La dépendance de l’économie française aux chaînes de valeur mondiales

En juin 2020, deux économistes du CEPII (A. Reshef et G. Santoni) ont publié un article qui montre le degré d’interdépendance des économies au sein de la mondialisation productive. Il en ressort notamment que :

  1. Il existe d’une part une dépendance du point de vue de l’offre via les approvisionnements des intrants. Par exemple, l’assemblage de l’Airbus A380 à Toulouse a été perturbé par des arrêts dans les chaines de production en Allemagne concernant le fuselage entre mars et mai 2020.
  2. Il existe d’autre part une dépendance vis à vis de la demande et par conséquent des clients des firmes. Par exemple, lorsque la firme Michelin vend ses pneumatiques à un constructeur automobile allemand, son débouché est contraint par celui de la firme allemande.

Dans les deux cas de figures, cette interdépendance concerne des produits semi-finis qui occupent une place croissante dans les systèmes productifs des pays participant à la mondialisation (même si ce commerce des produits semi-finis n’est pas toujours mondialisé). Le tableau ci-dessous propose une mesure de cette dépendance :

Où l’on voit par exemple que :

a) En 2014, les importations de produits intermédiaires représentent 13,6 % du PIB de la France (10 % en 1995)

b) En 2014, les importations de produits d’intrants intermédiaires représentent 12 % du PIB de la France.

Même si ces parts relatives restent contenues, l’interconnexion des systèmes productifs progresse dans tous les pays depuis 25 ans. Les auteurs montrent cependant que l’effet récessif très important sur les PIB depuis mars 2020 n’est pas principalement imputable à la segmentation des chaînes de valeurs mais aux mesures politiques liées au confinement avec le risque d’un effet déflationniste structurel sur les économies. Au final, le débat sur les chaines de valeur risque d’être mal compris : les pays de l’Union européenne ont sans doute moins besoin de se recentrer sur leur système productif national que d’organiser une relance de façon coordonnée pour sortir collectivement de la récession consécutive à la crise du COVID-19.

L’article de la lettre du CEPII est ici :

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