Le Voyage de Pénélope, une odyssée de la pensée, Marie Robert.

J’aime chez Marie Robert @philosophyissexy sa capacité à parler du sens de nos vies en collant à l’actualité, à nos besoins, avec des mots simples. Elle a ce sixième sens qu’est l’intuition, celui de deviner ce que les gens ont besoin de lire pour entamer la journée. Je vous invite d’ailleurs à aller la découvrir sur ces différents réseaux sociaux : https://www.philosophyissexy.fr/

Alors quand son livre est sorti en début d’hiver, j’étais très attirée par sa lecture, il faisait partie de ma booklist. Il a fallu un petit cadeau et le début de l’été pour me plonger quelques jours dans l’Odyssée de Pénélope. Quelle audace de se dire : « et tiens si Pénélope arrêter d’attendre Ulysse ». Je triche un peu, ce n’est pas vraiment cette histoire que Marie Robert nous raconte. Mais j’aime assez l’idée et je me dis que si j’avais un peu plus de talent et de patience pour écrire, c’est probablement ce que je ferai.

Marie Robert nous invite donc à suivre le cheminement de Pénélope qui vient de quitter Victor son compagnon rencontré en Terminale. Il a tout du gendre idéal, il est architecte, il plaît à ses parents. Quant à elle, elle a 30 ans, elle fait des études de droits sans trop savoir pourquoi, elle a un travail auquel elle ne trouve aucun sens, elle se pose des milliers de questions et vit une vie étriquée « parfaite au premiers abords : un travail, un compagnon, des amis, une famille mais des milliers de questions en sourdine qui l’empêche de vivre en grand,  puis un jour, elle se lève avec des grains de sable sur ses pieds et décide de tout « foutre en l’air », de tout remettre en cause, de tout quitter et de partir à Ithaque à la rencontre de Pénélope celle de l’Odyssée. A partir de là, bien évidemment, elle n’arrive pas à Ithaque mais bien plus loin grâce aux rencontres de la vie qui lui font parcourir l’Europe des philosophes de l’Antiquité au XVIIIème siècle.

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Que m’apporte la lecture de ce livre ? Des questionnements plus que jamais ! Est-ce dû à l’âge – le milieu de vie approchant… ? A ce changement de vie qui m’attend et à la peur mêlée à l’excitation qu’il me donne, au fait qu’il correspondait à ma dernière étape dans mes projections au long cours ?

D’abord je suis toujours admirative de ces personnes qui peuvent tout larguer pour partir à l’aventure, je me suis toujours demandée si j’en étais capable et c’est très philosophique justement mais je suis pour le moment de ceux qui pensent que pour vivre heureux il faut vivre prudemment. Aurais-je un jour des regrets moi aussi de ne pas avoir tenté la grande aventure ? D’accepter de me laisser porter par la vie, les rencontres, le hasard, le destin ?

Ensuite, au pouvoir de la rencontre, j’aime cette idée que nos vies sont intimement liées les unes aux autres et que parfois les rencontres que vous pensez éphémères, hasardeuses, professionnelles,… deviennent des rencontres fondatrices qu’elles soient très courtes comme la rencontre de Pénélope avec la DJ Jeanne dans le train qui la mène d’Amsterdam à Berlin ou plus longue et qui, pour vous ne savez quelle raison,  s’arrêtent. Je sais désormais qu’il faut savoir les saisir, j’aime la magie de la rencontre et je reconnais dans ma vie que j’ai rencontré des personnes parfois que j’ai fréquentées très peu de temps mais qui m’ont apporté bien plus que ce que je pensais. Je pense à ce poète des temps modernes qui faisait écrire des maximes sur des feuilles des platanes à l’encre de Chine à des enfants en colonie de vacances en Touraine. J’avais 20 ans et la trouille au ventre de ne pas réussir mes études, de ne jamais rencontrer mon âme sœur, de ne pas avoir d’amis qui m’accompagneraient jusqu’au bout de la vie. Il m’a offert un conte au creux de l’oreille à la belle étoile qui parlait du poète Antonio Machado parce que je lisais la nuit tard quand les enfants étaient tous endormis L’alchimiste de Paulo Coelho. Tous ces textes avaient un point commun la quête de sens  : qu’est-ce qu’on cherche dans vie ? Je ne lui ai jamais dit mais « Merci, le sens de la vie n’est pas le but mais le chemin. »

Mais revenons-en à ma question : est-ce que j’arrive à bien entretenir ces rencontres, est-ce que je leur rends la pareille ? Est que ces rencontres me servent autant à moi qu’à elles ? Et je m’interroge sur ma capacité à communiquer ce que je ressens mais aussi à écouter, à saisir les messages. Suis-je moi-même une belle rencontre ?

Troisième questionnement : qu’est-ce qu’être heureux ? A quel moment on a réussi sa vie ? Vous savez le fameux épisode de la rolex à 50 ans, ces injonctions de la société, un mari ou une femme des enfants avant 35 ans, une situation stable être propriétaire,… Injonctions qui, même si aujourd’hui tout le monde reconnaît que ça ne tient pas à ça, sont malgré tout persistantes dans nos inconscients collectifs.

Quelle place pour la philosophie dans ma vie et même dans nos vies ? Pour la plupart d’entre nous, nous en faisons 4*36H en Terminale puis après plus rien. Avec la crise sanitaire, depuis un an et demi je me suis souvent interrogée sur la place des sciences humaines dans notre société : est ce que si on accordait plus de place à la réflexion, à la philosophie, aux sciences sociales, à l’histoire, la géographie, l’anthropologie, la sociologie, la littérature, les sciences politiques, est ce qu’on aurait géré cette crise autrement individuellement et collectivement ?

Enfin parce qu’en tant qu’enseignante, elle me fait me demander si on ne peut pas en faire avant de la philosophie ? Comment ? à quelle hauteur ? Avec quelle légitimité, vous savez quand on n’a pas un capes de philosophie a priori on ne peut pas enseigner cette discipline et cette question renvoie aux limites de notre projet éducatif pour la société du XXIème siècle, le cloisonnement des matières, le manque d’heure, les choix que nous devons faire.

Alors voilà vous l’aurez sans doute compris cette lecture m’a un peu retourné non par l’histoire car des voyages qui servent à découvrir le sens de la vie, il y en a des milliers mais parce que Marie Robert a bien cette capacité à nous parler de tout ça avec des mots simples, à transmettre cette passion pour la philosophie avec beaucoup de simplicité, elle a dépoussiéré la philosophie.

Je m’en vais d’ailleurs de ce pas lire sa newsletter qui m’attend dans ma boîte mail – délice du café du dimanche après-midi avant la sieste. Et puis je vais commander ses deux autres ouvrages dans ma librairie préférée !

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