Porter un regard critique
Vocabulaire :
Montrer les limites du document, prendre du recul par rapport au document en relevant ses particularités, ses oublis, relativiser, nuancer. Il s’agit d’évaluer si un document est fiable. Il y a souvent à la fois des raisons de « lui faire confiance » et des raisons de « s’en méfier ». Un document peut aussi être partial, il ne montre qu’un point de vue du fait historique ou géographique…
Utilité :
Cela permet de mettre en évidence la subjectivité / le parti pris de l’autre en exprimant les propos de l’auteur et en les confrontant à tes connaissances.
Étapes :
1 – se poser des questions.
Que cherche à démontrer le document ou l’auteur ? Le point de vue exprimé peut-il être discuté ? Pourquoi ? Les propos de l’auteur sont-ils exacts / complets / objectifs ? Quel(s) aspect(s) du sujet ne sont pas abordés dans le(s) document(s) ?
Attention : Critiquer le document n’est jamais donner votre opinion personnelle.
2 – Vérifier des données et des sources.
Vérifier si la source du document est fiable. Vérifier les données en les confrontant à tes connaissances ou en cherchant ces données dans un autre document.
Exemple :
Aelius Aristide, originaire de la partie grecque de l’empire romain, est un orateur grec renommé. Il compose un discours faisant l’éloge de Rome.
« Voici ce qui, de beaucoup, entre toutes choses, mérite le plus d’être vu et admiré : c’est ce qui concerne le droit de cité. Quelle grandeur de conception ! Rien jamais n’a ressemblé à cela. En effet, vous avez séparé en deux groupes tous ceux qui étaient sous votre pouvoir – par ces mots, je désigne l’ensemble du monde civilisé : à la partie qui avait la meilleure grâce, la noblesse et les capacités les plus grandes, vous avez donné la plénitude [= totalité] des droits politiques ou même la communauté de race [ici, « race »=peuple] : pour le reste, vous l’avez soumis et réduit à l’obéissance. Ni la mer ni l’étendue d’un continent ne peuvent être un obstacle à l’obtention de la citoyenneté ; dans ce domaine, l’Asie n’est pas séparée de l’Europe. Tout se trouve ouvert à tous ; il n’est personne digne du pouvoir ou de la confiance qui reste un étranger. […]
Comme nous l’avons dit, vous avez, en hommes généreux, distribué à profusion [=en grande quantité] la cité. Vous n’en avez pas fait un objet d’admiration en refusant de la partager avec quelqu’un d’autre ; au contraire, vous avez cherché à en rendre digne l’ensemble des habitants de l’Empire ; vous avez fait en sorte que le nom de Romain ne fût pas celui d’une cité, mais le nom d’un peuple unique. […] Vous avez fait passer la ligne de partage entre les Romains et les non-romains. […] Il n’est pas besoin de garnisons dans leurs acropoles, car partout, les hommes les plus importants et les plus puissants gardent pour nous leur propre patrie ».
- Aelius Aristide, Éloge de Rome (144 apr. J.-C.) traduction d’A. Michel, 1969
Critique possible du document :
– Aelius Aristide est dithyrambique, élogieux à l’égard de Rome, il en est lui-même bénéficiaire en ayant reçu la citoyenneté. De plus, les Romains avaient un intérêt à cela : maintenir l’unité de leur Empire…
– L’auteur exagère … Au IIe s. la quasi-totalité des populations des cités pérégrines n’avait aucune chance d’accéder à la citoyenneté romaine. À cette époque, l’octroi de la citoyenneté romaine est individuel (services rendus à Rome, avoir servi dans l’armée…). Il faut attendre l’édit de Caracalla pour que soit étendue la citoyenneté à tous les hommes libres de l’Empire.