Les camps de «rééducation» pour les Ouïghours

« Quel que soit l’être de chair et de sang qui vient à la vie, s’il a figure d’homme, il porte en lui le droit humain.» Jean Jaurès

Si je vous dis : « Chine », à quoi pensez-vous ? Aux nouilles ?

À Kung-fu Panda ? Au Parti Communiste ? À la dictature ?

Charmant, n’est-ce pas ?

Maintenant, si je vous dis : « Terrorisme », à quoi pensez-vous ? Aux Djihadistes ? Aux terroristes ? Aux Islamistes radicaux ?

Amusant, n’est-ce pas ?

Enfin, si je vous dis : « Camp de concentration », une idée de mots vous vient sûrement en tête. Non ? Oui ? Peut-être les Juifs ? Les déportations ? Les maltraitances ? Les tortures ? Le travail forcé ? Le génocide ? Ou bien tous à la fois ?

Très joyeux, n’est-ce pas ?

Quel est le rapport entre ces trois termes ? Aucun.

Après tout la Chine, c’est la Chine. Et comme tous les pays, elle a son système politique et sa culture. Le terrorisme, ici, on pourrait dire que ça tourne autour de l’extrémisme religieux. Et les camps de concentration, on pourrait dire que c’est terminé ça. Ce sont des éléments tragiques et immoraux de la Seconde Guerre Mondiale…

En effet, ces trois termes n’ont aucun rapport. Pourtant, malgré tout, ils en ont un, qu’on le veuille ou non. Et il est plutôt triste de constater, en 2020, que ces trois termes se rassemblent autour d’un seul mot, les Ouïghours.

Les Ouïghours ? Qu’est-ce que c’est ? Ou plutôt qui sont-ils ?

Les Ouïghours sont un peuple majoritairement musulman et ils sont environ 25 millions, à habiter au Kazakhstan, en Turquie et dans d’autres pays, notamment une grande partie, en Chine et principalement dans la province de Xinjiang.

Source : https://www.leparisien.fr/international/ouighours-en-chine-cinq-minutes-pour-comprendre-le-sort-de-cette-minorite-29-11-2019-8205228.php

Tragiquement, c’est un peuple musulman qui subit le même sort que les Juifs au siècle dernier. Ils sont persécutés et incarcérés dans des camps de rééducation, dits aussi camps de concentration, camps de détention ou encore camps d’internement.

Cette répression chinoise a débuté après l’attentat du 1er mars 2014 à la gare Kuming par des djihadistes Ouïghours, faisant 31 morts et 143 blessés.

Un attentat qui a très vite fait réagir le président Xi Jinping qui lance alors une guerre contre le terrorisme, disant dans son discours (retrouvé dans des documents internes chinois ayant fuité et ayant été récupérés par le New York Times) qu’ «il faut utiliser les outils de la dictature populaire pour éradiquer l’islam radical dans la province du Xinjiang», et qu’«il ne faut montrer aucune pitié pour les Ouïghours».

Et c’est ainsi que débute l’internement massif de 1 à plus de 3 millions d’Ouïghours dans des camps de «rééducation».

Un camp de rééducation à Hotan, en Chine (©GREG BAKER / AFP) Francetvinfo.fr

Ces camps de «rééducation», d’après Xi Jinping, ont pour but d’éliminer le terrorisme radical par des moyens doux. Mais d’après certains témoignages d’anciens prisonniers, «les moyens doux» ne le sont qu’en apparence. Non, les camps de «rééducation» n’en portent que le nom et ce qui se passe à l’intérieur de ces camps est l’«enfer» d’après certains témoins. En réalité, ils sont semblables à des camps de concentration. Ils ont pour but d’éradiquer l’identité, la langue et la culture des Ouïghours, utilisant des moyens violents et barbares.

En effet, cela commence par une arrestation parfois des plus injustes comme par exemple, être arrêté pour avoir utilisé l’application Wechat, avec laquelle les autorités chinoises pensent que les Ouïghours partagent «leurs futurs attentats».

Ensuite, ces derniers sont emmenés dans des camps d’internement. D’après une vidéo, on peut voir des hommes, le crâne tondu, les yeux bandés et les mains menottées.

Une fois dans ces camps, les prisonniers, hommes, femmes et enfants, sont tués, torturés physiquement (frappés) et psychologiquement (forcés à manger du porc et à boire de l’alcool). Ils sont aussi violés et forcés à la stérilisation ainsi qu’à l’ apprentissage forcé (le mandarin, chant patriotique…), autrement dit un lavage de cerveau pour faire de ces Ouïghours, des «bon chinois». Enfin, dans certains camps, il y a une surpopulation et les prisonniers vivent dans des cellules de 16 m²…

De plus, le régime chinois s’en prend aussi aux Ouïghours vivants à l’étranger. En effet, ces derniers sont mis sous pression et sont surveillés. Par ailleurs, les autorités chinoises exigent leur silence et de ne rien dire aux médias sinon, en représailles, ils s’en prennent à leur famille. Le chantage et la peur empêchent donc tout acte de rébellion des Ouïghours. Et même si nous en parlons peu aujourd’hui dans les médias, des voix s’élèvent de plus en plus, comme les familles des Ouïghours ou comme Mesut Ozil, célèbre joueur de football allemand, pour dénoncer cette répression. Même si Pékin nie ces faits malgré les preuves apportées dans le New York Times, de nombreux soutiens sont apportés aux Ouïghours, venant notamment de pays comme les États-Unis ou l’ensemble de l’Europe.

Source : https://les-yeux-du-monde.fr/actualites-analysees/44782-repression-ouighours-chine

Ils sont aussi visibles grâce à des manifestations dans le monde comme à Hong Kong, le 25 décembre 2019, ou encore grâce aux associations Ouïghours. Ainsi qu’à la tête de l’institut Ouïghours, Dilnur Reylan qui défit le régime chinois malgré les menaces que celle-ci reçoit. Elle luttera encore et encore pour conserver et enseigner la culture et
la langue du peuple des Ouïghours.

Lisa

Sources :

https://jamestown.org/product/sterilizations-iuds-and-mandatory-birth-control-the-ccps-campaign-to-suppress-uyghur-birthrates-in-xinjiang/

https://www.lefigaro.fr/international/a-hongkong-une-manifestation-en-soutien-aux-ouighours-20191222

https://www.youtube.com/watch?v=CTC-xC0crTg

https://www.youtube.com/watch?v=JIo3Afr69KM

https://www.20minutes.fr/monde/2878999-20201006-trente-neuf-pays-demandent-chine-respecter-droits-ouighours