Ils sont très grands!

Pour cette première brève pédagogique, j’avais besoin de poser des mots sur ma première rentrée au lycée. Cette mutation était liée à une volonté de changer de lieu de vie et non à un besoin d’évoluer professionnellement. J’aimais le collège, je ne dis pas qu’un jour, je n’y reviendrai pas et je pense que j’avais encore une marge de progression. Quand j’ai appris la nouvelle d’ailleurs, mes sentiments étaient partagés parce que justement j’avais le sentiment que je n’avais pas exploré toutes les possibilités que pouvaient m’offrir le collège.

Alors me voilà au lycée, professeure principale d’une classe de première avec des groupes de Première et de Terminale en tronc commun et un groupe en spécialité. Oui parce qu’avec la réforme du lycée, nous n’avons plus des classes mais des groupes avec des élèves qui ne se connaissent que très peu au final et du coup il n’y a pas forcément la dynamique d’une Classe justement. Tiens un premier changement !

Petit à petit, je pose mes marques, ils ne se rangent jamais et certains s’assoient dans la salle avant même que je n’arrive. Personnellement j’aime bien accueillir mes élèves, je ne suis pas attachée au rang quasi militaire mais j’aime ce moment où ils passent la porte un à un pour que je leur dise bonjour, or au lycée, vous pouvez ne jamais avoir ce moment, alors depuis 15 jours inlassablement je leur demande d’éteindre leur téléphone dans le couloir, je leur demande de se ranger parce que j’ai à cœur de dire bonjour à chacun de mes élèves personnellement.

Autre nouveauté, la moitié de mes élèves sont espagnols, je n’ai donc pas d’élève à l’aise à l’oral, le cours d’histoire géographie et encore plus d’EMC est difficile pour eux parce qu’ils n’ont pas tout le prérequis des cours du collège qui en font des élèves presque formatés, c’est un peu bête mais ils posent un regard presque exotique sur la révolution française ou les principes et valeurs républicains.

J’ai des élèves qui sont autonomes et qui travaillent à la maison pour une grande majorité d’entre eux. Ils prennent des notes, assument leur personnalité, leurs looks vestimentaires, leurs réflexions et leur façon de penser naissante,…. Je pourrai décliner mes découvertes sur mon public lycéen encore sur quelques lignes,…

Pourquoi passer un peu de temps sur ces anecdotes ? parce que cette rentrée avec des très grands n’est faite que de petits moments comme ça où il faut s’apprivoiser, apprendre à se connaître, s’adapter, accommoder avec les élèves mais aussi les collègues, les contraintes, le lieu… pour que dans quelques années, tout soit fluide, pour que je puisse d’ici quelques temps déployer tout mon art au sens artisan du terme, pédagogique.

Oui parce que dans le même temps, les problématiques comme les moments de miracles pédagogiques sont les mêmes qu’ailleurs. Comment leur donner confiance en eux ? Comment susciter de l’ambition ? Comment leur montrer qu’un ailleurs est possible pour apprécier d’autant plus le retour ici dans quelques années, voire décennies au bord de la mer. Comment gérer l’hétérogénéité ? Comment les faire progresser ? Comment différencier ? Comment harmoniser les pratiques pédagogiques ? Comment travailler en équipe ? Quels projets monter ? ….

Cette rentrée avec des très grands me permet effectivement de constater que nos élèves d’où qu’ils viennent et quels qu’ils soient, sont les adultes de demain, mais aussi les enfants d’aujourd’hui avec deux ans de vie masqués, un rapport aux autres chamboulé,…. et nous nous devons ou plutôt je me dois d’être à la hauteur de cette idée, je me dois de les accompagner pour qu’ils deviennent la meilleure version d’eux-mêmes. Ces pierres précieuses que l’on façonne nous les enseignants exigent un travail d’orfèvre, j’en suis plus que jamais convaincue.

Aude

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