Des films à l’école, sur l’école, dans l’école !

Depuis plusieurs années, avec plusieurs collègues-amies, on s’est organisé régulièrement des séances de cinéma pédagogique. Parce que les films qui mettent l’école à l’honneur nous tiennent à cœur, nous voulions vous en présenter quelques uns en ce mois de septembre 2021. Voilà donc quelques idées de films qui ont retenu notre attention au fil des ans !

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Dans la vidéothèque de Colette

En 2018, sortait au cinéma, La Vie scolaire de Grand Corps Malade et Mehdi Idir. Pour la fan absolue de Grand corps malade que je suis, cette sortie était déjà un évènement. Mais quand une collègue m’a appris que toute l’équipe venait pour une avant-première dans un cinéma proche du collège où je travaille, alors là ce fut l’hystérie générale 🙂 Alors avec un certain nombre de mes collègues – nos C.P.E, des enseignant.e.s, notre chef, des A.E.D – on a été à l’avant-première ! J’avais même embarqué mes deux enfants, alors que je me doutais bien que certaines scènes ne seraient pas très adaptées à leur âge 🙂 Mais il n’y avait personne pour les garder alors ils en ont profité ! Tout ça pour vous dire que ce film a été un petit évènement dans ma vie de prof à tous les niveaux. Et aussitôt vu, aussitôt programmé dans mes projets de l’année suivante. Et le 10 Septembre 2019, nous avons amené 4 classes de 3e le voir au cinéma. S’en sont suivis de longs débats interprétatifs, mêlant analyse cinématographique et lecture de paysages. Un travail interdisciplinaire géographie-français qui depuis 2 ans rythme mon début d’année.
La Vie scolaire, Grand Corps Malade et Mehdi Idir, 2018.
Ah, oui, le speech ! Alors dans ce film on suit Samia Zibrat, une C.P.E qui vient de changer de région et qui arrive dans le collège des Francs-Moisins, à Saint-Denis en Seine-Saint-Denis, à la rentrée. On découvre au fil des plans, toute l’équipe pédagogique du collège, les assistants d’éducation, la principale, l’équipe enseignante. Personne n’est oublié, caractéristiques intéressante à souligner car les films sur l’école se borne souvent à l’équipe enseignante. Là, c’est ce qui se passe à la vie scolaire qui est mis en avant. Mais c’est aussi surtout ce qui se passe dans une classe de 3e, une classe de 3e comme on en connaît tant, sans option, sans projet, sans… horizon, que les réalisateurs filment. On va s’intéresser alors à un élève en particulier, Yanis. Un jeune qui n’a sa place nulle part et qui en a cruellement conscience. Le film dessine alors une série de scènes du quotidien en entrecroisant de manière poétique le parcours de Samia, CPE, et celui de Yanis, élève de 3e. Les deux personnages sont en quête d’eux mêmes. Et leurs quêtes se répondent. Et c’est ce que j’ai tant aimé dans ce film là : les adultes apprennent aux enfants, les enfants apprennent aux adultes. Bien plus qu’on ne le croit.

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En 2015 sortait au cinéma Les Héritiers de Marie-Castille Mention-Schaar. Toujours inspirée par ma work wife, j’ai regardé ce film pour préparer une sortie scolaire où nous avions eu l’immense surprise de rencontrer l’un des acteurs principaux du film, Ahmed Dramé. Rencontre improbable, généreuse, magique dans un cinéma d’une petite ville de Gironde.

Là encore, il est question de projet. Cette fois c’est la professeure d’histoire d’une classe de seconde peu travailleuse où de nombreuses tensions sont perceptibles, qui décide d’inscrire ses élèves au concours national de la résistance et de la déportation. Le sujet cette année là : « Les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi ». Un sujet qui déjà ne peut laisser le spectateur/la spectatrice indifférent.e. Anne Gueguen, la professeure d’histoire, grâce à sa confiance solide et exigeante en ses élèves, va les accompagner dans leurs recherches, les guidant lors d’une visite du Mémorial de la Shoah ou encore les préparant à la rencontre avec Léon Zyguel, rescapé des camps d’Auschwitz et de Buchenwald. Au fil du film, le groupe se crée, se soude, apprend à coopérer, apprend à chercher, apprend à trouver, à se faire confiance, à faire confiance à l’enseignante, à faire confiance à leur capacité de réussir. Sans parler des connaissances qu’ils accumulent sur cette année là, devenant des spécialistes d’un sujet particulièrement pointu.

Ce film là, en fait on l’a en commun ! Aude l’a découvert grâce à un élève qu’elle avait amené à la commémoration du 6 Juin 44 en présence des présidents américains et français. Au retour, une clé usb déposée sur le bureau, quelques mots : « je ne sais pas si vous connaissez mais il m’a fait penser à vous. » Merci Q….. à vie !

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Dans la vidéothèque d’Aude

D’abord il y a Le Cercle des poètes disparus avec Robin Williams et son innovation pédagogique. Il s’agit du professeur Keating qui est chargé d’enseigner la pédagogie dans un collège prestigieux du nord des Etats-Unis, il va abandonner le bon vieux manuel pour leur faire vivre la poésie, pour leur faire incarner les Lettres, pour vivre l’instant présent. Alors bien sur, ça finit mal mais il y a aussi des élèves qui s’affirment, qui développent leurs points de vue, leurs personnalité, qui vivent ! C’est un des premiers films que j’ai vu et qui m’a fait dire que je serais sans doute à ma place dans une classe. J’étais encore au collège !

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Il y a aussi ça commence aujourd’hui de Bertrand Tavernier avec Philippe Torreton. Cet acteur de la comédie française joue le rôle d’un professeur de Maternelle aussi directeur d’école dans une ZEP dans le Nord de la France. Le film dépeint cette misère sociale que l’on perçoit dans les classes, à peine, et qui peut être si facilement dissimulé par les enfants eux mêmes, puis un jour un regard sur le cuir chevelu, une odeur désagréable, des sanglots, des cris et les valises de problèmes que nos élèves doivent porter, nous explosent à la figure, nous rappellent qu’on ne peut pas ne pas s’impliquer personnellement, qu’on ne peut pas juste enseigner. Ce film qui a maintenant 22 ans met aussi en évidence, l’absence de soutien de la part de la hiérarchie dans les écoles, la solidarité entre les enseignants et enfin l’importance de la pédagogie de projet, j’aime l’idée qu’ils ont de « cabosser la cour de récré de couleurs » pour la kermesse de fin d’année, c’est sans doute grâce à ce film que je n’ai jamais eu peur d’enseigner en R.E.P. J’avais 17 ans et je me souviens être sortie de la salle de ciné en me disant :  » c’est sûr, t’as fait le bon choix ». Quelques années plus tard, je me souviens d’A. en 6ème qui avait une écharpe autour du cou, je lui demandais régulièrement de l’enlever parce que je trouvais qu’il faisait très chaud et à chaque fois, il me répondait avec un grand sourire : « Mais non ça va Madame, je n’ai pas chaud, tout va bien ». Puis un matin A. il n’était plus en classe, il avait été récupéré par son père le soir tard parce que son beau père le maltraitait. Parfois, même 8 ans après je pense à lui et au fait que je n’ai rien vu …

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Et vous, des films à l’école, sur l’école, dans l’école à nous conseiller ?

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