PROJET FUKUSHIMA


“Vendredi 11 mars 2011, en début d’après-midi, la vibration des fenêtres. Quelque chose s’ouvre, grogne, frémit, demande à sortir.” (Michaël Ferrier, Fukushima Récit d’un désastre, collection L’infini, éditions Gallimard).

Ainsi s’ouvre la première partie du récit de Michaël Ferrier, “Le manche de l’éventail”. Il y relate la succession d’événements dramatiques qu’a connus le Japon à la fin de l’hiver 2011 : séismes à répétitions, tsunami et accident nucléaire.

Le Japon est certes habitué aux catastrophes naturelles, mais chacun peut imaginer l’écho qu’a pu avoir l’accident nucléaire de Fukushima dans le pays victime du double bombardement atomique d’Hiroshima et de Nagasaki

Cet accident est en partie imputable à l’homme et au choix qu’il a fait de l’énergie nucléaire. Or il n’est pas sans précédent : rappelons-nous Tchernobyl en 1986. À l’époque, certains avaient pu minimiser la portée de l’événement au motif qu’il survenait dans un pays fragilisé : l’URSS des dernières années. Ce motif ne saurait être allégué pour Fukushima puisque la centrale en question est celle d’un pays au niveau de développement technologique et industriel parmi les plus avancés au monde.

Dès lors la catastrophe de Fukushima interroge au delà des frontières nippones pour devenir un enjeu de civilisation. C’est cette réflexion qu’a voulu mener Michaël Ferrier, universitaire et écrivain français vivant au Japon depuis une vingtaine d’années. Pour autant, il ne s’agissait pas pour lui de rédiger un savant essai, mais de faire oeuvre littéraire ; comme a pu le faire Svetlana Alexievitch avec La Supplication – Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse (éditions Jean-Claude Lattès, Paris, 1997).

La démarche de Michaël Ferrier est d’ailleurs comparable à celle de Svetlana Alexievitch : « Trois années durant, j’ai voyagé et questionné des hommes et des femmes de générations, de destins, de tempéraments différents. Tchernobyl est leur monde. Il empoisonne tout autour d’eux, la terre, l’air, l’eau mais aussi tout en eux, la conscience, le temps, la vie intérieure.” Alors qu’il aurait pu, au moment de la catastrophe, comme bien des expatriés, rentrer en France, Michaël Ferrier a choisi de faire le voyage vers le nord et d’aller à la rencontre de la population en souffrance.

Pour son entreprise littéraire, il se réclame de Robert Antelme qui, avec L’espèce humaine, avait relevé le défi d’écrire sur l’indicible. De même l’éditeur de Svetlana Alexievitch, Jean-Claude Lattès, rapproche La supplication de l’oeuvre des rescapés des camps : “Tout comme l’oeuvre de Primo Levi sur Auschwitz ou celle d’Alexandre Soljenitsyne sur le Goulag, son livre nomme l’indicible en faisant entendre, pour la première fois, les voix suppliciées de Tchernobyl.”

Ainsi la publication de Fukushima Récit d’un désastre ne peut que susciter l’intérêt des clubs Unesco. Or le rapprochement des clubs Unescube et Sorbonne, avec leur vision différente liée à la diversité de leur formation, rend fructueux un questionnement sur l’événement de Fukushima.

Michaël Ferrier, résidant pour un an en France dans le cadre d’une année sabbatique, est tout disposé à rencontrer les étudiants des deux clubs : à la rentrée prochaine, mais éventuellement plus tôt.

Avant cette rencontre, les clubs Unesco Unescube et Sorbonne sont conviés à un débat organisé jeudi 3 mai à 20 h à la Ménagerie de verre (12-14 rue Léchevin, Paris, XIe). Vous trouverez toutes informations en suivant ce lien :

http://www.menagerie-de-verre.org/index_menagerie.php?rub=spectacles

Notez enfin la création d’un groupe sur Facebook :

http://www.facebook.com/groups/285009061584369/

Pour lors, ce groupe prétend surtout constituer une sorte de base de données autour du livre de Michaël Ferrier : il recense les différentes émissions auxquelles Michaël Ferrier a participé ou qui ont traité de son récit ; quelques critiques littéraires également. Ces données permettront à chacun de mesurer les enjeux de cette publication, mais la première chose à faire est évidemment de lire Fukushima.

Le groupe compte à ce jour peu de membres, car je n’ai pu inscrire que des membres figurant parmi mes amis. Cela étant, chacun peut librement demander à s’inscrire à ce groupe.

Pascal Vasseur