethnologie… 

extrême diversité ne doit pas occulter l’unité profonde du savoir scientifique. En quel sens parler DU scientifique, pas unité de l’objet mais de la méthode. Ce qui distingue science et non-science, scientifique et non scientifique c’est la démarche par laquelle les objets sont observés, décrits et les théories soumises à des tests expérimentaux. 

=> connaissance qui se dote de garanties (validité interne, cohérence) et vérification empirique

 

  • il part de l’observation (mais doit s’en détacher)

 

C’est en observant la nature, le monde, qu’on peut espérer le comprendre. Mais elle ne peut se résumer à une contemplation passive. “il faut réfléchir avant de regarder.” 

ex: fumée, pomme/feuille (chute dépend du poids ?)

“Il fallait être Newton pour remarquer que la Lune tombe quand tout le monde voit qu’elle ne tombe pas.” 

Le scientifique sait aller contre ses propres évidences (sens, logique), apprendre à contredire l’expérience courante. 

 

Il ne se contente pas de décrire mais cherche à dégager des causes, des lois générales des phénomènes. 

 

  • il se sert d’outils pour expliquer : instruments, mathématiques, modélisation, concepts (qu’il faut savoir maîtriser) 

“il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments” La réalité est trop complexe pour être étudiée telle quelle. ex : plans inclinés Galilée

instruments simples mais imprégnés de théorie.

 

  • ...sans savoir finalement si son explication correspond à la réalité (modèle explicatif) : évolution du modèle de l’atome

=> Einstein L’Évolution des idées en physique “ les concepts physiques sont des créations libres de l’esprit humains.. il n’a aucun moyen d’ouvrir le boitier…jamais en état de comparer son image avec le mécanisme réel.” l’importance du rôle de l’imagination dans les sciences exactes (partie II) 

 

 

  • il doit suivre une méthode / un protocole :

 

l’observation n’est pas passive mais expérimenter c’est poser des questions à ce qu’on s’apprête à observer,

« Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse a une question. S’il n’y a pas eu de question, il ne peut pas y avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit. » (Gaston Bachelard, La formation de l’esprit scientifique, 1938)

 

// Kant Préface à la seconde édition de la Critique de la raison pure 1787 : la raison “doit obliger la nature à répondre à ses questions et ne pas se laisser conduire pour ainsi dire en laisse par elle.” 

 

  • Cas de l’hydroxychloroquine : traitement qui n’a cessé d’être tantôt recommandé tantôt proscrit, car aucun essai respectant la méthodologie rigoureuse des essais thérapeutiques n’avait été mené. 

 

 et maîtriser les paramètres pour isoler une cause. 

Ex: Mendel expérience d’hybridation sur les petits pois, il sait quel but il poursuit (pas une observation hasardeuse) : comprendre comment les supports de l’hérédité se transmettent (se combinent ou se mélangent ?) (il force la nature à répondre à ses questions) => sélection de variétés de petits pois qui produisent des lignées pures. Une expérience : choix, tri => imagine d’autres sortes de combinatoires, refait des expériences etc.  

 

Cette méthode est donnée en même temps que les résultats de la recherche (publicité de la connaissance et garantit et légitime la démarche). Elle se dote donc de garanties pour sa transmission : Ce n’est pas un savoir qu’il faudrait apprendre, reproduire et transmettre. C’est une connaissance qui se compose par une série de démonstrations que tout étudiant doit être capable de refaire. Un scientifique doit pouvoir démontrer ce qu’il prétend. De même Les catégories, les concepts, sont bien définis et sont énoncés dans un langage dépourvu d’ambiguïté. Ils sont transmissibles et utilisables par les praticiens de la science considérée. 

L’argument d’autorité ne joue pas, la tradition ne joue pas, chacun individuellement doit être capable de démontrer à ses pairs ce qu’il soutient.

Par cet aspect, elle se départage des savoirs d’érudition : citer des textes, faire référence aux auteurs reconnus, répéter l’enseignement traditionnel, tout cela n’est pas de la science. On a là un critère simple, mais pertinent de définition et de démarcation. Le mythe, la religion, l’idéologie sont appris, transmis et reproduits, sans exigence de démonstration.

 

Si on reprend la question en intro : Pourquoi donc croire dans les résultats de la science, le savoir produit ? La raison tient à ce qui vient d’être décrit ci-dessus : le savoir est obtenu selon des procédés non arbitraires qui tentent vraiment d’interroger le monde. On peut nommer cela la vertu épistémique de la connaissance. La science constitue son savoir selon des démonstrations universelles contrôlables par la communauté scientifique et mises à l’épreuve de faits. Elle ne défend ni des opinions particulières, ni des croyances collectives. Elle est donc a priori beaucoup plus crédible que ces dernières.

 

Transition :  Elle peut et donc ouvrir un débat, des controverses mais ces échanges doivent avoir lieu de manière réglée (argumentés, publics et entre personnes compétentes…  => III ème partie réfutabilité 

 

  1. IV) Le scientifique parvient à des certitudes 

 

  • ces certitudes ne sont pas absolues (on ne peut démontrer que le faux- inférence inductive) : mais alors si elles ne sont pas des vérités absolues, en quoi sont-elles distinctes d’une simple opinion ? (pour voir ceux qui ont suivi !)

 

  • il cherche toujours à les réfuter, importance de l’erreur (est-ce une faute de faire des erreurs en science ?). 

plus une théorie résiste à la réfutation, plus elle est… vraie ? plutôt valide > et parfois, en essayant de réfuter une théorie, on comprend qu’elle n’est pas aussi valide qu’on le pensait : cas des géométries euclidiennes.

 

  • Popper : 

une théorie scientifique est une théorie réfutable : elle présente les critère de sa réfutation possible 

/ pseudo sciences : auto-confirmation, cherche une réponse à tout prix, satisfaire un désir non de vérité mais consolation, être rassuré. 

 

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Corrigé : Ce qui est scientifique est-il toujours vrai ?

Analyse du sujet :

 

vrai : valeur absolue ou relative

réflexion sur l’avancée de la connaissance humaine.

la vérité serait un rapport d’équivalence entre le réel et la connaissance humaine sur ce dernier. Mais la vérité reste une notion transcendantale, non définissable en tant que telle. Il s’agira donc de faire évoluer sa définition au cours de votre travail, entre vérité absolue, relative ou valeur que la connaissance humaine poursuit. 

-la « science » renvoie au domaine scientifique (traité dans le programme dans le champ « la raison et le réel) lui-même divisé entre différentes disciplines comme les mathématiques, la biologie, la physique, l’astronomie…Il faut aussi veiller à élargir les champs et ne pas restreindre votre dissertation aux seules sciences dures (mathématiques, physique, biologie…) mais penser aussi aux sciences sociales : histoire, géographie, sociologie, psychanalyse…. La science se caractérise par son processus particulier de recherche de la vérité. On associe souvent ce qui est « scientifique » à ce qui est « vrai » car la science a une méthode fondée sur des observations objectives vérifiables et des raisonnements rigoureux qui recherche des connaissances à valeur universelle sur le réel. 

la science est le domaine privilégié de la vérité, c’est par le processus scientifique réglé par des méthodes de recherche objectives car reproductibles et vérifiables (observation, expérimentation) que l’on peut obtenir des connaissances proprement « vraies ».

-degré de vérité que l’on peut atteindre ?Le sujet comprend ici une partie définitionnelle : qu’est-ce qui peut être dit « vrai » ?

-La pluralité des domaines de recherche du vrai n’appelle-t-elle pas une redéfinition de la vérité ?

-toujours : définitivement ? notion temporelle, ou absolue / relative à une époque, aux méthodes, découvertes, instruments …

-n’est-elle pas dans son fond, sa définition toujours réfutable ?

le fait que ce soit scientifique confère-t-il immédiatement une véracité ?

-vrai : vérité matérielle/ formelle ; de fait/ de raison

problématique : vérité définitive condition et ruine de la science car à la fois ce qui la définit en l’opposant à la variation et la fluctuation, la relativité de l’opinion et ce qui supprime empêche toute recherche en science, progrès scientifique.

Première partie. En théorie, ce qui est scientifique est toujours vrai :  la vérité doit être définitive.

Un jugement concernant la réalité, quel que soit son domaine [sciences formelles (mathématiques) sciences humaines (histoire, sociologie), sciences de la nature (physique, biologie, etc.], doit, pour prétendre au statut de vérité, ne pas dépendre d’un point de vue individuel ni se présenter comme seulement relatif à une époque déterminée ou à une culture spécifique. Sous peine d’être assimilée à une simple opinion, une vérité ne peut pas ne pas se caractériser comme définitive. Il n’y aurait pas de sens à affirmer que « 2+2=4 » est vrai seulement pour ceux qui le pensent et qu’il est possible que, demain, on découvre que ce n’est pas le cas. Ou bien, dans ce cas, il faut être prêt à renoncer à l’idée même de vérité et à la remplacer par l’idée d’opinion vraisemblable quoique possédant seulement la probabilité d’être confirmée à l’avenir (mais quand ?).

Les théories scientifiques : des connaissances vraies

On peut penser ici d’abord au savoir mathématique. Les mathématiques sont un système de signes qui ont trait à l’abstraction. Appliqués au réel (penser ici aux lois physiques), ils permettent d’expliquer le fonctionnement du réel de façon systématique. Les mathématiques sont guidées par la logique de la démonstration et les énoncés mathématiques sont donc vrais s’ils sont logiques. On peut penser ici aux théorèmes de Thalès ou de Pythagore.

Comme l’illustre  l’allégorie de la caverne dans la République de Platon, c’est la réflexion philosophique seule qui peut permettre de dépasser l’expérience sensible trompeuse et illusoire pour parvenir à la vérité, à l’essence des choses.

De même, la science parvient à la vérité par un processus réglé dont les étapes sont les suivantes : observation, expérimentation, mise en théorie. Le rapport que la science entretient au réel est guidé par l’objectivité. C’est à dire que la communauté scientifique cherche à se départir de la subjectivité, notamment en créant des expériences reproductibles donc vérifiables et à adopter un point de vue critique envers ses productions.

Deuxième partie. En pratique, la vérité n’est jamais définitive. ce qui est scientifique n’est pas toujours vrai, le statut de l’erreur en science, l’histoire des sciences

On ne parle pas de la science ou de ce qui est scientifique de manière uniforme. Ce qui est scientifique renvoie en vérité à une multitude d’approches, de recherches de la vérité et donc peut-être de définitions du vrai. Les mathématiques si elles semblent être toujours vraies (et encore dans un système donné cf. géométrie non euclidienne) ne constituent pas l’entièreté des sciences et on ne peut à ce titre attendre la même exactitude ou le même critère de vérité pour les autres sciences.

-on peut douter du potentiel absolu de la science dans la connaissance du vivant par exemple. Contrairement au champ mathématique, la biologie n’est pas abstraite. La matière qu’elle étudie, le vivant, est par définition changeante, plurielle et échappe souvent à la connaissance.

-En ce qui concerne la science médicale, on peut aussi observer quelques errances comme la théorie des 4 fluides d’Hippocrate ou la pratique très dangereuse des saignées qui a perduré très longtemps et causer souvent plus de mal que de bien aux patients sur lesquels on la pratiquait.

-D’autres domaines, comme l’histoire, ont une méthode qui leur permet d’élaborer des connaissances dites « vraies ». L’historien est guidé par l’objectivité. Cela s’exprime notamment par la confrontation des sources (archéologiques, archives, témoignages) qui est au cœur de son travail. Cela dit, cette méthode historique a été définie assez récemment, par l’école des Annales, une école d’historien qui a fixé les principes de la recherche historique rigoureuse, dite « scientifique ». L’histoire a longtemps été « hagiographique » c’est à dire qu’elle visait a mettre en valeur le fait de grands hommes (rois, saints) qui faisaient commande à des historiens. La vérité historique n’est donc pas absolue, ce qu’on voit aussi dans l’histoire des mémoires de la 2nde guerre mondiale ou de la guerre d’Algérie.

-La sociologie ou encore la psychanalyse sont d’autres domaines qui ne sont pas purement scientifiques mais où des méthodes de recherche ont été mises en place pour permettre d’élaborer des connaissances vraies car observables, vérifiables et objectives.

Cet élargissement des domaines nous a conduit à observer la relativité de la notion de vérité. Quel que soit le champ où elle s’inscrive, la vérité semble ne pas être absolue, simplement donnée mais liée au progrès des méthodes de connaissance. 

La science se définit par son objet et une méthode appropriée

-Pour ce qui est de l’astronomie, on peut penser aux erreurs qui ont été faites par le passé. On a d’abord pensé que la Terre était plate ou encore que le Soleil tournait autour de la Terre. Il a fallu attendre que nos moyens techniques d’observation progressent (exemple : télescopes) pour pouvoir élaborer des théories vraies.

Ex : Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, la théorie de Newton sera tenue pour une vérité définitive et indépassable que les faits corroborent excellemment. Marcelin Berthelot, ministre de l’Instruction publique, écrit dans les années 1880 que «le monde est aujourd’hui sans mystère»

La physique newtonienne prévoit une rotation du périhélie des planètes (le périhélie d’une planète est le point de son orbite où elle se trouve le plus proche du Soleil).  Or il se trouve que la rotation observée du périhélie de la planète Mercure ne correspond pas exactement à la théorie. Ce phénomène ne peut être expliqué par la physique newtonienne. Ce sera l’un des grands succès de la relativité einsteinienne de rendre compte de l’orbite de Mercure. La théorie de la relativité dépasse et réfute la physique newtonienne qui ne peut plus être considérée comme une vérité indiscutable. La révolution scientifique de la relativité vient bousculer la vision traditionnelle de la science.

Comment a-t-on pu croire vraie pendant deux siècles la théorie de newtonienne qui finalement ne l’était pas ? Tout simplement parce qu’elle était remarquablement confirmée par l’expérience. Mais une confirmation expérimentale, si elle constitue une intéressante présomption de véracité pour une théorie, ne peut jamais être érigée en preuve.

Karl Popper : «Seul a un caractère scientifique ce qui peut être réfuté. Ce qui n’est pas réfutable relève de la magie ou de la mystique»

À proprement parler, la physique newtonienne n’a jamais été prouvée. Le philosophe anglais d’origine autrichienne Karl Popper (1902 – 1994) remarque que la science ne peut se prétendre vraie si elle procède par affirmations. En effet, une expérience dont le résultat est celui prévu par une théorie ne prouve pas l’exactitude de ladite théorie, elle se contente de ne pas la réfuter. Le fait de n’avoir jamais observé un cygne qui ne soit pas blanc ne prouve pas la véracité de l’affirmation «tous les cygnes sont blancs». Par contre, un seul cygne noir suffit à la réfuter. Les certitudes de la science ne peuvent donc porter que sur les réfutations.

La science est donc faite de conjectures, d’hypothèses que l’on ne tente pas seulement de confirmer mais aussi de réfuter (cf. Karl Popper : Conjectures et Réfutations, Payot, 1985). La science n’est pas vraie, mais seulement conjecturale. Popper définit le critère de réfutabilité comme la ligne de partage entre les disciplines scientifiques et le reste. Une théorie est scientifique si on peut essayer de la réfuter, si elle joue son existence sur une expérience. Si la comète de Halley revient à la date prévue, la conjecture newtonienne n’est pas réfutée. Sinon elle l’est.

Mais en donnant un tel poids à la réfutation, Popper ne commet-il pas une faute logique ? Toute réfutation s’appuie, en effet, sur une mesure dont on admet la validité. Considérer une mesure comme valable, c’est supposer que les instruments de mesure ont fonctionné comme d’habitude et, par conséquent, tenir pour vraie la science de son temps. S’il n’existe pas de certitude mais seulement des conjectures, il est logiquement contradictoire de tenir les réfutations pour certaines. Tous les cygnes ne sont pas blancs, ainsi que le prouve la photo d’un cygne noir. Sauf si la photo ou le cygne sont des faux. D’où cette question : les faits sont-ils vrais ?

Si la Terre tourne autour du Soleil, les positions relatives des étoiles fixes devraient changer car nous les regardons à partir de points de vue différents. C’est le phénomène bien connu de la parallaxe qui explique, par exemple, que deux observateurs ne lisent pas tout à fait la même heure sur une pendule à aiguilles pour peu qu’ils l’observent de points différents. Copernic admet que la théorie héliocentrique qui situe le Soleil au centre de l’univers implique une parallaxe saisonnière de la positions des étoiles les unes par rapport aux autres. Entre l’été et l’hiver, la Terre a bougé, notre vision du ciel devrait donc se modifier. Pourtant, cet effet de parallaxe resta inobservable aux XVIe et XVIIe siècles. On ne manqua donc pas d’opposer cette réfutation à Galilée. À tort, car c’est la distance très grande des étoiles qui rendait cette parallaxe inobservable à l’époque. L’objection ne réfutait donc pas l’héliocentrisme lui-même mais seulement la distance supposée des étoiles.

Seulement, en pratique, les vérités scientifiques, sans être considérées comme seulement provisoires, font l’objet d’un questionnement permanent dans le but de les remettre en question et de les tester. Les savants partent toujours du principe que leurs théories sont peut-être fausses et qu’ils doivent les renforcer en les soumettant à des nouvelles expériences ou en les exposant à d’autres théories concurrentes. De ce point de vue, la vérité ne peut jamais être définitive au sens où, si certaines théories sont considérées comme vraies, car on n’a pas (encore) montré qu’elles étaient fausses, il n’en reste pas moins que le savoir absolu n’est pas atteint et que le progrès de la connaissance en général est susceptible d’aboutir à une remise en cause de que l’on considérait jusque là comme vrai.

En résumé, la recherche de la vérité interdit qu’on puisse considérer les vérités acquises comme définitives.

ce qui est scientifique est toujours réfutable. On pourrait dire qu’une « scientifisation » des champs de la connaissance humaine est à la source du progrès vers la vérité. 

Troisième partie. Le progrès de la connaissance exige de ne pas considérer une vérité comme un dogme.

Pour développer le point précédent, il faut se méfier du caractère définitif de la vérité, car cela la transforme en dogme, c’est-à-dire en un savoir à propos duquel il est interdit de s’interroger. Or, le dogmatisme est l’ennemi du progrès de la connaissance, il la transforme en un objet de croyance et de vénération et il bloque l’effort de découverte qui exige une remise en question de nos vérités.

Par exemple, même si nous pensons bien connaître le déroulement et la signification de certains événements historiques, il ne faut pas considérer qu’il existe une vérité définitive à leur propos dans le sens où cela empêcherait d’en améliorer la connaissance et la compréhension, un événement étant toujours susceptible de faire l’objet de nouvelles approches de la part des historiens.

extrait d’un interview  https://www.atlantico.fr/decryptage/188783/science-verite

Atlantico : Une expérience du CERN a montré que les neutrinos se déplacent plus vite que la lumière, et donc la théorie de la relativité d’Einstein serait donc fausse ou incomplète. Doit-on croire la science, si on ne peut plus croire Einstein, symbole de la découverte et connaissance scientifique à notre époque ?

Axel Kahn : Il y a un contresens à mettre la science dans le domaine de la foi. On ne croit pas en un résultat. On a confiance en un résultat. Dire qu’il est robuste ou qu’il ne l’est pas. Mais on est toujours prêt à ce que de nouvelles données remettent cela en cause. Ceux qui croient des résultats scientifique ne sont pas des scientifiques, un scientifique vous dira que ce qu’il propose a une haute probabilité et aujourd’hui il n’y a pas d’autre énoncé qui lui soit supérieur. Cela étant dit, toute l’histoire de la science permet d’être prudent sur ce point, un scientifique par définition est prêt à considérer des arguments remettant en cause son énoncé antérieur.

La science nous permet-elle de découvrir la vérité ?

Ce n’est pas la vérité, c’est la plus grande probabilité. Une vérité scientifique est une vérité temporaire. C’est la meilleure vérité en l’état actuel des connaissances. Le gros intérêt de la science par rapport à la foi, vous ne ferez jamais d’expérience remettant en cause la virginité de Marie ou d’autres actes de foi, la vérité temporaire scientifique, selon la définition de Karl Popper, la science est falsifiable. Une approche scientifique peut toujours confirmer ou infirmer, falsifier un fait scientifique. Un fait scientifique est une vérité scientifique temporaire qu’au moment où il peut être rationnellement validité ou rationnellement falsifié.

Comment se construit la science ?

La connaissance scientifique se construit par confirmation ou infirmation de toute une série d’un corpus de propositions. Lorsqu’une proposition d’un corpus scientifique qui a été proposé ne fait que s’intégrer dans tous les résultats ultérieurs complémentaires, cet énoncé scientifique atteint un tel niveau de probabilité qu’on peut considérer qu’il s’agit d’une réalité. En effet, 2+2=4 est un énoncé scientifique qui a peu de chances d’être remis en cause. C’est le résultat de la confrontation d’un énoncé scientifique à toute une série de données, d’essais, de falsification, qui aboutit à la vérification. La science est la meilleure réponse que l’on puisse donner à un moment donné. Ce qu’espère la science, c’est qu’avec tous les éléments dont elle dispose, de proposer la meilleure solution, le meilleur énoncé possible à un moment donné, et qu’il n’y ait pas d’autre solution qui lui soit préférable. Et si arrive une autre proposition qui lui est préférable, alors elle lui sera préférée.

La science elle-même ne peut atteindre la vérité absolue

Comme l’explique l’épistémologue Karl Popper dans son ouvrage Conjectures et réfutations la connaissance scientifique progresse vers la vérité par un processus de falsification successive. Les théories sont toujours mises à l’épreuve. Elles ne peuvent pas être vérifiées mais falsifiées. La falsification est le critère du vrai. Si une théorie ne résiste pas à cette mise à l’épreuve, alors elle est fausse, au contraire, si elle y résiste, alors elle peut être considérée comme vraie. On parlera alors non pas de vérité mais de « véracité », c’est à dire qu’une théorie scientifique est vraie à un instant T du processus de connaissance scientifique, dans un contexte précis où l’on possède certaines connaissances et certains moyens techniques.

La connaissance humaine comme progrès vers la vérité

Toutes les connaissances humaines, qu’elles appartiennent aux « sciences dures » ou aux « sciences molles » sont guidées par le même idéal, le même fil d’Ariane qu’est la vérité. C’est la valeur suprême au cœur du processus de connaissance. Ce qui importe donc, ce n’est pas dans quel domaine l’homme peut atteindre la vérité mais quelles sont les méthodes pour l’atteindre. Face à la difficulté que présente la recherche de la vérité c’est la rigueur méthodique mais aussi le pluralisme critique (confrontation des savoirs, doute) qui sont essentiels. La connaissance humaine, peu importe son objet, est toujours progrès vers la vérité.

 

Conclusion.

Sans être assimilée à une simple opinion subjective ou à un point de vue relatif, une vérité ne peut pas être définitive, non pas au sens où il est impossible de la connaître, mais en raison des conditions mêmes du progrès de la connaissance de la vérité en général. Ainsi ce qui est scientifique ne se révèle pas « toujours » vrai mais manifeste toujours cette volonté de recherche rigoureuse de vérité.

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