Cet été des profs se racontent – épisode 6 : Amélie

Pour le dernier épisode de l’été, nous laissons la parole à Amélie.

Du rêve à la réalité du métier…

  1. Quelle est la matière que tu enseignes ?  A quels niveaux ? J’enseigne le Français en 6e, 4e et 3e
  2. Depuis quand enseignes tu ? J’ai ouvert la porte à mes premiers élèves en septembre 2007, donc quinze ans.
  3. Pourquoi as-tu choisi d’exercer ce métier ? C’était une évidence. J’aimais transmettre, l’énergie que ça demande, j’aimais créer, partager, découvrir. Et la petite fille, puis jeune fille timide que j’étais se révélait dès qu’elle passait en exposé en classe ; il est arrivé plusieurs fois, au lycée notamment, que mes camarades me disent qu’ils adoraient m’écouter et qu’ils auraient préféré que je fasse le cours à la place du prof. Moi qui n’étais pas du tout populaire, loin de là, cela me confortait dans l’idée que j’étais faite pour cela. La matière a changé plusieurs fois par contre (Histoire, Anglais, Allemand,… ) jusqu’à ce que je réalise que le Français me permettait une plus grande liberté et variété d’activités : lecture, langue, cinéma, théâtre, etc.
  4. Est-ce que la réalité de ton métier coïncide à ce pourquoi tu as choisi de l’exercer ? Pourquoi ? Oui, cela coïncide pleinement pour ce qui est du travail au sein de la classe et l’échange que j’ai avec mes élèves : j’apprends d’eux autant que je leur en apprends et la richesse des liens que nous créons m’apporte énormément. J’aime aussi la liberté de création pédagogique que nous avons.
  5. Raconte-nous un de tes plus précieux souvenirs pédagogiques, une belle surprise que tu as pu vivre dans ce métier. Difficile de n’en garder qu’un, mais sans hésitation possible, les retours chaleureux des élèves et de leur famille sont ce que j’ai de plus précieux. Les gentils petits mots au quotidien, les sourires, les élèves qui sont heureux de passer le seuil de ma porte, les éclats de rire que nous avons régulièrement, les dessins qu’ils m’offrent, les cadeaux aussi parfois, les remerciements des parents quand je les rencontre et les nombreux courriers d’anciens élèves que je reçois. Ce sont même ces derniers qui me touchent le plus car ce sont des rencontres que je fais à l’origine avec des enfants mais qui ne m’oublient pas une fois adultes : des élèves que j’ai eus en 6e, alors qu’ils n’avaient que 11-12 ans et qui pensent à m’envoyer un petit mot quand ils ont leur bac par exemple. Cela m’arrive tous les ans et j’en suis toujours très touchée. L’an dernier, j’ai même été invitée à un pique-nique avec d’anciens élèves : je les avais eus en 6e pour l’un, en 3e pour les autres et ils venaient d’avoir leur bac… Une autre ancienne élève m’a beaucoup touchée : je l’ai eue en 6e et en 4e ; depuis, elle entre en 2e année de classe préparatoire (khâgne) et est convaincue que notre rencontre a été déterminante dans ses choix d’orientation, dans son goût pour l’écriture. J’ai très certainement aussi laissé des traces plus négatives dans le souvenir de certains, mais le fait d’avoir marqué certains adolescents et leurs parents de façon positive est ce qui est pour moi le plus précieux.
  6. Quels sont tes projets, tes envies, tes ambitions pédagogiques pour la rentrée 2022 ? Je voudrais faire davantage partager ma passion pour la lecture et compte laisser entrer plus de littérature jeunesse encore que je ne le faisais jusque-là. Je voudrais aussi trouver le temps de me remettre au latin.

Du lien aux liens…

  1. Que dirais-tu des relations que tu tisses avec tes élèves ? C’est un échange et ce sont de vraies rencontres. Elles sont riches, pleines d’écoute, de respect et de sincérité.
  2. Que dirais-tu des relations entre membres de l’équipe pédagogique ? Beaucoup de mes collègues sont comme des amis. Ce sont des gens auxquels je tiens, que j’admire et avec qui j’échange sur tous les sujets. Malheureusement, au quotidien, quand la machine est lancée, je trouve peu de temps pour partager avec eux. Mes récréations sont souvent utilisées pour régler des soucis, faire des photocopies, appeler des familles, ranger la classe, etc. Il ne me reste en général que 5 minutes pour passer en salle des profs. J’essaie en tout cas de prendre le meilleur de chacun et de faire en sorte que nous tissions des liens de confiance. Je m’occupe de l’Amicale du collège avec une autre collègue et c’est un rôle que j’apprécie car j’ai l’impression de m’occuper de leur bien-être au travail : on souhaite les anniversaires, Noël, on organise des repas, des apéros, des randos, on trouve aussi le moyen de soutenir ceux qui ne vont pas bien…
  3. Que dirais-tu des relations que tu as pu construire avec les familles ? Je ne connais pas physiquement toutes les familles, mais rares sont ceux avec qui je n’ai eu aucun contact. Hormis un ou deux parents, j’ai toujours eu d’excellentes relations avec les familles. Je n’hésite pas à les appeler quand je rencontre un souci et cela se passe toujours bien. Je crois qu’ils me font confiance. J’ai aussi chaque année plusieurs parents qui font la démarche de venir me remercier pour le travail que j’ai fait avec et pour leur enfant. C’est très touchant et gratifiant.
  4. Depuis tes débuts, quelles évolutions as-tu constatées dans le métier pour toi ?  Pour tes élèves? De mon côté, j’ai vu la charge de travail s’alourdir considérablement : parce qu’on nous demande un travail administratif énorme (parfois inutile – je pense par exemple aux formulaires de préparation de projets que nous remplissons parfois en 3 ou 4 exemplaires différents pour un même projet : le formulaire pour le chef d’établissement, le formulaire pour inscrire le projet dans les remontées du rectorat, le formulaire pour inscrire le projet dans les parcours éducatifs, le formulaire pour faire une demande de subvention au département, etc. et autant ensuite pour faire le bilan de ce même projet !), parce qu’on nous impose des heures supplémentaires qu’on ne peut pas refuser (+2h actuellement, mais comme on ne peut décemment pas couper une classe en deux, cela revient à +3h très souvent…), parce que la réunionite aiguë touche de plus en plus de chefs d’établissement (pas une semaine sans réunion), parce qu’on nous surcharge les classes (il y a une dizaine d’années, il n’était pas si rare d’avoir des classes à 24-25 élèves – aujourd’hui, quand j’en ai 28, je suis presque « contente » car il arrive que j’en ai 31 + une ou deux AESH que je ne sais pas où asseoir) et parce que dans ces classes, les profils d’élèves sont de plus en plus hétérogènes (ceux qui sont HPI et qu’il faut alimenter, ceux qui ne savent toujours pas lire en 4e, ceux qui ont une défiance visuelle ou auditive ou des troubles divers et variés pour lesquels il faut adapter nous-mêmes les documents que nous distribuons, ceux qui ont une phobie scolaire installée et qu’il faut rassurer, ré-amener sur le chemin de la confiance et de la joie d’apprendre ensemble, ceux qui ne parlent pas un mot de français et n’ont parfois pas le même alphabet – j’en avais 3 dans la même classe par exemple l’an dernier, mais aucun ne parlait la même langue -, etc. J’ai toujours adapté mes cours aux divers profils de mes élèves, mais depuis 4-5 ans, cela devient très lourd car j’ai en général plus d’un tiers de la classe qui a un besoin particulier).

Du côté des élèves, la plus grosse évolution que j’ai constatée est la disparition totale des notes au profit des compétences. Cela fait 6 ou 7 ans maintenant que je ne mets plus de notes (parce que mon collège fonctionne ainsi). Je suis partagée sur le sujet : je trouve que cela a conduit à moins de décrochage total car quasiment aucun élève n’obtient que des « maitrises insuffisantes » sur une évaluation, là où, autrefois, il aurait eu entre 0 et 5/20 à chaque fois ; cela semble moins décourageant. Evaluer les compétences me paraît plus simple et logique sur certains devoirs, comme les rédactions : il est plus facile de dire qu’un élève ne maîtrise pas assez la ponctuation, mais sait répondre au sujet, par exemple, que de déterminer une note chiffrée représentant la qualité globale de l’exercice.  Mais le fait de ne plus mettre de notes ne permet pas aux élèves, comme aux familles, de situer réellement le niveau scolaire de l’enfant : les parents sont complètement perdus et les élèves ont tendance à se contenter du minimum pour « être dans le vert » ; ils ne cherchent plus à donner le meilleur d’eux-mêmes et tombent souvent des nues à leur arrivée en seconde. Nombreux sont ceux qui me disent : « Je pensais être un bon élève, mais au lycée, j’ai à peine 11-12 de moyenne générale »…

5. D’après toi, faut-il former uniquement pour travailler ? Nous formons avant tout des citoyens respectueux du monde qui les entoure, me semble-t-il.

De maintenant à demain…

  1. Comment et où te vois-tu dans cinq ans? Je ne sais pas… Parfois, je rêve de tout quitter pour enfin rentrer chez moi sans travail à faire, avoir l’esprit déconnecté et ne plus me mettre à travailler à 21h ou pendant mes vacances, pour aussi ne plus dire du bout des lèvres en attendant le retour de bâton que « je suis prof » à des gens qui ne sont pas dans le milieu et qui vont me sortir des idées toutes faites et forcément négatives sur mon métier, pour ne plus être stressée face à la charge de travail. Mais j’aime tellement être dans ma classe avec mes élèves que je ne suis pas sûre de vouloir réellement changer de métier. Je ne suis pas sûre non plus d’en avoir le courage. Je pense donc plutôt à me remettre au latin pour pouvoir passer la certification LCA et reprendre les classes de ma collègue de lettres classiques quand elle partira à la retraite. A condition toutefois que l’on ne me fasse pas muter ensuite…
  2. Si tu pouvais demander une chose au ministre de l’éducation nationale ce serait quoi ? Revaloriser le métier d’enseignant, d’abord par l’image qui lui est associée, avant même le salaire (même si cela fait aussi partie des solutions), et cela passe par un plus grand respect des professeurs déjà au sein même du gouvernement : cesser de dévaloriser leur travail, leurs compétences, leurs envies, de communiquer avec eux par les médias, au dernier moment.
  3. Quelle serait ton école du futur idéale ? Moins d’élèves par classe (25 maximum), plus de temps avec eux, moins de charges administratives et aucune réunion inutile, des sous pour acheter le matériel dont on a besoin quand on en a besoin, de grandes salles de classe dans lesquelles on puisse circuler, aménager un coin lecture, un espace sans tables ni chaises…

Dans la bibliothèque de … Catherine- épisode 4

Catherine est professeure depuis la fin du XXème siècle comme elle aime le dire avec beaucoup d’ironie et de cynisme. Elle a accepté de donner de son temps de vacances (précieux) pour répondre à nos petites questions. Elle est parfois lassée par ce métier qui ne l’a fait plus rêver mais elle a cette qualité importante pour enseigner même si parfois elle dit le contraire :  elle aime sa discipline et a à cœur de la transmettre et reste attendrie par ses élèves!

Bonne découverte de sa bibliothèque !

  • Un livre découvert dans ta scolarité qui t’a marqué et les raisons qui expliquent ce choix.
  • Madame Bovary Flaubert ; car sans ma prof de Français il me serait resté ennuyeux ; je n’en aurais pas perçu toute l ‘ironie et aujourd’hui hui encore il m’éloigne de toute tentation et niaiseries bovarysantes.
  • Amazon.fr - Madame Bovary - Flaubert, Gustave - Livres
  • Et peut être Lolita de Nabokov car je l ‘ai lu caché dans le grand tiroir des tables de techno pendant la réalisation passionnante en dessin technique du pied à coulisse et parce que c ‘est chouette à 14 ans !

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  • Un livre que tu conseillerais à tes élèves.
  • Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras Amazon.fr - Un barrage contre le Pacifique - Duras, Marguerite - Livres
  • L ami retrouvé Fred Uhlman , deux romans d ‘adolescences forts
  • Manuel de savoir vivre à l ‘usage des rustres et des malpolis de Pierre Desproges (pas pour le titre mais bien pour s ‘initier au second degré )

Manuel de savoir-vivre à l'usage des rustres et des malpolis - Poche - Pierre Desproges - Achat Livre | fnac

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  • Trois livres ou films que tu conseillerais à un prof qui débute sa carrière.
  • Alors je dirais Le guide du routard de l ‘Inde (ou du Canada) car quand même si on fait ce métier c ‘est bien pour profiter de nos longues vacances mais comme on est fauchés…
  • Puis De brevis vitae de Sénèque pour prendre du recul encore du recul et toujours du recul !

De la brièveté de la vie - Sénèque - Babelio

 

  • Et enfin les Faux- monnayeurs de Gide , à la fois car c ‘est un merveilleux livre sur l’épopée de l’ adolescence et puis de la fausse monnaie et des faux monnayeurs on passe notre vie de prof avec !

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  • Une ressource pédagogique qui a révolutionné ta pratique.
  • Dois-je avouer que Je n’ai jamais lu aucun livre de pédagogie (ça ne m ‘est simplement pas venu à l ‘esprit mais j ai vécu les sombres heures de l’ IUFM) mais j ‘ai une suggestion révolutionnaire inspirée du temps des secrets (ou des amours ?)de Pagnol , où un élève renvoyé va en permanence , où l ‘on inscrit son nom dans le registre du déshonneur , où il va recopier des lignes en attendant avec angoisse la convocation pour son heure de colle qui sera également sanctionnée par la famille (bref sans justification ni excuse du prof auprès de l élève, des CPE ,de la famille et sans tâche supplémentaire valorisante pour l’ enfant entraînant un surcroît de travail pour l ‘enseignant fautif )
  • L’« école expliquée aux parents ;…aux élèves et surtout aux profs Antilogus:/Festjens (pour la journée idéale de Biquet et la triste réalité )

Amazon.fr - L'école expliquée aux parents ... aux élèves et (surtout) aux profs - Jean-Louis Festjens, Pierre Antilogus - Livres

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  • Un livre qui te fait rire.
  • J ai bien aimé la trilogie de Pennac (qui a inventé le métier de souffre douleur à la Samaritaine…) :la petite marchande de prose , la fée carabine et aux bonheur des ogres
  • ou bien un livre que j ai lu il y a déjà plus de 20 ans d’ Alison Lurie Liaisons étrangères

Liaisons étrangères - Alison Lurie - Babelio

  • Jonathan Coe Testament à l ‘ anglaise

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  • Un autre qui te fait pleurer.
  • Le temps de l ‘innocence d ‘ Edith Warton
  • Le soleil des mourants de Jean- Claude Izzo
  • Le pain noir de Georges- Emmanuel Clancier , lié à mon enfance et ma famille

Amazon.fr - LE PAIN NOIR. Tome 1 - Clancier, Georges-Emmanuel - Livres

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  • Un autre qui te détend après une semaine de conseils de classe et autres commissions éducatives.
  • Rahan , le fils des âges farouches ou mieux un bon vieux Black et Mortimer voire Ric Hochet !(oui je sais on peut deviner mon âge!)

Cet été des profs se racontent – épisode 5 – Noëllie

Aujourd’hui c’est une invitée un peu particulière qui a répondu présente à notre projet de l’été. Il s’agit de Noëllie qui est une ancienne élève à qui Aude et moi avons eu la chance d’enseigner à plusieurs moments de sa scolarité au collège. Elle rentre en première en septembre et envisage de devenir enseignante. Nous avons donc adapté notre questionnaire pour qu’elle puisse partager ce qu’elle imagine de son futur métier ! Un grand merci à elle d’avoir accepté notre invitation !

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Du rêve à la réalité du métier…

  1. Quelle est la matière que tu aimerais enseigner ?  A quels niveaux ?

La matière que j’aimerais enseigner est le français au niveau de l’enseignement du second degré, donc au collège et au lycée.

  1. Depuis quand envisages-tu d’enseigner ?

Depuis très jeune, je rêve de devenir professeure, et j’avoue y avoir songé une multitude de fois. Malgré tout je ne m’imaginais pas suivre cette voie car j’avais une mosaïque de rêves et de souhaits, je voulais devenir archéologue, médecin, directrice d’un grand musée ou d’une boutique d’apothicaire et même styliste, agent du FBI et j’en passe !!! Aussi je ne me sentais pas assez douée pour y arriver . Or c’est au collège en année de 3eme  que j’ai compris qu’avec de la persévérance, du travail, de la rigueur et surtout avec envie et passion, on arrive à tout.

  1. Pourquoi as-tu choisi d’exercer ce métier ?

J’ai choisis d’enseigner le français pour accompagner les enfants/ adolescents à grandir et apprendre. Je veux leur transmettre l’amour que je porte à ma matière . Je veux leur donner envie de découvrir les mystères de la langue française, de sa littérature et de son histoire. Je veux transmette comme on a su me transmettre.

  1. Y-a-t-il un.e enseignant.e en particulier qui a marqué ton parcours ? Comment ?

Oh plus d’un.e ! Mais si je dois faire un choix,  je prends celui de mon ancienne professeure de français, Mme Colette Burren Damour, elle a été mon enseignante lors de mon année de 6eme et de 3eme. Elle m’a inspiré et transmis avec amour et sagesse. Grâce à elle j’ai ouvert mon esprit et j’ai voyagé de mille façons ! Elle a manié l’art de l’éducation avec tellement de dévouement et de sagesse  qu’elle a su installer un lien de confiance et je dirai  même presque amical avec chacun de nous.  Elle fait alors ainsi partie  de mes plus belles inspirations. Grâce à elle j’y crois encore plus et je rêve encore plus.

  1. Raconte-nous un de tes plus précieux souvenirs d’élève, quelque chose que tu aimerais proposer à tes futur.e.s élèves.

Je me rappelle qu’en 6eme, en cours de français, notre professeure nous avez proposé de lire en binôme  des histoires aux enfants de l’école maternelle. Cela a été une merveilleuse expérience qui nous a tous enrichis d’une manière ou d’une autre. Voir les visages émerveillés des enfants nous a mis du baume au cœur à tous. Je n’ai pas entendu un seul de mes camardes qui n’ait pas aimé cette expérience. Alors c’est avec beaucoup de plaisir que j’apprécierais proposer cette activité à mes futurs.es élèves !

  1. Quels sont tes projets, tes envies, tes ambitions pédagogiques si tu exerces ce métier ?

Tout d’abord, si j’ai la chance de pouvoir exercer ce métier, je me dévouerai autant que possible pour accompagner mes élèves. J’aimerai les soutenir, les écouter, leur enseigner avec pédagogie et amour ! Mes grandes ambitions et envies sont seulement de réussir à les passionner, les intéresser, leur ouvrir l’esprit. Voilà mon plus grand souhait : les voir s’épanouir dans ma classe ! Et bien sûr si je peux réussir à  emmener mes élèves voir des films, des pièces de théâtre, et même écouter la belle lecture d’une bibliothécaire, je le ferai si cela peut me permettre de voir des étoiles dans les yeux de mes élèves.

Du lien aux liens…

  1. Que dirais-tu des relations que tu penses tisser avec tes élèves ?

Je veux que le lien que je tisserai avec mes élèves soit un lien de confiance, je ne veux pas qu’ils aient la boule au ventre avant de venir dans mon cours. Je veux qu’ils soient heureux et apaisés d’être dans le cours. J’aimerais que la classe devienne NOTRE classe à tous.

  1. Que dirais-tu des relations entre membres de l’équipe pédagogique ?

À vrai dire je ne sais pas vraiment comment sont les relations entre les membres pédagogiques, puisque je ne les vois que de l’extérieur. Mais j’espère que je pourrais coopérer et travailler avec plaisir et  en toute sécurité.

  1. Que dirais-tu des relations que tu auras à construire avec les familles ?

Les relations que nous entretenons avec les élèves sont très importantes mais celles que nous entretenons avec les familles, sont aussi importantes. J’apprécierai avoir un rapport de confiance également avec les parents, les proches ou les tuteurs légaux, car grâce à la communication entre les enseignants.es et les familles, il est plus facile de s’adapter aux élèves de les aider à les mettre à l’aise en cours mais aussi de les aider en cas de problème.

  1. Penses-tu qu’entre aujourd’hui où tu es encore lycéenne et dans 7 ans où tu pourrais commencer à exercer, le métier va changer ? Comment ?

Honnêtement, je ne pense pas qu’en 7 ans le métier puisse changer. C’est certain il y aura de nouveaux.elles  professeurs.es, de nouvelles façons d’enseigner, de nouveaux projets, mais je ne pense pas que le métier d’enseignant  aura changé.

  1. D’après toi, faut-il former uniquement pour travailler ?

D’après moi, il ne faut pas “former uniquement pour travailler ”. Quand on enseigne, on transmet du savoir mais aussi de la rigueur, un comportement adapté, de la culture, une ouverture de l’esprit au monde, un point de vue différent, de nouvelles expériences et aventures, donc non il ne faut pas “former uniquement pour travailler ” car tout ce qu’on apprend à l’école nous aidera aussi pour notre vie future au niveau certes du travail mais aussi au niveau social, relationnel, etc. cela nous permettra aussi de savoir faire preuve de réflexion de rigueur de sérieux.

  De maintenant à demain…

  1. Comment envisages-tu tes études pour devenir enseignante ? Que penses-tu apprendre pendant tes 5 ans d’études supérieures ?

Pour mes études supérieurs j’envisage tout d’abord d’apprendre un maximum sur les lettres et ses secrets ! Et je souhaite me préparer au métier de l’enseignement du second degré. Je veux savoir enseigner, mais pas seulement enseigner au premier sens du terme mais je veux enseigner d’une manière pédagogique, je veux savoir faire voyager ces enfants, leur montrer que le français, ses origines  et la littérature sont plus vastes et amusants qu’on ne peut le penser.

  1. Est-ce que tu t’es renseignée sur la rémunération des enseignant.e.s ? Qu’en penses-tu ?

Et bien et bien… oui je me suis renseignée sur la rémunération des enseignants… Je l’avoue les professeurs ne sont pas assez reconnus pour leur travail. Sans eux le monde n’en serait pas là ! Sans eux nous ne pourrions guère parler pleins de langues et communiquer au delà des frontières. Sans eux les avancées technologiques  ne seraient pas aussi avancées. Sans eux la plupart des adultes n’aurait peut être pas réussi leurs métiers et atteindre leurs objectifs. Et malgré tout je ne peux pas faire la liste de pourquoi les enseignants ne sont pas assez reconnus, ce serai trop long…. Mais je pense que les professeurs  ne sont pas payés à leur juste valeur.

  1. Quelle serait ton école du futur idéale ?

Mon école du futur idéale ?

Et bien je pense que j’aimerais déjà  que ce soit un collège, ensuite que ce soit un établissement on l’on pourrait travailler, enseigner  avec tranquillité que ce soit avec les élèves ou les membres de l’équipe pédagogique.

J’aimerais beaucoup que l’école soit à proximité d’une bibliothèque, d’un cinéma ou d’un théâtre, et  même si je n’ai pas la chance d’avoir  des structures autour de l’établissement je ferais en sorte de me dévouer autant que possible pour que mes élèves puissent passer de bonnes et agréables  heures à étudier.

Je ne demande pas grand chose seulement une école avec de bonnes relations entre chacun de nous.

Et bien sûr un.e directeur.rice qui puisse  dire  “oui ” pour créer/ accomplir des projets.

Mon école de rêve serait celle dont les élèves  pourraient aussi dire que c’est leur école de rêve.

Dans la bibliothèque de… Lucie ! épisode 2

« Pour chaque item de cette liste, indique-tes références et les raisons qui t’ont poussé à les citer. » Cette semaine, c’est Lucie qui a accepté de jouer le jeu !

  • Un livre découvert dans ta scolarité qui t’a marqué et les raisons qui expliquent ce choix.

La métamorphose de Kafka en 3ème, sans hésitation ! C’était la première fois qu’une prof de français nous laissait le choix parmi une sélection (il y avait aussi Le joueur de Dostoïevski et un autre dont je ne me souviens plus). La maline n’avait proposé que des textes courts mais percutants.

Premier choc et premières interrogations : ce postulat improbable est forcément signifiant, où l’auteur veut-il en venir ? Si je savais déjà qu’un auteur mort pouvait me passionner, j’ai découvert qu’un prof pouvait m’orienter vers un texte intéressant. C’est d’ailleurs grâce à cette prof (dont je ne me souviens pas du nom, quelle honte !) que je me suis orientée vers la section littéraire où bien d’autres œuvres m’ont marquée !

  • Un livre que tu conseillerais à tes élèves.

Mes élèves sont en CP et découvrent la lecture. Je trouve difficile de leur conseiller des livres. Soit ils sont adaptés à leur niveau de lecture mais un peu « niais », soit (et je préfère) je les oriente vers des albums et ils ont l’impression que je les prends pour des bébés. Mais il y a beaucoup d’albums de très grande qualité et le fait que l’illustration prenne plus de place que le texte permet de ne pas mettre le jeune lecteur en surcharge cognitive. Et lire soi-même un livre qu’on nous a lu petit permet de boucler une boucle d’une certaine façon, j’aime beaucoup l’idée.

  • Trois livres ou films que tu conseillerais à un prof qui débute sa carrière.

Je suis souvent déçue par les livres ou les films sur les profs. Je ne retrouve pas mon expérience. Je préfère les œuvres « à la marge », qui parlent d’un aspect du métier l’air de rien.

Une semaine de vacances de Bertrand Tavernier aborde déjà (en 1980) le burn-out dont sont victimes de plus en plus de collègues. Il questionne au passage sur la vision que les profs ont de leur métier et ce qu’ils souhaitent transmettre.

Dans un registre très différent, j’ai beaucoup aimé Le cercle des Petits philosophes de Cécile Denjean, avec Frédérique Lenoir. Ce film montre bien (s’il était encore besoin) que les enfants ne sont pas des récipients à remplir de connaissances mais bien des personnes capables de mener une réflexion et de nous apprendre quantité de choses !

Un livre pour finir. L’histoire d’Helen Keller m’a bousculée. Si Ann Sullivan a permis à une petite fille sourde aveugle et muette de communiquer, d’apprendre à lire et à écrire, il est anormal que nous ayons des élèves en situation d’échec scolaire. Malheureusement les contraintes matérielles, temporelles et financières de notre métier nous empêchent d’aller au bout de l’accompagnement dont certains enfants auraient besoin. Mais je suis sortie de cette lecture pleine d’envie et d’espoir !

  • Une ressource pédagogique qui a révolutionné ta pratique.

Le site maternailes.fr de Christine Lemoine. Il a ouvert des horizons dont je rêvais et m’a donné l’élan pour me lancer dans des ateliers en libre inscription, qui permettent de rendre les élèves véritablement acteurs de leurs apprentissages et de jouer sur quantité de variables didactiques.

  • Un livre qui te fait rire.

N’importe quel roman de Roald Dahl.

  • Un autre qui te fait pleurer.

Quelqu’un m’attend derrière la neige de Timothée de Fombelle.

  • Un autre qui te détend après une semaine de conseils de classe et autres commissions éducatives.

J’ai la chance de ne pas vivre ça, seulement la semaine de rendez-vous parents-enseignants ! Je n’ai donc pas de livre dédié à ces situations, je poursuis la lecture en cours.

 

Cet été des profs se racontent – épisode 4 – Hélène

Aujourd’hui, c’est Hélène, soeur de coeur de Colette, qui a accepté de se raconter !

Du rêve à la réalité du métier…

  1. Quelle est la matière que tu enseignes ? A quels niveaux ?

J’enseigne le français à des classes de 4e et 3e.

  1. Depuis quand enseignes tu?

16 ans …

  1. Pourquoi as-tu choisi d’exercer ce métier?

Par amour pour les professeurs, notamment ma prof de français de lycée, mais également tous mes profs d’histoire-géo de collège, et peut-être aussi par manque d’imagination : dans ma famille on est/ on nait prof !

  1. Est-ce que la réalité de ton métier coïncide à ce pourquoi tu as choisi de l’exercer ? Pourquoi ? La plupart du temps oui mais cela n’a pas toujours été le cas. J’ai eu des années aussi difficiles qu’enrichissantes dans mes débuts dans l’académie de Créteil. J’ai souvent douté à ce moment-là …

5.Raconte-nous un de tes plus précieux souvenirs pédagogiques, une belle surprise que tu as pu vivre dans ce métier.

Je pense à une classe en particulier, la 404 dont j’étais professeure principale en 2019/2020. Un vrai cadeau offert par le collège médocain dans lequel j’enseignais. Je donnais des exposés à réaliser à l’oral et les diaporamas étaient créés et programmés par nos petits génies du club informatique : j’étais époustouflée par le savoir de mes élèves !

Il y a eu avec eux une sortie mémorable au grand théâtre, un concours d’écriture et il y a eu aussi le confinement … Les élèves de cette classe m’inspiraient, un padlet nous permettait de donner nos conseils de lecture, de musique et de vidéos à partager. Nous nous sommes retrouvés masqués, distanciés mais je me souviens des « sourires dans les yeux » de pouvoir se retrouver.

 

  1. Quels sont tes projets, tes envies, tes ambitions pédagogiques pour la rentrée 2022 ?

Un grand défi … faire danser une classe de 30 ados avec un chorégraphe qui travaille sur l’inclusion pour aller à la rencontre de jeunes handicapés mentaux et créer un spectacle tous ensemble. Est-ce que les lectures et le travail que je pourrai mener dans ma classe suffiront à motiver les élèves ? J’espère une belle rencontre et je suis heureuse de travailler avec ma collègue d’EPS et l’éducatrice spécialisée de l’IME voisin. Mais un vertige me prend parfois.

 

Du lien aux liens…

 

  1. Que dirais-tu des relations que tu tisses avec tes élèves ?

Elle reste très professionnelle : ce n’est pas moi que l’on vient voir s’il y a un problème à la maison ou entre camarades. Mes élèves viennent, eux, me parler lecture et culture (au mieux) et négocier leurs résultats (au pire !)

Parfois j’aimerais être celle à qui on va se confier, mais cette distance me permet aussi d’être efficace dans la gestion de mes groupes. Je dirais qu’on travaille en confiance mais que notre relation ne va pas tellement au-delà de ce travail.

 

  1. Que dirais-tu des relations entre membres de l’équipe pédagogique ?

Elles sont aussi variées qu’il y a de collègues ! Certains sont des amis, ou le deviendront mais pour autant, on n’a pas toujours les mêmes idées sur les élèves. Il y a les collègues fermés au dialogue (« le niveau baisse toujours et les élèves sont toujours plus fainéants ! »), les collègues qui font super bien leur travail chaque jour en toute discrétion, ceux qui font des super actions et qui le clament, et nombreux sont celles qui jouent des rôles variés : psy, assistante sociale, infirmière, maman…

J’aime regarder parfois avec un peu de recul ce microcosme auquel j’appartiens sans jugement. Pour répondre plus précisément les relations peuvent aller de l’indifférence jusqu’à la franche camaraderie !

  1. Que dirais-tu des relations que tu as pu construire avec les familles ?

J’ai fait des progrès dans mon écoute des familles, j’ai été très inspirée par la géniale directrice de maternelle de l’école de mes filles. Depuis, comme elle, à chaque rentrée, j’explique aux parents d’élèves qu’il serait tellement mieux si leurs enfants étaient heureux d’aller au collège, (à la place d’une annonce concernant les règles et sanctions appliquées… ) Cela met tout le monde dans de bien meilleures dispositions !

  1. Depuis tes débuts, quelles évolutions as-tu constatées dans le métier pour toi ? Pour tes élèves?

Il y a une inégalité territoriale mais je n’ai pas de solution … Il est plutôt logique de « partir au front » fort.e de l’énergie de la jeunesse même si l’on est pas toujours prêt.e à faire face.

Dans la belle région et la commune protégée où j’enseigne, je retrouve des situations que je connaissais déjà en tant qu’élève.

Des évolutions négatives cependant me heurtent : on demande d’être de plus en plus inclusif sans donner des moyens que les différences de nos élèves trouvent une véritable prise en considération dans des classes surchargées…

On doit de plus en plus faire de travail, mettre les cours sur pronote est devenu ordinaire, le professeur principal de de plus en plus de missions, il faut être rédacteur de projets, producteur, trouver des financements, écrire des bilans (…) et ce travail-là n’est pas si utile à nos élèves. Ce n’est pas du temps donné pour eux.

  1. D’après toi, faut-il former uniquement pour travailler ?

Surtout pas !

Le cours de français, je l’espère, permet aussi d’apporter de la réflexion sur le monde. C’est un cours d’arts qui vient surprendre et fait entendre et lire différentes voix et pensées.

Je préfère contribuer à donner « le goût de l’effort » que de « former pour travailler ».

De maintenant à demain…

  1. Comment et où te vois-tu dans cinq ans?

Prof, c’est sûr ! Et dans un périmètre restreint maintenant que je vais travailler à vélo, ce sera sans doute encore dans mon collège, mais qui sait ?

  1. Si tu pouvais demander une chose au ministre de l’éducation nationale ce serait quoi?

De la reconnaissance de façon à recruter les meilleurs étudiants pour que les enfants aient tous de bons profs !

  1. Quelle serait ton école du futur idéale ?

Une école plus proche de la nature, où l’on apprendrait la solidarité et le respect du vivant.

 

Cet été des profs se racontent – épisode 3 – Colette

Pour ce 3e épisode de l’été, cette fois c’est Colette qui se raconte.

Du rêve à la réalité du métier…

  1. Quelle est la matière que tu enseignes ? A quels niveaux ?

J’enseigne le Français essentiellement en 6e et en 3e.

  1. Depuis quand enseignes tu ?

J’enseigne depuis 2006.

  1. Pourquoi as-tu choisi d’exercer ce métier ?

Mon projet professionnel quand j’étais étudiante c’était de travailler dans les métiers du livre. Un seul métier avait grâce à mes yeux : l’écriture. Pourtant après des études de lettres modernes, un DESS création éditoriale, et plusieurs stages dans de petites maisons d’édition, j’ai déchanté. Ce monde là était le monde de la précarité, des contrats à durée déterminée et d’une audace que je ne me trouvais pas. Avec mon Bac+5 littéraire, je ne voyais pas beaucoup d’issue et il me fallait trouver un moyen d’être indépendante financièrement, alors, comme la plupart de mes amies étudiantes, j’ai tenté le CAPES. Sans conviction au départ et puis lors de mon stage d’observation en lycée, j’ai eu l’occasion de faire cours à une classe de première. C’est ce jour là que tout a commencé.

  1. Est-ce que la réalité de ton métier coïncide à ce pourquoi tu as choisi de l’exercer ? Pourquoi ?

Comme je n’ai pas vraiment choisi d’exercer ce métier, je n’avais pas d’attente particulière, je suis allée de surprise en surprise. Et c’est ce que j’adore dans ce métier : chaque jour est une surprise. Une aventure !

  1. Raconte-nous un de tes plus précieux souvenirs pédagogiques, une belle surprise que tu as pu vivre dans ce métier.

C’est extrêmement difficile de choisir. J’ai déjà raconté ici de nombreux beaux moment pédagogiques. Je parlerai d’un projet de théâtre mené cette année un peu par hasard. Quand nous avons commencé notre séquence dédiée aux fables de La Fontaine avec une de mes classes de 6e, j’ai proposé aux élèves un travail de théâtralisation de la biographie de La Fontaine. Mon objectif était à la fois de revoir l’écriture du dialogue théâtral et de mémoriser quelques informations importantes sur notre fabuliste préféré. Les élèves se sont emparés de cette proposition avec une créativité qui m’a beaucoup émue et qui a nourri mon admiration pour l’intelligence humaine quand elle puise dans la fantaisie et la liberté. Les élèves ont pu choisir les partenaires avec qui travailler, ielles ont donné la forme de leur choix à leur dialogue théâtral et nous avons pu assister à un festival d’Avignon miniature : un groupe a joué l’interview pots-mortem de La Fontaine, un autre une scène de salon littéraire où Marie Héricart revenait sur ses souvenirs de son mari, un autre un documentaire d’Arte sur les coulisses de l’écriture des Fables… C’était grisant de créativité ! Si bien que lorsqu’il a fallu mémoriser une fable dans la suite de notre séquence, les élèves elleux-mêmes ont proposé de faire à nouveau du théâtre ! Leur autonomie, leur capacité à anticiper, à s’organiser dans le temps, à travailler en équipe a été une des belles surprises de l’année. Une réussite dont nous nous sommes félicité.e.s mutuellement et qui nous a rendu très heureux.ses.

  1. Quels sont tes projets, tes envies, tes ambitions pédagogiques pour la rentrée 2022 ?

Nous allons bien sûr avec Aude renouveler notre projet « De la Saye à la Nivelle : connais-toi toi-même » , un projet de correspondance entre mes élèves de 3e et ses élèves de première qui devrait se conclure cette année par une rencontre et une découverte de leurs territoires mutuels. Ce projet symbolise tout ce que je souhaite pour les adolescent.e.s avec lesquel.le.s je travaille : des liens qui se tissent à travers leurs histoires personnelles mais aussi à travers leurs découvertes du monde qu’ielles habitent. Des liens qui ne soient pas virtuels, ni ponctuels, mais qui s’inscrivent dans la durée et le réel.

Du lien aux liens…

  1. Que dirais-tu des relations que tu tisses avec tes élèves ?

Je dirai que ces relations doivent être notre premier objectif : c’est sur ses relations que nous allons construire la confiance nécessaire pour élaborer leurs apprentissages. Ces relations se doivent d’être sincères avant toute chose.

  1. Que dirais-tu des relations entre membres de l’équipe pédagogique ?

Paradoxalement, je dirai que ce sont les plus difficiles à construire. Nous ne sommes pas formé.e.s à travailler en équipe, à penser les apprentissages de manière transdisciplinaire, et cela s’en ressent à la fois dans les relations entre enseignant.e.s mais aussi entre élèves et équipe enseignante. J’ai la chance de bénéficier de l’aura d’une cheffe d’établissement qui encourage fortement le travail en équipe, par le biais de commissions dédiées à différentes problématiques d’enseignement mais aussi par la mise en place d’un Laboratoire d’Analyse des Activités en Classe qui a permis aux différent.e.s enseignant.e.s bénévoles de parler du cœur de leur métier. Ces différents lieux de rencontre permettent de développer des liens que rien ne nous encourage à tisser du fait du rythme particulier d’une semaine de cours où les heures s’enchaînent sans nécessairement de moment de retours d’expériences et d’analyse de pratiques, si ce n’est individuel.

  1. Que dirais-tu des relations que tu as pu construire avec les familles ?

Je dirai que ces relations sont en train de changer. Je pense que nous sommes  à l’aube d’une véritable volonté de « co-éducation » en tout cas le concept fait son chemin. Nous sommes de plus en plus conscient.e.s collectivement que nous devons apprendre à mieux connaître les familles dans lesquelles nos élèves grandissent pour pouvoir les accompagner au mieux. L’outil informatique a permis de développer ces liens par le biais de la messagerie qui permet notamment d’aborder très rapidement les réajustements à faire dans le travail ou le comportement sans forcément officialiser les sorties de route par un rendez-vous au sommet. Bien entendu les rencontres sont toujours utiles mais elles peuvent être mieux préparées en amont. Communiquer régulièrement sur les projets, les réussites devient aussi un nouveau modèle de liens entre les familles et l’école. Il faut que nous puisions nos forces dans la parole valorisante les uns des autres.

  1. Depuis tes débuts, quelles évolutions as-tu constatées dans le métier pour toi ? Pour tes élèves?

Comme Romuald, je constate une rapide évolution de la part du numérique dans nos pratiques et dans le quotidien des élèves : quid de l’agenda aujourd’hui ? Nos élèves connecté.e.s à leurs smartphones ne prennent plus la peine de noter leurs devoirs par exemple. Est-ce un problème ? Je n’ai pas le recul nécessaire mais je constate une part grandissante de cet outil dans le quotidien du collège et du lycée.

  1. D’après toi, faut-il former uniquement pour travailler ?

Je pense qu’il est urgent de former pour travailler ENSEMBLE à un monde vivable. La coopération et la solidarité sont d’après moi les seules réponses possibles aux défis politiques, économiques, sociétaux et écologiques qui nous attendent en tant que communauté.

De maintenant à demain…

  1. Comment et où te vois-tu dans cinq ans?

Je ne sais pas répondre à cette question… Cette question m’angoisse au plus haut point tellement le monde est devenu incertain. J’aimerais pouvoir répondre que je me vois dans une salle de classe ouverte sur la forêt à enseigner comment écrire des poèmes qui évoquent l’amour, l’amitié, la beauté et la spiritualité et que nous partagerions lors de marchés des savoirs avec les familles de nos élèves.

  1. Si tu pouvais demander une chose au ministre de l’éducation nationale ce serait quoi ?

Je lui demanderai de travailler AVEC nous. Je lui demanderai de venir applaudir nos élèves dans nos classes, je lui demanderai de faire rêver les futur.e.s enseigant.e.s et les élèves. Je lui demanderai un nouveau récit. Un récit qui mettrait la fraternité à l’honneur.

  1. Quelle serait ton école du futur idéale ?

Une école ouverte sur la nature, une école où il y aurait de l’herbe et des arbres dans les cours de récré, une école au bord de l’eau, une école où il y aurait des bibliothèques dans toutes les classes, une école ouverte sur son environnement, où les gens se rencontreraient tout le temps. Pas seulement les équipes pédagogiques mais les aussi les familles, les artisans, les sportifs/ves, les artistes… Une école réellement et totalement fraternelle. Voilà mon école du futur idéale.

 

 

 

 

 

 

 

Cet été des profs se racontent – épisode 2 -Fabienne.

On poursuit nos entretiens enthousiasmants avec celui de Fabienne avec qui j’ai travaillé pour la première fois cette année. Elle est professeure de sciences économiques et sociales, elle a eu une vie professionnelle riche de plusieurs expériences avant de se reconvertir dans l’enseignement. Dans ce cadre, elle a d’ailleurs participé à un reportage d’envoyé spécial sur cette reconversion. Elle a donc un regard plutôt atypique sur notre métier. Je vous laisse la découvrir.

Du rêve à la réalité du métier…

1.  Quelle est la matière que tu enseignes ? A quels niveaux ?

J’enseigne les Sciences Economiques et Sociales en classes de Seconde, Première et Terminale (sauf cette année où je n’ai pas été en charge d’élèves de Terminale)

2. Depuis quand enseignes tu ?

J’enseigne depuis 2015, tout d’abord comme contractuelle puis depuis 2019 certifiée.

  1. Pourquoi as-tu choisi d’exercer ce métier ?

Je crois que c’est mon goût pour les études qui m’a tout d’abord incité à enseigner. J’ai toujours aimé apprendre, « bûcher », chercher et par dessus tout comprendre. Et je crois que j’aime partager la joie de comprendre.  Il me semble que c’est un pas vers une grande liberté que de comprendre les rouages du monde dans lequel nous vivons.

Je n’ai choisi ce métier qu’en « fin de carrière » puisque j’ai déjà une « longue expérience » de travail en entreprise. Mais, là encore, les différents emplois que j’ai occupés m’ont toujours poussée à apprendre.

  1. Est-ce que la réalité de ton métier coïncide à ce pourquoi tu as choisi de l’exercer ? Pourquoi ?

J’aurais beaucoup apprécié intégrer un établissement, une équipe. Ma situation de TZR (que je qualifie « d’intermittente du spectacle ») ne me permet pas de trouver cette voie d’intégration. Mais, elle me donne une forme de liberté. Que j’apprécie aussi. Car elle satisfait mon goût de l’aventure. Veuve, l’institution me « protège », TZR, elle me « libère » sans doute d’une forme de routine.

  1. Raconte-nous un de tes plus précieux souvenirs pédagogiques, une belle surprise que tu as pu vivre dans ce métier.

Le fait de garder des contacts avec certains élèves est un joli souvenir perpétué.

Mais, un temps fort fut sans doute une année passée à Saint Paul les Dax : les élèves avaient le même goût de l’apprentissage « en toute liberté » . Les cours se déroulaient de 16h à 18h. Les élèves amenaient un goûter « campagnard » (saucisson, jambon, fromage…) et nous démarrions notre cours par leur collation (en révisant le cours précédent). Notre salle de classe était un préfa insupportable. J’ai entrepris de « transformer la dureté de nos conditions de travail » en opportunités. Ainsi, par exemple, dès lors que le temps devenait chaud, j’avais pris l’habitude d’emmener les élèves à l’extérieur. Nous prenions nos chaises, faisions cours à l’ombre des arbres et la classe paraissait parfaitement à l’aise et ouverte à l’apprentissage. Ce fut une année hors norme et tellement agréable…

  1. Quels sont tes projets, tes envies, tes ambitions pédagogiques pour la rentrée 2022 ?

Je vais tenter de rédiger le programme sous forme de carte mentale. Mais, je ne peux avoir de projets précis car je sais que je devrai m’adapter, m’intégrer et composer.

 

Du lien aux liens…

 

  1. Que dirais-tu des relations que tu tisses avec tes élèves ?

Nos relations sont des relations que je crois pour la plupart de qualité : j’essaie de construire une relation de confiance. Mais, une relation qui reste exigeante : favoriser le travail dans les meilleures conditions… travailler autrement… mais travailler. J’ai expérimenté l’autorisation de temps de repos (personnels) pour les élèves fatigués (autorisation d’aller se reposer en fond de classe pendant 5 minutes environ), Et je me rends compte que l’autorisation de ce temps de repos décuple l’investissement (l’élève ne subit pas). Bref… J’essaie d’adapter ma compréhension des besoins des élèves pour améliorer ma pratique. Une compréhension toutefois bornée par les impératifs de notre institution.

  1. Que dirais-tu des relations entre membres de l’équipe pédagogique ?

Les relations avec les équipes sont bonnes mais toutefois bien souvent superficielles sans doute du fait de ma situation de TZR.

  1. Que dirais-tu des relations que tu as pu construire avec les familles ?

Jusqu’alors professeure principale (sauf cette année), j’ai apprécié entretenir des liens de connaissance avec les parents. Je donne la plupart du temps mes coordonnées afin que les familles puissent s’entretenir en cas de besoin.  J’apprécie cette ambiance « collaborative ».

  1. Depuis tes débuts, quelles évolutions as-tu constatées dans le métier pour toi ? Pour tes élèves?

Je n’ai pas vraiment constaté d’évolutions….

 

De maintenant à demain…

 

  1. Comment et où te vois-tu dans cinq ans?

Quelque part dans un lycée…. J’avoue ne pas réussir à me projeter. Je n’aurai pas assez de points pour obtenir une affectation fixe. Et peut être ferai je des projets de retraite…

  1. Si tu pouvais demander une chose au ministre de l’éducation nationale ce serait quoi ?

Sans doute ma première préoccupation serait une sérieuse revalorisation de salaire (si notre métier a du sens, l’institution doit aussi contribuer à ce sens). Une seconde serait sans doute de doter les élèves d’un ordinateur portable afin de se débarrasser des manuels, des visites (timées au CDI) et de faire de nos élèves des jeunes en prise avec leur époque et forts de toutes les potentialités que donne « l’accès à la bibliothèque d’Alexandrie » (internet)…. Permettre aux élèves d’être « en intelligence » avec leur environnement.

  1. Quelle serait ton école du futur idéale ?

Si je ferme les yeux sans me préoccuper des réalités, une école où les classes seraient accueillies le matin pour poursuivre des recherches et enrichissements personnels l’après midi. Une école qui serait ouverte sur le monde. Une école qui donnerait de l’autonomie aux élèves. Une école qui serait en lien avec le monde du travail (qui est la destination finale du voyage scolaire entamé par les élèves depuis le début de leurs études). Une école fonctionnant en mode « projets » (ce que l’entreprise a réussi mais que je ne retrouve pas dans l’école).

 

 

 

 

 

 

 

 

Cet été des profs se racontent – épisode 1 – Romuald.

Aujourd’hui, Romuald inaugure les portraits d’été,  il a accepté de répondre à notre questionnaire long et parfois un peu difficile et nous l’en remercions.

Bonne lecture!

Du rêve à la réalité du métier…

1.  Quelle est la matière que tu enseignes ? A quels niveaux ?

Histoire Géographie Enseignement Moral et Civique  à des lycéens (2nde et 1ère Gale et Technologique) après 15 ans de collège.

  1. Depuis quand enseignes tu ?

J’ai commencé ma carrière en septembre 2006 comme stagiaire.

  1. Pourquoi as-tu choisi d’exercer ce métier ?

Tout petit déjà j’adorais l’Histoire, que ce soit dans les livres, les films ou encore les jouets. En classe de troisième, lorsque mon professeur principal, M. David, m’a fait travailler sur mon orientation et mon projet professionnel, j’ai décidé de devenir enseignant car j’aimais aider mes camarades à faire leurs devoirs.

  1. Est-ce que la réalité de ton métier coïncide à ce pourquoi tu as choisi de l’exercer ? Pourquoi ?

Lorsque j’ai choisi ce métier, je l’ai fait en sachant deux choses. Premièrement, il fallait quitter mon Pays Basque natal pendant plusieurs années, sauf à enseigner dans le privé, ce qui était incompatible avec mes convictions politiques et personnelles. Deuxièmement, je ne deviendrais jamais riche. Sur ces deux points, la réalité du métier ne m’a pas surpris. Néo-titulaire, j’ai été muté dans l’académie de Versailles où je suis resté deux ans, ce qui est finalement très peu. Revenu en Aquitaine, j’ai dû patienter 12 ans dans le Nord-Gironde avant de revenir enfin à Saint Jean de Luz. En ce qui concerne le salaire, j’estime qu’avec 2 000 € nets (hors heures supplémentaires) après 15 ans de carrière, je ne suis effectivement pas riche.

Dans mon quotidien de professeur, je suis confronté au peu d’appétence de mes élèves pour l’Histoire Géographie. Là non plus je ne suis pas étonné car déjà en tant qu’élève, je voyais bien que j’étais le seul ou presque de ma classe à aimer ça, donc devoir batailler pour que mes élèves s’y intéressent me paraît normal. En revanche, c’est le manque d’intérêt pour l’école en général qui me choque. De par l’éducation que j’ai reçue dans ma famille, j’ai toujours considéré l’école comme une priorité et comme le moyen d’accéder à la vie d’adulte que je souhaitais. Je suis bien obligé de constater que pour un grand nombre d’élèves et de leurs parents, l’école passe bien après les vacances, les activités sportives, les loisirs, etc.

  1. Raconte-nous un de tes plus précieux souvenirs pédagogiques, une belle surprise que tu as pu vivre dans ce métier.

En préparant mon cours sur la ville de demain en classe de sixième, j’avais prévu de leur faire réaliser, en groupe, un plan imaginaire en tenant compte des problématiques de développement durable étudiées pendant le cours. Je craignais le pire (absence de travail, dessins hors de propos, agitation et bruit incontrôlable, etc.) mais finalement, j’ai été bluffé par leur investissement, la qualité de leur travail et de leurs productions.

  1. Quels sont tes projets, tes envies, tes ambitions pédagogiques pour la rentrée 2022 ?

Travaillant dans un lycée proposant de nombreuses sections spécifiques, j’ai eu envie de monter un projet qui concerne tout un niveau et pas seulement telle ou telle section. J’ai donc choisi le Festival International du Film d’Histoire de Pessac dont le thème 2022 « Masculin Féminin » s’intègre dans le programme d’EMC de 1ère et va permettre à toute l’équipe d’Histoire-Géographie de participer au projet.

D’autre part, j’ai choisi d’enseigner la spécialité Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences Politiques en classe de 1ère afin de découvrir un enseignement nouveau pour moi et qui s’adresse à des élèves très investis, dans la mesure où c’est un choix de leur part de suivre cet enseignement de spécialité.

 

Du lien aux liens…

 

  1. Que dirais-tu des relations que tu tisses avec tes élèves ?

J’ai le sentiment que j’arrive à instaurer une relation de confiance entre eux et moi, que j’essaie d’entretenir en leur parlant de la manière la plus sincère possible. Je n’interdis aucun questionnement a priori, car je préfère entendre leur opinion ou leurs doutes, même s’ils peuvent être déplacés ou dérangeants. Pour moi, cela fait partie de mon métier de les aider à réfléchir à tout ce qui les concerne, même en dehors de l’Histoire Géographie.

J’essaie également de les connaître davantage, en m’intéressant à leurs activités extra-scolaires, ce qui me permet de mieux les comprendre et donc de mieux les accompagner dans leurs apprentissages.

  1. Que dirais-tu des relations entre membres de l’équipe pédagogique ?

Il me semble que les relations sont plutôt bonnes. Bien évidemment, vu le nombre de professeurs, il existe forcément des affinités et des inimitiés mais cela n’entrave pas, de mon point de vue, le bon fonctionnement du lycée. Heureusement que des opinions contraires existent et peuvent s’exprimer dans une salle des professeurs, sinon ce serait triste.

  1. Que dirais-tu des relations que tu as pu construire avec les familles ?

En restant 12 ans dans le même établissement, j’avais réussi à obtenir de bonnes relations avec la plupart des familles. Lorsque j’accueillais en classe le deuxième ou troisième enfant d’une même fratrie, les retrouvailles avec les parents étaient très amicales.  J’ai toujours choisi de privilégier les rencontres physiques en rendez-vous plutôt que les échanges écrits ou téléphoniques qui laissent trop de possibilités de malentendu. Cela me permet souvent de désamorcer les conflits.

  1. Depuis tes débuts, quelles évolutions as-tu constatées dans le métier pour toi ? Pour tes élèves?

Ayant commencé à enseigner en 2006, pour moi c’est la place de l’informatique qui a le plus évolué. Alors que dans mes premières années, j’utilisais encore le format papier pour les cahiers de texte de la classe, les appels de début de cours, etc., aujourd’hui tout est informatisé. Mis à part lorsque je suis en classe face à des élèves, j’ai le sentiment d’effectuer un travail de bureau. Paradoxalement, l’informatisation a alourdi les procédures. Pour demander une subvention pour un projet, il fallait auparavant justifier la demande en rédigeant simplement le projet pédagogique. Désormais, il faut compléter un formulaire en ligne de 50 ou 70 questions, pas toujours adaptées à la situation. Une fois le projet réalisé, il faut encore faire un bilan en ligne qui consiste à redonner les mêmes réponses aux mêmes questions que lors de la demande. Que de temps et d’énergie perdus…

Un autre changement important est le développement de l’école inclusive. Enfin, prétendument inclusive. Car qui peut croire qu’inclure un élève à besoins particuliers dans une classe de cinquième de 30 élèves, sans lui adjoindre d’Accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH), est un service à lui rendre ? Dans quel monde les autres élèves de la classe vont, gentiment et sérieusement, réaliser en autonomie le travail proposé par l’enseignant(e), pendant que ce(tte) dernier(ère) répond aux besoins particuliers de cet élève ? L’institution ment aux familles en leur faisant croire que les besoins de leur enfant sont pris en compte. Au final, c’est la persévérance de la famille qui permettra, ou pas, à l’élève d’obtenir les aménagements auxquels il a droit, pendant que son enseignant(e) produit de la paperasse pour permettre à l’institution d’affirmer que la situation particulière de l’élève a été prise en compte.

Enfin, pour les élèves, le développement des outils numériques a eu des effets très antagonistes. D’une part, ils peuvent bénéficier de ressources pédagogiques plus diversifiées, qui permettent davantage de participation des élèves, et d’une communication plus facile et plus directe à leur(e) professeur(e). D’autre part, certains(e)s élèves en viennent à penser, à tort, que le cours est moins important car les ressources seront à disposition sur l’environnement numérique de travail. De plus, la non-maîtrise des codes de langage entraîne des messages inappropriés, malpolis, ou revendicatifs à l’excès.

 

De maintenant à demain…

 

  1. Comment et où te vois-tu dans cinq ans?

Étant donné que je viens d’arriver en lycée, je pense que dans cinq ans je n’aurais toujours pas terminé mon adaptation. J’imagine simplement que je serai en capacité de proposer davantage de projets à mes élèves.

  1. Si tu pouvais demander une chose au ministre de l’éducation nationale ce serait quoi ?

Puisque l’Éducation est nationale et se doit d’accompagner tous les élèves, quel que soit leur niveau scolaire et leur degré de pénibilité, je lui demanderais de supprimer l’enseignement privé.

  1. Quelle serait ton école du futur idéale ?

Ce serait une école où les choix et la réussite des élèves ne seraient pas conditionnés par le milieu familial, la carte scolaire, la carte des langues et/ou des options disponibles sur le secteur.

 

Dans la bibliothèque de …..Aude – épisode 1

Bonjour,

Pour notre premier été bloguesque, nous vous proposons des interviews de profs. J’inaugure cette série estivale mais des invités viendront prendre part à cet exercice. nous alternerons deux types d’interviews: Dans la bibliothèque de…. et des profs se racontent.

Voici ma bibliothèque de prof, celle qui me dévoile et me raconte aussi un peu. Bonne lecture.

  • un livre découvert dans ta scolarité qui t’a marqué et les raisons qui expliquent ce choix.

Je dirais l’étranger d’Albert Camus, je me souviens exactement du moment où je l’ai lu. j’étais en voiture sur un trajet pour la Bretagne pendant les vacances de Pâques . J’étais en seconde. Ce livre m’a bouleversé et m’a longtemps questionné sur les jugements trop hâtifs que l’on peut avoir, les choix qu’on fait dans sa vie spontanément, de la répercussion qu’ils peuvent avoir dans nos vies. Surtout, de ne pas juger trop vite, on est ce qu’on est par une succession d’évènements qu’on a vécu et des choix faits pour les affronter.

L'univers romanesque de « L'Étranger » de Camus - Français | Lumni

  • un livre que tu conseillerais à tes élèves.

Pour la géographie, je conseille France, géographie d’une société d’Armand Frémont, qui est un ouvrage à mon sens pionnier pour entrer dans la géographie sociale qui n’est pas encore assez présente dans le secondaire et qui est un beau portrait du territoire français. Il est aussi très abordable pour des lycéens. Au collège, j’aime bien les atlas et aujourd’hui il y en a tellement, ils ont l’embarras du choix.

Livre: France geographie d'une societe, géographie d'une société, Armand Frémont, Flammarion, Fonds Champs, 9782080813886 - Leslibraires.fr

J’aime beaucoup aussi les ouvrages de Depardon et plus particulièrement la France de Depardon, il fait prendre la mesure de la France des interstices comme personne, celle qui se perd, qui ne se reconnaît pas dans cette intégration à toute vitesse aux dynamiques mondiales. C’est presque poétique.J’aime avoir ce regard là sur les lieux.

 

Je vous dépose ici quelques photographies de ce sublime livre

EN IMAGES. "La France de Raymond Depardon"https://static.mediapart.fr/etmagine/default/files/Christine%20Marcandier/Colmar.jpgEN IMAGES. "La France de Raymond Depardon"

Pour regarder la France avec beaucoup de tendresse, allez voir l’ensemble de ces photographies et ses sublimes documentaires sur la France paysanne aussi

  • Trois livres ou films que tu conseillerais à un prof qui débute sa carrière.

Je conseillerais, Ça commence aujourd’hui de Bertrand Tavernier avec Philippe Torreton. On suit un instit en REP dans le nord de la France avec tout ce qu’il y a de plus dur dans notre métier, quand la misère sociale te saute à la gueule, quand tu te sens démuni. e et impuissant.e. J’aime beaucoup le fait que le film soit le temps de l’année scolaire parce qu’il fait effectivement prendre conscience que notre métier s’arrête au portail et c’est probablement le plus difficile à admettre et on franchit d’ailleurs quelquefois le pas de la porte. Et dans le même temps, il y a des réussites dans ce film, il y a des moments d’une extraordinaire humanité, il y a de la valorisation de l’estime de soi. Quand Valéria, sa femme lui dit on va faire ce que tu sais faire de mieux, on va cabosser la cour de couleur, je trouve ça sublime comme image. Oui cabossons nos cours et nos salles de couleurs et faisons sortir ces couleurs des écoles, qu’elles rejaillissent de la cour sur l’ensemble de la société.

Amazon.com: Ca Commence Aujourd'Hui (Original French Language) : Maria Pitarresi, Philippe Torreton, Nadia Kaci, Bertrand Tavernier: Movies & TV

Je conseillerais rappeler les enfants d’Alexis Potshke qu’on a déjà chroniqué ici. Je le conseille pour l’humanité de notre métier, et je le conseille d’ailleurs aussi à des collègues en milieu et fin de carrière quand ils en ont marre et qu’ils ont perdu le sens de leur boulot.

Enfin, j’en parlerais dans la question suivante mais je conseillerais heureux d’apprendre à l’école de Catherine Gueguen.

Heureux d'apprendre à l'école (AR.EDUCATION) eBook : Gueguen, Catherine: Amazon.fr: Boutique Kindle

  • Une ressource pédagogique qui a révolutionné ta pratique.

Je dirais donc heureux d’apprendre à l’école parce qu’il m’a libéré d’un poids que j’avais depuis des années. Pendant très longtemps, je me suis battue contre les sentiments que l’on peut éprouver pour nos élèves, sur l’implication qu’on peut avoir. Surtout ne pas trop s’impliquer, surtout ne pas trop montrer sa vulnérabilité, surtout ne pas montrer qu’on est des humains, surtout les traiter comme des élèves et non comme des enfants et bien toutes ces injonctions, je les ai mis de côté et je pense que je fais bien mieux mon métier depuis.

D’ailleurs c’est étrange parce que finalement, ce livre m’a permis de renouer avec une littérature pédagogique et notamment des ouvrages de discipline positive, de pédagogie coopérative, et même de didactique.

  • Un livre qui te fait rire.

Les romans de Nicole de Buron, je ris mais je ris, d’ailleurs ça me fait penser qu’il faut que je les remette dans ma PAL et que je regarde enfin la série les Saintes Chéries. C’est un des rare conseil lecture de ma grand-mère paternel et je les ai lus il y a maintenant plus de 20 ans mais c’est très drôle. : de vous en parler vraiment m’a donné envie de m’y replonger.

QUI C'EST, CE GARCON ? de Nicole de Buron - Poche - Livre - DecitreMon Coeur, Tu Penses À Quoi ? À Rien par Nicole De Buron - Nathalie Duthoit

D’ailleurs c’est un livre un peu de la honte en salle des profs. Oui parce que dans certaines salles des profs, c’est un peu honteux de dire qu’on lit autre chose que Proust et Zola mais ch…. et puis c’est de moins en moins le cas, donc ça c’est cool aussi

  • Un autre qui te fait pleurer.

Je ne sais pas. Je vais donner le titre du dernier livre avec lequel j’ai pleuré.

Marie et Bronia, le pacte des sœurs de Nathalie Henry chroniqué sur à l’ombre du grand arbre. Je dirais sans doute rien ne s’oppose à la nuit de Delphine de Vigan que j’ai trouvé sublime et injuste.

Rien ne s'oppose à la nuit », de Delphine de Vigan (JC Lattès) - Livres : le top ten du ELLE - Elle

  • Un autre qui te détend après une semaine de conseils de classe et autres commissions éducatives.

Là non plus je ne sais pas mais je pense que je dirai un Philippe Delerm. Rien de telle qu’une nouvelle de Philippe Delerm pour retrouver la sérénité avec une mention spéciale pour la première gorgée de bière.

Amazon.fr - La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules - Delerm, Philippe - Livres

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De l’importance de se dire au revoir

Aujourd’hui, nous allons répondre à des questions qu’on s’est posé mutuellement pour mieux cerner ce besoin impérieux que nous avons au mois de juin de dire au revoir explicitement à nos élèves.

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Colette. -Quand as-tu réalisé qu’il t’était nécessaire de dire au revoir à tes élèves ?

Aude. – Dès mes premières années à St Yzan, j’ai éprouvé l’envie de dire au revoir correctement aux élèves même si, comme je l’ai dit dans ma chronique il y a 15 jours, j’ai mis du temps à trouver la meilleure façon de le faire et avec qui le faire. On a quand même entre 120 et 180 élèves chaque année et c’est difficile de prévoir quelque chose d’aussi bien pour toutes les classes.

Colette. – Je me rends compte, personnellement, que c’est vraiment avec le choc vécu en 2020, avec la pandémie de Covid qui nous a éloigné si longtemps de nos élèves de manière imprévue, que j’ai réalisé à quel point il était primordial d’expliciter la relation affective qui nous relie à nos élèves. En 2020,  nous n’avons pas pu dire au revoir à nos élèves, le retour au collège ayant été tellement différé et chaotique. J’ai beaucoup souffert de ne pas pouvoir leur dire au revoir cette année là. Enfin j’ai surtout beaucoup souffert de ne pas avoir pu toustes les revoir, tout simplement. Je me suis promis que ça n’arriverait plus jamais et l’année dernière pour le confinement de mars, je me suis empressée de fabriquer mes fameux origamis pour les distribuer à toustes mes élèves avant qu’ielles partent au cas où … L’idée c’était de leur dire au revoir quoi qu’il arrive !

Colette. – Est-ce à une occasion précise ou l’as-tu toujours fait depuis que tu enseignes ?

Aude. – C’est la deuxième année que je le fais ainsi avec la classe dont je suis professeure principale. Je réalise un diaporama des activités réalisées et je leur donne une carte rédigée à la main à chacun. J’aimerais l’an prochain ajouter des rituels pour qu’ils se disent au revoir entre eux aussi ou qu’ils puissent prendre conscience du chemin parcouru dans l’année parce qu’ils font tous des progrès, l’évolution compte pour chacun d’entre eux. Avec les classes à projets, je marque aussi le coup, un peu différemment avec un petit cadeau, des photos… L’an dernier c’est la première fois que je le faisais.

Colette. – Saurais-tu expliquer pourquoi tu en as ressenti le besoin ?

Aude. – Sans doute parce que j’avais eu ma mutation et que je savais que je n’aurais pas de nouvelles par les petits frères et sœurs ou les parents que je croiserais. Et bizarrement c’est une des promotions avec laquelle j’ai le plus de lien. Sur le compte instagram de Soline, j’ai vu passer ces lettres et ça m’a paru comme une évidence de mettre en place moi aussi ce rituel. Et toi ?

Colette. – Comme je le disais plus haut, j’ai eu besoin d’expliciter le lien que nous créons avec nos élèves. Ce lien a un début et ce lien a une fin. Mais ce lien existe. Souvent nous ne le nommons pas : est-ce de l’affection ? Est-ce de l’empathie ? Est-ce de l’intérêt ? C’est en écoutant Maxime Rovere parler d’amour pour qualifier les liens qui se tissent dans une classe à l’occasion de la sortie de son livre L’école de la vie que je me suis autorisée à assumer ce sentiment que je ressens depuis mon premier cours devant des élèves. Et comme toute relation s’entretient, je me suis mise à me demander comment entretenir cette relation. Dire merci, dire au revoir nourrit nos relations. C’est exactement pareil avec des élèves.

Colette. – As-tu déjà échangé avec des collègues autour de cette pratique ? Qu’as-tu appris ? Je passe pour un ovni quand je dis que je fais ça. L’ensemble de la salle des professeur.e.s trouve ça très étonnant et trouve que je m’implique bien trop dans mes relations avec mes élèves. Je pense d’ailleurs que ce n’est pas très bien perçu. Je ne l’évoque que très peu, si ce n’est avec toi. ça m’intéresse de savoir si tu a s échangé là dessus avec quelqu’un et ce que tu en penses ?

Colette. – Et bien il n’y a qu’avec toi que j’ai échangé à ce sujet mais cela me donne très envie de demander à mes amies enseignantes. Je suis certaine que nous ne sommes pas les seules à mesurer combien il est primordial de savoir se dire au revoir.

Colette. – Tu pourrais nous raconter ton plus beau souvenir d’au revoir ?

Aude. – J’en raconterais deux. Il ya eu celui de 2013 avec les 3ème avec lesquels on était partis en Angleterre, ceux du projet Frankton où là finalement je n’avais rien préparé, ils avaient tout fait tout seul, les cadeaux leurs petits mots égrénés un à un et déposés sur mon bureau, c’était incroyable, j’ai pleuré pendant la journée entière, j’aurais aimé les embrasser, les prendre dans mes bras, c’est probablement la seule classe où je me souviens de chacun d’eux, de leur nom, prénom, voix, de leur personnalité avec beaucoup de précisions!

Puis l’an dernier avec la classe défense, c’est deux heures ensemble avec nos tee-shirts, notre collation, nos lettres, les larmes de Y, la gourmandise de S, cette photo que j’ai toujours dans mon téléphone masqués mais aux yeux brillants témoignant du bonheur et de l’émotion  de partager un dernier moment ensemble. Cette classe a été révélatrice dans ma carrière parce qu’elle m’a permis de prendre conscience de l’importance du projet même d’un projet qui au départ ne nous appartient pas, ne nous plaît pas forcément, la force de la sortie « hors du collège en temps de covid » qui permet de créer des liens si importants pour eux et pour nous. La classe était difficile et je n’ai retenu d’eux que leurs qualités.  D’ailleurs avec le recul,  je me demande si j’aurais mis autant de cœur et d’investissement dans ce projet s’il avait été réalisé dans une année normale.

Colette. – Attends tu quelque chose de ce moment particulier ?

Aude. – Je ne sais pas, sans aucun doute oui, je n’attends pas un retour, ce n’est pour moi pas le moment du don et contre don comme à Noël par exemple, mais j’attends une prise de conscience de leur part de mon implication dans mon travail. Je pense d’ailleurs que c’est très déstabilisant pour eux, ils sont parfois gênés, surpris sans aucun doute. Et toi attends tu quelque chose de leur part ?

Colette. – J’attends sans doute qu’ielles mesurent le chemin parcouru et surtout qu’ielles prennent conscience que nous avons vécu ensemble une histoire. Et que cette histoire, qui a été la nôtre pendant un an, est désormais la leur pour l’avenir. Je crois que se joue dans les « au revoir » un certain rapport au temps. Au temps qui passe et dont nous pouvons nous réjouir ensemble.

Colette. – Penses-tu transmettre quelque chose à travers ce rituel ? Quoi ?

Aude. – Comme je l’ai suggéré juste au dessus, je souhaite leur rappeler l’importance des liens que l’on crée à l’école, que nous sommes importants les uns pour les autres. Sans doute que je souhaite transmettre le pouvoir de la gratitude, de l’estime de soi, on a le droit de se remercier, on a le droit de leur dire qu’ils sont des gens bien! Là aussi encore plus en lycée général qu’en REP, la bienveillance, la gratitude, l’estime de soi, la confiance en soi sont loin d’être des valeurs essentielles pour de nombreux collègues et pourtant je reste convaincue que c’est bien plus important. J’aime bien cette citation d’Albert Einstein sur l’école: « Nous passons 15 ans à l’école, et pas une fois, on ne nous apprend la confiance en soi, la passion et l’amour qui sont les fondements de la vie ». j’ose espérer que je contribue à cet enseignement là par ce biais.

Colette. – Comme toi, j’espère à travers ces rituels et bien d’autres, comme le conseil coopératif, l’accueil personnalisé à la porte de la salle, le parrainage-marrainage ou la porte ouverte aux récréations, nourrir chez mes élèves la capacité à écouter, à rester attentive et attentif aux autres et à soi. Se dire au revoir c’est se reconnaître, approuver le chemin tracé ensemble et montrer qu’on a confiance en l’avenir. Ce n’est pas facile mais c’est essentiel. C’est un deuil et c’est une renaissance.

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