Une classe au lycée

Pour ce mois de Septembre, nous avions très envie de vous parler du rôle du professeur principal et ce que représente pour nous cette charge.

Et pour inaugurer ce mois à thème, j’avais envie de parler de ma frustration de Professeure principale en lycée.

Il y a deux ans, au bout de quelques semaines, je m’aperçois qu’une élève est absente depuis presque 3 semaines. Je demande alors à la cantonnade si l’un de ses camarades à des nouvelles. Un élève me répond mais c’est qui H?? Nous étions à la fin du mois de Novembre, étonnée, je lui rétorque sèchement que ce serait bien qu’il prenne connaissance de l’ensemble de ses camarades, en faisant un bref laïus sur la solidarité de classe,etc…

Un brouhaha se détache et je prends alors conscience que ma classe n’est plus une classe exceptée 8 heures par semaine. Ils ne sont dans quasiment aucun cours ensemble. Langues séparées, spécialités séparées, sections réservées qu’à certains élèves, enseignement scientifique en demi groupe, options en petit effectif,…. Oui la classe au lycée, c’est acté, n’existe plus!

Cette nouvelle me rend triste et je repense avec délice aux premières fêtes, à ce moment de joie où nous avons appris ensemble que nous étions reçus au baccalauréat, à ces camarades qu’on a soutenu, aidé, les repas de classe, les soirées pizza- K7 vidéo qui clôturaient chaque période, les histoires aussi, les premières fois, les premières manifs, les premiers cafés à l’extérieur avec les fiches de révision! Là en 2020, tout ça n’existe pas, tout ce qui a fait nos souvenirs d’adolescents a volé en éclat sans que personne ne s’en rende compte ou si peut être un ou deux spécialistes dans les cabinets du ministère.

Au delà de ces anecdotes de jeunesse, je pense qu’une classe est la première forme de collectivité à laquelle est confronté l’enfant avec tout ce que cela implique. Le respect, la tolérance, la solidarité, l’écoute, la bienveillance, …. et c’est bien dommage que cela fasse défaut dans notre société actuelle. Ou je ne veux pas virer au complotisme mais c’est aussi peut être souhaité de détruire ce qui permet de vivre la fraternité pour nos jeunes, afin de rendre l’individualisme notoire de notre société plus acceptable.

Alors comment fait-on CLASSE? Et bien je n’ai pas encore la solution. L’an dernier, j’avais tenté un projet de classe artistique mais ce fut un échec cuisant parce que ce qui se fait en vie de classe ne rapporte aucun point, parce que l’artiste n’a pas réussi à partager sa pratique correctement au vue d’un nombre d’heures dérisoires que l’établissement lui proposer pour présenter sa pratique, parce qu’il est quasiment impossible d’organiser une sortie sans que certains élèves soient dans l’obligation de rattraper des évaluations du contrôle continu, ou qu’ils subissent une pression pour assister à des « cours jugés plus importants » .

Alors pour cette rentrée, je me pose toujours la question : Comment fait-on CLASSE au lycée? Des réponses les semaines à venir peut être….

Aude et Colette veillent – épisode 9

Les Pépites d’Aude

La capsule autobiographique

Alors en ce qui concerne les pépites de cet été, je voulais d’abord vous parler de la capsule autobiographique dont avait parlé la légèreté des lettres. Je ne sais pas si c’est le fait que j’ai eu 40 ans ou autre chose mais j’ai eu envie de me fabriquer une capsule autobiographique dans laquelle j’ai mis quelques textes, des dessins inspirés du travail d’Emmanuelle Houdart et que j’agrémenterais aussi de travaux qui mêlent chansons et autobiographique tout simplement inspiré des exercices que donnent Colette. Je trouve que c’est un exercice ludique et très salvateur pour l’estime de soi.

Terra aventura

Je ne sais plus si on vous en a déjà parlé de terra Aventura mais c’est toujours un plaisir l’été d’aller se perdre dans les petits villages et coins de nature de notre Nouvelle Aquitaine grâce à ces parcours. Le principe, si vous ne le connaissez pas : terra Aventura est une application qui réunit plus de 600 parcours de géocaching. Vous êtes guidés sur des petits parcours, en moyenne 4 km par votre application et à la fin dans la cache vous découvrez un poidz. Lorsque vous avez réalisé un certain nombre de parcours, des quêtes secrètes apparaissent et à vous les aventures extraordinaires. C’est très prenant et très agréable à faire en famille et en tribu!

L’occasion

Enfin, j’ai renoué avec les vides greniers et Emmaüs, une mine pour les enseignants et les créatifs, je me suis régalée à chiner des mugs pour en faire des pots à crayons, des vieux magazines de point de croix, des tissus et quelques jeux à détourner. Voilà pour mes pépites de l’été.

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Les Pépites de Colette

La Fresque du climat

Début Juillet, j’ai participé avec 3 collègues à un atelier proposé par l’association Fresque du climat. Cette association propose de jouer en équipe à reconstituer une fresque qui présente les différents mécanismes du réchauffement climatique tels qu’ils sont décrits dans les rapports du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (G.I.E.C). Des cartes sont distribuées aux participant.e.s et ensemble ils/elles doivent expliciter les liens qui existent entre les différentes cartes en les disposant sur une fresque de papier. Il s’agit ensuite de nommer sa fresque puis de discuter ensemble des actions collectives et individuelles qui pourraient avoir une action sur ces changements. A la fin de cet atelier, mené avec beaucoup de pédagogie et d’écoute par un bénévole de l’association, nous avions tous.tes très envie de proposer à nos élèves cette expérience, notamment à nos futur.e.s écodélégué.e.s afin de mieux comprendre scientifiquement ce qu’est le changement climatique et à quel point nous devons miser sur la solidarité pour y faire face.logo fresque du climat

L’arpentage

Sur l’initiative d’une collègue, j’ai découvert cet été dans sa jolie maison familiale une méthode de lecture très enthousiasmante : l’arpentage. Il s’agit d’une pratique issue de l’éducation populaire et ouvrière qui offre la possibilité de mettre en mouvement l’intelligence d’un groupe. À l’origine, elle a été pratiquée par les ouvriers pour s’approprier des textes législatifs ou politiques. Cet été, pour nous ce fut l’occasion de nous réunir à 6 pour arpenter un essai pédagogique « Entrer en pédagogie féministe »

L’amie qui nous a initité.e.s a divisé le livre en 6 parties égales, nous avons chacun.e déchiré nos 13 feuilles puis nous sommes allé.e.s lire notre partie sans avoir connaissance de ce qui précédait. Nous pouvions prendre des notes, surligner l’essentiel pour ensuite être en mesure de rendre compte des idées principales de notre partie. Après la lecture nous nous sommes réuni.e.s, avons fait un tour de table pour connaître le contenu de chaque partie du livre et en saisir ainsi les principales idées. Puis s’en est suivi un débat sur les thèmes et les thèses abordés par l’ouvrage. Cette pratique qui met en avant la lecture collective et le débat d’idées m’a complètement convaincu ! J’espère pouvoir la tester cette année avec mes élèves et surtout en faire de nouveau l’expérience moi-même !

Faire école dehors

Encore un nouveau défi que j’aimerais me lancer en cette nouvelle année scolaire : faire cours dehors ! C’est un sujet autour duquel nous réfléchissons depuis longtemps avec Aude et que j’ai continué à explorer cet été avec l’ouvrage de Marie Petit intitulé Elevés en plein air – Comment l’école dehors reconnecte l’enfant à sa nature. Elle y fait le récit de sa propre expérience d’enfant puis d’enseignante avant de nous offrir plusieurs idées de séances à mener en pleine nature, ou simplement dans la cour de récréation. Les élèves de 6e dont je suis professeure principale vont d’ailleurs tester dès la rentrée une activité de mémorisation proposée dans cet ouvrage mi autobiographique mi pédagogique !

Quand les mots de Tristan ont ouvert les fenêtres de la salle A09… (Colette)

Cette année en A09, on s’est installé en cercle pendant les récrés. On a tiré les chaises, on s’est assis sur les tables, parfois par terre et on a instauré trois règles :

  1. chacun.e écoute celui ou celle qui parle sans l’interrompre.
  2. chacun.e attend que la parole lui soit donnée pour parler en toute liberté.
  3. on ne commente et ne conseille que si on nous le demande explicitement.

Et au fil des récrés, j’ai pu écouter Nolan, Maxence, Rayan et Tyanis presque tous les jours. Ymeho, Lucile, Valentine, Thylia parfois. Et tant d’autres. Ancien.nes élèves ou non, régulièrement ou occasionnellement. Avec tristesse ou exaltation. On a beaucoup parlé de la mort des animaux domestiques, quelque fois d’amour, souvent des parents, et la plupart du temps des copains, des copines, des profs et des projets de vacances. C’était comme si on appuyait sur « pause ». C’était comme si on faisait vraiment connaissance. Et c’était vraiment bien.

Si cette année, j’ai ouvert grand les bras de mes récrés c’est que l’année dernière Tristan a changé ma vie de prof !

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Tristan a les yeux verts, d’un vert incroyable. Les cheveux longs jusqu’aux épaules et une dent de requin autour du cou. Il parle beaucoup, dès la rentrée. Il parle tout le temps. Très vite, je comprends à quel point cet enfant est singulier. Parce qu’il a des yeux verts, d’un vert incroyable mais surtout parce qu’il occupe l’espace à grands coups d’interjections, de commentaires déplacés, de prises de paroles intempestives. Très vite, il commence à rester dans la salle A09 aux récréations. Pour parler musique, sport, pour parler de sa petite sœur, de sa mère. Et puis de son père aussi. Et la colère déforme alors son visage.

Tristan s’invite ainsi toute l’année en A09, pendant les récréations, pour parler. De tout et de rien. Et je n’ose pas lui fermer la porte au nez. Pour des tas de raisons. Des raisons qui m’échappent et d’autres auxquelles je tiens. Très vite d’autres le suivent. Bérénice. Alyssa. Alice. Quelques minutes. Toute la récré. Mais c’est le brouhaha. Les élèves parlent tous.tes en même temps. Ils et elles ont tous.tes un immense besoin d’exister. Leurs mots m’envahissent, me débordent, me submergent. Et je ne sais pas alors si j’ai envie, moi, de les écouter. Mais je vois combien prendre le temps de les écouter fait briller leur regard et rallume leurs sourires parfois défaits.

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Un an plus tard, et après une deux jours de formation à la communication interpersonnelle, je décide que OUI, j’ai envie de les écouter. Et je décide qu’il est essentiel qu’ils et elles apprennent elleux aussi à écouter, qu’ils et elles transmettent ensuite ce bonheur particulier que procure l’écoute attentive et entière de l’autre. Une écoute qui repose l’esprit et tisse silencieusement des liens entre nous. Des liens légers qui tintent joyeusement dans notre journée si rythmée.

J’instaure alors officiellement des « cercles de parole en récré ».

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Tristan reviendra deux ou trois fois en septembre. Puis il ne viendra plus.

Mais je n’oublie pas ce que je lui dois. Je n’oublie pas tout ce qu’il m’a appris. Je n’oublie pas que c’est en bousculant mes codes qu’il a poussé les murs de ma salle de classe pour qu’elle devienne, le temps des récrés, jardin, oasis, foyer.

Le Jour où…. j’ai compris que l’enseignement était un métier de passion ! (Aude)

On commence nos chroniques d’été, même si notre été d’enseignant est déjà bien entamé.

Elles commenceront toutes par le jour où… ou l’élève qui…Nous aurons, on l’espère quelques professeurs invités à participer à cette chronique. L’idée est de déposer ici l’évènement, le projet, la classe, l’élève qui nous a fait changé notre façon d’enseigner ou qui a initié de nouvelles initiatives pédagogiques, bref qui a été pour nous un moment important voire déterminant dans notre vie pédagogique !

En ce qui me concerne, je pense que le jour le plus important pour moi, ce fut la clôture du projet Frankton dont je vous ai déjà parlé ici . c’était en 2013, j’avais une Troisième Bahamas dans le Nord Gironde dont j’étais professeur principal

On avait vécu un échange avec des anglais, des sorties, des commémorations, des week-end ensemble. Et, le dernier jour de l’année, je ne sais pas pourquoi je pleure, je pleure, je pleure, sans discontinuer, je suis une fontaine au point que je me demande comment je vais bien pouvoir accueillir mes élèves, je vis cette fin d’année comme une rupture, oui oui comme lorsque on doit dire au revoir à un ami qu’on ne verra plus jamais,…je m’agace parce que je ne sais pas mettre des mots sur ce que je ressens, sur mon corps qui s’exprime.

Heureusement ce jour-là mes élèves ont été bien meilleurs que moi pour me dire au revoir, ils avaient écrit un petit mot déposé dans une boîte que je devais lire à haute voix et deviner qui l’avait rédigé, bien sur il y avait un goûter et quelques cadeaux. On a pris des photos, on s’est embrassé, serré dans les bras, promis qu’on s’enverrait des nouvelles et la rupture a été plus douce.

Ce fut probablement l’un des plus beaux jours de ma carrière parce que ce jour là, j’ai d’abord compris qu’il n’y avait aucun problème à aimer ses élèves, à le leur dire, si si je leur dis que je les aime à mes élèves, je pleure avec eux, même quand on traverse des choses difficiles. Je suis désormais consciente que je m’attache à eux, qu’émotionnellement, je finirais, sans doute rincer à chaque fin d ‘année à les avoir un peu trop aimés mais je n’ai plus cette frustration que j’ai eu à ce moment là.

J’ai aussi compris que ce qui avait rendu le lien si fort était probablement mon implication dans ce projet et le fait que les élèves ne sont pas fous, ils en sont parfaitement conscients. Je me rends compte, avec les années à quel point mon métier, monter des projets pédagogiques, m’impliquer dans la vie de l’établissement fait partie de ma vie, m’anime, m’envahit parfois. A chaque fin d ‘année je me dis, à la rentrée, tu fais tes cours et c’est tout, tu es trop fatiguée, tu ne fais pas assez, tu n’as pas assez pris de temps pour toi, pour ta famille … Mais en fait, je pense que je ne sais pas faire autrement, j’ai besoin de faire ce métier avec passion, de croire à fond aux projets que je mène et les élèves me le rendent bien et j’ose même croire que lorsque certains de mes collègues sont lassés, je continue d’être enthousiaste face à ce métier, je me dis que quoi qu’il arrive, il y aura mes idées, mon envie de les réaliser et des élèves qui se laisseront embarquer.

Aude et Colette veillent… épisode 8

Le blog a été en veille en cette fin d’année scolaire. Happées par les échéances, par la fatigue nous nous sommes un peu mises en veille en terme d’écriture, mais néanmoins, la vie a continué et nous avons continué de nourrir nos activités pédagogiques.

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Les Pépites d’Aude

Dans un premier temps, je souhaitais parler du ciné-club thématique du cinéma de Saint Jean de Luz. Chaque année le cinéma le sélect propose 8 séances suivies d’une analyse filmique animée par Jean Vila professeur à l’UPPA de Bayonne en histoire du cinéma et de l’audiovisuel du mois de septembre ou mois de juin sur un thème : cette année le cinéma espagnol et l’an dernier le cinéma japonais.

Ainsi, je nourris ma culture cinématographique depuis deux ans et me surprend à être désormais sensible aux sons, aux lumières et aux citations présentes dans les films.

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Ensuite pour nourrir mes inspirations et mes envies d’une éducation à l’émerveillement, j’ai beaucoup écouter ce podcast :

François-Régis Gaudry nous invite à déguster à toutes les échelles, j’ai une grande affection pour les cinq premières minutes où chaque invité doit deviner les ingrédients de la dégustation proposée qui agitent mes papilles à distance.

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Enfin en Mai, nous avons pu profiter de l’organisation du festival « Lettres et le vivant » par la librairie le Cinquième art de Saint Jean de Luz riche en rencontre littéraire. Dans le même temps au lycée, nous avons eu la chance d’inviter Adrien Ballanger qui a écrit et auto-édité les guides Haize randonnées, je vous invite à aller découvrir toutes ces ressources qui personnellement poursuivent leur cheminement dans ma petite tête et font émerger des envies de club nature, randonnées, dégustations, ballades gourmandes, podcast,…. Bref il faut encore que tout ça murissent avant d’aboutir à des propositions pédagogiques mais je me suis régaler au sens propre et figuré !

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Les Pépites de Colette

En Mai, la médiathèque d’Artigues-près-Bordeaux a accueilli le jeu Dédikatz de la librairie Krazy Kat avec Laureline Mattiussi, qui a réalisé l’affiche 2023 du festival Faites des bulles. L’artiste dessinait en direct des illustrations en lien avec une œuvre littéraire ou cinématographique et le public, organisé en équipes, devait devinait le titre de l’œuvre en question. Il fallait être la première équipe a proposé la bonne réponse pour pouvoir espérer gagner le dessin en question dédicacé par l’autrice ! Au fil des 12 dessins, nous avons pu découvrir la palette incroyable de l’artiste ! Et c’est avec une représentation d’une scène de Mon voisin Totoro que nous sommes reparti.e.s !

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Et deux lectures prometteuses sur ma table de chevet :

La première est une bible facétieuse, riche, lumineuse et incroyablement efficace pour comprendre les rouages de la littérature jeunesse ! Le dernier titre de Clémentine Beauvais est un pu régal !

et le deuxième livre de Marie Petit : Elevés en plein air, comment l’école dehors reconnecte l’enfant à la nature nourrira notre prochain projet d’établissement : « Notre école faisons la dehors » !

Aude et Colette veillent – épisode 7

Les pépites de Colette pour ce joli mois de Mai

Une pièce de théâtre

Mon coup de cœur absolu du mois d’avril ce fut la pièce Féminines, une pièce écrite et mise en scène par Pauline Bureau. Pour faire suite à notre mois-thématique sur le corps, là encore, il est question du corps, du corps de la femme, du corps en action, du corps qui joue et qui, à travers le jeu, prend le pouvoir sur la vie qui l’anime.

Cette comédie sur la première équipe française de foot féminin, championne du monde en 1978, redonne vie à une bande de filles qui prend son destin en main. On est à la fin des années soixante à Reims. Le journal local organise sa kermesse et cherche l’animation qui pourrait faire la première partie de cette journée festive. Deux des organisateurs ont alors l’idée de monter une équipe de foot féminine, idée alors complètement saugrenue ! Mais c’est sans compter sur l’audace de Joanna, Jeannine, Marinette, Marie-Maud, Françoise et Josepha. Le spectacle nous permet de les suivre tout au long de cette aventure où il est véritablement question de vivre en femmes puissantes en se lançant à corps perdu dans des aventures pour lesquelles on ne se pensait pas tailler !

Et cerise sur le gâteau symbolique, mon fils aîné avait accepté de m’accompagner pour voir cette fable sportive et fut atout aussi transportée que moi par l’enthousiasme de nos héroïnes.

Féminines, Pauline Bureau, Production La Part des Anges, TNBA, 2023.

Un documentaire

Mon deuxième coup de cœur est un documentaire qui donne la parole à une infirmière scolaire que l’on suit dans son quotidien, à Piney, dans un collège de campagne. Même si je n’ai pas forcément reconnu le travail de notre infirmière à nous, celle avec qui je travaille depuis presque 10 ans, parce qu’on ne fait sans doute pas le même métier dans cette campagne là que dans celle où j’enseigne, je suis vraiment reconnaissante à Delphine Dhilly d’avoir eu l’idée de mettre en avant ce métier et de rappeler à quel point c’est une fonction essentielle pour que les corps de nos élèves, mais aussi et surtout leurs âmes tourmentées, trouvent un abri, l’espace d’un instant.

https://www.france.tv/france-2/infrarouge/4768396-infirmiere-scolaire.html

Une figure inspirante

En préparant ma séquence sur la satire pour le niveau 3e, j’ai découvert Iris Brey, autrice, critique de cinéma et universitaire française, spécialiste des questions de genre. Elle a participé à un entretien pour Konbini que l’on trouve ici et elle y explique vraiment très clairement les concepts de « male gaze » et de « female gaze » soit « regard masculin » et « regard féminin » théorisés par la critique et réalisatrice anglaise Laura Mulvey en 1975 (oui, il y a des concepts qui mettent du temps à arriver jusqu’au grand public, allez savoir pourquoi…) . On y découvre donc comment le cinéma et les séries ont impliqué un rapport au corps des femmes notamment à partir du moment où l’œuvre est filmée depuis un regard masculin ou un regard féminin (et ce regard ne dépend pas du tout du genre de la personne qui filme, bien entendu !). Elle y donne de nombreux exemples de films et de séries et après l’avoir écoutée on meurt d’envie de revoir Titanic ! Car oui, James Cameron, dans ce film si populaire aurait opté pour un regard féminin : celui de Rose ! Comme quoi, il est possible de faire des films grand public qui ne choisissent pas de montrer le corps de la femme comme s’il s’agissait d’un objet morcelé !

des lectures pour appréhender le corps

Cher Corps de Collectif, Léa Bordier, Collectif, Collectif - Album |  Editions Delcourt

Au départ ce roman graphique est une chaîne youtube, il rassemble des témoignages de femmes sur l’endométriose, le corps qui change avec les grossesses, les cycles hormonaux, mais aussi le corps malade, blessé ou encore réparé. C’est tendre, c’est doux et le dessin accompagne parfois des histoires de corps meurtris avec beaucoup de bienveillance et de douceur!

Je voulais aussi évoqué ce très beau roman de Marie Pavlenko, un si petit oiseau. Abi a eu un accident et elle a perdu un bras, elle se retrouve amputée à 20 ans, au démarrage de sa vie adulte, il faut alors tout repenser, tout réapprendre, apprendre à aimer ce nouveau corps, comment le rhabiller, le renommer, refaire un à un pour la première fois tous les gestes anodins: saisir un tasse, enfiler un tee shirt, porter un sac à dos, éplucher un légumes. Je pourrais évoquer ce roman pour des dizaines de raisons: notre reconstruction après un choc au cœur du vivant, au contact de la nature, rebondir après un échec, mais là il s’agit d’évoquer la fonctionnalité de notre corps humain et notre incroyable capacité à vivre avec un handicap. C’est là aussi tendre, merveilleux et plein d’humour.

L’autre jour à la bibliothèque, je suis tombée sur le manuel féministe réédité de Notre corps, Nous Mêmes, à mettre dans tous les rayons de CDI et de bibliothèque de France. Ce livre est une mine et il est le fruit d’un travail de recueil de témoignage sur tout ce que le corps des femmes traverse: puberté, sexualité, contraception, avortement, accouchement, vieillesse, ménopause, agressions, épilation. Chaque sujet est traité par des récits d’expériences, des témoignages, des schémas, des dessins simples pour que nous soyons conscientes de notre corps et que nous ayons la connaissance nécessaire pour l’accepter, reconnaître là aussi son extraordinaire fonctionnalité et le bichonner. Nous n’avons qu’un et il doit mener, nous porter longtemps, n’est ce pas?

Il s’agit aussi d’un collectif, né en 2016, féministe qui a eu la volonté de refaire l’extraordinaire d’un collectif de femmes en 73 aux Etats-Unis et en 77 en France dont l’objectif était de partager la connaissance vernaculaire du corps féminin par les femmes et pour les femmes afin de leur redonner un pouvoir sur leur corps. C’est une problématique qui me porte beaucoup en ce moment et que je trouve très enthousiasmante avec aussi l’impression d’avoir perdu 40 ans de construction de ce mouvement qui me semble très bienveillant et très enrichissant, il m’a fait penser aussi au film Annie Colère qui évoque la lutte pour la légalisation de l’avortement par le MLAC: mouvement pour la libéralisation de l’avortement et de la contraception dans lequel le partage des savoirs était au cœur de la démarche.

Enfin, toujours sur le handicap et la réparation du corps, je pense bien évidemment au livre et film Patients de Grand Corps malade qui raconte son histoire et la longue reconquête du mouvement avec beaucoup d’humour.

Voilà pour mes recommandations: partons à la découverte de nos corps et de son extraordinaire fonctionnalité. prenons conscience de ce dont il est capable!

Bonne lecture!

A corps et à cris

Nous avions mis en lignes nos deux premiers articles sur le corps mais la machine nous les a avalé, alors nous revoilà avec notre article introductif sous forme d’interviews croisés.

  1. Colette: C’est toi qui a proposé cette thématique pour le mois de Mars, mois de la renaissance de la nature ( et du redéploiement des corps!) : pourquoi ? Y-a-t-il une anecdote en particulier qui a mis ce sujet au cœur de tes préoccupations éducatives ? J’ai eu envie de parler du corps après être aller voir le ballet autobiographique de Marie Claude Piétragalla dont j’avais parlé dans nos première pépites d’Octobre. Puis, en ce qui me concerne, j’ai un rapport au corps qui est très particulier, sans doute parce que j’ai été très rapidement consciente qu’il s’exprimait à la place de mes mots, en dansant beaucoup quand j’étais adolescente, puis quand on souffre, qu’on est triste,… Ensuite, en tant qu’enseignante dans le secondaire, je suis confrontée à des adolescents dont la définition même est le changement corporel et je suis toujours intriguée, fascinée, parfois inquiète de voir quelles relations ils entretiennent avec leur corps qui change… Je pense d’ailleurs que comme pour beaucoup de choses sur l’adolescence, nous manquons cruellement de connaissances et de formations, même si depuis quelques années, les formations sur les compétences psycho-émotionnelles nous amène à y être tous plus sensibles.

    2. Colette: Corps de filles, corps de garçons, corps non binaires : qu’est-ce qu’on en dit à l’école ? On en dit qu’on les accepte de plus en plus, en tout cas du côté des adultes, enfin à mon sens, il y a depuis quelques années, une vraie liberté qui est accordée à l’apparence dans les établissements, malgré les « tenues républicaines » et personnellement, je n’y apporte aucun jugement. Ce sont des élèves. Point. binaires, non binaires, assumés ou pas encore. Je leur souhaite d’être bien dans l’établissement, j’essaie d’accompagner parfois personnellement si je vois qu’il y a un mal être. Un manteau en plein mois de mai, des habits sales, des élèves qui sentent mauvais des marques sur les bras… m’interpellent plus et appellent à bien plus d’attention que des élèves pour lesquels j’arrive à déterminer par leur look ou leur maquillage, une transition amorcée, un genre assumées, ect…Je suis plus vigilante, au remarque que je pourrais entendre dans un couloir sur la tenue d’une jeune fille ou d’un jeune garçon que sur la tenue elle même. Bref, l’objectif pour moi est que l’élève soit bien dans ses baskets. Après, nous sommes dans une société encore très normative et j’estime aussi que lorsqu’il passe un oral par exemple, il faut avoir une tenue en adéquation avec la circonstance parce que je leur souhaite qu’un jour ils puissent aller passer un entretien d’embauche en short de plage et débardeur échancré mais je crains que ce ne soit pas encore pour demain la veille;) donc c’est aussi mon travail de leur dire que le jean troué, le haut qui laisse tout dépassé, dans une situation d’examen cela peut encore être décisif. Après, je sais que c’est un point de vue personnel et quand la communauté éducative, nous sommes loin d’avoir tous le même avis.

  1. Espaces et corps : comment l’espace scolaire prend-il en compte le bien-être des corps de nos élèves ? Je pense aux cours de récréation, aux toilettes, aux espaces de détente comme le foyer ou le CDI, aux gymnases, aux salles de cours, aux couloirs… et bien il ne le prend pas en compte ou encore si peu. Les toilettes ouvertes en haut et en bas, le manque de papier à partir de 13h, les vestiaires collectifs, si j’osais je vous mettrai le lien du compte Instagram créé par les élèves pour montrer dans quelles conditions ils s’endorment dans l’établissement. Alors attention, je pense que le fait qu’ils s’endorment est lié en partie à leur hygiène de vie déplorable (jeux vidéos nocturnes, téléphones jamais éteints, malbouffe, … mais ils se reposent assis, voir couchés sur le sol. Bref, je pense sincèrement que tous les établissements doivent repenser les espaces, les adapter à nos modes de vie actuels. Il faut des espaces où l’on se sente bien pour avoir envie de travailler. Même pour nous, l’aménagement des postes de travail. J’avais une station d’ordinateur debout et maintenant, je dois m’assoir, elle n’est jamais à la bonne hauteur, les tableaux trop hauts, le casier trop petit et trop loin des salles dans lesquelles on a cours.La liste pourrait être interminable alors je rêve d’autre chose mais ça je vous en parlerais à la fin du mois:)

    Et nos corps à nous, accompagnatrices et accompagnateurs de cette jeunesse en formation : l’institution en tient-elle compte ? Comment prendre soin de nos corps à l’école ? Absolument pas! Nous avons une visite médicale au moment de notre titularisation et en ce qui me concerne, j’en garde un très mauvais souvenir. Le médecin tenait absolument à me faire une palpation des seins, alors que je venais de lui dire qui ça avait été fait quelques jours auparavant par ma gynécologue. Je n’ai pas cédé mais je pense avoir vécu cela comme une atteinte à mon intimité. Donc autant dire, que je n’ai nullement envie de revoir un médecin du travail! A ma connaissance, je ne pense pas qu’il y ait d’étude sur la fatigue physique engendrée par notre métier: le bruit, la mise à niveau: s’accroupir, soulever des livres, des enfants pour nos collègues de maternelle, rester devant un écran,…. J’ai par exemple cette année, cours de 12h à 16h, trois fois par semaine. Il n’y a pas de récréation, et bien cela signifie quand même que je ne peux pas aller aux toilettes pendant 4 heures puisque mes élèves se retrouvent sans surveillance à ce moment là, je mange à 11h donc très tôt dans la mâtinée et j’ai donc un rythme alimentaire particulier et qui me déstabilise. On pourrait se dire ce n’est pas très grave, il y a les vacances, le peu d’heure devant élèves, … mais mon corps doit s’adapter, doit changer de rythme…. et après il y a la fatigue émotionnelle, la fragilité psychologique. En ce qui me concerne, en fin d’année, je me sens toujours vidée et nous sommes parfois hantés par les parcours de certains de nos élèves, et cela s’inscrit qu’on le veuille ou non dans nos corps! Enfin, là aussi qu’on le veuille ou non, nous sommes un métier de représentation: je dis toujours, je suis une comédienne qui fait 4 à 5 heures de spectacle devant un public qui n’ a pas envie de me voir. C’est peut être très personnel, mais je fais attention à mon apparence, à ne pas mettre plusieurs fois la même tenue par semaine, je me maquille pour travailler, je vérifie que rien ne dépasse, je fais attention à mes odeurs corporelles, donc le corps et l’exhibition de celui-ci à une place importante dans mon travail et nécessite une pression constante. Pour la deuxième partie de la question, je pense qu’il faudrait une véritable réflexion sur nos corps au travail mais je pense que c’est loin d’être une préoccupation ministérielle. Nous avons la chance d’avoir du temps de travail à la maison et de pouvoir organiser notre temps de travail comme on le veut, alors je pense qu’il est nécessaire de prendre du temps pour prendre soin de soi. Je pense qu’il faudrait aussi repenser les espaces de travail. bref ce sujet est sans fin!

Aude et Colette veillent – épisode 6

En ce premier jour du mois de Mars, nous vous présentons nos pépites de février !

Du côté de chez Colette…

Et comme ce mois-ci, nous avons parlé d’amour, je vous conseillerai un podcast d’Arte de la série Vivons heureux avant la fin du monde intitulé « Comment parler d’amour » conseillé par Aude ! On y observe à la loupe le langage de l’amour, et comment celui-ci nous enferme dans toute une série de clichés auxquels nous nous conformons depuis le plus jeune âge !

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Un documentaire en 3 parties qui pose une excellente question « Comment voulons-nous aimer ? » et qui fait un état des lieux de l’évolution des relations amoureuses au XXIe siècle.

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Et une chanson d’amour au refrain obsédant !

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Du côté de chez Aude…

Alors, en ce qui me concerne, je parlerais encore de ….musique. Durant les vacances de Février avec Colette et Florence, nous sommes allés à une sieste musicale organisée au rocher palmer dans la cabane du monde. Nous voici allongées dans des transats et nous embarquons pour le Mozambique et ses sons depuis les années 70. 8 morceaux expliqués par Patrick Labesse. Et si vous ne pouvez vous rendre au rocher palmer, vous pouvez emprunter une valise du monde et écouter le podcast ou retrouver tous les morceaux écoutés durant votre sieste juste ici: dans la cabane du monde. Cette sieste musicale nourrit mes envies de podcasts pédagogiques, de tote bag surprise pour mes élèves, je n’ai plus qu’à trouver le temps et donner vie à mon idée mais je sens qu’on n’est plus très loin de l’éclosion!

Et après, ici au mois de Février, à quelques centaines de mètres de la Nivelle, il y a eu un drame qui m’ a poussé à aller voir des petites choses toute mimi, m’enfermer dans une pièce cosy avec un casque sur les oreilles, un bon bouquin, des podcast, des vlogs de voyages, d’univers lointain, des broderies et des univers à soi mais qu’on partage un peu sur les réseaux sociaux, pour oublier, pour couper, pour aussi accompagner mes élèves face à cet évènement. J’ai eu besoin de suivre des femmes qui s’émerveillent, qui créent et qui partagent. Vous me direz mais quel est le lien avec la pédagogie et bien toutes ces petites choses, je les garde là précieusement au fond de ma tête, de mon cœur puis un jour, paf elles ressortent, elle réapparaissent dans ma classe comme un boomerang!

Pour aller voir des carte imaginaires que j’ai partagée avec mes élèves et qui sont en train d’en réaliser en AP c’est ici:

https://cartonumerique.blogspot.com/p/cartes-imaginaires.html

pour se reconnecter aux saisons et s’émerveiller devant le mimosa, se faire des PAL saisonnières et voir de belles aquarelles c’est par là: Chez Carofrom Woodland

Pour s’isoler au delà du cercle polaire, voir les oeuvres d’arts que l’on peut faire avec la nature et écouter le son de la glace c’est chez Jonna Jinton

Pour broder des fleurs de printemps engagé il faut aller chez Ginacie

Lire l’amour.

Vous savez qu’ici nous aimons les mois à thème et pour la saint Valentin j’ai eu envie de lire l’amour à mes filles : je suis donc allée emprunter Songe à la douceur de Clémentine Beauvais à la bibliothèque. Je vous livre ici mon avis mais je me suis interrogée et j’ai eu envie qu’on vous propose enfin surtout Colette des livres qui parlent d’amour et surtout qui parlent d’amour sincères sous toutes ces formes et qui permettent à nos élèves de sortir des schémas traditionnels proposés par la littérature, les films et séries qu’ils regardent naturellement.

Chronique pour Songe à la douceur.

Songe à la douceur - Clémentine Beauvais - Éditions Sarbacane - ebook  (ePub) - Librairie Ecosphère

Une déclaration d’amour qui dure 10 ans… Voilà l’histoire en vers que Clémentine Beauvais nous propose. Tatiana et Eugène se sont aimés d’un amour platonique et adolescent, ils avaient 14 et 17 ans puis ils se sont perdus de vue et se retrouvent dans une rame de métro 10 ans après. Que fait-on de cet amour que l’on croyait disparu 10 ans après ? Comment reprend-on la communication, le dialogue amoureux : là où on l’ a laissé? Avec quels outils ? La lettre, le SMS, le mail, la messagerie instantanée ? Au delà de l’histoire adolescente et de la maturité des sentiments à cet âge : c’est un poème antique, il pourrait presque être chanté par un ou une aède et il m’a rappelé mon adolescence et les sentiments que je pouvais ressentir et ne pas exprimer.

Il pose plusieurs questions : As t-on besoin d’aimer comme ça, une fois dans sa vie? passionnément ? Platoniquement ? N’est-ce pas nécessaire de continuer à proposer des livres comme celui-ci pour faire découvrir l’amour et le sentiment amoureux à nos adolescents ? J’entends par là de belles histoires pas « des after et des cinquantes nuances de grey », des histoires de mots, de signes, d’hésitations, de dialogue amoureux.

Et ainsi la deuxième interrogation que cette lecture a soulevé c’est celle de la communication : pourquoi est-ce difficile de communiquer ses sentiments ? Pourquoi certains mots restent gravés à vie? Pourquoi peuvent-ils par la suite empêcher d’aimer? Pourquoi cacher certains évènements ? Certains moments de sa vie?

Alors voilà, après cette lecture j’ai eu envie de proposer des lectures sur les thématiques suivantes pour nos jeunes.

Des livres pour découvrir les émotions que provoquent l’amour

Des livres pour évoquer toutes les formes de l’amour

Le coeur sur la table - Pour une révolution... de Victoire Tuaillon - Grand  Format - Livre - Decitre

Et le podcast qui va avec ! Une merveille !

Des livres pour exprimer le sentiment amoureux

Des livres pour parler de consentement

Tu n'es pas obligée - broché - Ovidie, Diglee - Achat Livre | fnac

Des livres pour parler de rupture et chagrin d’amour

Des livres pour parler de sexualité.

Et si ce dernier thème en particulier vous intéresse, A l’ombre du grand arbre, vous trouverez des avis plus précis à l’occasion d’une sélection thématique « Gros câlins, tendresse et sexe. »

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