Ode à l’école républicaine

On commence cette nouvelle année scolaire en évoquant notre école républicaine avec ses qualités et ses défauts, celle qui a pour vocation de former les citoyens de demain.

Oui plus que jamais il est important pour Colette et moi de se demander comment former nos futurs citoyennes et citoyens de demain? A en écouter les différentes feuilles de routes, il faudrait qu’ils soient bienveillants, respectueux des valeurs et principes républicains nationaux mais aussi européens, préoccupés par le développement durable. Et encore je n’évoque pas le volet économique de la mission, alors c’est une tâche difficile devant laquelle on a parfois l’impression de courir plusieurs lièvres à la fois sans jamais réussir à en saisir vraiment un !

Pour commencer ce mois, je voulais vous présenter l’ouvrage autobiographique de Mona Ozouf, Composition française.

Ce livre m’ a été déposé dans le casier par la documentaliste du lycée parce que j’avais fait travaillé mes élèves sur des historiennes du XIXè siècle. Bien sur je connaissais les travaux de Mona Ozouf sur la révolution et l’école de la IIIème République mais rien de sa vie personnelle. Dans cette ouvrage, elle montre à quel point nos vies sont des destins fait d’héritages, de rencontres, et de liens qu’on a tissés enfant et par conséquent dans l’enceinte de l’école. J’ai désormais lu Composition française il y a presque un an au milieu d’ouvrages d’Isabelle Filliozat qui évoquait l’importance de soigner l’enfant, l’enfant intérieur qui deviendra un jour un adulte avec un rôle dans notre société. J’ai donc le souvenir de me dire que l’enfant intérieur dans cette chercheuse l’avait sans cesse guidé.

Composition française, et le titre est excessivement bien choisi, est composé de sept chapitres. Chacun de ces chapitres raconte un élément qui compose la personnalité de Mona Ozouf : ses racines bretonnes, son enfance dans les écoles laïques républicaines avec sa mère veuve, l’omniprésence de sa grand-mère catholique, les efforts consentis par sa mère pour l’amener jusqu’à l’école normale supérieure. Chaque village, ville, personne rencontrée, livres lus la composent et font d’elle l’historienne et philosophe d’aujourd’hui.

J’ai aimé dans ce récit autobiographique d’abord les incursions dans les bibliothèques familiales, celle de son père puis de sa mère mais aussi celles des enseignants du collège, du parti communiste à la fin des années 40, 50. J’apprécie aussi tout particulièrement cette idée qu’on est le produit de nos rencontres matérielles, humaines mais aussi immatérielles et c’est ce qui m’a permis de rentrer aussi finalement dans cette autobiographie passionnante, c’est un peu comme si ses travaux devenaient plus limpides.

Puis et c’est en cela qu’elle inaugure notre mois de Septembre sur l’école républicaine, j’ai trouvé fantastique la force de l’école républicaine dans sa vie. Elle est une enfant, un produit de l’école pensée par la IIIème république qu’on critique souvent aujourd’hui car trop normative, trop bloquante, trop lourde dans son fonctionnement niant les individualités mais c’est bel et bien elle qui a amené Mona Ozouf jusqu’à la recherche, qui lui a permis cette ascension sociale et intellectuelle. C’est bien cette école républicaine qui a guidé ses travaux de recherche puisque toute sa vie, elle a cherché à comprendre dans les racines révolutionnaires dans un premier temps, puis dans les racines de l’école républicaine dans un second temps, les origines de notre histoire nationale, celle dont on doit encore faire le récit, autrement et avec plus de nuances qu’au début du XXème siècle mais cette mission est encore bien présente. C’est bien là qu’elle interpelle l’enseignante que je suis : quelle est d’une part, la capacité de l’école encore à mener des enfants sur la voie de la réussite, de l’accomplissement personnel, et d’autre part sa capacité à transmettre des valeurs? Comment? Et comment s’interroger sur leurs évolutions et sur les doutes qui peuvent émerger chez certains de nos élèves sur la question de la cohésion sociale, sur celle de la Laïcité ou encore même sur les conditions de notre démocratie ? J’ai d’ailleurs été moins emportée par sa dernière partie dans laquelle elle interroge l’identité française si problématique rien que par ce terme d’identité aujourd’hui dans notre société. Elle évoque la « balkanisation de la nation française », l’archipellisation de notre société et se demande si la volonté d’uniformisation de la République, si sa capacité à nier ses particularités régionales hier et ce depuis la révolution et d’autres cultures aujourd’hui n’y contribue pas.

Alors je vous conseille de lire Composition française si vous avez des doutes sur le sens que vous donnez à votre travail et si vous avez envie de réflexions sur « la construction de la citoyenneté nationale » dont nous sommes, parmi d’autres, les artisans.

Bonne lecture et je vous souhaite une année riche en réflexions et en construction de sens sur notre chère école républicaine.

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