Hommage à Nelson Mandela

Cher Madiba,

Ce samedi 7 décembre, trois cents jeunes de nos Clubs UNESCO étaient réunis, à l’UNESCO, pour célébrer, selon notre tradition, la date anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. C’est à toi que nous pensions tout au long de cette journée, belle et fraternelle, que nous t’avons dédiée, en humble reconnaissance pour les vives lumières que tu n’as cessé de projeter au-devant de notre route vers un monde de liberté et d’harmonie, un monde tel que tu l’as toujours rêvé, livrant à sa construction chacune de tes pensées, chacun de tes souffles, chacun des instants de ta vie. C’est par ton sourire que nous avons commencé cette journée et c’est par ton sourire que nous l’avons conclue ; sourire qui restera dans nos esprits et dans nos cœurs comme l’antidote la plus puissante à la barbarie des hommes, à leur bêtise, à leur ignorance, à leur égoïsme, à leur fanatisme et à leur intolérance.

Nous étions évidemment tristes, désemparés comme l’enfant nouvellement orphelin qui craint d’affronter la vie sans la présence d’un père ou d’une mère. Les gorges et les cœurs étaient noués et peu s’en fallait pour que nos yeux ne laissent aller leurs larmes. Mais, à l’image de ton peuple, nous avons choisi, rassemblés dans cette maison de l’UNESCO dont tu étais l’Ambassadeur, de chanter avec Johnny CLEGG, ce bon zoulou blanc qui a si bien célébré ton combat, et de danser avec toi au moment où tu pénètres sur la scène, illuminant tout de ton chaud et bienveillant sourire. Trois cents jeunes adhérents de nos Clubs UNESCO, chantant et dansant avec toi, c’était beau Madiba ; je crois que tu aurais aimé cela… L’émotion était grande et elle nous rendait forts.

Ton sourire, Madiba, sourire à la vie, sourire à tes semblables, sourire si extraordinaire d’un homme qui se voulait ordinaire, simple « pécheur n’aspirant qu’à s’améliorer », ton sourire sera notre étendard et notre force, qui nous permettra, selon ton merveilleux exemple, de ne jamais désespérer de l’homme, en dépit des vents mauvais qui agitent trop souvent nos pauvres sociétés.
Nous le disions Madiba. Il ne manquera pas une voix au « chœur des pleureuses » qui va se presser auprès de ton linceul. Mais après tout… tant mieux si la force de ton message oblige aujourd’hui l’assentiment de tous, y compris parmi ceux qui, dans la réalité de leur action, n’en appliquent, dans les faits, aucun précepte. Illusion, peut-être, que celle de ces puissants qui pensent que ta mort les aurait libérés de l’incandescence de ton sourire, de ton inébranlable foi en la fraternité possible de tous les hommes de la terre, par la richesse conjuguée des nuances de leurs couleurs de peau ou du foisonnement multiple de leurs cultures.
Nos Clubs UNESCO, Madiba, ne sont pas de ces ralliés de la dernière heure, qui chantent les louanges de celui qui lutte lorsque sa lutte enfin triomphe. En même temps que les Droits de l’Homme, nous célébrions les cinquante-sept ans d’engagement de notre Fédération pour la promotion des idéaux portés par l’UNESCO, longue période trop longtemps marquée par les souffrances de ton peuple, confronté au régime le plus abominable que l’homme puisse inventer, marquée par ton inhumaine épreuve de vingt-sept ans d’emprisonnement. Jamais, Madiba, tout au long de ces sombres années, les voix de notre Fédération n’ont manqué pour dénoncer l’horrible apartheid, jamais ces voix n’ont cessé d’appeler à ta libération, jamais ton exemple n’a cessé de nous guider, de nous instruire.

Ainsi que nous avons souligné et partagé ta lutte pendant ces lourdes années de prison, sans que jamais le découragement ne puisse altérer l’intensité de ta foi en l’homme, nous avons, avec la même admiration, partagé ton œuvre de reconstruction fraternelle, noirs et blancs mêlés ; œuvre d’absolue générosité où les plus résolus, les plus intolérants de tes ennemis se sont trouvés emportés.
Lorsque le Président Mitterrand est venu te saluer, nous étions là, Madiba, t’apportant par la voix de notre ami Gil PERNOT, le salut de la jeunesse française et de la Fédération française :

“Mr President, I represent here the Youth of France through the French Federation of UNESCO clubs !”  “Thank you ! Dear !”

Quelques années plus tard, nous célébrions à Bamako, au Mali, le “Mandela Challenge”, que nous avions imaginé, avec tous nos amis des Fédérations africaines des Clubs UNESCO, pour manifester notre volonté commune de construire un monde solidaire, tissé de relations fraternelles entre peuples et continents. Ce fut une belle rencontre ! Combien nous aurions aimé que tu sois avec nous !

Mais je veux le redire. Avec nous tu seras toujours. Nous saurons inventer avec toi d’autres formes de dialogue de sorte que ton esprit, ton regard continuent d’accompagner nos pas. A ton exemple, bien des combats devront encore être conduits afin, qu’en France comme partout ailleurs dans le monde, les valeurs que notre République a inscrites aux frontons de ses écoles : Liberté, Egalité, Fraternité, deviennent la loi commune des hommes.
Merci, de tout cœur, Madiba, de nous avoir ainsi enseignés. Nous serons fidèles à cet enseignement, sois en certain.

Avec notre immense affection, avec notre gratitude la plus vive.

Yves LOPEZ
Président de la Fédération française des Clubs UNESCO
10 décembre 2013

Source FFC UNESCO