Lire à haute voix : faire entendre ses émotions !

Depuis 3 ans, nous faisons passer un test de fluence à nos élèves de 6e dans les premières semaines de septembre. Même si la demande institutionnelle n’a pas vraiment été justifiée, nous pouvons imaginer qu’elle est basée sur le constat que nombreux sont les élèves qui arrivent au collège sans maîtriser parfaitement la lecture, et notamment la lecture à haute voix. Pour ne pas en rester à ce triste constat, nous avons cherché en équipe des projets qui pourraient permettre d’entraîner la fluence de nos élèves. C’est comme ça qu’est né le projet « Des bibliothèques à nos portes ».

Dès le mois d’octobre de l’année dernière, les bibliothécaires de la communauté de communes dont dépend le collège sont venues à la rencontre de tous nos élèves de 6e pour leur présenter les conditions d’emprunt et les animations qu’elles organisaient. Et avec l’une des bibliothécaires, rencontrée grâce à Aude, nous avons proposé à une classe de 6e de participer au concours organisé par La Grande librairie, le concours « Si on lisait à voix haute ».

Une fois par semaine, en demi-groupe, pendant 3 mois, nous avons écouté, entraîné, conseillé 25 élèves de 6e. Au départ, nous leur avions proposé une sélection de textes. Mais leurs lectures étaient particulièrement monotones sur ces textes qu’ils n’avaient pas choisis. Alors nous leur avons proposé de lire leur texte préféré. Et là, l’émotion était au rendez-vous ! Nous avons par la suite organisé une demie-finale puis une finale. Le Covid étant toujours de la partie et les protocoles toujours plus contraignants les uns que les autres, les demie-finales se sont faites pour plusieurs élèves à partir d’enregistrements vidéos. Mais quelle ne fut pas la surprise notamment de découvrir la magnifique lecture de Clémence, particulièrement timide en classe, qui se révélait une excellente lectrice, libérée de la pression sociale, enregistrant chez elle en confiance avec sa mère et sa sœur un extrait du Petit Prince ! Un extrait qui a ravi le cœur du jury composé à cette occasion de notre professeure documentaliste, de notre adjoint, de la bibliothécaire qui avait collaboré avec la classe et de moi-même. La semaine suivante avait lieu la finale et nos 4 candidat.e.s ont été incroyables d’expressivité ! Un extrait de James et la grosse pêche de Roald Dahl, un extrait de La Tresse de Laetitia Colombani, un extrait de Tes seins tombent de Susie Morgenstern et un extrait de A la vie, à la… de Marie-Sabine Roger. Et notre incontournable Petit Prince. Une pluralité de tons, d’écritures, de fictions. Des voix qui chantent, des voix qui murmurent, des voix qui pleurent, des voix qui pétillent. Une véritable fête.

Que retenir de cette expérience ? La lecture à haute voix est un moyen incroyable d’embarquer tout un groupe dans un voyage immobile et éphémère. Un voyage vers l’autre, celui ou celle qui a écrit, mais aussi un voyage vers celui ou celle qui lit. Car à travers nos voix, c’est notre histoire qui se glisse, notre monde intérieur, notre pouvoir de capter l’attention pour la transformer en quelque chose de beau. Juste quelque chose de beau. A vivre ensemble.

En Novembre, faire entendre sa voix !

Le mois de Novembre sera dédié à la question de l’oral. Par sa place dans les examens certificatifs du DNB et du bac, il nous semble important de réfléchir à comment l’enseigner. Mais pour introduire notre réflexion, cette semaine, nous avons choisi de partager avec vous l’émerveillement que la prise de parole de nos élèves peut parfois produire. Aujourd’hui, Aude nous livre une chronique pédagogique écrite lors de sa dernière année au collège à l’occasion de l’oral du DNB.

******

V arrive pour son oral les mains moites et tremblantes et la poitrine battante. J’ai eu V en 6ème, je me souviens d’une petite fille avec des joues rouges encore d’enfants, des cheveux frisés assez courts blond vénitiens et pleins de Toc et notamment celui de se gratter le cuir chevelu très fort à s’en blesser parfois. Mon collègue m’annonce qu’elle rentre, je lève ma tête de la fiche d’évaluation que je commence à compléter et je vois une jeune fille dans une longue robe bustier aux tissus ethniques avec les cheveux teints en prune relevés, je ne reconnais de la petite fille que j’avais eu 4 ans auparavant que ses billes bleues perçantes, affolées, paniquées.

Elle entre, pose un roman sur le bord du bureau : Autopsie White Chapel de Kerri Maniscalpo, démarre sa prestation avec une présentation prezi et nous évoque son choix d’orientation, elle veut devenir médecin légiste. Son oral coche toutes les cases demandées, il est bien préparé et elle s’est donné les moyens de le réussir mais pour moi l’essentiel n’est pas là, je ne suis pas tellement attaché au contenu mais à la jeune fille qu’elle est devenue, à cette personnalité charismatique dans laquelle elle se métamorphose. L’éclosion est proche, la mue est quasiment terminée, on la sent passionnée par ce métier qu’elle est en train de choisir, excitée à l’idée des années pourtant longues et exigeantes d’études qui l’attendent, animée par le choix des écoles dans lesquelles elle aimerait bien aller. Elle est prête à conclure, elle s’avance devant la table du jury derrière laquelle je suis assise et pose le livre sous mes yeux, elle explique que la vocation qui est en train de naître en elle est liée au coup de foudre qu’elle a eu pour ce livre et termine son exposé par cette citation d’Anthony Robbins qui semblerait être un coach en développement personnel américain 

« Toute personne qui réussit avait un rêve et l’a poursuivi jusqu’au bout. »

Son exposé est fini, j’ai les larmes qui me montent au bord des yeux et je ne peux que penser que je suis au bon endroit, au bon moment, je suis reconnaissante d’assister à ces métamorphoses, à ces envols, à y contribuer peut être aussi un peu. Il est là le bonheur de notre métier, de voir le semis prendre, d’assister aux bourgeonnements, au début de la floraison et deviner les arbres qu’ils deviendront. Je pars de ce collège, je fais probablement passer cet oral pour la dernière fois avec V. Indéniablement le plus bel au revoir d’élève !

Je ne peux m’empêcher de la remercier pour ces 5 minutes magiques, celles qui te font te souvenir pourquoi tu enseignes, pourquoi là où certains ne voient que de l’ingratitude, de la fatigue, de l’épuisement, une routine insupportable, personnellement je ne vois que de la passion, de la persévérance et des indispensables rituels pour faire correctement notre travail, pour être digne de la confiance que la société nous accorde ? Pour les prochains challenges professionnels qui m’attendent j’enseignerai avec en bandoulière une citation d’Albert Einstein : « Nous passons 15 ans à l’école et pas une fois on ne nous apprend la confiance en soi, la passion et l’amour qui sont les fondements de la vie. » Il est temps que ça change ! parce que les métamorphoses doivent être encore plus spectaculaires et nombreuses.

Aude et Colette veillent : chronique n° 2.

Du côté de Colette

Pour notre deuxième article dédié à notre veille pédagogique, je vous propose d’aller visionner en replay sur France.TV le documentaire en 2 parties  » Histoire d’une nation : l’école » qui permet d’envisager les enjeux de la scolarisation des enfants français depuis la création de cette institution. Comment elle participe de notre construction individuelle mais surtout de notre construction en tant que collectivité, que peuple. Une manière de répondre à la question que nous nous posions en septembre : peut-on éduquer à la citoyenneté ? Comment transmettre les valeurs de la République ? A travers ce documentaire, nous sommes invités à prendre un peu de distance avec cette institution qui semble aujourd’hui ébranlée, mais qui finalement l’a été régulièrement. Un documentaire qui permet aussi de se souvenir à quel point l’école est un lien primordial que nous devons absolument protéger, surtout en période de crises.

******

Dans ma veille pédagogique, j’ai aussi adoré écouter le podcast de l’émission Barbatruc de France Inter intitulée « Cher journal : des conseils pour écrire sur soi » qui nourrira sans aucun doute une prochaine séquence de 3e dédiée à l’écriture autobiographique. On y entend la voix savoureuse et pétillante de Susie Morgenstern (qui envoie tous les jours les pages de son journal à sa fille !) et on y découvre le travail incroyablement inspirant d’Irvin Anneix, artiste vidéaste et collectionneur de journaux intimes. Il est notamment l’auteur d’un projet intitulé « Cher futur moi » pour lequel il invite les participants à se confier à leur moi futur. Un projet qui m’a rappelé le projet d’écriture que je propose à mes 3e en Janvier en les invitant à écrire à leur moi de l’année suivante, un projet dont j’avais parlé ICI.

******

Du côté d’Aude

https://media.sudouest.fr/12222011/1200x-1/2022-09-08-format-a4.jpeg

Comme le 10 Novembre, j’amène les élèves de première à deux séances du festival du film d’histoire de Pessac avec pour thème cette année Masculin/féminin, j’ai découvert la vie d’Alice Miliat qui fut la première femme à demander des olympiades féminines. La première séance avec mes élèves fut l’occasion d’évoquer leur rapport au corps féminin et j’ai trouvé ces discussions passionnantes. Afin de pouvoir poursuivre le travail après la séance du film documentaires les Incorrectes, j’ai exploré les ressources proposées sur le site de la fondation Alice Miliat et une mine s’est ouverte à moi non seulement sur le sport féminin, mais aussi sur les notions de persévérance, motivation, coaching,…

J’ai commencé à me passionner d’abord pour le podcast Humbles et Engagées

Alors ce podcast est dirigée par Inès Irigoyen et s’appelait avant les conquérantes, il s’agit d’explorer le rapport des femmes au monde du sport sous toutes ces coutures.

dans la même veine vous avez Championnes du monde sous la direction de Cléo Hénin

Stream Championnes du Monde | Listen to podcast episodes online for free on  SoundCloud

et enfin là c’est sur le sport et non sur les femmes uniquement mais j’adore même si c’est très américain, il s’agit de la série documentaire sur netflix: secret de coach

Voilà donc pour le moment j’en ai écouté ou regarder deux de chacun mais j’ai beaucoup aimé et je compte bien en proposer quelqu’uns à l’écoute en AP et en EMC.

Ensuite réseau canopée propose un parcours de formation entre le 18 novembre et le 14 décembre inviter la nature à l’école en trois étapes et 14 webinaires

La nature à l’école – Réseau Canopé (reseau-canope.fr)

Personnellement, je me suis inscrite à quelques conférences.

par ailleurs magistère propose aussi un parcours de formation enseigner dehors dans le secondaire

Enseigner dehors dans le secondaire – Réseau Canopé (reseau-canope.fr)

belles découvertes

buy windows 11 pro test ediyorum