Le mois de mai sera le mois des fiertés !

Elle s’est avancée vers moi. C’était un vendredi de veille de vacances. Dernière heure de cours. Nous étions en demi-groupe. Elle m’a demandé si je pouvais l’appeler Peter et dire « il » quand je parlerai d’elle. De lui.

J’ai dit « oui » sans réfléchir car le cours devait commencer et que comme toujours, on est embarqué dès que l’on passe la porte de la salle de classe. J’ai dit « oui ». Et j’ai vu le sourire partout sur son visage. Enfin dans ses yeux surtout. Parce que notre histoire se passe en décembre 2020 et que de toute l’année nous ne nous sommes vus que masqués. J’ai dit « oui », j’ai pensé que rien que pour son sourire ça en valait la peine. J’ai dit « oui » mais très vite j’ai compris que ce serait plus compliqué.

Il a fallu en parler à l’infirmière. Il a fallu téléphoner à la famille de Peter. Une fois. Deux fois. Trois fois. Quatre fois. Cinq fois. Il a fallu insister pour rencontrer ses parents. C’est la cheffe qui s’y est collée. Un vendredi soir. Les parents de Peter étaient attendus. Ils ne venaient pas. Alors elle les a appelés. Elle leur a dit très gentiment : « On vous attend ». Ils sont venus.

Ils ont dit que c’était une passade, que c’était normal à l’adolescence, que c’était une étape, que ça passerait. Il a fallu essayer de faire concorder ce qui se passait dans ma salle de classe avec ce qui se passait à la maison.

Il a fallu se parler. S’écouter.

Très sincèrement, je sais que se parler n’a pas suffi…

Alors il a fallu en parler en équipe.

Il a fallu en parler en classe. ça tombait bien parce que cette année là avec cette classe de 6e nous participions au prix de littérature jeunesse de l’UNICEF et nous avions dans la sélection un album, Je suis Camille, qui raconte le nouveau départ d’ une jeune fille transgenre.

Grâce à cet album, Peter a pu parler de lui.

Expliquer.

Demander : « je voudrais que vous m’appeliez Peter. »

Et ses 25 camarades, comme moi, quelques semaines plus tôt, ont répondu « oui ».

C’est avec lui que les questions d’identité de genre sont rentrées dans ma vie. Et qu’elles ne me quitteront plus parce qu’elles m’ont permis d’entendre les autres voix qui appellent. Les voix de Cubby, de Slighty, de Nibs.

Les entendre est une première étape. Pour les accompagner, joyeusement et sincèrement, il faudra que nous soyons nombreuses et nombreux.

C’est pourquoi, ici, le mois de mai sera le mois des fiertés.

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