AVC : agir vite pour mieux récupérer

150 000, c’est le nombre d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) dénombrés chaque année en France, soit 1 toutes les 4 minutes. Cette pathologie représente la première cause nationale de handicap acquis de l’adulte : plus de 500 000 Français vivent avec des séquelles. Celles-ci peuvent être plus ou moins importantes en fonction de ce qui se passe pour la victime durant la phase de récupération. Aujourd’hui avec l’aide d’une de ces victimes nommée Pierre, Le P’tit Vilar va vous apprendre les bases à connaître pour la récupération d’un AVC.

Qu’est-ce qu’un AVC ?

Un accident vasculaire cérébral, plus simplement appelé « AVC”, correspond à une lésion du tissu cérébral due à une interruption de la circulation sanguine vers le cerveau qui n’est alors plus alimenté en oxygène. L’interruption de la circulation sanguine est causée dans 85 % des cas par un vaisseau sanguin bouché, on parle alors d’AVC ischémique. Dans les 15 % restants, il est causé par un vaisseau sanguin rompu, on parle alors d’AVC hémorragique. Mais comment la récupération de la fonction d’une zone de notre cerveau se déroule-t-elle, et quelles sont les caractéristiques qui entrent en jeu ?

Source : Le Parisien.fr, 28/10/19

Le fonctionnement du cerveau et la plasticité cérébrale

Tout d’abord, intéressons-nous au fonctionnement de notre cerveau et à ce qui le compose. Celui-ci comporte deux hémisphères : l’hémisphère droit et l’hémisphère gauche. Tous deux sont responsables du bon fonctionnement de notre corps. Etonnamment, c’est l’hémisphère droit qui commande la partie gauche de notre corps, et l’hémisphère gauche contrôle la partie droite, on appelle cela la décussation. « Ces deux hémisphères sont recouverts, sur une épaisseur de quelques millimètres, par un tissu organique, aussi appelé cortex cérébral, ou encore substance grise, comportant six couches de neurones » nous informe Guillaume, le médecin que nous avons interrogé. Chacune de ces zones possède une fonction bien particulière, la zone qui nous intéresse se nomme le lobe frontal, car il contient une aire bien particulière : le cortex moteur. Celui-ci possède un rôle essentiel dans la motricité de notre corps, notamment car il en est intégralement responsable. C’est lui qui nous permet de nous déplacer, d’utiliser nos mains, nos doigts etc. Lorsque nous sommes touchés au niveau de cette zone, la perte des capacités motrices peut être plus ou moins importante, allant de ne plus pouvoir bouger les doigts de sa main, à ne plus pouvoir bouger les jambes ou les bras.

Mais notre cerveau possède aussi d’incroyables capacités très diverses pour s’adapter aux différentes situations, une en particulier a grandement joué dans la récupération de Pierre : la plasticité cérébrale. Dans son livre Les étonnants pouvoirs de transformation du cerveau, la neurobiologiste Catherine Vidal décrit très bien cette «capacité du cerveau à se façonner au gré de l’histoire vécue». En effet, « au cours des apprentissages et des expériences, c’est la structure même du cerveau qui se modifie, avec la fabrication de nouvelles connexions entre les neurones ». Cette faculté unique permet à notre cerveau de récupérer et de se restructurer après des traumatismes, notamment l’AVC, mais également de réduire l’impact des maladies neurodégénératives, telles que la dyslexie, Alzheimer, la sclérose en plaque etc.

La récupération après un AVC

L’AVC constitue une urgence qui se doit d’être traitée le plus rapidement possible. Chaque 10 minutes gagnées correspond à plus de 20 millions de neurones sauvés, TIME IS BRAIN !

En stimulant la zone touchée du cerveau, des cellules dites « sous le choc » vont pouvoir se « réveiller ». Il ne faut pas les laisser dormir ! Comme nous le confie Pierre ayant perdu l’usage temporaire de sa main droite suite à son AVC, son médecin lui a demandé de s’imaginer en train de faire des mouvements avec sa main droite. Cette demande peut paraître quelque peut étrange mais la partie du cerveau touchée par l’AVC est stimulable par l’imagination, la visualisation. C’est pourquoi il est très important de commencer ce traitement dans les trois premières heures qui suivent l’AVC.

Suite à un AVC il y a toujours une récupération spontanée qui peut être plus ou moins importante. Après une récupération spontanée s’entame une rééducation sur la durée qui doit être intensive. Celle-ci se déroule en deux temps, premièrement la phase de récupération rapide les trois premiers mois durant lesquels nous observons des améliorations notables, et deuxièmement une récupération lente, s’étendant jusqu’à un an, voire dix-huit mois, durant laquelle un pallier est atteint, les améliorations subissant alors un ralentissement.

Certains patients récupèrent mieux que d’autres

Suite aux premiers jours de récupération, des exercices de rééducation sont alors mis en place par des spécialistes, et ce pour des mois et des années. Certains patients récupèrent mieux que d’autres. En effet, la récupération peut être freinée par différents facteurs. Il y a deux facteurs principaux impliqués dans la chronologie de la récupération : la taille de la lésion et la localisation de celle-ci. La récupération est toujours réalisable mais celle-ci prendra plus de temps et d’efforts. L’âge et l’état de santé (physique et psychologique) du patient peuvent aussi freiner cette récupération. Plus le patient est jeune, en bonne santé, et déterminé, plus les chances de récupérations sont importantes.

Le cas de Pierre, victime d’un AVC

Pierre, victime d’un AVC sur les pistes de ski il y a six mois a accepté de partager avec nous son parcours de récupération et de rééducation qui reflète bien la récupération spontanée et le ralentissement suite à l’atteinte d’un palier le troisième mois. Même deux jours après l’AVC tous les neurones ne sont pas morts, certains sont endormis (comme évoqué précédemment). Au neuvième jour après l’AVC les parties actives lors de la motricité sont plus nombreuses, ce qui montre que la plasticité cérébrale a lieu dès les premiers jours pour réorganiser les connexions inter neuronales (entre cellules nerveuses). Pierre a suivi une rééducation avec beaucoup de stimulation quotidienne. « Effectivement, les activités et exercices de stimulation étaient quotidiens et très intenses, et ce dès les premiers jours, ils étaient nécessaires pour que je puisse retrouver une vie normale » nous explique Pierre. La prise en charge et l’investissement doivent donc être immédiats pour une récupération importante.

Pierre ne doit pas son rétablissement qu’à la chance, il a dû faire des sacrifices et énormément d’efforts pendant ces six mois. Avec beaucoup de volonté, une équipe médicale compétente et un entourage qui l’a soutenu jusqu’au bout, il a réussi à retrouver l’usage de sa main droite et ainsi garder son métier d’informaticien.

Julie, Marco et Toni