A l’occasion du Printemps des Poètes 2022 sur le thème de l’éphémère, les professeurs documentalistes ont organisé un concours de poésie interne au lycée : « écrivez l’éphémère ».
Le jury, composé de personnels du lycée, a lu les 22 textes participants pour déterminer les trois poèmes gagnants. La remise des prix s’est déroulée le vendredi 13 mai à 16h au CDI en présence d’une partie des participants.
Tous les textes seront exposés au CDI dès le lundi 16 mai.
Découvrez ci-dessous les textes des trois lauréats :
1er Prix : L’Allumette
A première vue, c’est un morceau de peuplier, parfois de saule. On ne la trouve que rarement seule, puisqu’elle vit près de ses sœurs jusqu’à ce qu’on l’enlève pour l’embraser. Sa tête chimique pourrait en effrayer plus d’un mais une fois frottée contre le bord de sa boîte, elle est hors d’état de nuire.
Servant à éclairer, brûler ou encore allumer, elle est à la fois indispensable et ignorée depuis l’arrivée de son plus grand rival : le briquet.
Mais cette petite tige n’a-t-elle pas peur justement de s’embraser ? Puisqu’elle sait qu’une fois allumée, sa fin est décidée. Elle se consume elle-même et souffre pour la simple mission qui lui est attribuée. Assurément, cela la terrifie encore plus d’être gaspillée parce que l’humain n’a pas su l’achever.
Peut-on l’appeler égoïste de préférer voir sa sœur être choisie à sa place et de la regarder brûler que d’être celle condamnée ? Le gaz s’échappant de sa tête n’est qu’en fait une tentative désespérée de continuer à respirer.
Nous nous arrêtons là, car la noirceur qui l’envahit une fois consumée est indescriptible tant elle reflète celle de l’Humanité. L’Homme est-il si différent de cet objet qui veut échapper à ses responsabilités ?
Alice TG1
2ème Prix : Si seulement ces chevreuils…
Si seulement ces chevreuils humant librement
L’effluve d’une vie frémissante et sauvage ;
Si seulement ces chevreuils errant sur la plage
Pouvaient ôter les maux de cet enfermement.
La nature reprend son souffle lentement
Tandis que s’éteignent des milliers de visages.
Les libertés perdues repeuplent nos rivages ;
Les interdits reçus dictent nos mouvements.
L’or du soir se reflète sur ce banc de sable
Qu’effleure le flux de ces flots infatigables.
Laissons-nous transporter le temps d’une marée
Par cette aubade océane remplie d’espoir.
Malgré nos vies comme des bateaux amarrés,
Ces ailes d’albâtre donnent envie d’y croire
Antoine 1G3
3ème Prix : L’éphémère (Ephemeroptera)
Éphémère, manne, éphéméroptère
Tu as bien des noms qui te qualifient
Appartenant à la famille des paléoptères
Tu te réveilles, voles, te nourris
Après plusieurs années endormis
La naïade que tu as été
Se lève et déplie ses ailes nervurées
Puis
Tu ne vis qu’un jour
Tu ne fais que planer, te reproduire
Nitrates, pesticides
Tu ne peux rester placide
Eclairages urbains, pollution lumineuse
Une vie des plus malheureuses
Depuis des années en France
Ta population ne fait que régresser
Alors devant notre indifférence
Tu te venges sans pitié
Tu provoques des accidents
Quelques morts au volant
Insecte archaïque
Au destin tragique
Tu respectes les règles
Temps lieu action
Ainsi tout est décidé
Rien ne changera ta destinée
Tu nous souhaites bonne séance
Sans grande bienséance
Toi qui ne vis qu’un jour
Tu as beaucoup à nous apprendre
Sur le temps que nous devons prendre
Un jour c’est peu mais suffisant
Pour ne pas paraître insignifiant
Finalement comme nous humains
Tu te traces un chemin
Ton passage sur terre
N’aura été qu’éphémère.
Mathilde 1G1