Cet été des profs se racontent – épisode 4 – Hélène

Aujourd’hui, c’est Hélène, soeur de coeur de Colette, qui a accepté de se raconter !

Du rêve à la réalité du métier…

  1. Quelle est la matière que tu enseignes ? A quels niveaux ?

J’enseigne le français à des classes de 4e et 3e.

  1. Depuis quand enseignes tu?

16 ans …

  1. Pourquoi as-tu choisi d’exercer ce métier?

Par amour pour les professeurs, notamment ma prof de français de lycée, mais également tous mes profs d’histoire-géo de collège, et peut-être aussi par manque d’imagination : dans ma famille on est/ on nait prof !

  1. Est-ce que la réalité de ton métier coïncide à ce pourquoi tu as choisi de l’exercer ? Pourquoi ? La plupart du temps oui mais cela n’a pas toujours été le cas. J’ai eu des années aussi difficiles qu’enrichissantes dans mes débuts dans l’académie de Créteil. J’ai souvent douté à ce moment-là …

5.Raconte-nous un de tes plus précieux souvenirs pédagogiques, une belle surprise que tu as pu vivre dans ce métier.

Je pense à une classe en particulier, la 404 dont j’étais professeure principale en 2019/2020. Un vrai cadeau offert par le collège médocain dans lequel j’enseignais. Je donnais des exposés à réaliser à l’oral et les diaporamas étaient créés et programmés par nos petits génies du club informatique : j’étais époustouflée par le savoir de mes élèves !

Il y a eu avec eux une sortie mémorable au grand théâtre, un concours d’écriture et il y a eu aussi le confinement … Les élèves de cette classe m’inspiraient, un padlet nous permettait de donner nos conseils de lecture, de musique et de vidéos à partager. Nous nous sommes retrouvés masqués, distanciés mais je me souviens des « sourires dans les yeux » de pouvoir se retrouver.

 

  1. Quels sont tes projets, tes envies, tes ambitions pédagogiques pour la rentrée 2022 ?

Un grand défi … faire danser une classe de 30 ados avec un chorégraphe qui travaille sur l’inclusion pour aller à la rencontre de jeunes handicapés mentaux et créer un spectacle tous ensemble. Est-ce que les lectures et le travail que je pourrai mener dans ma classe suffiront à motiver les élèves ? J’espère une belle rencontre et je suis heureuse de travailler avec ma collègue d’EPS et l’éducatrice spécialisée de l’IME voisin. Mais un vertige me prend parfois.

 

Du lien aux liens…

 

  1. Que dirais-tu des relations que tu tisses avec tes élèves ?

Elle reste très professionnelle : ce n’est pas moi que l’on vient voir s’il y a un problème à la maison ou entre camarades. Mes élèves viennent, eux, me parler lecture et culture (au mieux) et négocier leurs résultats (au pire !)

Parfois j’aimerais être celle à qui on va se confier, mais cette distance me permet aussi d’être efficace dans la gestion de mes groupes. Je dirais qu’on travaille en confiance mais que notre relation ne va pas tellement au-delà de ce travail.

 

  1. Que dirais-tu des relations entre membres de l’équipe pédagogique ?

Elles sont aussi variées qu’il y a de collègues ! Certains sont des amis, ou le deviendront mais pour autant, on n’a pas toujours les mêmes idées sur les élèves. Il y a les collègues fermés au dialogue (« le niveau baisse toujours et les élèves sont toujours plus fainéants ! »), les collègues qui font super bien leur travail chaque jour en toute discrétion, ceux qui font des super actions et qui le clament, et nombreux sont celles qui jouent des rôles variés : psy, assistante sociale, infirmière, maman…

J’aime regarder parfois avec un peu de recul ce microcosme auquel j’appartiens sans jugement. Pour répondre plus précisément les relations peuvent aller de l’indifférence jusqu’à la franche camaraderie !

  1. Que dirais-tu des relations que tu as pu construire avec les familles ?

J’ai fait des progrès dans mon écoute des familles, j’ai été très inspirée par la géniale directrice de maternelle de l’école de mes filles. Depuis, comme elle, à chaque rentrée, j’explique aux parents d’élèves qu’il serait tellement mieux si leurs enfants étaient heureux d’aller au collège, (à la place d’une annonce concernant les règles et sanctions appliquées… ) Cela met tout le monde dans de bien meilleures dispositions !

  1. Depuis tes débuts, quelles évolutions as-tu constatées dans le métier pour toi ? Pour tes élèves?

Il y a une inégalité territoriale mais je n’ai pas de solution … Il est plutôt logique de « partir au front » fort.e de l’énergie de la jeunesse même si l’on est pas toujours prêt.e à faire face.

Dans la belle région et la commune protégée où j’enseigne, je retrouve des situations que je connaissais déjà en tant qu’élève.

Des évolutions négatives cependant me heurtent : on demande d’être de plus en plus inclusif sans donner des moyens que les différences de nos élèves trouvent une véritable prise en considération dans des classes surchargées…

On doit de plus en plus faire de travail, mettre les cours sur pronote est devenu ordinaire, le professeur principal de de plus en plus de missions, il faut être rédacteur de projets, producteur, trouver des financements, écrire des bilans (…) et ce travail-là n’est pas si utile à nos élèves. Ce n’est pas du temps donné pour eux.

  1. D’après toi, faut-il former uniquement pour travailler ?

Surtout pas !

Le cours de français, je l’espère, permet aussi d’apporter de la réflexion sur le monde. C’est un cours d’arts qui vient surprendre et fait entendre et lire différentes voix et pensées.

Je préfère contribuer à donner « le goût de l’effort » que de « former pour travailler ».

De maintenant à demain…

  1. Comment et où te vois-tu dans cinq ans?

Prof, c’est sûr ! Et dans un périmètre restreint maintenant que je vais travailler à vélo, ce sera sans doute encore dans mon collège, mais qui sait ?

  1. Si tu pouvais demander une chose au ministre de l’éducation nationale ce serait quoi?

De la reconnaissance de façon à recruter les meilleurs étudiants pour que les enfants aient tous de bons profs !

  1. Quelle serait ton école du futur idéale ?

Une école plus proche de la nature, où l’on apprendrait la solidarité et le respect du vivant.

 

Cet été des profs se racontent – épisode 3 – Colette

Pour ce 3e épisode de l’été, cette fois c’est Colette qui se raconte.

Du rêve à la réalité du métier…

  1. Quelle est la matière que tu enseignes ? A quels niveaux ?

J’enseigne le Français essentiellement en 6e et en 3e.

  1. Depuis quand enseignes tu ?

J’enseigne depuis 2006.

  1. Pourquoi as-tu choisi d’exercer ce métier ?

Mon projet professionnel quand j’étais étudiante c’était de travailler dans les métiers du livre. Un seul métier avait grâce à mes yeux : l’écriture. Pourtant après des études de lettres modernes, un DESS création éditoriale, et plusieurs stages dans de petites maisons d’édition, j’ai déchanté. Ce monde là était le monde de la précarité, des contrats à durée déterminée et d’une audace que je ne me trouvais pas. Avec mon Bac+5 littéraire, je ne voyais pas beaucoup d’issue et il me fallait trouver un moyen d’être indépendante financièrement, alors, comme la plupart de mes amies étudiantes, j’ai tenté le CAPES. Sans conviction au départ et puis lors de mon stage d’observation en lycée, j’ai eu l’occasion de faire cours à une classe de première. C’est ce jour là que tout a commencé.

  1. Est-ce que la réalité de ton métier coïncide à ce pourquoi tu as choisi de l’exercer ? Pourquoi ?

Comme je n’ai pas vraiment choisi d’exercer ce métier, je n’avais pas d’attente particulière, je suis allée de surprise en surprise. Et c’est ce que j’adore dans ce métier : chaque jour est une surprise. Une aventure !

  1. Raconte-nous un de tes plus précieux souvenirs pédagogiques, une belle surprise que tu as pu vivre dans ce métier.

C’est extrêmement difficile de choisir. J’ai déjà raconté ici de nombreux beaux moment pédagogiques. Je parlerai d’un projet de théâtre mené cette année un peu par hasard. Quand nous avons commencé notre séquence dédiée aux fables de La Fontaine avec une de mes classes de 6e, j’ai proposé aux élèves un travail de théâtralisation de la biographie de La Fontaine. Mon objectif était à la fois de revoir l’écriture du dialogue théâtral et de mémoriser quelques informations importantes sur notre fabuliste préféré. Les élèves se sont emparés de cette proposition avec une créativité qui m’a beaucoup émue et qui a nourri mon admiration pour l’intelligence humaine quand elle puise dans la fantaisie et la liberté. Les élèves ont pu choisir les partenaires avec qui travailler, ielles ont donné la forme de leur choix à leur dialogue théâtral et nous avons pu assister à un festival d’Avignon miniature : un groupe a joué l’interview pots-mortem de La Fontaine, un autre une scène de salon littéraire où Marie Héricart revenait sur ses souvenirs de son mari, un autre un documentaire d’Arte sur les coulisses de l’écriture des Fables… C’était grisant de créativité ! Si bien que lorsqu’il a fallu mémoriser une fable dans la suite de notre séquence, les élèves elleux-mêmes ont proposé de faire à nouveau du théâtre ! Leur autonomie, leur capacité à anticiper, à s’organiser dans le temps, à travailler en équipe a été une des belles surprises de l’année. Une réussite dont nous nous sommes félicité.e.s mutuellement et qui nous a rendu très heureux.ses.

  1. Quels sont tes projets, tes envies, tes ambitions pédagogiques pour la rentrée 2022 ?

Nous allons bien sûr avec Aude renouveler notre projet « De la Saye à la Nivelle : connais-toi toi-même » , un projet de correspondance entre mes élèves de 3e et ses élèves de première qui devrait se conclure cette année par une rencontre et une découverte de leurs territoires mutuels. Ce projet symbolise tout ce que je souhaite pour les adolescent.e.s avec lesquel.le.s je travaille : des liens qui se tissent à travers leurs histoires personnelles mais aussi à travers leurs découvertes du monde qu’ielles habitent. Des liens qui ne soient pas virtuels, ni ponctuels, mais qui s’inscrivent dans la durée et le réel.

Du lien aux liens…

  1. Que dirais-tu des relations que tu tisses avec tes élèves ?

Je dirai que ces relations doivent être notre premier objectif : c’est sur ses relations que nous allons construire la confiance nécessaire pour élaborer leurs apprentissages. Ces relations se doivent d’être sincères avant toute chose.

  1. Que dirais-tu des relations entre membres de l’équipe pédagogique ?

Paradoxalement, je dirai que ce sont les plus difficiles à construire. Nous ne sommes pas formé.e.s à travailler en équipe, à penser les apprentissages de manière transdisciplinaire, et cela s’en ressent à la fois dans les relations entre enseignant.e.s mais aussi entre élèves et équipe enseignante. J’ai la chance de bénéficier de l’aura d’une cheffe d’établissement qui encourage fortement le travail en équipe, par le biais de commissions dédiées à différentes problématiques d’enseignement mais aussi par la mise en place d’un Laboratoire d’Analyse des Activités en Classe qui a permis aux différent.e.s enseignant.e.s bénévoles de parler du cœur de leur métier. Ces différents lieux de rencontre permettent de développer des liens que rien ne nous encourage à tisser du fait du rythme particulier d’une semaine de cours où les heures s’enchaînent sans nécessairement de moment de retours d’expériences et d’analyse de pratiques, si ce n’est individuel.

  1. Que dirais-tu des relations que tu as pu construire avec les familles ?

Je dirai que ces relations sont en train de changer. Je pense que nous sommes  à l’aube d’une véritable volonté de « co-éducation » en tout cas le concept fait son chemin. Nous sommes de plus en plus conscient.e.s collectivement que nous devons apprendre à mieux connaître les familles dans lesquelles nos élèves grandissent pour pouvoir les accompagner au mieux. L’outil informatique a permis de développer ces liens par le biais de la messagerie qui permet notamment d’aborder très rapidement les réajustements à faire dans le travail ou le comportement sans forcément officialiser les sorties de route par un rendez-vous au sommet. Bien entendu les rencontres sont toujours utiles mais elles peuvent être mieux préparées en amont. Communiquer régulièrement sur les projets, les réussites devient aussi un nouveau modèle de liens entre les familles et l’école. Il faut que nous puisions nos forces dans la parole valorisante les uns des autres.

  1. Depuis tes débuts, quelles évolutions as-tu constatées dans le métier pour toi ? Pour tes élèves?

Comme Romuald, je constate une rapide évolution de la part du numérique dans nos pratiques et dans le quotidien des élèves : quid de l’agenda aujourd’hui ? Nos élèves connecté.e.s à leurs smartphones ne prennent plus la peine de noter leurs devoirs par exemple. Est-ce un problème ? Je n’ai pas le recul nécessaire mais je constate une part grandissante de cet outil dans le quotidien du collège et du lycée.

  1. D’après toi, faut-il former uniquement pour travailler ?

Je pense qu’il est urgent de former pour travailler ENSEMBLE à un monde vivable. La coopération et la solidarité sont d’après moi les seules réponses possibles aux défis politiques, économiques, sociétaux et écologiques qui nous attendent en tant que communauté.

De maintenant à demain…

  1. Comment et où te vois-tu dans cinq ans?

Je ne sais pas répondre à cette question… Cette question m’angoisse au plus haut point tellement le monde est devenu incertain. J’aimerais pouvoir répondre que je me vois dans une salle de classe ouverte sur la forêt à enseigner comment écrire des poèmes qui évoquent l’amour, l’amitié, la beauté et la spiritualité et que nous partagerions lors de marchés des savoirs avec les familles de nos élèves.

  1. Si tu pouvais demander une chose au ministre de l’éducation nationale ce serait quoi ?

Je lui demanderai de travailler AVEC nous. Je lui demanderai de venir applaudir nos élèves dans nos classes, je lui demanderai de faire rêver les futur.e.s enseigant.e.s et les élèves. Je lui demanderai un nouveau récit. Un récit qui mettrait la fraternité à l’honneur.

  1. Quelle serait ton école du futur idéale ?

Une école ouverte sur la nature, une école où il y aurait de l’herbe et des arbres dans les cours de récré, une école au bord de l’eau, une école où il y aurait des bibliothèques dans toutes les classes, une école ouverte sur son environnement, où les gens se rencontreraient tout le temps. Pas seulement les équipes pédagogiques mais les aussi les familles, les artisans, les sportifs/ves, les artistes… Une école réellement et totalement fraternelle. Voilà mon école du futur idéale.

 

 

 

 

 

 

 

Cet été des profs se racontent – épisode 2 -Fabienne.

On poursuit nos entretiens enthousiasmants avec celui de Fabienne avec qui j’ai travaillé pour la première fois cette année. Elle est professeure de sciences économiques et sociales, elle a eu une vie professionnelle riche de plusieurs expériences avant de se reconvertir dans l’enseignement. Dans ce cadre, elle a d’ailleurs participé à un reportage d’envoyé spécial sur cette reconversion. Elle a donc un regard plutôt atypique sur notre métier. Je vous laisse la découvrir.

Du rêve à la réalité du métier…

1.  Quelle est la matière que tu enseignes ? A quels niveaux ?

J’enseigne les Sciences Economiques et Sociales en classes de Seconde, Première et Terminale (sauf cette année où je n’ai pas été en charge d’élèves de Terminale)

2. Depuis quand enseignes tu ?

J’enseigne depuis 2015, tout d’abord comme contractuelle puis depuis 2019 certifiée.

  1. Pourquoi as-tu choisi d’exercer ce métier ?

Je crois que c’est mon goût pour les études qui m’a tout d’abord incité à enseigner. J’ai toujours aimé apprendre, « bûcher », chercher et par dessus tout comprendre. Et je crois que j’aime partager la joie de comprendre.  Il me semble que c’est un pas vers une grande liberté que de comprendre les rouages du monde dans lequel nous vivons.

Je n’ai choisi ce métier qu’en « fin de carrière » puisque j’ai déjà une « longue expérience » de travail en entreprise. Mais, là encore, les différents emplois que j’ai occupés m’ont toujours poussée à apprendre.

  1. Est-ce que la réalité de ton métier coïncide à ce pourquoi tu as choisi de l’exercer ? Pourquoi ?

J’aurais beaucoup apprécié intégrer un établissement, une équipe. Ma situation de TZR (que je qualifie « d’intermittente du spectacle ») ne me permet pas de trouver cette voie d’intégration. Mais, elle me donne une forme de liberté. Que j’apprécie aussi. Car elle satisfait mon goût de l’aventure. Veuve, l’institution me « protège », TZR, elle me « libère » sans doute d’une forme de routine.

  1. Raconte-nous un de tes plus précieux souvenirs pédagogiques, une belle surprise que tu as pu vivre dans ce métier.

Le fait de garder des contacts avec certains élèves est un joli souvenir perpétué.

Mais, un temps fort fut sans doute une année passée à Saint Paul les Dax : les élèves avaient le même goût de l’apprentissage « en toute liberté » . Les cours se déroulaient de 16h à 18h. Les élèves amenaient un goûter « campagnard » (saucisson, jambon, fromage…) et nous démarrions notre cours par leur collation (en révisant le cours précédent). Notre salle de classe était un préfa insupportable. J’ai entrepris de « transformer la dureté de nos conditions de travail » en opportunités. Ainsi, par exemple, dès lors que le temps devenait chaud, j’avais pris l’habitude d’emmener les élèves à l’extérieur. Nous prenions nos chaises, faisions cours à l’ombre des arbres et la classe paraissait parfaitement à l’aise et ouverte à l’apprentissage. Ce fut une année hors norme et tellement agréable…

  1. Quels sont tes projets, tes envies, tes ambitions pédagogiques pour la rentrée 2022 ?

Je vais tenter de rédiger le programme sous forme de carte mentale. Mais, je ne peux avoir de projets précis car je sais que je devrai m’adapter, m’intégrer et composer.

 

Du lien aux liens…

 

  1. Que dirais-tu des relations que tu tisses avec tes élèves ?

Nos relations sont des relations que je crois pour la plupart de qualité : j’essaie de construire une relation de confiance. Mais, une relation qui reste exigeante : favoriser le travail dans les meilleures conditions… travailler autrement… mais travailler. J’ai expérimenté l’autorisation de temps de repos (personnels) pour les élèves fatigués (autorisation d’aller se reposer en fond de classe pendant 5 minutes environ), Et je me rends compte que l’autorisation de ce temps de repos décuple l’investissement (l’élève ne subit pas). Bref… J’essaie d’adapter ma compréhension des besoins des élèves pour améliorer ma pratique. Une compréhension toutefois bornée par les impératifs de notre institution.

  1. Que dirais-tu des relations entre membres de l’équipe pédagogique ?

Les relations avec les équipes sont bonnes mais toutefois bien souvent superficielles sans doute du fait de ma situation de TZR.

  1. Que dirais-tu des relations que tu as pu construire avec les familles ?

Jusqu’alors professeure principale (sauf cette année), j’ai apprécié entretenir des liens de connaissance avec les parents. Je donne la plupart du temps mes coordonnées afin que les familles puissent s’entretenir en cas de besoin.  J’apprécie cette ambiance « collaborative ».

  1. Depuis tes débuts, quelles évolutions as-tu constatées dans le métier pour toi ? Pour tes élèves?

Je n’ai pas vraiment constaté d’évolutions….

 

De maintenant à demain…

 

  1. Comment et où te vois-tu dans cinq ans?

Quelque part dans un lycée…. J’avoue ne pas réussir à me projeter. Je n’aurai pas assez de points pour obtenir une affectation fixe. Et peut être ferai je des projets de retraite…

  1. Si tu pouvais demander une chose au ministre de l’éducation nationale ce serait quoi ?

Sans doute ma première préoccupation serait une sérieuse revalorisation de salaire (si notre métier a du sens, l’institution doit aussi contribuer à ce sens). Une seconde serait sans doute de doter les élèves d’un ordinateur portable afin de se débarrasser des manuels, des visites (timées au CDI) et de faire de nos élèves des jeunes en prise avec leur époque et forts de toutes les potentialités que donne « l’accès à la bibliothèque d’Alexandrie » (internet)…. Permettre aux élèves d’être « en intelligence » avec leur environnement.

  1. Quelle serait ton école du futur idéale ?

Si je ferme les yeux sans me préoccuper des réalités, une école où les classes seraient accueillies le matin pour poursuivre des recherches et enrichissements personnels l’après midi. Une école qui serait ouverte sur le monde. Une école qui donnerait de l’autonomie aux élèves. Une école qui serait en lien avec le monde du travail (qui est la destination finale du voyage scolaire entamé par les élèves depuis le début de leurs études). Une école fonctionnant en mode « projets » (ce que l’entreprise a réussi mais que je ne retrouve pas dans l’école).

 

 

 

 

 

 

 

 

Cet été des profs se racontent – épisode 1 – Romuald.

Aujourd’hui, Romuald inaugure les portraits d’été,  il a accepté de répondre à notre questionnaire long et parfois un peu difficile et nous l’en remercions.

Bonne lecture!

Du rêve à la réalité du métier…

1.  Quelle est la matière que tu enseignes ? A quels niveaux ?

Histoire Géographie Enseignement Moral et Civique  à des lycéens (2nde et 1ère Gale et Technologique) après 15 ans de collège.

  1. Depuis quand enseignes tu ?

J’ai commencé ma carrière en septembre 2006 comme stagiaire.

  1. Pourquoi as-tu choisi d’exercer ce métier ?

Tout petit déjà j’adorais l’Histoire, que ce soit dans les livres, les films ou encore les jouets. En classe de troisième, lorsque mon professeur principal, M. David, m’a fait travailler sur mon orientation et mon projet professionnel, j’ai décidé de devenir enseignant car j’aimais aider mes camarades à faire leurs devoirs.

  1. Est-ce que la réalité de ton métier coïncide à ce pourquoi tu as choisi de l’exercer ? Pourquoi ?

Lorsque j’ai choisi ce métier, je l’ai fait en sachant deux choses. Premièrement, il fallait quitter mon Pays Basque natal pendant plusieurs années, sauf à enseigner dans le privé, ce qui était incompatible avec mes convictions politiques et personnelles. Deuxièmement, je ne deviendrais jamais riche. Sur ces deux points, la réalité du métier ne m’a pas surpris. Néo-titulaire, j’ai été muté dans l’académie de Versailles où je suis resté deux ans, ce qui est finalement très peu. Revenu en Aquitaine, j’ai dû patienter 12 ans dans le Nord-Gironde avant de revenir enfin à Saint Jean de Luz. En ce qui concerne le salaire, j’estime qu’avec 2 000 € nets (hors heures supplémentaires) après 15 ans de carrière, je ne suis effectivement pas riche.

Dans mon quotidien de professeur, je suis confronté au peu d’appétence de mes élèves pour l’Histoire Géographie. Là non plus je ne suis pas étonné car déjà en tant qu’élève, je voyais bien que j’étais le seul ou presque de ma classe à aimer ça, donc devoir batailler pour que mes élèves s’y intéressent me paraît normal. En revanche, c’est le manque d’intérêt pour l’école en général qui me choque. De par l’éducation que j’ai reçue dans ma famille, j’ai toujours considéré l’école comme une priorité et comme le moyen d’accéder à la vie d’adulte que je souhaitais. Je suis bien obligé de constater que pour un grand nombre d’élèves et de leurs parents, l’école passe bien après les vacances, les activités sportives, les loisirs, etc.

  1. Raconte-nous un de tes plus précieux souvenirs pédagogiques, une belle surprise que tu as pu vivre dans ce métier.

En préparant mon cours sur la ville de demain en classe de sixième, j’avais prévu de leur faire réaliser, en groupe, un plan imaginaire en tenant compte des problématiques de développement durable étudiées pendant le cours. Je craignais le pire (absence de travail, dessins hors de propos, agitation et bruit incontrôlable, etc.) mais finalement, j’ai été bluffé par leur investissement, la qualité de leur travail et de leurs productions.

  1. Quels sont tes projets, tes envies, tes ambitions pédagogiques pour la rentrée 2022 ?

Travaillant dans un lycée proposant de nombreuses sections spécifiques, j’ai eu envie de monter un projet qui concerne tout un niveau et pas seulement telle ou telle section. J’ai donc choisi le Festival International du Film d’Histoire de Pessac dont le thème 2022 « Masculin Féminin » s’intègre dans le programme d’EMC de 1ère et va permettre à toute l’équipe d’Histoire-Géographie de participer au projet.

D’autre part, j’ai choisi d’enseigner la spécialité Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences Politiques en classe de 1ère afin de découvrir un enseignement nouveau pour moi et qui s’adresse à des élèves très investis, dans la mesure où c’est un choix de leur part de suivre cet enseignement de spécialité.

 

Du lien aux liens…

 

  1. Que dirais-tu des relations que tu tisses avec tes élèves ?

J’ai le sentiment que j’arrive à instaurer une relation de confiance entre eux et moi, que j’essaie d’entretenir en leur parlant de la manière la plus sincère possible. Je n’interdis aucun questionnement a priori, car je préfère entendre leur opinion ou leurs doutes, même s’ils peuvent être déplacés ou dérangeants. Pour moi, cela fait partie de mon métier de les aider à réfléchir à tout ce qui les concerne, même en dehors de l’Histoire Géographie.

J’essaie également de les connaître davantage, en m’intéressant à leurs activités extra-scolaires, ce qui me permet de mieux les comprendre et donc de mieux les accompagner dans leurs apprentissages.

  1. Que dirais-tu des relations entre membres de l’équipe pédagogique ?

Il me semble que les relations sont plutôt bonnes. Bien évidemment, vu le nombre de professeurs, il existe forcément des affinités et des inimitiés mais cela n’entrave pas, de mon point de vue, le bon fonctionnement du lycée. Heureusement que des opinions contraires existent et peuvent s’exprimer dans une salle des professeurs, sinon ce serait triste.

  1. Que dirais-tu des relations que tu as pu construire avec les familles ?

En restant 12 ans dans le même établissement, j’avais réussi à obtenir de bonnes relations avec la plupart des familles. Lorsque j’accueillais en classe le deuxième ou troisième enfant d’une même fratrie, les retrouvailles avec les parents étaient très amicales.  J’ai toujours choisi de privilégier les rencontres physiques en rendez-vous plutôt que les échanges écrits ou téléphoniques qui laissent trop de possibilités de malentendu. Cela me permet souvent de désamorcer les conflits.

  1. Depuis tes débuts, quelles évolutions as-tu constatées dans le métier pour toi ? Pour tes élèves?

Ayant commencé à enseigner en 2006, pour moi c’est la place de l’informatique qui a le plus évolué. Alors que dans mes premières années, j’utilisais encore le format papier pour les cahiers de texte de la classe, les appels de début de cours, etc., aujourd’hui tout est informatisé. Mis à part lorsque je suis en classe face à des élèves, j’ai le sentiment d’effectuer un travail de bureau. Paradoxalement, l’informatisation a alourdi les procédures. Pour demander une subvention pour un projet, il fallait auparavant justifier la demande en rédigeant simplement le projet pédagogique. Désormais, il faut compléter un formulaire en ligne de 50 ou 70 questions, pas toujours adaptées à la situation. Une fois le projet réalisé, il faut encore faire un bilan en ligne qui consiste à redonner les mêmes réponses aux mêmes questions que lors de la demande. Que de temps et d’énergie perdus…

Un autre changement important est le développement de l’école inclusive. Enfin, prétendument inclusive. Car qui peut croire qu’inclure un élève à besoins particuliers dans une classe de cinquième de 30 élèves, sans lui adjoindre d’Accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH), est un service à lui rendre ? Dans quel monde les autres élèves de la classe vont, gentiment et sérieusement, réaliser en autonomie le travail proposé par l’enseignant(e), pendant que ce(tte) dernier(ère) répond aux besoins particuliers de cet élève ? L’institution ment aux familles en leur faisant croire que les besoins de leur enfant sont pris en compte. Au final, c’est la persévérance de la famille qui permettra, ou pas, à l’élève d’obtenir les aménagements auxquels il a droit, pendant que son enseignant(e) produit de la paperasse pour permettre à l’institution d’affirmer que la situation particulière de l’élève a été prise en compte.

Enfin, pour les élèves, le développement des outils numériques a eu des effets très antagonistes. D’une part, ils peuvent bénéficier de ressources pédagogiques plus diversifiées, qui permettent davantage de participation des élèves, et d’une communication plus facile et plus directe à leur(e) professeur(e). D’autre part, certains(e)s élèves en viennent à penser, à tort, que le cours est moins important car les ressources seront à disposition sur l’environnement numérique de travail. De plus, la non-maîtrise des codes de langage entraîne des messages inappropriés, malpolis, ou revendicatifs à l’excès.

 

De maintenant à demain…

 

  1. Comment et où te vois-tu dans cinq ans?

Étant donné que je viens d’arriver en lycée, je pense que dans cinq ans je n’aurais toujours pas terminé mon adaptation. J’imagine simplement que je serai en capacité de proposer davantage de projets à mes élèves.

  1. Si tu pouvais demander une chose au ministre de l’éducation nationale ce serait quoi ?

Puisque l’Éducation est nationale et se doit d’accompagner tous les élèves, quel que soit leur niveau scolaire et leur degré de pénibilité, je lui demanderais de supprimer l’enseignement privé.

  1. Quelle serait ton école du futur idéale ?

Ce serait une école où les choix et la réussite des élèves ne seraient pas conditionnés par le milieu familial, la carte scolaire, la carte des langues et/ou des options disponibles sur le secteur.