Ecrire pour exister- Côté cinéma.

Aude et moi, non seulement on travaille ensemble depuis 11 ans, mais on s’inspire tout le temps mutuellement ! Il y a deux semaines, un soir, je reçois un de ses précieux messages qui sèment de la joie, des idées, des questions dans mon quotidien. Dans ce message, il est question d’un film, un film qu’elle est en train de regarder. Un film qui la touche. En plein dans son cœur d’enseignante. Et comme nos cœurs de profs sont un peu des cœurs jumeaux, je sais que je dois voir ce film. Et c’est ce que je fais dès le lendemain. Elle m’a proposé d’en faire une chronique. Aujourd’hui, nous vous parlons donc du film Ecrire pour exister de Richard LaGravenese.
Ecrire pour exister, Freedom writers, Richard LaGravenese, 2007.
  Comme nous avions beaucoup de choses à partager, on vous livre aujourd’hui nos échanges autour de la narration du film et demain on vous livrera les réflexions pédagogiques provoquées par cette projection.

Comment as-tu eu connaissance du film Ecrire pour exister, en ce moment à l’affiche sur Netflix ?

Aude. – C’était dans mes suggestions Netflix, la plate forme est bien faite 😉 Après j’ai toujours aimé les films sur le métier d’enseignant puis les anglo-saxons ont un rapport aux élèves très différent du notre, c’est donc toujours intéressant de voyager aussi. Je trouvais qu’il y avait un petit côté Cercle des poètes disparus.

Colette. – Pour moi, c’est donc grâce à nos inspirants échanges Whatsapp que j’ai eu connaissance de ce film, et tu en parlais avec tellement d’enthousiasme que dès le lendemain je me suis programmée un petite session télé en solitaire ! Et cela faisait hyper longtemps que cela ne m’était pas arrivé ! Une vraie gourmandise à savourer, lovée dans le canapé, dans la chaleur du plaid qu’une amie chère à mon cœur nous a jadis offert ! En quelques mots, pourrais-tu présenter l’intrigue de ce film ? Aude. – Il s’agit d’une jeune femme qui a toujours rêvé d’être enseignante et qui se fait embaucher par une école dans les quartiers en difficulté de Los Angeles et après des débuts difficiles, parce qu’elle se bride dans sa pratique pédagogique, et à partir du moment où elle décide d’écouter son intuition pédagogique (oui plus ça va, plus je considère que nous avons une intuition pédagogique) et d’être naturelle dans sa classe, ça marche, les élèves adhèrent à ses propositions. Colette. – Je reviens juste sur ce que tu dis sur la vocation de notre personnage principal, car elle souligne lors de son entretien d’embauche (quelque chose que nous ne connaissons pas du tout en France) qu’elle voulait d’abord être avocate, inspirée par son père qui a longtemps lutté pour les droits civiques et qu’au final elle s’était dit qu’il fallait se saisir du problème des inégalités à la racine, en choisissant l’éducation. Il y a vraiment une vision de l’éducation presque militante revendiquée dès le début du film. Et cette dimension là de notre métier, c’est vraiment quelque chose qui m’est venue avec l’expérience, en fréquentant notre cher public de R.E.P rural. Quand j’ai commencé à enseigner je n’en avais pas du tout conscience. Je ne sais pas quand c’est arrivé, mais ce sentiment a donné du sens à ma pratique, l’a nourrie, l’a dynamisé. Dans quelle mesure, d’après toi, le contexte historique, politique et social participe-t-il de la portée de ce film ? Aude. – Le film se situe dans les années 90, une période où Los Angeles connaît des émeutes raciales très fortes (de mémoire en 1992 et déjà une histoire de procès où le policier blanc est acquitté par un jury composé en majorité de blancs, alors qu’il avait passé à tabac un automobiliste noir américain) , c’est une des villes les plus inégalitaires des États-Unis à la fin du XXe siècle. Ce film m’a particulièrement parlé, plus parce que j’essaie en ce moment de faire évoluer ma pratique pédagogique que pour le contexte historique, géographique et sociologique dans lequel il s’inscrit, même si on perçoit cette City of quartz décrite par Mikes Davis, l’un des meilleurs auteurs de sociologie urbaine à mon sens. Colette. – Alors moi qui n’y connais rien en sociologie et en histoire des E.U.A, j’avoue qu’au départ j’ai trouvé le contexte presque cliché, j’ai toujours du mal à démêler le vrai de l’exagéré dans ce genre de contexte, ce qui relève du film de banlieue de ce qui relève d’un réel problème social. La violence liée à la libre circulation des armes dans ce pays me dépasse… Je ne comprends pas que l’on puisse tolérer une telle barbarie… As-tu eu un personnage préféré ? Lequel ? Pourquoi ? Aude. – Bien évidemment, on ne peut qu’avoir envie de s’identifier à Erin Gruwel quand on est enseignante. Dans les élèves, je trouve que le personnage d’Eva, l’élève latino, et André, l’élève noir américain dont la maman est malade, sont les plus attachants. On sent une résilience incroyable chez ses élèves et c’est une qualité que j’admire toujours chez des adolescents. Colette. – J’ai adoré, adoré la professeure Erin Gruwel ! Même si elle en fait vraiment trop, qu’elle y sacrifie son couple, qu’elle y sacrifie sans doute sa santé – comment fait-elle pour accumuler autant de petits boulots afin de pouvoir financer ses projets ???- son éternel sourire qui accompagne toujours une détermination sans faille ne peuvent que nous inspirer. Elle a cette force qui me manque souvent et dont tu parleras plus tard dans nos échanges : voir en grand et ne pas hésiter !
Erin Gruwell, 2012, ©Dorstener Zeitung.
Le fait que ce film soit tiré d’une histoire vraie a-t-il participé à ton intérêt pour ce film ? Le savais-tu avant de le voir, ou, comme moi, l’as-tu découvert à la fin du film ? Aude. – Je ne le savais pas avant mais du coup on a envie d’en savoir plus sur elle, de lire Le journal des écrivains de la liberté… Je trouve que c’est une personnalité très inspirante. Colette. – Je suis allée voir une de ses conférences TedX après le film tellement j’avais du mal à croire qu’une telle personne existe pour de vrai ! Et j’ai vraiment eu l’impression que le film était très réaliste et fidèle à son expérience. Maintenant, il me tarde de trouver le livre écrit par ses élèves pour peut-être m’en inspirer !      

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