Et si on leur demandait directement? Mattin

  1. Quel âge avez-vous ?

   J’ai 13 ans

  • A quels écrans vous avez accès?

L’ordinateur, le téléphone, la télé.

  • Combien temps passez-vous sur les écrans chaque jour ? Pouvez-vous détailler le temps par appareil que vous utilisez.

Sur mon téléphone environ 1 heure par  jour (la semaine), l’ordinateur 1 heure et demie et la télé est allumée donc je la regarde, je n’ai pas vraiment de temps dessus.

  • Que faîtes-vous avec ces écrans (jeux, recherches, production de contenus vidéos…) ?

Essentiellement je joue, mais je produis aussi un peu de contenue vidéo, je prépare des playlist aussi

  • Pensez-vous qu’il existe une « guerre des générations » concernant l’usage du numérique ? Si oui, comment l’expliquez-vous ?

Je ne pense pas.

  • Pensez-vous que l’usage du numérique (via le téléphone portable notamment) nécessite une formation ? Qui doit la faire ?

Oui, il y en a besoin mais ça ne nécessite pas de personne en particulier.

  • Quelle est la place de l’école dans cette formation au numérique d’après vous ? Comment peut-elle former ?

L’école peut organiser des interventions pour aider.

  1. Qu’envisageriez-vous pour être préparé.e
  2.  à l’utilisation des réseaux sociaux?
  3. à la recherche documentaire?
  4. à être plus vigilant.e face aux dangers d’internet (images choquantes non désirées, fake news…) ?

Moi et potentiellement d’autres personnes pourrions avoir une formation (intervention) et ainsi être prêt.

D’après vous, les gouvernements ont-ils un rôle à jouer pour légiférer l’utilisation d’internet et notamment protéger les mineur.e.s ? 

Oui car il y a beaucoup de problèmes à cause d’internet donc ils pourraient penser à des lois qui protègent plus les utilisateurs et qui sanctionnent vraiment les arnaqueurs.

Pensez-vous qu’avoir un téléphone aujourd’hui est indispensable? Justifiez votre réponse

Oui car tout le monde entier est connecté donc pour être informer, pour se divertir il faut en avoir un. 

Souhaitez-vous ajouter une remarque ?

Non

Et si on leur demandait directement ? Le témoignage de Maritxu

  1. Quel âge avez-vous ?

J’ai 12 ans

  • A quels écrans vous avez accès?

A l’ordinateur de ma grand-mère, à l’ordinateur de mes parents et à leurs téléphones quand ils m’y autorisent.

  • Combien temps passez-vous sur les écrans chaque jour ? Pouvez-vous détailler le temps par appareil que vous utilisez.

C’est ma mère qui décide le temps que j’y passe, mais souvent entre 30 min et 1 heure par jour. Je fais beaucoup de sport en semaine, j’y ai donc moins accès que ma sœur.

  • Que faîtes-vous avec ces écrans (jeux, recherches, production de contenus vidéos…) ?

Je joue aux jeux vidéo, j’accède à pronote , je lis des histoires et je regarde YouTube.

  • Si vous n’avez pas de téléphone, en voudriez-vous un ? Et que feriez-vous avec?

J’en voudrais un mais en y réfléchissant pour l’instant un téléphone ne me serait pas utile. C’est surtout qu’au collège, je suis une des rares élèves à ne pas en avoir.

  • Si vous n’avez pas de téléphone, pouvez-vous expliquer pourquoi ? Est-ce un choix ? Si non comprenez-vous pourquoi vous n’y êtes pas autorisé.e ?

Mes parents ne veulent pas que j’en ai un .Je comprends car il y a des personnes qui utilisent les réseaux sociaux pour faire n’importe quoi.

  • Pensez-vous qu’il existe une « guerre des générations » concernant l’usage du numérique ? Si oui, comment l’expliquez-vous ?

Non je ne pense pas. Mes grands parents ou ma tante utilisent beaucoup leur téléphone portable et en font aussi bien un bon qu’un mauvais usage. Ils peuvent s’en servir à table, s’affoler avec les notifications, …

  • Pensez-vous que l’usage du numérique (via le téléphone portable notamment) nécessite une formation ? Qui doit la faire ?

Oui, les parents doivent sensibilisait leurs enfants aux danger du numérique .

  • Quelle est la place de l’école dans cette formation au numérique d’après vous ? Comment peut-elle former ?

L’école peut faire quelques choses comme en parler en éducation morale et civique

Qu’envisageriez-vous pour être préparé.e ?

  •  à l’utilisation des réseaux sociaux?
  • à la recherche documentaire?
  • à être plus vigilant.e face aux dangers d’internet (images choquantes non désirées, fake news…) ?

En parler en cours , en parler avec les parents connaître les méthodes de documentation …

  1. D’après vous, les gouvernements ont-ils un rôle à jouer pour légiférer l’utilisation d’internet et notamment protéger les mineur.e.s ?

Je ne sais pas .

  1. Pensez-vous qu’avoir un téléphone aujourd’hui est indispensable? Justifiez votre réponse

Non car je vis sans et je vis bien .

  1. Souhaitez-vous ajouter une remarque ?

Les adultes disent tout le temps qu’il ne faut pas rester scotcher à l’écran mais il passe leur journée dessus.

Il est temps de parler d’écrans !

Avant de parler écrans, on tenait à vous souhaiter une belle et heureuse année 2023. On vous l’espère la plus douce et riche d’expérience et d’émotions.

Pour commencer ce mois écrans et non numérique, on avait envie de vous faire part de notre prise de conscience à travers un entretien. Colette et moi avons une approche de l’exposition aux écrans différente, mais nous sommes parfaitement conscientes qu’elle modifie d’une part le temps et les modes de concentration de nos élèves et d’autre part qu’elle nécessite une éducation spécifique ainsi qu’une adaptation de nos pédagogies.

******

Aude. – J’ai pu constater depuis une dizaine d’années, la difficulté de nos élèves à se concentrer et à ne pas sortir leur téléphone en classe. Peux tu nous dire quel est ton avis là dessus ?

Colette. – Je crois que sur ce point là, j’ai la chance d’enseigner en collège : en effet comme le portable y est officiellement interdit, les élèves ne l’utilisent pas dans l’enceinte de l’établissement sous peine de voir leur téléphone confisqué. Nous sommes au moins préservés des effets immédiats sur l’attention de l’usage du téléphone. Par contre, je remarque que l’usage intensif et de plus en plus prématuré du portable impacte très fortement les capacités de lecture de mes élèves : en effet, ils et elles sont de plus en plus nombreux et nombreuses à ne plus parvenir à lire mot à mot un texte, ils et elles semblent ne plus être capables de revenir aux texte pour y trouver des informations, à le comprendre de manière globale. Leur œil n’est plus habitué à suivre de manière linéaire un texte.

Aude. – Tu as fait le choix de ne plus être sur les réseaux sociaux, peux-tu en expliquer les raisons ? Là dessus nos avis divergent, je pars du principe qu’il est nécessaire que nous fréquentions les réseaux sociaux pour être en quelque sorte plus conscients des images auxquels les jeunes sont confrontés et être capable de manipuler l’outil pour pouvoir ensuite sensibiliser nos élèves à leur bonne utilisation. J’ai arrêté de multiplier les réseaux sociaux avec la naissance de Snapchat et je trouve abominable le côté virale de tik tok même si je ne peux en dire plus parce que je n’y suis pas. Je me contente de dire des choses là dessus après lecture d’articles sur ces réseaux.

Colette. – Pour répondre à cette question, je vais reprendre les mots que j’ai écrits en octobre 2020 sur mon blog La collectionneuse de papillons (oui, je me cite moi-même, j’ai un égo démesuré !)

« Mercredi 21 octobre 2020, au réveil, dans le brouillard qui le caractérise, ces mots me parviennent depuis le poste de radio : « Aujourd’hui j’ai décidé de quitter définitivement les réseaux sociaux, de ne plus utiliser Instagram ou Facebook. Je ne veux plus cautionner des réseaux où la haine s’étale sans filtre, où aucune surveillance n’existe, où c’est le règne de l’impunité et de la démagogie. Et où leurs fondateurs, dans leurs bureaux de la Silicon Valley, n’ont aucun compte à rendre ». Ces mots sont ceux de la romancière Leïla Slimani. Ces mots font écho à ce sentiment qui depuis 2 ans déjà me hante, quelque part, là, près du coeur. De l’estomac peut-être. Ce sentiment d’injustice, de lâcheté, d’insécurité. Ce sentiment, je l’ai ressenti la première fois quand une élève de l’établissement scolaire où je travaille a été traquée, humiliée, lynchée via les réseaux sociaux par ses propres camarades. Ses camarades de 12 ans. Et tant d’inconnu.e.s. J’ai appris que ce à quoi elle avait été exposée, avait un nom : le cybersexisme. Bien sûr, une plainte a été déposée, une enquête a été menée. Mais ce sentiment a continué à grandir quand de lumineuses adolescentes de 3e sont venues me voir à la fin d’un cours pour me raconter les photos qu’elles subissaient sur Instagram. J’ai appris récemment que dans le jargon du net on appelait ces photos des « dick pics ». J’ai appris en discutant avec elles que c’était leur lot quotidien. Tous les jours, à un moment ou à un autre, un utilisateur de ce réseau social leur envoie une photo de leur sexe. Elles ont 13 ans, 14, 15 ans. Alors là, j’ai hésité entre l’envie de vomir et l’envie de pleurer. L’envie de les serrer dans mes bras (à l’époque j’aurais pu et l’envie d’aller toucher deux mots à Kevin Systrom et Michel Mike Krieger. Mais rien de tout cela n’aurait vraiment été efficace me direz-vous. Alors on le rapporte à l’administration. Des plaintes sont déposées. Et que se passe-t-il ? Rien. ça a continué : les témoignages de ces jeunes qui sont confronté.e.s quasi quotidiennement à la pornographie et à la violence verbale. […]

Et puis vendredi dernier, un collègue a été assassiné. Suite à un cours qu’il avait donné sur la liberté d’expression à partir des caricatures de Mahomet publiées en 2006 par Charlie Hebdo. Et j’apprends que le jeune homme qui en est arrivé à commettre cet acte barbare utilisait Instagram pour communiquer avec un jihadiste, qu’il avait un compte Twitter qui avait fait l’objet de plusieurs signalements, qu’un père d’élève de ce professeur a diffusé impunément une vidéo donnant des informations personnelles sur cet enseignant sur plusieurs réseaux sociaux. Tout cela dans l’impunité la plus complète. Tout cela parce que nous ne parvenons pas à légiférer pour assurer le respect de toutes et de tous sur les réseaux sociaux.

Tout cela, je le sais bien, est bien plus compliqué. Tout cela, sans doute, parce que notre projet de société n’est plus vraiment lisible. Tout cela, sans doute, parce que les individualités prennent le pas sur la collectivité.

Alors, lorsque j’ai entendu les mots de Léïla Slimani, mercredi matin, au réveil, dans le brouillard qui le caractérise, je me suis dit : toi aussi, tu peux faire ça. Quitter FB et Instagram. »

Aude. – Comment fais-tu pour rendre les élèves vigilants à l’utilisation des réseaux sociaux et de leur téléphone portable de manière plus général ?

Colette. – Ma dernière initiative en la matière est une séquence d’enseignement consacrée à l’usage du numérique dans le cadre de l’objet d’étude du programme de 3e « Progrès et rêves scientifiques ». Je propose une lecture du début de la nouvelle de science-fiction d’Alain Damiaso intitulée Scarlett et Novak qui raconte la dépendance d’un jeune homme à son téléphone portable. Je ne lis pas la nouvelle en entier, je m’arrête au moment où le héros se rend compte qu’il a perdu son précieux portable, que toute sa vie lui a été volée et qu’il doit retourner seul chez lui. Les élèves doivent écrire la suite du texte telle qu’ils et elles l’imaginent. Nous lisons ensuite leur écrits. Et à partir de ce qu’ils et elles ont imaginé, on s’interroge sur la portée du texte : est-ce vraiment de la science-fiction ? Que nous dit ce texte de nos propres usages ? Sommes-nous devenus dépendant.e.s de nos téléphones portables ? Réfléchissent-ils à notre place ? C’est l’occasion de s’initier au débat et au sujet de réflexion. Je leur propose aussi d’écouter quelques titres phares d’artistes contemporaines que j’adore : « Monsieur Pomme » de Suzane, « La Machine » de Luce et « Amour, haine et danger » d’Angèle sur lesquels ils et elles travaillent en groupe. L’idée n’est pas d’asséner une morale de l’usage du téléphone portable mais simplement de les inviter à prendre de la distance et à aiguiser leur esprit critique concernant leur rapport à cet outil. Ce qu’ils et elles y gagnent. Ce qu’ils et elles y perdent.

Aude: En EMC, je travaille beaucoup sur la source: qui produit l’information? Comment peut-on la vérifier ou la contredire et en histoire-géographie, lorsque je pratique la recherche documentaire, je les oblige à multiplier les natures des informations qu’ils exploitent et de plus en plus, je reste vigilante à la façon dont ils font des recherches sur internet. Trop souvent, les élèves s’arrêtent et n’utilisent que la première itération donnée par google, ils se découragent devant des articles scientifiques en ligne.

Aude. – Que penses tu de l’utilisation du téléphone portable dans les pratiques pédagogiques ?

Colette. – Pour moi utiliser le téléphone portable des élèves comme outil pédagogique c’est avouer que l’éducation nationale n’a pas les moyens de fournir à chaque élève le matériel nécessaire pour se former au numérique… Le plus souvent quand nous demandons à nos élèves d’utiliser leur téléphone portable, c’est que nous pallions au manque de matériel informatique de nos établissements. Exactement comme l’institution nous a demandé lors de la pandémie de 2020 d’assurer la continuité pédagogique sans nous fournir d’ordinateur ou de connexion internet… Il faut se former au numérique et former nos élèves avec nos propres moyens. Cela me dérange. Je trouve cette demande malhonnête.

Aude. – Quelle est la politique de l’établissement par rapport à l’usage des portables ? En ce qui me concerne, ils ont droit de les utiliser tout le temps sauf en classe, et encore même en classe, parfois je finis par céder parce qu’ils oublient leur manuel et qu’ils demandent à utiliser la version numérique. Je vois qu’ils travaillent avec, mais je constate aussi que dans les couloirs leur utilisation isole certains élèves ou au contraire occupe des élèves qui sont souvent seuls. Ils jouent, écoutent de la musique voire regardent des séries. Personnellement cela me rend triste et m’inquiète sur leurs capacités à créer du lien autrement que par le biais de l’écran. Je constate d’ailleurs qu’en ce qui me concerne, il est parfois plus facile pour moi de dire des choses par SMS ou message whatsapp que de vive voix.

Colette. – Au collège, l’usage du téléphone est défini par le code de l’éducation. Les portables sont interdits dans l’enceinte du collège. Et je trouve que c’est une excellente chose étant donné ce qui arrive en dehors du collège par le biais des portables. Chaque année, l’établissement recense un nombre effarant d’infractions, de diffamations, de situations de harcèlement liés à l’utilisation d’internet via les téléphones portables.

Aude. Enfin comment gères-tu les écrans dans l’éducation de tes enfants?

Ici c’est très compliqué, nous reconnaissons mon mari et moi que nous l’utilisons beaucoup. Mes filles n’ont pour le moment pas de portables mais ont accès à des ordinateurs portables ou des tablettes soit pour jouer, soit pour lire des fan fictions ou manga en ligne ou encore et c’est tout récent pour programmer. Je n’arrive pas du tout à contrôler ce à quoi elles ont accès. Je lis vaguement au dessus de leur épaule, je vois bien que les jeux installés sur la tablette familiale semblent sans conséquences et nous essayons de limiter le temps d’accès aux écrans mais de plus en plus elles biaisent la règle justement par la lecture ou la programmation qui nécessitent des temps d’accès plus longs aux écrans, bref c’est une adaptation quotidienne à leurs pratiques.

Il y a aussi tout ce qui est consommation de séries sur les différentes plate-forme là aussi est ce qu’on considère que c’est du temps d’exposition aux écrans ou non? et là aussi en ce qui me concerne, nous sommes issus de familles où la télévision tournait et tourne encore en bruit de fond permanent, elle est là, on ne la regarde pas forcément et du coup j’avoue avoir parfois manqué de vigilance par rapport à ça. Régulièrement quand elles étaient plus jeunes, mes filles ont regardé des dessins animées pour que je puisse corriger quelques paquets de copies ou que je puisse préparer des cours tranquillement.

Enfin, pour ce qui est de l’éducation de mes enfants aux écrans, je trouve d’une part qu’il y a beaucoup de jugement des autres parents, de la société par rapport à cette éducation aux écrans et j’ai l’impression de toujours mal faire et d’autre part, je trouve que nous manquons d’aide, de formation, d’informations sur le rapport que nous devons entretenir avec nos écrans. Il est nécessaire aussi d’interroger là toute la société sur notre rapport aux écrans, je pense au livre Les enfants sont rois de Delphine de Vigan, effrayant et dans le même temps sur Instagram par l’algorithme je pourrais suivre des centaines de mamans qui exposent de manière plus ou moins conscientes leurs enfants aux écrans.

Les enfants sont rois - Poche - Delphine De Vigan - Achat Livre ou ebook |  fnac
Les enfants sont rois, Delphine de Vigan, 2021.

Bref, je pense que l’exposition aux écrans et l’usage qu’on en fait doit se discuter, se négocier et nécessite une adaptation permanente comme s’ils avaient toujours un temps d’avance.

Colette. – Pour l’instant, un seul de mes enfants a un téléphone portable. Il a bientôt 14 ans et possède un téléphone connecté à Internet depuis l’année dernière. Il a eu droit à un téléphone parce qu’il nous l’a demandé en argumentant son désir. Il avait écrit un texte pour nous convaincre de l’utilité d’un téléphone – à touches à l’époque ! Le fameux téléphone à touches n’a pas fait long feu, et nous avons offert un téléphone avec connexion internet pour le remplacer. Le temps d’écran y est contrôlé depuis le téléphone de mon mari. Notre priorité était que le temps d’écran n’empiète pas sur le sommeil et le travail personnel. Nous avons la chance d’avoir un enfant d’une maturité assez rare à cet âge : il n’utilise pas son téléphone régulièrement. Cependant nous avons eu la mauvaise surprise de découvrir qu’il s’était créé un compte FB sans notre autorisation. Après discussion, il s’avère qu’il l’a fait pour suivre l’actualité de ses équipes sportives préférées, celles de son club de hand et celles de Terra Aventura. Concernant l’ordinateur, il ne l’utilise que pour travailler et la pandémie a largement accéléré les choses à ce niveau. Quant aux consoles de jeux, nous en avons deux, une Nintendo DS et une Nintendo Swicth que les enfants n’utilisent qu’une heure chacun (temps contrôlé) le mercredi, le week-end et les vacances scolaires. Ils ne peuvent y jouer que dans le salon, l’idée est de jouer un maximum ensemble, sous la responsabilité d’un adulte. Pour ce qui est de la télévision, c’est la même règle : une heure le mercredi, le week-end et les vacances. Et nous la regardons toujours en famille. Je pense que le seul secret en matière d’éducation au numérique c’est la communication : il faut s’intéresser à ce que nos enfants consultent sur internet et en parler le plus souvent possible. Sans négliger une sensibilisation aux dangers auxquels ils peuvent être confrontés.

Aude. – et justement en parlant d’adaptation, as-tu adapté tes pratiques pédagogiques pour éduquer ou sensibiliser les élèves à leur consommation d’écrans ?

Colette. – J’essaie d’intégrer le thème de l’usage du numérique à mes séquences d’enseignement, surtout en 3e comme évoqué plus haut. En 6e, comme je travaille surtout autour de l’éco-citoyenneté, nous abordons la question de l’impact écologique des téléphones portables à l’occasion des dictées vertes de la semaine ou encore le vocabulaire propre à la recherche en ligne lors de nos recherches documentaires : qu’est-ce qu’un moteur de recherche ? un navigateur ? que sont les cookies ? le RGPD ? les données personnelles ? qu’est-ce que cela consomme de regarder un film en streaming, d’utiliser un cloud, etc… Mon rêve – peut-être pour 2023 – serait de proposer aux familles de mes élèves un défi à relever et à documenter : 10 jours sans écran, l’impact de cette expérience sur le bien être physique, mental et sur les relations aux autres. Il faudrait déjà tester ce défi à l’échelle de ma famille ! En serions-nous capables ? Et toi ça te tente ?

Aude: Je pense que déjà partir sur l’idée de 48h, 72h, ce serait déjà très bien;). Je sais que 10 jours, ce serait impossible y compris pour moi. Mais pendant des vacances quelques jours, pourquoi pas? ça me laisserait sans doute plus de temps pour dessiner par exemple, mais personnellement, j’apprécie aussi la créativité qui émerge sur internet et les milliers d’idées que je retiens ou pas et qui m’inspirent, je trouve aussi qu’il y a du beau sur internet et la toile donne une visibilité à des pratiques de loisirs qui sont très intéressantes. Par exemple, dans le cadre, des mes loisirs brodées ou tricotées, j’aime beaucoup participé à des SAL (Stitch along) en français: broder au long court et j’aime cette idée que par le biais d’internet des femmes partout en France, en Europe voire dans le monde vont réaliser un ouvrage sur le même thème, j’adore ensuite regarder l’interprétation de chacun, l’universalité des réflexions sur le sujet,…ça m’émeut beaucoup cette force là d’internet, même si je ne suis pas dupe et que je me rends bien compte que ces pratiques deviennent de plus en plus commerciales et permettent à certaines créatrices ou artistes de vendre leurs produits

Je voulais en parler dans les ressources à proposer mais au CDI, il y a un ouvrage à destination des élèves qui s’appelle la digitale détox! Comment finir par se débarrasser de son téléphone, il y a des défis dedans et je comptais en proposer quelques uns à mes élèves sur la dernière période et tenter de les réaliser moi-même ça peut être un point de départ pour un challenge familial.

Petit entretien sur la lecture à haute voix

Colette m’a posé quelques questions au sujet de la lecture à haute voix auxquelles je vais répondre avec grand plaisir.

1) Peux-tu nous raconter à quels moments de ton enseignement tu pratiques la lecture à haute voix ?

Lorsque j’étais au collège, je l’utilisais beaucoup avec les sixièmes notamment sur les mythes grecs et romains ou les récits fondateurs. Je l’ai aussi utilisé pour quelques contes en géographie mais c’est un de mes regrets d’enseignante de collège, j’ai moins d’occasion au lycée d’utiliser la lecture à haute voix. Néanmoins je m’enregistre en train de lire des articles ou des extraits de manuels universitaires pour éviter la paralysie que peut provoquer chez certains élèves les lectures scientifiques. Comme ils ont parfois des trajets longs en bus ou en train, ils peuvent m’écouter sur ces temps là.

Je l’utilise actuellement dans le cadre d’un projet sur notre espacer quotidien.

https://www.pearltrees.com/saintmacary/de-la-nivelle-a-saye/id57191179/item470771798


2) Fais-tu lire tes lycéennes et tes lycéens à haute voix ? A quelles occasions ?

je les faire lire à haute voix pour s’entraîner à prendre la parole lors des oraux ou entretiens de sélection post bac lors de séance d’Ap. Je présenterai d’ailleurs ces outils la semaine prochaine. Par ailleurs, j’espère vraiment que cela pourra se faire mais cette année j’ai un projet avec une conteuse professionnel pour que mes élèves aillent conter dans une maison de retraite . Ce n’est plus vraiment de la lecture à haute voix mais je trouve que c’est un beau prolongement de cet exercice. C’est encore au stade d’ébauche. *


3) Y-a-t-il au lycée des activités pédagogiques transdisciplinaires autour de la lecture à haute voix comme le « quart d’heure lecture  » ? Est-ce que ça fonctionne auprès des élèves ? Absolument pas! à mon grand regret, mais ça viendra surement, pour cela il faudrait qu’on est du temps pour se concerter, ce qui est très compliqué au lycée, avec des journées quasiment continues.


4) Quels sont d’après toi les avantages de la pratique de la lecture à haute voix ? Je ne sais pas trop. J’aurais tendance à dire le plaisir de partager une lecture qui nous a plu. Je me souviens des cours de français de première où une fois par période on avait le droit d’amener une lecture de notre choix et de la lire à la classe. Elle appelait ça on oublie les classiques! C’est un de mes plus beaux souvenirs de cours de français.

Je dirais aussi que la lecture à haute voix favorise la prise de confiance en soi et petit à petit d’être de plus en plus à l’aise en public. C’est plus facile à mon sens de se lancer avec un texte pas trop loin de soi que par cœur! Les élèves développent aussi leur capacité d’écoute et d’attention autant en étant spectateur que lecteur. Ils peuvent prendre conscience qu’ils lisent trop vite, pas assez fort, de manière trop monotone, que leurs camardes décrochent…


5) Et comme nos vies de parents inspirent souvent nos vies d’enseignantes, je me permets cette question plus personnelle : dans le parcours scolaire de tes enfants, la lecture à haute voix a-t-elle une importance particulière ?

Mes filles ont participé aux champions de la lecture en CM2 et Maritxu a gagné dans sa classe. Malheureusement, le confinement nous a empêché d’aller au niveau départemental! Au collège, j’ai l’impression qu’elles n’en font plus du tout. C’est bien dommage d’ailleurs!


6) Pratiquez-vous ou avez-vous pratiqué la lecture à haute voix en famille ? A quelles occasions ? Nous pratiquons la lecture à haute voix tous les soirs depuis presque 10 ans maintenant. D’abord des albums et maintenant des livres. Un chapitre ou une moitié de chapitre tous les soirs. Depuis qu’elles dévorent des dystopies et des sagas fantastiques qui ne m’enchantent pas, elles m’octroient cette demi-heure où j’ai le privilège de choisir le livre et on lit à tour de rôle: d’ailleurs ce soir c’est à moi et nous lisons Anne de Green Gables de Lucy Maud Montgomery aux éditions Toussaint Louverture

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Le projet « Les Petits Colibris du Val de Saye ».

Aujourd’hui on avait envie, Colette et moi, de revenir sur le projet Colibri démarré en 2018 avec la rédaction d’une charte de pique nique zéro déchet par des élèves de sixième.

Aude. – C’est toi qui étais à l’initiative de ce projet Colette, peux-tu en rappeler la genèse ?

Tout a commencé avec l’actualité de la forêt amazonienne qui brûlait cet été là, non pas sous l’effet du réchauffement climatique mais sous les feux de la déforestation. J’ai découvert au même moment la légende du colibri que racontait Pierre Rabhi à qui voulait l’écouter parler du rapport entre l’homme et la nature. Cette légende,en quelques phrases, m’a donné du grain à moudre pour des années ! Comme tout ce qui me touche, je l’ai partagé immédiatement avec mes élèves de 6e.

La Sagesse du colibri, où comment chacun fait sa part,
Pippa Dyrlaga, Gründ.

Cette année là, la rentrée s’est faîte sous le signe du colibri. A l’occasion d’une dictée fautive de début d’année, j’ai proposé à mes élèves le texte de la légende que nous avions au préalable analysé. Puis nous nous sommes décernés le titre d’ambassadeurs et ambassadrices de l’éco-citoyenneté et nous avons œuvré toute l’année autour du thème des déchets avec toi, leur professeure d’Histoire-Géographie-EMC mais aussi avec notre collègue de SVT, notre collègue de Mathématiques et notre collègue de Technologie. Il me semble que c’est toi qui a balisé l’année de projets qui nous permettraient de découvrir le trajet d’un déchet et de comprendre pourquoi le meilleur déchet c’est celui qu’on ne crée pas. On a travaillé notamment avec le SMICVAL, le syndicat intercommunal qui traite les déchets de l’établissement, et on a pu suivre le trajet de nos déchets de la déchèterie au centre d’enfouissement, puis on a élaboré une charte du pique-nique zéro déchet qu’on a testée lors de nos sorties scolaires et que nous avons soumise à notre principal de l’époque pour une généralisation de cette démarche à toutes les sorties scolaires.

Aude. – Je me souviens de beaucoup d’enthousiasme de notre part et des partenaires avec lesquels on avait travaillé et en même temps d’un décalage entre nos préoccupations, nos inquiétudes et l’attitude de certains élèves. Trouves-tu que cette génération d’élèves a réussi à être plus sensible à la cause écologique?

Colette. –Je pense que c’est une génération qui SAIT beaucoup de choses sur les enjeux de développement durable et de protection de la biodiversité. Ils ont le vocabulaire, ils comprennent dans les grandes lignes les phénomènes scientifiques qui sont au cœur des transformations de notre environnement, et cela dès le plus jeune âge du collège, dès la 6e. Après, nos élèves sont à l’image de la société à laquelle ils appartiennent, et il y a un immense fossé entre avoir les connaissances nécessaires à la compréhension des phénomènes liés à l’écologie et agir pour protéger le vivant…

Aude. – Quels ont été les autres projets après ? Ont-ils eu autant de portée?

Colette. – Nous avons créé l’année suivante un « éco-club » en parallèle du club Nature, animé par d’autres collègues avec qui nous avions travaillé l’année précédente. Nous avons proposé aux élèves volontaires de faire de l’up-cycling, c’est-à-dire de réutiliser des textiles pour fabriquer des objets du quotidiens, essentiellement des tote-bags et des tawashis. Nos élèves étaient essentiellement des filles qui voulaient lancer des sweats féministes 🙂 Alors on a essayé de trouver des slogans à illustrer avec des tricotins sur des T-shirts recyclés ! On a surtout fabriqué des tawashis à la pêle ! Notre objectif cette année là était de réfléchir aux fournitures scolaires. Hélàs un satané virus est venu perturbé notre programme… et nous n’avons plus revu nos élèves de l’éco-club de l’année…

Aude. – Quelles sont selon toi les difficultés à mener l’éducation au développement durable dans nos classes? Je peux d’ores et déjà répondre qu’au lycée, je me confronte à la difficulté du calendrier d’une part. Une année très courte, jalonnée par des examens blancs, puis des examens, des devoirs sur table immanquables,… et le manque d’intérêt de la part des élèves s’il n’y a pas de récompenses au bout. Et le dernier frein est clairement pour ma part le manque d’audace : il faudrait que je saute le pas, que j’aille faire cours face à la mer, face à la Rhune, qu’on marche à pied, que je consacre des heures à la contemplation de la nature plutôt que de m’accrocher à mon programme.

Colette. – Je suis d’accord avec toi sur le manque d’audace personnelle auquel je rajouterai le manque d’ambition collective – qui pour moi caractérise toute la société face à l’enjeu climatique ! Par exemple, quand nous avons souhaité rencontrer notre chef d’établissement avec les élèves de 6e en 2018, il avait oublié le RDV. La gestionnaire qui l’a remplacé à la réunion a bien pris note de nos recommandations et des solutions proposées par les élèves pour les futurs pique-niques zéro déchet du collège mais depuis 4 ans, rien n’a changé : les pique-niques sont toujours donnés aux élèves dans des poches en plastique, et chaque aliment y est emballé dans des emballages individuels. Le gaspillage alimentaire à la cantine a empiré, les déchets ne sont même plus triés. Notre vermi-compost est toujours dans un placard sans parler du tri du papier qui n’est même plus fait par les élèves. Quant aux éco-délégué.e.s, même s’ils et elles sont très motivé.e.s au départ, ils et elles ne sont pas encadré.e.s : que peuvent-ils et elles bien impulser du haut de leurs 10, 12, 13 et 14 si les adultes ne leur laissent pas le lieu et le temps de se réunir ? (et encore ça c’est quand les éco-délégué.e.s sont élu.e.s…)

Aude. – Maintenant que je ne suis plus au collège, où en êtes-vous? Je suis curieuse, je veux tout savoir….

Colette. – L’année dernière, notre collègue de mathématiques a poursuivi le club nature avec notre collègue de sciences physiques. Nous avons 3 poules au collège que les élèves adorent ! Nous proposons à chaque sortie un pique-nique zéro-déchet (mais qui reste à charge des élèves) et lors de la journée d’intégration des 6e, nos collègues d’E.P.S organisent une « clean walk » dans les rues du village, avec pesée des déchets collectés (et c’est toujours très impressionnant…) . Cette année, les choses vont changer grâce au retour d’un collège de SVT très engagé qui a constaté l’immobilisme de notre établissement sur ce sujet. D’ailleurs aujourd’hui même, à peine élu.e.s, les éco-délégué.e.s vont participer à leur première réunion sous la houlette du SMICVAL. Je me suis invitée, je pourrai venir raconter ici ce qui s’y est dit !

Aude. – Pour finir, vers quels types de projets te diriges-tu cette année dans ce cadre? et peut être dans une projection à deux ou trois ans?

Colette. – Cette année, j’ai accueilli les élèves de 6e dont je suis professeure principale avec une matinée escape game basé sur la légende du colibri et le trésor à la clé de cette matinée était une sauge que nous avons plantée dans le jardin du collège. Je compte soutenir la formation des éco-délégué.e.s avec notre collègue de SVT notamment en travaillant sur la sensibilisation du parcours des déchets à l’échelle de l’établissement à la fois dans la cour, dans la classe, dans la cantine. Cette fois on s’attaque au fonctionnement de l’établissement dans son ensemble et plus seulement aux petits gestes des élèves : si on veut qu’ils soient outillés pour construire un avenir plus respectueux du vivant, il faudra d’abord montrer l’exemple, ce qui n’est pas le cas pour l’instant. Je compte aussi travailler dehors beaucoup plus régulièrement. J’explore en ce moment les sentiers et les chemins qui bordent le collège pour y expérimenter les balades contées, car je suis de plus en plus convaincue qu’on ne respecte que ce que l’on aime. A plus long terme, c’est sur les partenariats que j’aimerais travailler : partenariat avec les familles et avec les acteurs locaux du développement durable.

Aude. – Si tu fermes les yeux quel serait le visage de cette fameuse école durable de point de vue aménagements intérieur et extérieurs mais aussi moyens humains?

En ce qui me concerne, si je réponds à cette question, j’aimerais des vrais temps de discussions avec tous les acteurs de l’établissement scolaire et en premier lieu une véritable éducation et implication des agents avec une valorisation salariale de leur engagement dans ces démarches. J’ai encore en travers le fait que le tri n’est pas effectué dans mon établissement par manque de moyens humains (ils ne sont pas assez nombreux et ne peuvent pas réaliser cette tâche dans leur temps de travail). J’aimerais des semaines dédiées à l’éducation au développement durable avec une implication de tous les enseignants et non uniquement des profs d’histoire-géographie et S.V.T : c’est d’ailleurs ce qu’on avait réussi à faire au collège la première année des colibris. Enfin j’aimerais une école pensée durablement avec un enseignement à l’émerveillement. Jardiner, cuisiner, se promener, visiter des monuments, aménager des salles, tenir des ressourceries, éduquer les élèves aux gestes éco-responsables et solidaires doit désormais à mon sens faire partie de notre enseignement.

Colette.- Je répondrai avec ce petit reportage trouvé sur le site du magasine Phosphore qui met en avant les initiatives du lycée franco-allemand de Fribourg-en-Brisgau.

Comme toi, je crois qu’il nous faut avant tout éduquer à l’émerveillement, au contact avec l’arbre, l’oiseau, l’air, le cheminement pour rappeler cette évidence que clame les jeunes de Youth for Climate depuis 2018 : Nous sommes le vivant. Alors laissons le vivant rentrer dans nos établissements…

Des profs se racontent- épisode 7 Alexandre

Du rêve à la réalité du métier…

  • Quelle est la matière que tu enseignes ?  A quels niveaux ?
  • Histoire-géographie en collège. Cette année j’ai des 6e / 5e et 3e
  • Depuis quand enseignes tu ?
  • C’est ma 15e rentrée, avant d’être enseignant j’étais AED et j’ai eu quelques expériences en tant que vacataire.
  • Pourquoi as-tu choisi d’exercer ce métier ?
  • Par passion pour la discipline et parce que j’avais envie de transmettre cette passion.
  • Est-ce que la réalité de ton métier coïncide à ce pourquoi tu as choisi de l’exercer ? Pourquoi ?
  • Au début oui, j’avais « la tête dans le guidon » pour la préparation des cours et pour la prise en main des principaux outils pédagogiques mais dans l’ensemble cela correspondait à ce pourquoi j’ai choisi ce métier : la partage de ma passion pour une discipline et l’envie de transmettre. Les rapports avec les élèves et les familles étaient assez simples et souvent constructifs.

Avec le temps je me rends compte que la réalité s’éloigne de plus en plus parce que les tâches s’accumulent et s’éloignent de notre mission première qui est l’enseignement et l’organisation de cet enseignement. Je m’interroge souvent sur le sujet et j’en discute beaucoup avec certains collègues devenus des proches.

Je pense que l’accumulation de nouvelles missions imposées par la direction/DASEN  incombent à certains enseignants (souvent les plus engagés) et dépendant des établissements scolaires et bien sûr des directions.

Chez nous, les réunions inutiles (car pas organisées), les plans (pédagogiques, orientation…), les missions (TICE, laïcité, égalité, environnement…) sont chronophages et souvent très peu suivies. Elles sont trop souvent imposées aux mêmes enseignants et nous éloignent de plus en plus de notre mission d’enseignant. Enfin, la tâche de professeur principal est une charge très chronophage et peu reconnue. Les relations avec les familles et de plus en plus, avec les élèves, sont compliquées, surtout dans notre établissement scolaire.

  • Raconte-nous un de tes plus précieux souvenirs pédagogiques, une belle surprise que tu as pu vivre dans ce métier.
  • Pas un précieux souvenirs mais des souvenirs, souvent lors de sorties scolaires lorsque les élèves viennent nous voir les yeux brillants parce qu’ils sont heureux de partager les moments qu’on leur offre.
  • Voir aussi de belles progressions annuelles pour des élèves qui pourtant partaient avec d’importantes difficultés.
  • Quels sont tes projets, tes envies, tes ambitions pédagogiques pour la rentrée 2022 ?
  • Poursuivre la construction des compétences de mes élèves et les amener à développer leurs réflexions autour de thèmes d’actualité et porteurs comme le Développement Durable.
  • J’aspire aussi à leur faire découvrir leur environnement local en organisant des sorties terrain pour faire de l’histoire et de la géographie sur site pour rendre concrets les apprentissages.

Du lien aux liens…

  • Que dirais-tu des relations que tu tisses avec tes élèves ?
  • J’ai globalement de bonnes relations avec les élèves et leurs familles. J’essaie de développer un cadre bienveillant pour que chaque élève puisse apprendre dans de bonnes conditions. J’essaie aussi de faire en sorte que le travail des élèves soit efficient et respectueux de chacun.
  • Que dirais-tu des relations entre membres de l’équipe pédagogique ?
  • Globalement les relations sont bonnes avec tous les collègues. Il est difficile de travailler avec certains tant les points de vue sur les élèves et les pratiques pédagogiques diffèrent. Enfin, les affinités font que nous sommes amenés à travailler davantage avec certains.
  • Que dirais-tu des relations que tu as pu construire avec les familles ?
  • Les relations sont plutôt bonnes même si certaines familles ont des relations tendues avec l’école et ne facilitent pas les choses.
  • Depuis tes débuts, quelles évolutions as-tu constatées dans le métier pour toi ?  Pour tes élèves?
  • Le métier a changé, c’est indéniable, les tâches administratives se sont accumulées et prennent un temps important.

L’enseignement en tant que tel est différent, j’ai quand même l’impression que le niveau est plus faible qu’à mes débuts. Les élèves semblent moins impliqués dans leurs apprentissages en particulier à la maison et les temps de loisirs prennent le dessus sur les tâches scolaires.

De maintenant à demain…

  • Comment et où te vois-tu dans cinq ans ?
  • J’aimerais changer d’établissement scolaire et aller au lycée.
  • Si tu pouvais demander une chose au ministre de l’éducation nationale ce serait quoi ?
  • Si j’en avais la possibilité je lui demanderais plus de respect pour les personnels, c’est-à-dire que je l’inciterais à changer le management du ministère. Le ministre étant nouveau, je lui laisse le temps de s’installer peut être que ce sera une de ses priorités.
  • Quelle serait ton école du futur idéale ?
  • Une école dans laquelle les enfants viennent avec plaisir pour s’entraider et construire une société plus juste et plus égalitaire autour de thématiques d’actualité (EDD, eau, internet, réseaux sociaux…).

Dans la bibliothèque de … Catherine- épisode 4

Catherine est professeure depuis la fin du XXème siècle comme elle aime le dire avec beaucoup d’ironie et de cynisme. Elle a accepté de donner de son temps de vacances (précieux) pour répondre à nos petites questions. Elle est parfois lassée par ce métier qui ne l’a fait plus rêver mais elle a cette qualité importante pour enseigner même si parfois elle dit le contraire :  elle aime sa discipline et a à cœur de la transmettre et reste attendrie par ses élèves!

Bonne découverte de sa bibliothèque !

  • Un livre découvert dans ta scolarité qui t’a marqué et les raisons qui expliquent ce choix.
  • Madame Bovary Flaubert ; car sans ma prof de Français il me serait resté ennuyeux ; je n’en aurais pas perçu toute l ‘ironie et aujourd’hui hui encore il m’éloigne de toute tentation et niaiseries bovarysantes.
  • Amazon.fr - Madame Bovary - Flaubert, Gustave - Livres
  • Et peut être Lolita de Nabokov car je l ‘ai lu caché dans le grand tiroir des tables de techno pendant la réalisation passionnante en dessin technique du pied à coulisse et parce que c ‘est chouette à 14 ans !

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  • Un livre que tu conseillerais à tes élèves.
  • Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras Amazon.fr - Un barrage contre le Pacifique - Duras, Marguerite - Livres
  • L ami retrouvé Fred Uhlman , deux romans d ‘adolescences forts
  • Manuel de savoir vivre à l ‘usage des rustres et des malpolis de Pierre Desproges (pas pour le titre mais bien pour s ‘initier au second degré )

Manuel de savoir-vivre à l'usage des rustres et des malpolis - Poche - Pierre Desproges - Achat Livre | fnac

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  • Trois livres ou films que tu conseillerais à un prof qui débute sa carrière.
  • Alors je dirais Le guide du routard de l ‘Inde (ou du Canada) car quand même si on fait ce métier c ‘est bien pour profiter de nos longues vacances mais comme on est fauchés…
  • Puis De brevis vitae de Sénèque pour prendre du recul encore du recul et toujours du recul !

De la brièveté de la vie - Sénèque - Babelio

 

  • Et enfin les Faux- monnayeurs de Gide , à la fois car c ‘est un merveilleux livre sur l’épopée de l’ adolescence et puis de la fausse monnaie et des faux monnayeurs on passe notre vie de prof avec !

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  • Une ressource pédagogique qui a révolutionné ta pratique.
  • Dois-je avouer que Je n’ai jamais lu aucun livre de pédagogie (ça ne m ‘est simplement pas venu à l ‘esprit mais j ai vécu les sombres heures de l’ IUFM) mais j ‘ai une suggestion révolutionnaire inspirée du temps des secrets (ou des amours ?)de Pagnol , où un élève renvoyé va en permanence , où l ‘on inscrit son nom dans le registre du déshonneur , où il va recopier des lignes en attendant avec angoisse la convocation pour son heure de colle qui sera également sanctionnée par la famille (bref sans justification ni excuse du prof auprès de l élève, des CPE ,de la famille et sans tâche supplémentaire valorisante pour l’ enfant entraînant un surcroît de travail pour l ‘enseignant fautif )
  • L’« école expliquée aux parents ;…aux élèves et surtout aux profs Antilogus:/Festjens (pour la journée idéale de Biquet et la triste réalité )

Amazon.fr - L'école expliquée aux parents ... aux élèves et (surtout) aux profs - Jean-Louis Festjens, Pierre Antilogus - Livres

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  • Un livre qui te fait rire.
  • J ai bien aimé la trilogie de Pennac (qui a inventé le métier de souffre douleur à la Samaritaine…) :la petite marchande de prose , la fée carabine et aux bonheur des ogres
  • ou bien un livre que j ai lu il y a déjà plus de 20 ans d’ Alison Lurie Liaisons étrangères

Liaisons étrangères - Alison Lurie - Babelio

  • Jonathan Coe Testament à l ‘ anglaise

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  • Un autre qui te fait pleurer.
  • Le temps de l ‘innocence d ‘ Edith Warton
  • Le soleil des mourants de Jean- Claude Izzo
  • Le pain noir de Georges- Emmanuel Clancier , lié à mon enfance et ma famille

Amazon.fr - LE PAIN NOIR. Tome 1 - Clancier, Georges-Emmanuel - Livres

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  • Un autre qui te détend après une semaine de conseils de classe et autres commissions éducatives.
  • Rahan , le fils des âges farouches ou mieux un bon vieux Black et Mortimer voire Ric Hochet !(oui je sais on peut deviner mon âge!)

Cet été des profs se racontent – épisode 5 – Noëllie

Aujourd’hui c’est une invitée un peu particulière qui a répondu présente à notre projet de l’été. Il s’agit de Noëllie qui est une ancienne élève à qui Aude et moi avons eu la chance d’enseigner à plusieurs moments de sa scolarité au collège. Elle rentre en première en septembre et envisage de devenir enseignante. Nous avons donc adapté notre questionnaire pour qu’elle puisse partager ce qu’elle imagine de son futur métier ! Un grand merci à elle d’avoir accepté notre invitation !

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Du rêve à la réalité du métier…

  1. Quelle est la matière que tu aimerais enseigner ?  A quels niveaux ?

La matière que j’aimerais enseigner est le français au niveau de l’enseignement du second degré, donc au collège et au lycée.

  1. Depuis quand envisages-tu d’enseigner ?

Depuis très jeune, je rêve de devenir professeure, et j’avoue y avoir songé une multitude de fois. Malgré tout je ne m’imaginais pas suivre cette voie car j’avais une mosaïque de rêves et de souhaits, je voulais devenir archéologue, médecin, directrice d’un grand musée ou d’une boutique d’apothicaire et même styliste, agent du FBI et j’en passe !!! Aussi je ne me sentais pas assez douée pour y arriver . Or c’est au collège en année de 3eme  que j’ai compris qu’avec de la persévérance, du travail, de la rigueur et surtout avec envie et passion, on arrive à tout.

  1. Pourquoi as-tu choisi d’exercer ce métier ?

J’ai choisis d’enseigner le français pour accompagner les enfants/ adolescents à grandir et apprendre. Je veux leur transmettre l’amour que je porte à ma matière . Je veux leur donner envie de découvrir les mystères de la langue française, de sa littérature et de son histoire. Je veux transmette comme on a su me transmettre.

  1. Y-a-t-il un.e enseignant.e en particulier qui a marqué ton parcours ? Comment ?

Oh plus d’un.e ! Mais si je dois faire un choix,  je prends celui de mon ancienne professeure de français, Mme Colette Burren Damour, elle a été mon enseignante lors de mon année de 6eme et de 3eme. Elle m’a inspiré et transmis avec amour et sagesse. Grâce à elle j’ai ouvert mon esprit et j’ai voyagé de mille façons ! Elle a manié l’art de l’éducation avec tellement de dévouement et de sagesse  qu’elle a su installer un lien de confiance et je dirai  même presque amical avec chacun de nous.  Elle fait alors ainsi partie  de mes plus belles inspirations. Grâce à elle j’y crois encore plus et je rêve encore plus.

  1. Raconte-nous un de tes plus précieux souvenirs d’élève, quelque chose que tu aimerais proposer à tes futur.e.s élèves.

Je me rappelle qu’en 6eme, en cours de français, notre professeure nous avez proposé de lire en binôme  des histoires aux enfants de l’école maternelle. Cela a été une merveilleuse expérience qui nous a tous enrichis d’une manière ou d’une autre. Voir les visages émerveillés des enfants nous a mis du baume au cœur à tous. Je n’ai pas entendu un seul de mes camardes qui n’ait pas aimé cette expérience. Alors c’est avec beaucoup de plaisir que j’apprécierais proposer cette activité à mes futurs.es élèves !

  1. Quels sont tes projets, tes envies, tes ambitions pédagogiques si tu exerces ce métier ?

Tout d’abord, si j’ai la chance de pouvoir exercer ce métier, je me dévouerai autant que possible pour accompagner mes élèves. J’aimerai les soutenir, les écouter, leur enseigner avec pédagogie et amour ! Mes grandes ambitions et envies sont seulement de réussir à les passionner, les intéresser, leur ouvrir l’esprit. Voilà mon plus grand souhait : les voir s’épanouir dans ma classe ! Et bien sûr si je peux réussir à  emmener mes élèves voir des films, des pièces de théâtre, et même écouter la belle lecture d’une bibliothécaire, je le ferai si cela peut me permettre de voir des étoiles dans les yeux de mes élèves.

Du lien aux liens…

  1. Que dirais-tu des relations que tu penses tisser avec tes élèves ?

Je veux que le lien que je tisserai avec mes élèves soit un lien de confiance, je ne veux pas qu’ils aient la boule au ventre avant de venir dans mon cours. Je veux qu’ils soient heureux et apaisés d’être dans le cours. J’aimerais que la classe devienne NOTRE classe à tous.

  1. Que dirais-tu des relations entre membres de l’équipe pédagogique ?

À vrai dire je ne sais pas vraiment comment sont les relations entre les membres pédagogiques, puisque je ne les vois que de l’extérieur. Mais j’espère que je pourrais coopérer et travailler avec plaisir et  en toute sécurité.

  1. Que dirais-tu des relations que tu auras à construire avec les familles ?

Les relations que nous entretenons avec les élèves sont très importantes mais celles que nous entretenons avec les familles, sont aussi importantes. J’apprécierai avoir un rapport de confiance également avec les parents, les proches ou les tuteurs légaux, car grâce à la communication entre les enseignants.es et les familles, il est plus facile de s’adapter aux élèves de les aider à les mettre à l’aise en cours mais aussi de les aider en cas de problème.

  1. Penses-tu qu’entre aujourd’hui où tu es encore lycéenne et dans 7 ans où tu pourrais commencer à exercer, le métier va changer ? Comment ?

Honnêtement, je ne pense pas qu’en 7 ans le métier puisse changer. C’est certain il y aura de nouveaux.elles  professeurs.es, de nouvelles façons d’enseigner, de nouveaux projets, mais je ne pense pas que le métier d’enseignant  aura changé.

  1. D’après toi, faut-il former uniquement pour travailler ?

D’après moi, il ne faut pas “former uniquement pour travailler ”. Quand on enseigne, on transmet du savoir mais aussi de la rigueur, un comportement adapté, de la culture, une ouverture de l’esprit au monde, un point de vue différent, de nouvelles expériences et aventures, donc non il ne faut pas “former uniquement pour travailler ” car tout ce qu’on apprend à l’école nous aidera aussi pour notre vie future au niveau certes du travail mais aussi au niveau social, relationnel, etc. cela nous permettra aussi de savoir faire preuve de réflexion de rigueur de sérieux.

  De maintenant à demain…

  1. Comment envisages-tu tes études pour devenir enseignante ? Que penses-tu apprendre pendant tes 5 ans d’études supérieures ?

Pour mes études supérieurs j’envisage tout d’abord d’apprendre un maximum sur les lettres et ses secrets ! Et je souhaite me préparer au métier de l’enseignement du second degré. Je veux savoir enseigner, mais pas seulement enseigner au premier sens du terme mais je veux enseigner d’une manière pédagogique, je veux savoir faire voyager ces enfants, leur montrer que le français, ses origines  et la littérature sont plus vastes et amusants qu’on ne peut le penser.

  1. Est-ce que tu t’es renseignée sur la rémunération des enseignant.e.s ? Qu’en penses-tu ?

Et bien et bien… oui je me suis renseignée sur la rémunération des enseignants… Je l’avoue les professeurs ne sont pas assez reconnus pour leur travail. Sans eux le monde n’en serait pas là ! Sans eux nous ne pourrions guère parler pleins de langues et communiquer au delà des frontières. Sans eux les avancées technologiques  ne seraient pas aussi avancées. Sans eux la plupart des adultes n’aurait peut être pas réussi leurs métiers et atteindre leurs objectifs. Et malgré tout je ne peux pas faire la liste de pourquoi les enseignants ne sont pas assez reconnus, ce serai trop long…. Mais je pense que les professeurs  ne sont pas payés à leur juste valeur.

  1. Quelle serait ton école du futur idéale ?

Mon école du futur idéale ?

Et bien je pense que j’aimerais déjà  que ce soit un collège, ensuite que ce soit un établissement on l’on pourrait travailler, enseigner  avec tranquillité que ce soit avec les élèves ou les membres de l’équipe pédagogique.

J’aimerais beaucoup que l’école soit à proximité d’une bibliothèque, d’un cinéma ou d’un théâtre, et  même si je n’ai pas la chance d’avoir  des structures autour de l’établissement je ferais en sorte de me dévouer autant que possible pour que mes élèves puissent passer de bonnes et agréables  heures à étudier.

Je ne demande pas grand chose seulement une école avec de bonnes relations entre chacun de nous.

Et bien sûr un.e directeur.rice qui puisse  dire  “oui ” pour créer/ accomplir des projets.

Mon école de rêve serait celle dont les élèves  pourraient aussi dire que c’est leur école de rêve.

Cet été des profs se racontent – épisode 3 – Colette

Pour ce 3e épisode de l’été, cette fois c’est Colette qui se raconte.

Du rêve à la réalité du métier…

  1. Quelle est la matière que tu enseignes ? A quels niveaux ?

J’enseigne le Français essentiellement en 6e et en 3e.

  1. Depuis quand enseignes tu ?

J’enseigne depuis 2006.

  1. Pourquoi as-tu choisi d’exercer ce métier ?

Mon projet professionnel quand j’étais étudiante c’était de travailler dans les métiers du livre. Un seul métier avait grâce à mes yeux : l’écriture. Pourtant après des études de lettres modernes, un DESS création éditoriale, et plusieurs stages dans de petites maisons d’édition, j’ai déchanté. Ce monde là était le monde de la précarité, des contrats à durée déterminée et d’une audace que je ne me trouvais pas. Avec mon Bac+5 littéraire, je ne voyais pas beaucoup d’issue et il me fallait trouver un moyen d’être indépendante financièrement, alors, comme la plupart de mes amies étudiantes, j’ai tenté le CAPES. Sans conviction au départ et puis lors de mon stage d’observation en lycée, j’ai eu l’occasion de faire cours à une classe de première. C’est ce jour là que tout a commencé.

  1. Est-ce que la réalité de ton métier coïncide à ce pourquoi tu as choisi de l’exercer ? Pourquoi ?

Comme je n’ai pas vraiment choisi d’exercer ce métier, je n’avais pas d’attente particulière, je suis allée de surprise en surprise. Et c’est ce que j’adore dans ce métier : chaque jour est une surprise. Une aventure !

  1. Raconte-nous un de tes plus précieux souvenirs pédagogiques, une belle surprise que tu as pu vivre dans ce métier.

C’est extrêmement difficile de choisir. J’ai déjà raconté ici de nombreux beaux moment pédagogiques. Je parlerai d’un projet de théâtre mené cette année un peu par hasard. Quand nous avons commencé notre séquence dédiée aux fables de La Fontaine avec une de mes classes de 6e, j’ai proposé aux élèves un travail de théâtralisation de la biographie de La Fontaine. Mon objectif était à la fois de revoir l’écriture du dialogue théâtral et de mémoriser quelques informations importantes sur notre fabuliste préféré. Les élèves se sont emparés de cette proposition avec une créativité qui m’a beaucoup émue et qui a nourri mon admiration pour l’intelligence humaine quand elle puise dans la fantaisie et la liberté. Les élèves ont pu choisir les partenaires avec qui travailler, ielles ont donné la forme de leur choix à leur dialogue théâtral et nous avons pu assister à un festival d’Avignon miniature : un groupe a joué l’interview pots-mortem de La Fontaine, un autre une scène de salon littéraire où Marie Héricart revenait sur ses souvenirs de son mari, un autre un documentaire d’Arte sur les coulisses de l’écriture des Fables… C’était grisant de créativité ! Si bien que lorsqu’il a fallu mémoriser une fable dans la suite de notre séquence, les élèves elleux-mêmes ont proposé de faire à nouveau du théâtre ! Leur autonomie, leur capacité à anticiper, à s’organiser dans le temps, à travailler en équipe a été une des belles surprises de l’année. Une réussite dont nous nous sommes félicité.e.s mutuellement et qui nous a rendu très heureux.ses.

  1. Quels sont tes projets, tes envies, tes ambitions pédagogiques pour la rentrée 2022 ?

Nous allons bien sûr avec Aude renouveler notre projet « De la Saye à la Nivelle : connais-toi toi-même » , un projet de correspondance entre mes élèves de 3e et ses élèves de première qui devrait se conclure cette année par une rencontre et une découverte de leurs territoires mutuels. Ce projet symbolise tout ce que je souhaite pour les adolescent.e.s avec lesquel.le.s je travaille : des liens qui se tissent à travers leurs histoires personnelles mais aussi à travers leurs découvertes du monde qu’ielles habitent. Des liens qui ne soient pas virtuels, ni ponctuels, mais qui s’inscrivent dans la durée et le réel.

Du lien aux liens…

  1. Que dirais-tu des relations que tu tisses avec tes élèves ?

Je dirai que ces relations doivent être notre premier objectif : c’est sur ses relations que nous allons construire la confiance nécessaire pour élaborer leurs apprentissages. Ces relations se doivent d’être sincères avant toute chose.

  1. Que dirais-tu des relations entre membres de l’équipe pédagogique ?

Paradoxalement, je dirai que ce sont les plus difficiles à construire. Nous ne sommes pas formé.e.s à travailler en équipe, à penser les apprentissages de manière transdisciplinaire, et cela s’en ressent à la fois dans les relations entre enseignant.e.s mais aussi entre élèves et équipe enseignante. J’ai la chance de bénéficier de l’aura d’une cheffe d’établissement qui encourage fortement le travail en équipe, par le biais de commissions dédiées à différentes problématiques d’enseignement mais aussi par la mise en place d’un Laboratoire d’Analyse des Activités en Classe qui a permis aux différent.e.s enseignant.e.s bénévoles de parler du cœur de leur métier. Ces différents lieux de rencontre permettent de développer des liens que rien ne nous encourage à tisser du fait du rythme particulier d’une semaine de cours où les heures s’enchaînent sans nécessairement de moment de retours d’expériences et d’analyse de pratiques, si ce n’est individuel.

  1. Que dirais-tu des relations que tu as pu construire avec les familles ?

Je dirai que ces relations sont en train de changer. Je pense que nous sommes  à l’aube d’une véritable volonté de « co-éducation » en tout cas le concept fait son chemin. Nous sommes de plus en plus conscient.e.s collectivement que nous devons apprendre à mieux connaître les familles dans lesquelles nos élèves grandissent pour pouvoir les accompagner au mieux. L’outil informatique a permis de développer ces liens par le biais de la messagerie qui permet notamment d’aborder très rapidement les réajustements à faire dans le travail ou le comportement sans forcément officialiser les sorties de route par un rendez-vous au sommet. Bien entendu les rencontres sont toujours utiles mais elles peuvent être mieux préparées en amont. Communiquer régulièrement sur les projets, les réussites devient aussi un nouveau modèle de liens entre les familles et l’école. Il faut que nous puisions nos forces dans la parole valorisante les uns des autres.

  1. Depuis tes débuts, quelles évolutions as-tu constatées dans le métier pour toi ? Pour tes élèves?

Comme Romuald, je constate une rapide évolution de la part du numérique dans nos pratiques et dans le quotidien des élèves : quid de l’agenda aujourd’hui ? Nos élèves connecté.e.s à leurs smartphones ne prennent plus la peine de noter leurs devoirs par exemple. Est-ce un problème ? Je n’ai pas le recul nécessaire mais je constate une part grandissante de cet outil dans le quotidien du collège et du lycée.

  1. D’après toi, faut-il former uniquement pour travailler ?

Je pense qu’il est urgent de former pour travailler ENSEMBLE à un monde vivable. La coopération et la solidarité sont d’après moi les seules réponses possibles aux défis politiques, économiques, sociétaux et écologiques qui nous attendent en tant que communauté.

De maintenant à demain…

  1. Comment et où te vois-tu dans cinq ans?

Je ne sais pas répondre à cette question… Cette question m’angoisse au plus haut point tellement le monde est devenu incertain. J’aimerais pouvoir répondre que je me vois dans une salle de classe ouverte sur la forêt à enseigner comment écrire des poèmes qui évoquent l’amour, l’amitié, la beauté et la spiritualité et que nous partagerions lors de marchés des savoirs avec les familles de nos élèves.

  1. Si tu pouvais demander une chose au ministre de l’éducation nationale ce serait quoi ?

Je lui demanderai de travailler AVEC nous. Je lui demanderai de venir applaudir nos élèves dans nos classes, je lui demanderai de faire rêver les futur.e.s enseigant.e.s et les élèves. Je lui demanderai un nouveau récit. Un récit qui mettrait la fraternité à l’honneur.

  1. Quelle serait ton école du futur idéale ?

Une école ouverte sur la nature, une école où il y aurait de l’herbe et des arbres dans les cours de récré, une école au bord de l’eau, une école où il y aurait des bibliothèques dans toutes les classes, une école ouverte sur son environnement, où les gens se rencontreraient tout le temps. Pas seulement les équipes pédagogiques mais les aussi les familles, les artisans, les sportifs/ves, les artistes… Une école réellement et totalement fraternelle. Voilà mon école du futur idéale.

 

 

 

 

 

 

 

Cet été des profs se racontent – épisode 2 -Fabienne.

On poursuit nos entretiens enthousiasmants avec celui de Fabienne avec qui j’ai travaillé pour la première fois cette année. Elle est professeure de sciences économiques et sociales, elle a eu une vie professionnelle riche de plusieurs expériences avant de se reconvertir dans l’enseignement. Dans ce cadre, elle a d’ailleurs participé à un reportage d’envoyé spécial sur cette reconversion. Elle a donc un regard plutôt atypique sur notre métier. Je vous laisse la découvrir.

Du rêve à la réalité du métier…

1.  Quelle est la matière que tu enseignes ? A quels niveaux ?

J’enseigne les Sciences Economiques et Sociales en classes de Seconde, Première et Terminale (sauf cette année où je n’ai pas été en charge d’élèves de Terminale)

2. Depuis quand enseignes tu ?

J’enseigne depuis 2015, tout d’abord comme contractuelle puis depuis 2019 certifiée.

  1. Pourquoi as-tu choisi d’exercer ce métier ?

Je crois que c’est mon goût pour les études qui m’a tout d’abord incité à enseigner. J’ai toujours aimé apprendre, « bûcher », chercher et par dessus tout comprendre. Et je crois que j’aime partager la joie de comprendre.  Il me semble que c’est un pas vers une grande liberté que de comprendre les rouages du monde dans lequel nous vivons.

Je n’ai choisi ce métier qu’en « fin de carrière » puisque j’ai déjà une « longue expérience » de travail en entreprise. Mais, là encore, les différents emplois que j’ai occupés m’ont toujours poussée à apprendre.

  1. Est-ce que la réalité de ton métier coïncide à ce pourquoi tu as choisi de l’exercer ? Pourquoi ?

J’aurais beaucoup apprécié intégrer un établissement, une équipe. Ma situation de TZR (que je qualifie « d’intermittente du spectacle ») ne me permet pas de trouver cette voie d’intégration. Mais, elle me donne une forme de liberté. Que j’apprécie aussi. Car elle satisfait mon goût de l’aventure. Veuve, l’institution me « protège », TZR, elle me « libère » sans doute d’une forme de routine.

  1. Raconte-nous un de tes plus précieux souvenirs pédagogiques, une belle surprise que tu as pu vivre dans ce métier.

Le fait de garder des contacts avec certains élèves est un joli souvenir perpétué.

Mais, un temps fort fut sans doute une année passée à Saint Paul les Dax : les élèves avaient le même goût de l’apprentissage « en toute liberté » . Les cours se déroulaient de 16h à 18h. Les élèves amenaient un goûter « campagnard » (saucisson, jambon, fromage…) et nous démarrions notre cours par leur collation (en révisant le cours précédent). Notre salle de classe était un préfa insupportable. J’ai entrepris de « transformer la dureté de nos conditions de travail » en opportunités. Ainsi, par exemple, dès lors que le temps devenait chaud, j’avais pris l’habitude d’emmener les élèves à l’extérieur. Nous prenions nos chaises, faisions cours à l’ombre des arbres et la classe paraissait parfaitement à l’aise et ouverte à l’apprentissage. Ce fut une année hors norme et tellement agréable…

  1. Quels sont tes projets, tes envies, tes ambitions pédagogiques pour la rentrée 2022 ?

Je vais tenter de rédiger le programme sous forme de carte mentale. Mais, je ne peux avoir de projets précis car je sais que je devrai m’adapter, m’intégrer et composer.

 

Du lien aux liens…

 

  1. Que dirais-tu des relations que tu tisses avec tes élèves ?

Nos relations sont des relations que je crois pour la plupart de qualité : j’essaie de construire une relation de confiance. Mais, une relation qui reste exigeante : favoriser le travail dans les meilleures conditions… travailler autrement… mais travailler. J’ai expérimenté l’autorisation de temps de repos (personnels) pour les élèves fatigués (autorisation d’aller se reposer en fond de classe pendant 5 minutes environ), Et je me rends compte que l’autorisation de ce temps de repos décuple l’investissement (l’élève ne subit pas). Bref… J’essaie d’adapter ma compréhension des besoins des élèves pour améliorer ma pratique. Une compréhension toutefois bornée par les impératifs de notre institution.

  1. Que dirais-tu des relations entre membres de l’équipe pédagogique ?

Les relations avec les équipes sont bonnes mais toutefois bien souvent superficielles sans doute du fait de ma situation de TZR.

  1. Que dirais-tu des relations que tu as pu construire avec les familles ?

Jusqu’alors professeure principale (sauf cette année), j’ai apprécié entretenir des liens de connaissance avec les parents. Je donne la plupart du temps mes coordonnées afin que les familles puissent s’entretenir en cas de besoin.  J’apprécie cette ambiance « collaborative ».

  1. Depuis tes débuts, quelles évolutions as-tu constatées dans le métier pour toi ? Pour tes élèves?

Je n’ai pas vraiment constaté d’évolutions….

 

De maintenant à demain…

 

  1. Comment et où te vois-tu dans cinq ans?

Quelque part dans un lycée…. J’avoue ne pas réussir à me projeter. Je n’aurai pas assez de points pour obtenir une affectation fixe. Et peut être ferai je des projets de retraite…

  1. Si tu pouvais demander une chose au ministre de l’éducation nationale ce serait quoi ?

Sans doute ma première préoccupation serait une sérieuse revalorisation de salaire (si notre métier a du sens, l’institution doit aussi contribuer à ce sens). Une seconde serait sans doute de doter les élèves d’un ordinateur portable afin de se débarrasser des manuels, des visites (timées au CDI) et de faire de nos élèves des jeunes en prise avec leur époque et forts de toutes les potentialités que donne « l’accès à la bibliothèque d’Alexandrie » (internet)…. Permettre aux élèves d’être « en intelligence » avec leur environnement.

  1. Quelle serait ton école du futur idéale ?

Si je ferme les yeux sans me préoccuper des réalités, une école où les classes seraient accueillies le matin pour poursuivre des recherches et enrichissements personnels l’après midi. Une école qui serait ouverte sur le monde. Une école qui donnerait de l’autonomie aux élèves. Une école qui serait en lien avec le monde du travail (qui est la destination finale du voyage scolaire entamé par les élèves depuis le début de leurs études). Une école fonctionnant en mode « projets » (ce que l’entreprise a réussi mais que je ne retrouve pas dans l’école).

 

 

 

 

 

 

 

 

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