De l’intérêt d’amener ses élèves au cinéma – Le témoignage d’Aude.

Dans le cadre de notre mois thématique consacré à l’intérêt d’organiser des sorties culturelles pour nos élèves, nous vous livrons aujourd’hui les réponses d’Aude concernant les séances dédiées au cinéma.

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Colette. – Dans quel(s) cadre(s) amènes tu tes élèves au cinéma ?

Aude.-  J’amène mes élèves au cinéma parfois dans le cadre de « collège au cinéma », de festivals comme le festival du film d’histoire de Pessac ou le festival des jeunes réalisateurs de Saint jean de Luz et je n’inscris mes classes que si j’y vois une application pédagogique après la séance qui concerne le contenu, l’histoire du film, le contexte évoqué plus que pour l’analyse filmique ou le travail de critique cinématographique. Je laisse cette dimension, avec laquelle je ne suis pas à l’aise, à mes collègues d’arts plastiques, de lettres ou de philosophie. Je manque souvent de vocabulaire et de techniques pour l’analyse à proprement parlé même si je trouve cela passionnant. Je me sens même parfois handicapée dans ce domaine.

Colette. – Quels sont tes objectifs quand tu organises une sortie au cinéma ? Vises-tu seulement des compétences disciplinaires ou mises-tu aussi sur d’autres compétences (psycho-sociales ou émotionnelles par exemple) ?

Aude. – Jusqu’à présent, et comme je l’ai dit dans la question 1, j’ai besoin, parce que je n’étais pas à l’aise avec ça, d’avoir une porte d’entrée historique, géographique, sociale ou civique. J’ai un rapport au cinéma très particulier :  j’aime l’ambiance des salles feutrées où j’allais quasiment une fois par semaine avec mes parents étant enfant, adolescente et même étudiante, j’aime y pleurer, y rire à gorge déployée, découvrir la délicatesse des émotions de mes compagnons de séance. J’aime beaucoup l’idée de pleurer ensemble et l’image m’a toujours permis d’éprouver certaines émotions plus facilement qu’avec un livre. Cette mise à nu qu’offre la salle de cinéma me rend toujours un peu gauche quand les larmes ou la stupeur, ou la peur (les doigts plantés dans le bras de mon mari durant tout le visionnage de Dunkerque...) ou la tristesse m’envahissent. J’espère encore, mais de moins en moins, que les élèves n’ont pas perçu tous les sentiments qui ont pu me traverser d’ailleurs, même si je me laisse de plus en plus aller même en leur présence. Il est donc pour moi très compliqué de travailler les compétences socio-émotionnelles à partir de séance avec mes élèves même si je ne doute pas que les films choisis évoquent chez eux des sentiments, des avis, mais je les leur demande très rarement lors du retour de la séance.

Bref je m’égare ! Donc pour répondre à tes questions, l’objectif reste avant tout disciplinaire même si je reconnais que parfois c’est un peu tiré par les cheveux. je me souviens du visionnage de Phantom boy où j’avais préparé un questionnaire sur les droits des enfants, le traitement de la ville dans le dessin animé, sur l’espace vécu d’un enfant malade (lien avec la ville de l’inclusion des handicapés) alors que les élèves ne voulaient me parler que de cet enfant malade, de la capacité de résilience… Aujourd’hui, je le traiterais proprement bien différemment.

 

 

Colette. – Qu’est-ce que ce genre de support- le film –  apporte à l’enseignement de ta matière ?

Aude. – Du concret. Je pense notamment à des films mémorielles sur le génocide juif ou sur la première guerre mondiale ou encore sur des espaces lointains. Par exemple, j’aime beaucoup travailler Himalaya, l’enfance d’un chef pour les espaces à fortes contraintes. D’abord parce que le film est esthétiquement magnifique puis on voit bien que même aujourd’hui, dans certains lieux l’homme ne peut pas s’affranchir de la contrainte climatique ou de relief.

Ensuite une ouverture sur l’ailleurs, une meilleure compréhension du monde et enfin un regard critique. Là aussi je pense à des films comme Good Morning Vietnam réalisé en 1987 où on évoque les pacifistes américains, la contre culture, la place de cette guerre dans la mémoire américaine, la difficulté d’en parler 15 ans après aux Etats-Unis…

Colette. – Ferais-tu une différence entre ce qu’apporte la fiction et le documentaire ?

 Aude. – Dans ma discipline, plus que jamais. On utilise les deux, et j’aime beaucoup d’ailleurs évoquer le traitement de l’évènement ou du lieu à travers le documentaire et leur montrer que même là le réalisateur fait des choix et qu’il faut avoir un esprit critique sur l’image. J’ai tendance à travailler l’esprit critique bien plus sur un documentaire que sur une fiction. Je pense notamment aux documentaires Home de Yann Arthus Bertrand, sublime, qu’on a beaucoup utilisé en géographie mais qui a une empreinte carbone importante. J’aime bien aussi utilisé les documentaires Apocalypses et les comparer aux images de l’I.N.A non recolorisées afin de voir que les mêmes images n’ont pas forcément le même traitement documentaire.

La fiction permet souvent de rentrer dans un sujet de manière moins dramatique parce que justement l’élève espère que ce ne soit pas vrai ou exagéré et ensuite on compare à des témoignages ayant une portée historique.

Colette. – Peux-tu nous raconter ta dernière sortie cinéma ?

Aude. – Je suis allée voir Les meilleures au cinéma. Ce film raconte l’histoire d’une jeune fille qui découvre son homosexualité et sa première histoire d’amour homosexuelle dans une banlieue parisienne. La réalisatrice était présente et j’ai trouvé le débat bien plus intéressant que le film en lui même. Les élèves étaient très touchés parce que le traitement du film était à leur portée, c’était un sujet par lequel ils se sentaient concernés : le coming out, l’influence des réseaux sociaux,… Ils ont aussi étaient très attentifs au traitement artistique du film et je ne m’y attendais pas du tout. J’ai été très émue parce que c’était ma première sortie au cinéma au lycée et j’ai trouvé justement qu’il y avait de la part des élèves une plus grande expression de ce qu’ils avaient ressenti lors de la projection du film.

Colette. – Quelles notions as-tu pu travailler avec tes élèves grâce à cette sortie ?

Le film m’a permis de travailler le repli sur soi et la nécessité de l’interconnaissance dans la consolidation des liens sociaux au sein de la société française, dans le cadre du programme d’E.M.C de première. Lors des deux séances de retour sur le film on a évoqué à la fois la question des LGBT+ mais aussi de la vie dans les quartiers défavorisés des grandes villes qui leur est complètement inconnu depuis la côte basque.

Colette. – As-tu adopté une démarche pédagogique particulière à cette occasion ? Si oui laquelle ?

J’avais demandé aux élève de faire la critique du film avec l’analyse filmique, ce qu’ils avait aimé pas aimé et pourquoi conseilleraient-ils le film à un camarade. Ensuite en classe, ils ont du répondre à des questions sur le fond qui portaient sur le quartier (une description de paysage), les personnages ou les lieux du films qui évoquent l’état, la cohésion sociale à la française (la MJC, l’école, le travail…) des questions sur la place des réseaux sociaux dans leur vie d’adolescents et le rôle que peut avoir leur utilisation dans une démarche de repli sur soi. On a ensuite débattu sur les décisions que le personnage principal avait pu prendre pour ensuite arriver à l’idée de la nécessité de respecter les différences, de développer l’interconnaissance et nous finissons ce cycle par la réalisation de brochures de sensibilisations sur des causes ou des groupes de personnes qui peuvent connaître un repli sur soi ! Des thèmes ont émergés comme les LGBT, mais aussi les personnes âgées, les SDF, les enfants battus…Je récupère d’ailleurs les brochures vendredi !

Les sorties cinéma : se former le regard … et le coeur !

Comme vous l’aurez compris depuis le début de ce blog, on aime bien les mois thématiques alors en ce mois de Janvier, on va explorer le thème de la sortie culturelle au cinéma.

Avec Colette, on adore aller au cinéma avec nos élèves depuis déjà très longtemps. Comme vous vous en doutez, au cinéma, comme dans nos classes, on a vécu de grands moments d’émotions avec nos élèves. Il était donc important pour nous de vous présenter nos top 3 à chacune.

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En ce qui me concerne, la première claque cinématographique en milieu scolaire a eu lieu avec La Vague de Denis Gansel sorti en 2008.

Le film s’appuie sur l’essai de Todd Strasser. L’enseignant Mr Winckel propose de faire comprendre la notion d’autocratie par l’expérience à ses élèves. Il fait le pari qu’au bout d’une semaine tous les élèves auront basculé dans l’autocratie en appliquant les moyens de soumission et de propagande caractéristiques des régimes autoritaires.

Pourquoi  ce film a- t-il été important dans ma carrière ? Parce qu’il a suscité une véritable réaction chez mes élèves : de la curiosité, mais aussi de la colère  et un vrai débat, certes autour de l’autocratie et des chapitres comme le totalitarisme mais aussi sur l’école, la place de l’enseignant, la responsabilité qu’il a dans ses choix pédagogiques. A quel moment est-on démagogique ? A quel point, l’enseignant que nous sommes, fait-il ce métier là parce qu’il est gratifiant, parce qu’on a une certaine reconnaissance, qu’il peut parfois flatter notre égo ?  Je ne peux m’empêcher quand je mène un projet dans lequel je m’éclate clairement d’un point de vue pédagogique d’avoir parfois des moments auto-réflexifs justement pour me demander si tous les élèves s’y retrouvent, en apprennent quelque chose, en tirent une satisfaction, du plaisir… C’était donc extrêmement chouette d’aboutir à ces questionnements qui n’étaient au départ pas l’objet du visionnage. Je me rappelle d’ailleurs qu’il était dans une sélection pour sensibiliser les élèves à la notion de harcèlement. Donc vous l’aurez compris, La Vague a de multiples facettes et il peut être étudié sur le plan historique, mémoriel, civique mais aussi social.

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Pour le deuxième film, il s’agit des Enfants loups de Mamoru Hosoda sorti en 2012, il était il y a maintenant six ou sept ans dans la sélection de « Collège au cinéma » des sixièmes-cinquièmes.

D’abord c’est un film très poétique, dans son utilisation géographique, je l’avais utilisé pour la notion d’habiter un espace de faibles et fortes densités dans l’ancien programme mais moi je garde de ce film un souvenir maternel. La force de cette maman qui a des enfants loups qu’elle ne comprend pas toujours mais qui fait le choix de vivre en forêt pour qu’ils s’épanouissent et choisissent leur vie, leur chemin. J’ai des jumelles et j’essaie toujours d’être cette maman qui guide, qui propose un cadre de vie, des activités, conseille, donne un modèle de façon de vivre mais elles choisiront la voie qui leur convient tant qu’elles seront épanouies, je ferais en sorte d’accepter leurs choix de vie. En tant qu’enseignante, je trouve toujours important d’aiguiller aussi les parents vers cette écoute, cette idée que l’enfant prend à un moment donné une voie dont on ne maîtrise pas tous les obstacles et embûches, parfois on ira le relever et parfois non, il faut savoir accepter de lâcher la main, que l’enfant ose prendre un risque même si il nous fait très peur et nous angoisse, il faut apprendre à écouter son intuition pour qu’il soit heureux. C’est donc un film sur la parentalité et l’un de mes conseils aux parents parfois perdus c’est de leur dire on fait comme on peut et non comme on veut parce que votre enfant, il a son caractère, ses droits, c’est une personne et un adulte en devenir à qui il faudra lâcher la main !

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Mon dernier coup de cœur c’est Tomboy de Céline Sciamma sorti en 2011. C’est l’histoire d’un enfant de 10 ans qui a été élevé sans stéréotype de genre qui joue au foot et a des poupées, aime conduire des camions et danser avec sa sœur.

Les 12 premières minutes sont extraordinaires a utilisé en cycle 3 et même quand ils sont plus grand. Leur étonnement à ce moment là du film, leur réaction, leur colère, leur dégoût, leur empathie, leur pitié,… Toutes leurs émotions, il faut toutes le relever, il faut les déconstruire, quel formidable moment de débat, de discussion et de tolérance. Oui quand vous visionnez Tomboy avec vos élèves, vous œuvrez pour la tolérance, vous enseignez l’amour et le respect, l’ouverture d’esprit et vous invitez les élèves à réfléchir sur l’éducation qu’ils ont reçu parfois même pour la première fois, ils ‘interroge sur les activités qu’ils font, les cadeaux qu’on leur a offert, les réflexions de leur parents et c’est toujours un incroyable moment pédagogique.

Je laisse maintenant Colette vous parler de ces trois films préférés. Quant à moi, je pars à la recherche d’autres films qui pourraient animer mes cours et des moments privilégiés avec mes élèves.

Aude

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A mon tour !

Les sorties culturelles ont très vite fait partie intégrante de ma pédagogie, dès mon année de stage, d’autant plus que j’enseignais dans la ville du Festival de la BD et que ma participation à cet évènement littéraire quelques années plus tôt avait auréolé cette ville d’une lumière particulière en terme de culture. Enseignante en lycée lors de mon année de stage, j’ai inscrit ma classe de seconde à « Lycéens au cinéma ». Un des films les plus marquants parmi ceux visionnés cette année là fut Shining de Stanley Kubrick.  Nous étions allés à pieds (!) au cinéma du C.N.B.D.I, ce qui déjà en soi me paraît être un évènement quand je vois combien il est compliqué de rejoindre un lieu culturel maintenant que j’enseigne en milieu rural. Je ne connaissais pas le film. Comment dire à quel point j’ai été surprise que l’on propose un film d’horreur psychologique à des élèves de 15 ans ! Mais ce fut ma première expérience d’analyse de l’image mobile et je me souviens que j’ai adoré partir de ce film là, si perturbant, aussi bien en terme de narration que d’esthétique, pour débattre avec mes élèves autour du traitement de l’angoisse sur grand écran. Nous avions organisé un débat interprétatif, format que j’ai ensuite gardé à chaque retour du cinéma, que ce soit avec des lycéens ou des collégiens.

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Le film que j’ai le plus étudié en classe depuis sa sortie est le film La Vie scolaire de Grand Corps malade et Mehdi Idir dont j’ai déjà parlé ici. En effet ce fut la première sortie au cinéma que j’organisais de A à Z en dehors du dispositif « Collège au cinéma ». En 2019, nous étions allés le voir au cinéma avec 4 classes de 3e dès septembre car se joue dans ce film une sorte de mise en abyme de la situation de nos élèves : la rentrée en 3e et son angoissante question de l’orientation. C’était aussi l’occasion de travailler la perception de différents territoires et de ce qui s’y joue, entre le collège rural de Haute-Gironde où étudient nos élèves et le collège de la cité des Francs-Moisins à Saint-Denis où évoluent les personnages principaux du film. Pour la première fois, je consacrais toute une séquence à l’analyse d’un film : analyse d’affiches, horizon d’attente, bande-annonce, scène d’ouverture, plan séquence, lecture de paysage et lecture analytique des chansons qui tissent la bande originale du film, le cinéma c’est aussi l’occasion de multiplier les supports d’analyse et d’aiguiser son esprit critique.

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Mais mon chouchou de tous les temps, c’est le film Billy Elliot de Stephen Daldry sortie en 2000 que nous avons vu avec des élèves de 6e dans le cadre de « Collège au cinéma ».

Non seulement pour les débats incroyables que ce film génère sur l’éducation, les préjugés liés au genre, l’amitié, la famille, la fraternité, le travail, le pouvoir de la grève, l’art, le parcours de vie, les relations adultes-enfants, mais surtout parce que ce film est une pure merveille pour faire toucher du doigt cette notion si importante en analyse littéraire et cinématographique : l’implicite ! Car tout est à déchiffrer dans ce film qui met à l’honneur des personnages masculins particulièrement taciturnes ! Sans cesse l’image, le mouvement nous invitent à nous interroger sur les motivations des personnages et les liens qui les unissent sans que jamais ils ne le revendiquent. Car oui, j’ai une tendresse particulière pour ces amours qui nous traversent mais ne se disent jamais. Vous savez cet amour dont il ne faut absolument pas dire le nom mais qui unit, par exemple, chaque enseignant.e à ses élèves.

Colette.

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Que nous souhaiter en 2022 !

A nous enseignant.e.s, que nous souhaiter en 2022 ?

J’aurais pu réclamer à corps et à cris des postes et moins d’élèves en classe. Des classes mobiles et flexibles. Des moyens supplémentaires !

Pour faire référence au contexte de cette rentrée, j’aurais pu demander des masques FFP2, des auto-tests avec des écouvillons, du gel hydroalcoolique et compagnie !

Mais en fait je vais nous souhaiter de la passion, de l’amour et de la tendresse.

Oui de la passion, pour notre métier, notre mission, notre discipline afin d’avoir des idées, d’avoir la capacité de rebondir, de nous adapter au contexte sanitaire puis à ce monde qui change. Je vous invite d’ailleurs à suivre, à lire, à écouter ce qui concerne l’enseignement en Anthropocène ! La passion nous permettra d’être toujours à la hauteur de la mission qui nous incombe au sein de notre cité, probablement la plus noble, celle de former les citoyennes et les citoyens de demain !

De l’amour pour nos élèves : on a eu beau me répéter qu’il ne fallait pas les aimer trop fort,  je ne sais pas faire autrement ! J’aime mes élèves, j’aime être le témoin de ce qu’ils vont devenir. L’année 2021,  si je devais en faire un bilan, m’a permis de travailler les compétences socio-émotionnelles et l’estime de soi de mes élèves et quel bonheur d’entrapercevoir leur cœur. Alors je vous souhaite de vous ouvrir à ce travail là avec vos élèves ou de continuer à l’explorer si besoin !

De la tendresse pour nous, pour vos collègues. Je vous souhaite de parsemer la salle des profs de douceurs, de petits bonbons dans les casiers, d’affiches pour décorer vos casiers, d’attentions de « Secret Santa », de galettes et de mots doux. Nous en avons plus que besoin !

Meilleurs vœux pédagogiques ! Haut les cœurs et force et courage pour cette année 2022.

Et bien sûr, de la passion, de l’amour et de la tendresse !

Aude.

 

 

Commencer l’année avec des « fortune cookies » !

Commencer cette année 2022 encore au milieu du covid sous nos masques de papiers et les mains empéguées par le gel hydroalcoolique me pousse encore une fois à créer un lien hors programme avec mes élèves et depuis l’an dernier je leur souhaite une bonne année, je leur donne tous mes voeux de bonheur. Alors comme pour les calendriers de l’avant, on vous propose le petit tutoriel si le cœur vous en dit de faire la même chose.

1. D’abord fabriquer des cookies fortune en Origami.

2. Puis glisser à l’intérieur des souhaits. A l’intérieur, personnellement, je glisse les vœux de Jacques Brel mais là on fait comme on veut, on peut personnaliser aussi.

« Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques uns. Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer et d’oublier ce qu’il faut oublier. Je vous souhaite des passions, je vous souhaite des silences. Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil et des rires d’enfants. Je vous souhaite de respecter les différences des autres, parce que le mérite et la valeur de chacun sont souvent à découvrir. Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à l’indifférence et aux vertus négatives de notre époque. Je vous souhaite enfin de ne jamais renoncer à la recherche, à l’aventure, à la vie, à l’amour, car la vie est une magnifique aventure et nul de raisonnable ne doit y renoncer sans livrer une rude bataille. Je vous souhaite surtout d’être vous, fier de l’être et heureux, car le bonheur est notre destin véritable. »

Les vœux de Jacques BREL, 1er janvier 1968 (Europe 1)

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Je vous souhaite de belles retrouvailles avec vos élèves, et de créer des liens indéfectibles avec eux.

 

S’écrire à soi même, rituel de passage.

Il est un livre que j’aime partager avec mes élèves de 3e à n’importe quel moment de l’année. Mais tout particulièrement en Janvier. Ce livre c’est Lettres à l’ado que j’ai été, un collectif sous la direction de Jack Parker. Dans ce livre 28 auteur.e.s jouent le jeu du voyage dans le temps et écrivent à leur moi adolescent des années en arrière. Pour le conseiller, le rassurer, lui dire ce qui changera. Lui dire ce qui ne changera pas. Ce livre remporte toujours un franc succès. On me demande souvent de le prêter. Il y a quelque chose d’universel, d’intemporel dans ses voix qui se livrent en quelques mots.

Je leur lis le début de la lettre de Navie :

« Chère Virginie, ou plutôt chère Momo, parce que tu as quinze ans et que les seules personnes qui t’appellent « Virginie » ce sont les adultes et c’est jamais bon signe.

Ça fait des années que tu fantasmes sur ta vie future. Tu n’arrêtes pas d’imaginer où tu seras dans dix ans, mais surtout avec qui. C’est comme si tu n’avais pas peur de ton avenir professionnel, comme si tu savais, instinctivement, que ça ne serait pas le plus gros challenge. C’est comme si tu avais cristallisé toutes les angoisses de la terre, en un seul endroit, l’amour.

En ce moment, Momo, je vois un psy et nous parlons beaucoup de toi. C’est une chance que de pouvoir parler, j’ai des choses à te dire. De celles qui ne changeront pas le cours des choses, je n’aime pas les paradoxes temporels, mais qui t’aideront à être un peu plus solide.

Depuis toujours, ce qui t’anime c’est de savoir si, plus tard, tu vas aimer et surtout si tu vas être aimée. J’adorerai te rassurer, te dire que tu n’es plus comme ça, que l’amour n’est pas ton tout, ton centre, mais ce serait mentir. Tu oublies encore trop souvent d’être le sujet de ton amour. »

Et puis l’année dernière, j’ai proposé à mes élèves le jour de nos retrouvailles en Janvier, de s’écrire à eux-mêmes. Mais à eux-mêmes dans un an. Les invitant à faire le voyage temporel dans l’autre sens. Pendant 30 minutes, ils et elles ont écrit à celui, à celle qu’il ou elle serait 12 mois plus tard.

Je garde la liasse des 20 lettres de mes 3e B depuis un an sur mon bureau. Et mon premier geste pédagogique, le lundi 3 janvier, ce sera de poster ces 20 lettres.

Être sa propre surprise.

Un cadeau à soi même pour commencer l’année.

 

Le calendrier de l’avant-Noël « Zéro déchet » – mode d’emploi

En 2018, avec ma work wife si inspirante, nous avons eu envie de proposer à nos élèves de 6e de fabriquer un calendrier de l’avant Noël zéro déchet pour impulser 24 petites initiatives écologiques dans leur vie quotidienne et surtout lancer la réflexion d’une plus grande sobriété dans leur milieu familial et amical.

Aujourd’hui on vous livre le mode d’emploi !

Mode d’emploi de votre calendrier ZD

  • Découper les 24 défis Zéro déchet ci-dessous.
  • Les plier, les rouler, les attacher avec un joli fil ou un ruban un par un.
  • Les glisser dans un bocal en verre que vous avez récupéré chez vous.
  • A partir du 1er décembre, chaque jour vous tirez un petit papier au hasard et vous relevez le défi du jour !
  • Pour chaque défi relevé, prendre une petite photo ou glisser ses notes dans son carnet  « Aux arbres, citoyens » !

 

  • Colle un « Stop Pub » sur la boîte aux lettres de ta famille ! Tu en trouveras à imprimer sur le site de la Famille Zéro déchet.  Photographie ta BAL !
    Prépare un dîner avec des légumes et/ou des fruits de saison pour toute ta famille. Photographie ton plat !
    Éteins les lumières derrière toi tout au long de la journée !
    Qu’est-ce que la 6e extinction de masse ? Fais une petite recherche. Note le résultat dans ton téléphone ou dans ton porte-vue « Aux arbres, citoyens ! »

    Chronomètre ton temps de douche : combien de temps mets-tu ? Note ton temps dans ton porte-vue « Aux arbres, citoyens ! »

    Prépare un sachet de graines récupérées sur les fruits et légumes que ta famille consomme  pour la grainothèque du CDI.
    Installe un moteur de recherche solidaire (Lilo ou Ecosia) sur ton téléphone ou l’ordinateur de ta famille.
    Fabrique un calendrier des fruits et légumes de saison. N’oublie pas la petite photo !
    Écoute « Monsieur Toulmonde » d’Aldebert. Qu’en penses-tu ? Note tes impressions dans ton porte-vue « Aux arbres, citoyens ! »
    Découvre la biographie de Pierre Rabhi. Fais une petite recherche. Note le résultat dans ton téléphone ou dans ton porte-vue « Aux arbres, citoyens ! »
    Regarde la bande-annonce du film documentaire « Demain » de Cyril Dion et Mélanie Laurent. Quel est le thème de ce film ? Note ta réponse dans ton porte-vue « Aux arbres, citoyens ! »
    Emballe les cadeaux de Noël dans du papier recyclé ou du tissu. N’oublie pas la petite photo !
     Trouve un tutoriel pour fabriquer un sac de courses sans plastique. Fabrique-le si tu en as envie avec un vieux T-Shirt. N’oublie pas la petite photo !
    Télécharge l’appli « 90 jours pour sauver le monde » sur ton téléphone ou ta tablette !
     Mets des serviettes en tissu sur la table ce soir ! N’oublie pas la petite photo !
    Regarde la vidéo « qu’est-ce que le changement climatique » de 1 jour 1 question. Qu’as-tu compris ? Note-le dans ton porte-vue « Aux arbres, citoyens ! »
    Qu’est-ce que l’obsolescence programmée ? Fais une petite recherche. Note le résultat dans ton téléphone ou dans ton porte-vue « Aux arbres, citoyens ! »
     Trouve 3 sources d’énergie renouvelable. Fais une petite recherche. Note le résultat dans ton téléphone ou dans ton porte-vue « Aux arbres, citoyens ! »
    Trouve les 5 principes du Zéro Déchet. Note-les dans ton téléphone ou dans ton porte-vue « Aux arbres, citoyens ! »
    Eteins complètement téléphone, tablette, ordinateur la nuit. Tu économiseras beaucoup d’énergie.
    Qu’est-ce que la Surfrider fondation ? Note tes découvertes dans ton téléphone ou dans ton porte-vue « Aux arbres, citoyens ! »
    Fais la liste de trois gestes que tu peux faire dans la journée pour économiser l’eau.
    Fais la liste de trois gestes que tu peux faire pour éviter le gaspillage alimentaire à la cantine ou à la maison.
    Qu’est-ce qu’un vide grenier ? Y-en-a-t-il un près de chez toi cette semaine ? Quand ?

    A vous de jouer !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais pourquoi donner des calendriers de l’avant à nos élèves?

Colette a démarré les chroniques du mois de Décembre par le bienveilleur invisible réalisé l’an dernier lors de la sédantarisation des classes. En ce qui me concerne, l’an dernier à la même période, j’ai développé le calendrier de l’avant (non il n’y pas de fautes, laïcité oblige, il s’agit d’un calendrier de l’avant vacances de Noël). J’avais moi aussi le besoin de créer du lien avec mes élèves et la géographe que je suis,  a aussi eu envie de les amener hors les murs de la classe!

Alors, je leur ai demandé de prendre un cahier et d’en faire un carnet de voyage et on est parti avec mes 6ème, à la découverte des sites classés patrimoine mondial de l’UNESCO et avec mes troisième pour un road trip aux Etats-Unis en 12 étapes.

je vous laisse les liens ici si le cœur vous en dit de suivre ses périples.

Pour les troisième, les élèves avaient donc un carnet de voyage à me rendre dans lequel il racontait au moins 4 étapes sur les 12 et pour les 6ème, j’avais organiser un rituel de présentation en plus de leur carnet de voyage. On pourrait se dire mais quel est l’intérêt c’est hors programme, et bien d’abord justement comme ce n’est pas le programme, certains élèves s’en emparent bien plus et ils travaillent sans se rendre compte de nombreuses compétences essentielles dans la réussite au collège, écrire pour communiquer, se repérer dans l’espace, compléter des production graphiques, communiquer à l’oral,…

https://download.pearltrees.com/s/pic/or/-258202821?pearlId=414104537

https://download.pearltrees.com/s/pic/or/-258202820?pearlId=414104536

https://download.pearltrees.com/s/pic/or/-258202819?pearlId=414104535

Ensuite ce sont des moments où l’on crée du lien, ils aiment, ils adorent, ils rêveraient d ‘y aller en vrai, ils ont peur de l’avion,…. toutes ces phrases lâchées là qui nous permettent de mieux connaître nos élèves et d’humaniser un peu plus en cours nos heures de cours. Bref, on perd du temps sur le sacro saint programme mais on y gagne tout à côté.

Cette année, il est incomplet parce qu’il est en cours de découverte et c’est pour moi assez compliqué de communiquer dessus auprès de mes élèves, en plus de tout le reste, il s’agissait d’en faire un sur la réduction des déchets et la découverte des objectifs du développement durable, je le garde sous le coude et essaierai de mieux l’exploiter l’an prochain en y faisant participer des élèves à sa réalisation.

Je vous propose ici d’autres calendriers vus chez des collègues tout aussi chouettes

Celui de Soline sur le blog s’éveiller et s’épanouir

Celui d’Amandine sur le blog la légèreté des lettres

et celui de Pimp my class qui est professeur des écoles. qui est un peu différent parce qu’il est sur une période avec des rituels mais on peut l’adapter avec des défis dans le secondaire;)

Je vous souhaite une belle dernière semaine de cours avant les congés de Noël et c’est donc le moment de mettre quelques paillettes dans nos classes!

Chronique pédagogique – Les Anges gardiens

Aujourd’hui, je partage avec vous un article écrit l’année dernière à la même époque. Peu de choses ont changé. Mais on rejouera le jeu des anges gardiens.

Colette

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Cette année est vraiment particulière.

A l’école aussi.

Toute la journée, de 6 à 65 ans, avancez masqué.e.s !

A chaque début de cours, les mains désinfectez !

Toutes les sorties scolaires, annulez ! .

Les projets ? Renoncez !

Les classes ? Sédentarisez !

Les cours de récréation ? Morcelez !

Alors, nous, dans l’ombre des protocoles et de nos ordinateurs à 150 €, on coud comme on peut de toutes petites miettes de rêve, d’espoir.

On bricole des petits bouts de papier trempés de larmes silencieuses.

On glisse de la douceur, de l’écoute, un brin de folie anachronique dans les moments que l’on partage avec elles, avec eux, petit.e.s d’Homme au coeur grand mais tourneboulé par ce qui fait leur actualité.

On ose parler d’amour, oui, là en classe.

L’amour de l’autre.

Là, l’autre, celui que tu ne peux plus embrasser, caresser, effleurer.

Celui dont on ne voit que les yeux.

Dont on devine à peine le menton, les lèvres, le nez sous l’affreuse peau de papier.

Dont on fantasme les traits.

Que l’on voudrait étreindre de nos sourires cachés.

Alors on propose de jouer le jeu.

Le jeu des anges gardiens.

Oui… en attendant….

En attendant, soyons ça, les un.e.s pour les autres…

Des anges gardiens.

Parler des émotions avec nos enfants et nos élèves

Aujourd’hui, pour finir notre mois sur les émotions, nous avons décidé, comme le mois dernier sur la philosophie, de partager avec vous nos ressources. On les a souvent expérimentées avec nos enfants avant de le faire avec nos élèves.

Le point de vue d’Aude

La première fois que j’ai abordé la question de l’expression des émotions avec mes filles, j’ai utilisé ce livre extrêmement connu aujourd’hui décliné en jeu, en d ‘autres albums, en multitudes de ressources pédagogiques puisque de nombreux enseignants, surtout du premier degré, s’en sont emparés. Il s’agit  de La Couleur des émotions d’Anna Llenas. Ce monstre change de couleurs en fonction de ce qu’il ressent et c’était un très chouette outil pour mettre des mots sur ce que ma fille ressentait quand elle était plus jeune. On  avait adoré d’abord le graphisme et le coloriage version gribouillage. Juste au départ 6 émotions – la joie, la tristesse, la peur, la sérénité, l’amour et la colère – représentées chacune par une couleur. On l’a lu et relu pour débriefer du retour de l’école quand elle avait besoin de raconter et de poser tous ces états comme je lui disais

La couleur des émotions - HOPTOYS

Colette, je sais que tu l’as beaucoup utilisé avec tes enfants, qu’en penses tu ? As tu exploité d’autres albums du même auteur ou des ressources réalisées par des enseignants à partir de cet album ?

Je me rappelle très bien avoir découvert cet album lors d’un de nos premiers casiers surprises (il faut qu’on écrive un article sur cette très belle initiative un jour prochain). J’ai particulièrement adhéré au graphisme et aux choix narratifs : le dialogue entre l’enfant et le monstre mime le dialogue intérieur que cet album nous invite à entreprendre à chaque fois qu’une émotion puissante nous submerge. Ce qui fait de cet album une véritable réussite c’est que non seulement il aborde avec simplicité un thème de psychologie mais il le fait avec poésie. Les nombreuses métaphores utilisées pour décrire les symptômes provoqués par les différentes émotions sont particulièrement évocatrices. C’est une dimension du travail d’Anna Llenas que j’ai eu plaisir à retrouver dans deux autres de ses albums :

et le merveilleux :

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Dernièrement avec l’entrée au collège, j’ai du gérer le stress et la confiance en soi et on a utilisé deux carnets avec des petits exercices ou activités à l’intérieur. Il faut dire que je suis personnellement assez friandes de ce genre d’ouvrages. Je vous en présente deux.

La confiance en soi d’Isabelle Filiozat

Il s’agit d’un cahier d’activités très simple avec des illustrations, à mon sens très poétiques à tel point qu’on a mis du temps à oser découper à l’intérieur. Je le précise parce que cela était un frein dans la mesure où ma deuxième fille était très demandeuse d’activités à l’intérieur et je m’attachais toujours à en faire des photocopies avant, que je ne faisais pas et au final on l’ assez peu utilisé et maintenant nous regrettons toutes les 3. Mes Jujux se trouvent désormais trop grandes pour ce carnet.

Au delà de la confiance, ces activités menées en famille permettent de libérer la parole, d’argumenter, de s’écouter et de ne pas juger l’autre et de développer du coup un vocabulaire autour des émotions de la peur, de l’anxiété, de l’amour, de ce qui rend joyeux, de ce qui apaise,…. Il en existe plusieurs mais que nous n’avons jamais utilisés sur les émotions, la colère et les peurs aussi.

Colette as tu déjà utilisé ou offert ces ouvrages ?  Qu’en penses tu?

Comme vous, on a acheté La confiance en soi mais comme vous, nous n’avons pas osé l’utiliser. Par contre, quand mon fils aîné a traversé une mauvaise période de doute et de remise en question de ses capacités vers 9 ans, je lui ai proposé de correspondre à travers un joli cahier de ma précieuse collection. Je déposais le cahier sous son oreiller le matin, il pouvait y lire toutes les petites fiertés qu’il avait fait naître dans mon cœur dans la journée et il faisait de même à son tour et cachait le cahier sous mon oreiller le soir. Cette correspondance secrète nous a permis de regagner en sérénité. Les petits cahiers sont des outils d’apaisement incroyable quand l’enfant est entré dans l’écriture positivement.

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Enfin, en cherchant sur internet, j’ai trouvé celui-ci qui est construit comme un journal intime dans lequel on peut se décharger de ces émotions négatives et libérer notre créativité.

Il ne s’agissait pas de  celui-ci mais de Saccage ton carnet que les filles n’ont absolument pas utilisé parce qu’il nécessite une utilisation régulière auquel mes jujux ne s’astreignent pas. Bon parfois en tant que parents, on fait des choix et ce n’est pas toujours les bons c’est comme ça, il faut savoir aussi écouter les enfants.

Je laisse maintenant la plume à Colette qui a expérimenté plus d’outils que moi notamment en classe. Bonne lecture !

Le point de vue de Colette

Bien évidemment, c’est souvent par les livres que j’aime à aborder les rives d’un sujet inconnu. Avec mon fils cadet particulièrement réceptif à ses propres émotions et à celles des autres, on a souvent lu les livres d’Anthony Browne qui permettent des mots sur ce que l’on ressent.  Tout petit c’est Parfois je me sens… qui a eu un franc succès. Au fil des pages, le petit singe, héros de l’histoire, décline les différentes émotions qu’il peut ressentir. Les illustrations d’Anthony Browne, avec une grande économie de moyens, permettent aux plus jeunes de retrouver toutes ces situations quotidiennes qui le plongent en lui même au coeur d’émotions agréables ou désagréables.

Plus grand, ce sont les aventures de Marcel qui nous ont subjugués. Notamment, à travers l’album Marcel et le nuage qui permet d’évoquer avec beaucoup de poésie et de subtilité l’état de tristesse qui peut s’abattre sur nous sans raison.

Enfin, un de nos classiques préférés, Billy se bile, permet d’évoquer les situations de peur, d’angoisse qui peuvent parfois nous paralyser et surtout d’y trouver des solutions à travers la très belle tradition des poupées tracas du Guatemala.

Les jeux aussi permettent d’aborder cet terra incognita qui fait notre monde intérieur. L’un de nos préférés est La météo des émotions inventé et créé par Clerpéé éditions, une micro-structure située à Nantes qui a misé sur le beau ! Plusieurs règles du jeu accompagne les magnifiques cartes de l’artiste fabriquées avec grand soin en France sur un carton particulièrement agréable à toucher. Notre jeu préféré est de tirer une carte au sort et d’imiter l’expression du visage dessiné sur la carte pour le faire deviner aux autres.

Pour terminer cet article j’évoquerai le livre Aidez votre enfant à développer son empathie, exercices et outils pour apprendre à se mettre à la place des autres de Stéphanie Couturier avec les délicates illustrations d’Adéjie.

Parmi les outils proposés, j’utilise régulièrement le bol des émotions en classe lors du cours dont je parlais la semaine dernière sur le vocabulaire des émotions. Je note toute une série d’émotions sur de petits cartons que je mets ensuite dans un bol. Chaque îlot tire au hasard un petit carton et un élève bénévole raconte un souvenir, une anecdote en rapport avec l’émotion tirée au sort qu’il racontera au groupe sans la nommer pour la faire deviner. Et ainsi inviter les autres à entrer en empathie. Je suis à chaque fois impressionnée par la capacité de mes plus jeunes élèves à jouer le jeu de ces confidences émotionnelles. Quelque chose est en train de changer, j’en suis certaine !

Mettre des mots sur ses émotions.

Quand j’ai commencé à utiliser le message clair en cours, une chose m’a tout de suite frappée : les élèves étaient particulièrement motivé.e.s pour essayer d’exprimer leur besoin mais elles/ils ne parvenaient pas toujours à trouver les bons mots pour cerner l’émotion désagréable qui les assaillait. Alors j’ai décidé d’intégrer l’enseignement du vocabulaire des émotions à mes cours de langue.

La jubilation

l’euphorie

l’enthousiasme

l’allégresse

l’affliction

le tourment

le chagrin

l’agacement

l’irritation

l’énervement

la crainte

l’angoisse

la terreur

sont autant de mots pour dire ce qu’on ressent

pour montrer à l’autre le chemin jusqu’à ce qui nous anime

nous agite

nous brouille les pistes

ou illumine notre horizon.

Ces mots sont essentiels pour apprendre à mieux se connaître, s’observer, s’envisager et s’aimer tout entier.

Et une fois que l’on s’aime soi, aimer les autres parce qu’ils sont ce qu’ils sont.

Mais cet apprentissage est difficile car il implique une règle fondamentale qui hélas n’est pas encore une priorité dans la plupart des familles : considérer l’émotion de l’autre comme légitime (souvent parce que les adultes eux-mêmes ne considèrent pas comme légitimes leurs propres émotions – cercle vicieux imparable !)

Pour cet apprentissage, je fais un détour par l’art. Je montre à mes élèves les tableaux sélectionnés dans ce très beau livre :

Ce livre est une invitation incroyable à l’empathie par le jeu. En effet, je sélectionne quelques tableaux parmi ceux que je préfère auxquels j’associe une consigne d’écriture. A travers chaque œuvre, nous explorons une émotion particulière, ses symptômes, ses effets, ses possibles causes. Par le biais de la fiction, nous apprivoisons nos émotions. N’est-ce pas là toute la magie de l’art ? Plus facile d’accès que la littérature, l’image nous permet cette essentielle « alphabétisation émotionnelle » dont parle si souvent Isabelle Filliozat dont nous parlait Aude la semaine dernière.

Allez, je vous laisse avec une de mes œuvres préférées, une œuvre surréaliste de Man Ray. Et je vous le demande : qu’est-ce qui a pu toucher cette femme au point de geler les larmes au bord de ses cils ?

Larmes de verre, Man Ray, 1936.

 

 

 

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