Conte de Chine : « les chevaux et la chance »

En cette époque olypienne et chinoise de concert, il nous semble bon d’évoquer un vieux conte de la Chine de toujours autour Les chevaux et la chance

(extrait des « contes et fables pour l’enseignant moderne », André de Peretti et François Muller, éd. Hachette, 2006)

Ou la chance de l’inversion des chances et des malchances

Nous ne nous souvenons plus très bien d’un conte chinois qui nous avait beaucoup intéressé. Essayons cependant essayer d’en retracer l’esprit. Précisons qu’il se situait dans la Chine d’antan, donc au cœur du monde de toujours !

Chance et/ou malchance

Un paysan vivait sobrement, aidé dans son travail par un fils d’une quinzaine d’années et par un cheval de cinq ans. Mais un jour, le cheval dans la nuit rompit son licol et disparut. Mis au courant, voisins et amis vinrent dire en chœur au paysan : « Tu n’as pas de chance ». A quoi, celui-ci répondit : «  Qu’en savez-vous ? ».

Il voyait juste ! Cinq jours après son escapade, le cheval revenait, mais escorté par dix chevaux sauvages qu’il avait entraînés avec lui. Cette fois, les amis et voisins s’empressèrent d’aller dire au paysan : « Mais tu as beaucoup de chance ! ». L’intéressé leur répondit encore : « Qu’en savez-vous ? ».

Effectivement, après avoir nourri les poulains sauvages, le fils du paysan voulut commencer à les apprivoiser. Mais l’un d’entre eux, d’une brusque ruade, lui cassa la jambe. Désolé, le chœur de l’amitié et du voisinage vint tristement témoigner au père : « Vous n’avez donc pas de chance ? ». A nouveau, celui-ci répliqua : « Qu’en savez-vous ? ».

Il entendait juste ! Une troupe de soldats faisait de suite irruption et à grands coups de bottes et de cravaches, ils enrôlaient de force tous les jeunes du village. Mais ils laissèrent à son père le jeune à la jambe cassée auquel on fabriqua ensuite une attelle, en sorte qu’il put rendre suffisamment de services. Ceci incita voisins et amis à revenir, eux-mêmes éplorés, dire au père et au fils : « On vous envie votre chance ». Une fois encore, le père fit remarquer : « Qu’en savez-vous ? ».

De fait, au bout de cinq jours, une bande de brigands vint terroriser le village, et s’emparèrent des dix chevaux sauvages. Après leur départ, les amis puis les voisins vinrent exprimer leurs condoléances : « C’est vrai que ce n’est pas de chance ». Imperturbable, le paysan fit encore observer : « Qu’en savez-vous ? ».

Dans les journées qui suivirent, en effet, pris en chasse par les soldats, les brigands abandonnèrent les chevaux sauvages qui retournèrent vers le paysan, son fils et leur congénère.

Mais comme les choses se répétaient et pouvaient durer indéfiniment, cette fois, ce fut le paysan qui prit les devants et alla haranguer amis et voisins : « Pas plus qu’aucune chance n’est définitive, aucune malchance ne peut indéfiniment se perpétuer », observa-t-il. « Puisque nous ne pouvons nous fier aux chances qui nous adviennent, sachons aussi supporter les malchances qui nous tombent dessus : elles ne durent pas non plus.  Mais le bon cheval, malgré ses écarts, nous garantit la chance. »

Chances et malchances scolaires ?

Ce conte est plaisant, surtout pour les enseignants. Même s’ils n’ont pas tous les moyens dont ils rêvent et qui leur apparaîtraient comme une juste chance, ils pensent se conforter dans l’accueil réservé, mais patient et bienveillant de leurs élèves, mêmes sauvageons, et en dépit des difficultés et malchances d’apprivoisement !

Et il faut bien aux éducateurs rendre sensible aux jeunes la chance de leurs apprentissages : en prenant la précaution de relativiser et minimiser les malchances d’échec ou d’ennui qu’ils observeraient ensemble. Toute erreur peut être saisie pour être rectifiée et, partant, pour éclairer une compréhension élargie. Le pessimisme est vain. L’emportement est sot. Le bien est plus sûr que le mieux. Mais l’éducation, comme la vie, est belle ! On ne cessera de s’en assurer, même dans les cas de dérapage !

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