La Chine dans le commerce mondial : vers une normalisation

Le 12 juillet 2018, l’OFCE a publié sur son blog une note : « La Chine se normalise et son commerce devient ordinaire » qui met en évidence les mutations du commerce extérieur de la Chine et, avec elles, les mutations du commerce mondial. Les auteurs s’appuient notamment sur les données de la balance courante chinoise (voir graphique ci dessous).

 

En 2007, juste avant la crise, la Chine enregistre un excédent de sa balance des transactions courantes (BTC) de l’ordre de 10 % par rapport à son PIB (courbe orange). A cette date, la plus grande partie de cet excédent est imputable à la balance commerciale (c’est à dire le commerce extérieur portant sur les marchandises). En 2017, la situation du commerce extérieur chinois a significativement évolué : l’excédent de la BTC est inférieur à 2 % du PIB. Cette chute de 8 points en une décennie est le fait de deux facteurs qui se cumulent : la baisse de l’excédent commercial (en bleu sur le graphe) et l’apparition d’un déficit de la balance des services de plus de 2 % par rapport au PIB. Les auteurs montrent à ce propos que si cette évolution est en partie subie par la Chine (ralentissement du commerce mondial depuis le début des années 2010), elle est aussi la conséquence du passage d’un modèle de développement axé sur le commerce avec les PDEM et l’insertion dans les chaines de valeur mondiales via les firmes transnationales (FTN) chinoises, les filiales des FTN des PDEM ou les firmes sous-traitantes, à un modèle qui se fonde sur le marché intérieur (et donc la consommation plutôt que l’exportation). La balance des services est un indicateur qui atteste de cette évolution (elle est notamment imputable à la consommation de services touristiques liée à la montée de la classe aisée chinoise).

Les auteurs s’appuient par ailleurs sur la distinction entre « commerce de processing« , c’est à dire pour la Chine le fait d’importer des biens intermédiaires en s’insérant dans une chaine de valeur, les transformer dans des opérations d’assemblage puis exporter les produits finis (ou semi-finis) et « commerce ordinaire« , c’est à dire le fait d’importer des biens et des services tournés vers la demande intérieure et exporter des biens et des services dont les inputs sont essentiellement domestiques. On sait que la stratégie d’insertion de la Chine dans l’économie mondiale à partir du début des années 2000 s’est fondée sur le modèle du commerce de processing. Près de vingt ans plus tard, on observe que ce sont les « courbes » (importations et exportations – voir graphiques dans la note de l’OFCE) du commerce ordinaire qui tirent le commerce extérieur de la Chine.

Depuis quelques années, des travaux divers montrent que les mutations du modèle de croissance chinois soulèvent des enjeux considérables (voir notamment ici et ici pour des notes datant de 2016 sur « Des clés pour l’économie ! »). Avec un marché intérieur en pleine expansion de près de 1,4 milliard de personnes, les interrogations en matière de place des « vieux » PDEM dans l’économie mondiale ne peuvent être pensées sans interaction étroite avec les questions environnementales et climatiques qui se posent avec une acuité de plus en plus forte.

Bonne lecture et bonne reprise !

 

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