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Analyse d’une peinture

Las Meninas

de Diego Velasquez

1656

Diego Velasquez (1599-1660) est le peintre officiel de la cour du roi Philippe IV d’Espagne (1605-1665). Les personnages représentés sur cette toile sont, au premier plan de gauche à droite : Diego Velasquez, les suivantes dona Maria Augustina de Sarmiento, et dona Isabel de Velasco qui entourent l’infante Marguerite, les nains Mari-Barbola et Nicolasito Pertusato ; au second plan, derrière eux, Marcela de Ulloa, gouvernante, et Diego Ruiz de Azcona ; et enfin, le personnage dans le fond est Jose Nieto Velasquez, maréchal du palais.

1. Le thème

Le tableau représente l’atelier de Diego Velasquez, peintre officiel de la cour de Philippe IV monarque espagnol du 17è siècle. Le peintre y est représenté en train de travailler à une oeuvre dont on ne voit que l’envers. Il est accompagné d’un groupe de courtisans qui entourent une jeune princesse et ses suivantes venues sans doute prendre connaissance de son travail.

2. Le point de vue

Le peintre, le pinceau à la main, cesse un instant de peindre pour contempler son modèle et porte son regard en direction de l’avant du tableau, en ce lieu même où nous, spectateurs. nous trouvons. En ce lieu qui est le point de vue, origine du regard et de l’image, se trouve également le modèle invisible qui pose pour le peintre.

Nous nous trouvons donc dans le contrechamp du regard du peintre. Ce contrechamp est également matérialisé par l’envers de la toile qui figure en amorce.

Nous nous inscrivons donc dans la subjectivité du modèle dont nous sommes appelés à partager le regard. Le point de vue narratif adopté par Velasquez mêle un regard interne à la scène, ou encore point de vue intradiégétique, celui du modèle, avec les point de vue énonciatifs du peintre et du spectateur.

3. La lumière

On voit ainsi se mettre en place un jeu de rôles où le réel, l’imaginaire et le virtuel, le visible et l’invisible, s’organisent autour d’une même question : « Qui regarde qui ? »

L’identification des sources lumineuses et du trajet de la lumière va nous apporter un élément de réponse à cette question. La lumière, comme le regard, introduit un principe dynamique dans l’univers figé de la toile. La lumière introduit le temps dans l’espace de la toile. A chaque source lumineuse peut être affectée une instance narrative.

On note tout d’abord que la scène est baignée par une lumière venue d’une fenêtre située sur le côté droit, en avant du tableau, hors champ, voire hors cadre puisqu’elle semble provenir de ce lieu même où nous sommes, nous spectateurs. Cette lumière énonciative, symbolique, et diégétique, réelle, baigne à la fois ou successivement, le modèle invisible qui partage avec nous l’avant-scène, le modèle manifeste, visible, de la toile, l’infante sur laquelle se porte le regard du modèle invisible, puis le bord et le devant, invisible de la toile retournée.

Une deuxième source lumineuse semble provenir de l’intérieur même du mur du fond de la salle et baigne deux personnages dont on pourrait croire qu’ils sont l’objet d’un tableau si justement les tableaux qui les entourent n’étaient eux-mêmes obscurs et illisibles.

Cette source lumineuse, proprement imaginaire, est celle donc d’un miroir qui réflète la lumière qui provient du devant de la scène et les personnages qui s’y trouvent, autrement dit les modèles qui posent pour le peintre dont on comprend qu’il s’agit des parents de la princesse, le roi et la reine.

Le miroir que Velasquez introduit dans son oeuvre donne à voir le regard du spectateur en l’endroit même où il se confond avec le regard du peintre et celui du modèle. Ce lieu virtuel, en avant de la toile, rassemble les trois points de vue réel, imaginaire et symbolique, comme constitutifs du sujet. Le peintre est au seuil du cadre qui sépare l’imaginaire du réel.

Enfin une porte s’ouvre dans le fond sur une pièce attenante d’où provient une vive lumière et révèle la présence d’un personnage qui jette un coup d’oeil vers l’intérieur de l’atelier.

Ce troisième espace est le lieu d’où l’on regarde sans être vu, ou encore lieu double de celui où se représente l’histoire. C’est le lieu symbolique de la représentation.

4. La métaphore du pouvoir

Par-delà le contenu du tableau, scène de retrouvailles familiales où le peintre offre au roi son propre regard, on peut lire dans cette oeuvre une réflexion sur le statut et la fonction du pouvoir et singulièrement du pouvoir de l’image).

En effet, le tableau de Diego Velasquez trouve sa signification autant dans ce qu’il donne à voir que dans ce qu’il met en scène de sa propre représentation. Autrement dit, il engage le spectateur à s’interroger sur les relations complexes qui se nouent entre le modèle, le regard, et l’image dans le travail que le peintre élabore à son intention (ou plus exactement à l’intention du roi…). Où est le pouvoir ? Dans celui qu’on donne à voir ou dans celui qui donne à voir ?

Jean-Paul. Desgoutte

 

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