Un des premiers temps du module expérimental « aller voir ailleurs », un dispositif d’auto-formation accompagnée pour les enseignants du premier degré (Paris), cela a été d’abord de questionner chacun d’entre nous sur cet « ailleurs » qui avait motivé largement leur inscription… et leur présence massive.
Pour ce faire, la technique du photolangage, déjà éprouvée sur d’autres thèmatiques, a été reprise afin de faire une présentation croisée, active, et dynamique.
Un recueil, une compilation, un assemblage de documents photographiques soit déjà constitué, soit à constituer vous-même.
Destinée à faciliter l’émergence et l’expression des représentations individuelles et collectives sur un thème, une question donnée et suffisamment précise, la séquence s’organise en 4 temps:
- présentation de l’objectif et du déroulement
- choix individuel
- travail en groupe autour des choix individuels
- analyse des travaux
Les photos doivent être suffisamment suggestives et polysémiques. A cet égard, le noir et blanc favorise la projection (c’était le parti pris de l’édition d’origine).
Toutes exposées sur les tables, les photos font d’abord l’objet d’un tour de table avec déplacement des personnes, puis d’un choix sur la base d’une consigne, enfin d’une explicitation du choix. C’est une étape essentielle pour confronter les diverses représentations sur une consigne donnée. Très efficace par le détour utilisé: l’image dépasse le formalisme « scolaire » et fait appel à la Personne (cf. Carl Rogers).
Ainsi, chacun a pu prendre appui sur une image métaphorique de ce que l’ailleurs peut représenter pour lui (ou elle). De prime abord, cela peut ressembler à une liste « à la Prévert »:
- Le coureur de fond en montagne
- Qui est l’autre ?
- La porte en bois fermée
- Des chirurgiens au travail
- Laborantine et expériences
- Une équipe de chantier
- Une personne seule sur la montagne
- Une pierre à la main, menace
- Une ouverture de porte sur un paysage
- Des danseurs en mouvement
- Un livre et une instit au tableau
- Jeu collectif au ballon
- Des panneaux routiers sans sens
- Un ouragan vue de satellite
- La boite à œufs « salle des profs »
- La clé de sol
- Varappe, prise de risque
- Grille de mots croisés vide
- Un planeur
- Une piste dans le désert ? Sur Mars ?
- La leçon de piano
- Le labyrinthe
Chaque vue présentée fait non seulement l’objet d’une description, toute intéressante, car, d’évidence, nous ne « voyons » pas les mêmes choses. Mais aussi, la vue est accompagnée d’un commentaire qui explicite la représentation, ici de « l’ailleurs » – c’était la consigne. De la sorte, nous pouvons consigner les items recensés suivant trois critères
- une dimension géographique: l’ailleurs est plus ou moins proche, plus ou moins lointain
- en rapport avec le domaine professionnel de l’éducation: relativement proche ou trés éloigné
- en fonction de l’objectif: une démarche plus « altruiste » (noir), ou une démarche plus auto-centrée (orange)
Dimension géographique | ||||
proche | lointain | |||
proche | Connaître un autre fonctionnement | Ouvrir l’Ecole dans l’espace, vers l’autre | ||
Domaine professionnel | Comment maitriser des connaissances et les transmettre | Exprimer un criDépasser la solitude et avoir accès à des ressources | S’intéresser à d’autres pays voisins (enseigner, rythmes scolaires) | |
Ouverture sur le monde du travailAilleurs est universel (musique) | Une autre profession nous renseigneEnrichissement personnelChanger de point de vue, perdre ses repères, ne plus être maitre à bord, | Se « mettre en danger »Construire d’autres repères, dépassement de ses limitesEn référence au déplacement nomade , question de survie, marcher, lutter contre ses peurs | Faire un voyage, partirFaire d’autres rencontres, plus loin, partante pour des expériences (ouverture vers l’Afrique) | |
lointain | Vraiment voir un autre métier, au grand air, quelque chose de fascinant, agir sur son environnement | Sortir des cadres de l’Ecole, sclérosants, relations avec les adultes, considération, respect, sortir de la conformité |
Ce premier exercice individuel et collectif nous permet au moins de valider notre hypothèse toute formative: manifestement, « aller voir ailleurs » correspond à un réel besoin. A présent, s’agira-t-il de besoin assumé par la formation ?
C’est une partition encore à écrire.