Quand j’ai commencé à utiliser le message clair en cours, une chose m’a tout de suite frappée : les élèves étaient particulièrement motivé.e.s pour essayer d’exprimer leur besoin mais elles/ils ne parvenaient pas toujours à trouver les bons mots pour cerner l’émotion désagréable qui les assaillait. Alors j’ai décidé d’intégrer l’enseignement du vocabulaire des émotions à mes cours de langue.
La jubilation
l’euphorie
l’enthousiasme
l’allégresse
l’affliction
le tourment
le chagrin
l’agacement
l’irritation
l’énervement
la crainte
l’angoisse
la terreur
sont autant de mots pour dire ce qu’on ressent
pour montrer à l’autre le chemin jusqu’à ce qui nous anime
nous agite
nous brouille les pistes
ou illumine notre horizon.
Ces mots sont essentiels pour apprendre à mieux se connaître, s’observer, s’envisager et s’aimer tout entier.
Et une fois que l’on s’aime soi, aimer les autres parce qu’ils sont ce qu’ils sont.
Mais cet apprentissage est difficile car il implique une règle fondamentale qui hélas n’est pas encore une priorité dans la plupart des familles : considérer l’émotion de l’autre comme légitime (souvent parce que les adultes eux-mêmes ne considèrent pas comme légitimes leurs propres émotions – cercle vicieux imparable !)
Pour cet apprentissage, je fais un détour par l’art. Je montre à mes élèves les tableaux sélectionnés dans ce très beau livre :
Ce livre est une invitation incroyable à l’empathie par le jeu. En effet, je sélectionne quelques tableaux parmi ceux que je préfère auxquels j’associe une consigne d’écriture. A travers chaque œuvre, nous explorons une émotion particulière, ses symptômes, ses effets, ses possibles causes. Par le biais de la fiction, nous apprivoisons nos émotions. N’est-ce pas là toute la magie de l’art ? Plus facile d’accès que la littérature, l’image nous permet cette essentielle « alphabétisation émotionnelle » dont parle si souvent Isabelle Filliozat dont nous parlait Aude la semaine dernière.
Allez, je vous laisse avec une de mes œuvres préférées, une œuvre surréaliste de Man Ray. Et je vous le demande : qu’est-ce qui a pu toucher cette femme au point de geler les larmes au bord de ses cils ?
Larmes de verre, Man Ray, 1936.