Carl Rogers décrit ainsi l’impact de l’empathie sur autrui : « Lorsque quelqu’un vous entend réellement sans vous juger, sans essayer de vous prendre en charge ni de vous modeler, c’est délectable… Quand on m’a écouté et entendu, je peux redécouvrir mon univers sous un jour nouveau et poursuivre mon chemin. Il est étonnant de voir comme ce qui semblait insoluble se dénoue quand quelqu’un vous écoute. Comme tout ce qui semblait confus peut soudain couler de source quand on est entendu ! »

Cette présence à l’autre n’est pas facile à maintenir. Nous éprouvons un puissant besoin d’exposer notre point de vue, de donner un conseil, de rassurer ou d’exprimer nos sentiments.  Croire que nous devons arranger les choses pour les autres et leur remonter le moral nous empêche parfois d’être présents à eux. Exemple d’actions : conseiller, surenchérir, moraliser, consoler, raconter, clore la question, sympathiser, interroger.

Pratiquer le CNV s’est se concentre sur ce qui se passe chez les autres et sur ce qu’ils demandent, quelle que soit leur façon de s’exprimer. Cela demande que nous nous focalisons sur ce qu’ils observent, ressentent, sur leurs besoins inassouvis qui engendrent leurs sentiments de souffrance et sur ce qu’ils aimeraient que nous fassions. En pratiquant cette réceptivité aux messages d’autrui, nous réalisons rapidement que derrière ceux que nous avons autorisés à nous atteindre ou à nous mettre en cause se trouvent tout simplement des personnes dont les besoins sont insatisfaits et nous demandent de contribuer à leur bien-être. Ainsi accueilli, aucun message ne peut nous déshumaniser, nous cessons de les recevoir comme des critiques, des attaques, des insultes ou des jugements. Nous ne pouvons l’être qu’en nous laissant prendre par les images péjoratives exprimées par d’autres et en commençant à penser qu’il y a en nous quelque chose qui ne va pas.

Nous pouvons vérifier l’exactitude de notre compréhension en reprenant son message sous forme de question, ou en posant des questions complémentaires (sur ce qu’il observe, ressent, sur ses besoins, sur ce qu’il demande). Nous devons vraiment être réceptif sur ses demandes : « Y a –t-il quelque chose que je puisse dire ou faire qui t’aiderait dans cette situation ? » Mais attention avant de tenter toute clarification il est bon de le laisser exprimer totalement ses sentiments et ses besoins sinon on laisse l’impression d’être pressé et pas sincèrement intéressé. On perçoit qu’on est resté assez longtemps présent lorsque l’on ressent un soulagement, un relâchement de la tension dans notre propre corps, ou qu’il s’arrête de parler.

Nous sommes parfois incapable d’être dans une écoute empathique, c’est que nous sommes nous même sûrement en manque d’empathie pour pouvoir offrir à autrui. Alors nous devons nous accorder cette qualité d’écoute à nous-même avant.