Vendredi matin, lors d’une visite du chantier de rénovation de la toiture et des façades du grand bâtiment scolaire de l’ancien couvent de Neufgrange, le maire Gérard Ledig est alerté de la présence d’un bébé faucon, abandonné dans une alvéole du pignon sud, à 15 mètres du sol. Ses parents, dérangés par la présence humaine sur les échafaudages et les bruits des travaux, ont déserté définitivement les lieux ; ce que confirment les ouvriers qui œuvrent de fin juin à fin août. Les petites alvéoles-lucarnes les plus élevées sises dans les deux pignons du bâtiment de 60 m de long, cinq niveaux, représentent un lieu discret de nidification pour les faucons.

Survie délicate

Mi-juillet, c’est aussi la fin des couvaisons pour cette espèce de rapaces en diminution de population. Bec ouvert, souffrant de faim et de soif, ses heures étaient comptées si rien n’était rapidement fait. Remettant la visite à plus tard, le maire prend alors l’initiative de sauver l’oiseau, de le mettre dans une boîte en carton et de le descendre par les échelles de l’échafaudage. Chose faite, avec de multiples précautions en matière de sécurité.

Mais que faire de ce faucon d’une semaine au seul duvet blanc ? Comment le soigner ? Où et chez qui l’héberger ? La survie d’un oiseau sauvage ainsi récupéré est très délicate en cas de prestations inadaptées, notamment alimentaires. Le mieux est de contacter des spécialistes qui apporteront les bons conseils par rapport au contexte précis. Le Gorna (Groupement ornithologique du refuge Nord Alsace) est l’adresse pour tous ceux qui rencontreraient ce cas. Situé à la maison forestière du Loosthal, à 2 km à l’est de la Petite-Pierre, ce centre prodigue les soins nécessaires à la faune sauvage blessée ou en grande difficulté. En finalité, le centre procède à la réintroduction dans la nature de ces pensionnaires parfaitement restaurés. La liste des succès est conséquente.

Adopté et baptisé Michel

C’est ainsi que « Michel », nom donné à l’oiseau au vu du saint patron de la commune de Neufgrange, a été transféré d’urgence au Gorna, dans une boîte percée de petits trous d’aération, tapissée au fond de boulettes de papier journal. L’admission de l’oiseau s’est bien déroulée. Selon la technicienne ornithologique, il semble en bonne santé malgré le périple et son aventure. « Michel » rejoindra pour des soins plusieurs autres faucons. Il recevra une alimentation appropriée et fera ses plumes en grande volière où il apprendra à voler, puis à se nourrir seul. Dès que son autonomie sera jugée suffisante, le jeune faucon sera réintroduit en milieu naturel. Selon un souhait émis, le lâcher de « Michel » pourrait se faire à l’endroit où l’oiseau est né, a été récupéré et baptisé de son prénom : c’est-à-dire sur le site même de l’ancien couvent de Neufgrange. Le maire est favorable à cette idée et le Gorna n’y est pas opposé.