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Dossier EDD : Le Pop Art américain attaque la société de consommation

Dès les années 60, parallèlement à l’affirmation de la société de consommation, les artistes plasticiens ont été les premiers à porter un regard critique sur les dérives consuméristes. Les œuvres liées au Pop Art américain soulèvent des questions aujourd’hui indissociables de la réflexion sur l’EDD.

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Ce dossier propose également des pistes d’entrées pour préparer les collégiens en classe de troisième à l’épreuve d’histoire des Arts du Brevet des Collèges (voir les Annales « zéro » proposées par l’Education Nationale sur Eduscol). Les différents exemples présentés ici permettent d’aborder les questions  méthodologiques tant à l’écrit qu’à l’oral (pour connaître le déroulement et les attentes de l’épreuve d’Histoire des Arts du Brevet, on peut lire l’article que lui consacre le site Brevet du WebPédagogique).

Sommaire :

  1. Etude de la Supermarket Lady de Duane Hanson
  2. Qu’est-ce que l’hyperréalisme (en peinture et en sculpture) ?
  3. Le Pop Art et la société de consommation
  4. Entraînement à l’épreuve d’Histoire des Arts : deux œuvres à analyser avec des questions pour vous aider et les corrections : Andy WARHOL, Bouteilles de Coca-Cola vertes, 1962 et Duane Hanson, les touristes, 1970.
  5. Tony Cragg, un autre exemple d’artiste issu du Pop Art qui affiche les déchets de notre société de consommation.

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I. Etude de la Supermarket Lady de Duane Hanson

Créée en 1969, cette sculpture de Duane Hanson n’a pas pris une ride. Elle choque toujours autant le spectateur et son sujet est plus que jamais d’actualité.

Supermarket lady

Supermarket Lady ou Woman with a Shopping Cart est une sculpture hyperréaliste de Duane Hanson réalisée en 1969.

Introduction

Que voyons-nous donc sur cette image ? La photo d’une dame avec des bigoudis qui pousse un caddie rempli à ras bord ? Cette ménagère, la « clope au bec », est une sculpture de l’artiste américain Duane Hanson, né en 1925 et disparu en 1996. Artiste engagé, toutes ses œuvres dénoncent un aspect de la société dans laquelle il vit : du racisme à la guerre en passant par la société de consommation.

Description

Cette dame, c’est une sculpture en résine (polyester) grandeur nature (taille réelle, échelle 1) et entièrement peinte à la peinture à l’huile ! Les vidéos et les photos nous le montrent bien, les personnages de Duane Hanson semblent tellement vrais qu’on a du mal à les considérer comme des sculptures. On appelle cet art de l’hyperréalisme.

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II. Qu’est-ce que l’hyperréalisme (en peinture et en sculpture) ?

En peinture, ça donne des toiles qu’on croirait photographiques alors qu’elles sont peintes avec des pinceaux.

Peinture de Chuck Close.

Peinture de Chuck Close, peintre américain hyperréaliste.

Ralph Goings Sothebys

Peinture de Ralph Goings, nature morte à l'image de la société de consommation.

En sculpture, au premier coup d’œil, l’œuvre se confond avec des personnages réels :

Duane Hanson Woman StrollerSculpture de Duane Hanson.

Même de très près, la sculpture trompe le spectateur.

D’autres artistes font des sculptures hyperréalistes, Ron Mueck joue avec l’échelle ; le moulage sur modèle vivant est alors impossible.

Sculpture de Ron Mueck, la réalité à une autre échelle, monstrueux et monumental.

Maurizio CATELLAN utilise la cire pour mettre en scène des caricatures satiriques :

Maurizio Cattelan, Hitler pénitent

Maurizio Cattelan utilise la provocation et l'humour satirique.

Les œuvres de Duane Hanson sont des sculptures d’un genre particulier puisqu’elles sont le résultat d’un moulage (réalisé avec des bandes de silicone) sur personnes vivantes. Le tour de force vient davantage de la peinture. Duane Hanson sait mieux que quiconque reproduire le grain de la peau du visage et des mains. Il reproduit toutes nos veines, tous les poils et ajoutent à ses personnages de vrais cheveux, des yeux de verre et des vêtements.

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La question du sens

Pourquoi représenter une vraie dame qui fait ses courses ? Elle n’est pas une star et n’intéresse personne. Pourtant, cette sculpture nous choque : la femme fait négligée, elle est grosse, en chaussons, une cigarette à la bouche. Son caddie est plein, plein de ce que la société lui demande d’acheter. Elle se croit libre, mais elle est en fait prisonnière de la société de consommation, répondant à la demande des publicités. Elle est un maillon de la société de consommation. Duane Hanson dénonce ainsi le « rêve américain » en nous montrant les victimes, les travailleurs de la classe moyenne auxquels on promet une vie de rêve grâce à des produits devenus accessibles à tous.

Immobile par définition, la sculpture représente aussi une femme en arrêt ; la femme qui fait ses courses fait une pause et cette attitude renforce encore l’aspect réel de la sculpture. La femme semble fatiguée, lasse ; elle n’a plus de libre arbitre, elle n’a plus rien à dire, plus rien à faire, plus rien à penser.

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III. Le Pop Art et la société de consommation

Contexte artistique et historique

Dès le début des années 60, les artistes du Pop Art mettent en question les fausses promesses du rêve américain consécutif aux « Trente glorieuses« . En 1962, Tom Wesselman expose des collages de produits de consommation aux couleurs criardes et aguichantes qui utilisent les règles de la publicité.

Tom Wesselman, still life (nature morte) n°24, acrylique sur toile, 122x152cm, 1962

Tom Wesselman, still life (nature morte) n°24, acrylique sur toile, 122x152cm, 1962

De nombreux artistes du Pop Art viennent en effet de l’univers de la pub : James Rosenquist, Andy Warhol. Que nous disent les publicités ? Pour être plus beau, plus heureux, on a besoin  d’acheter ce produit : « Moi, je veux, vite« .

Pour que la croissance soit éternellement positive, il faut toujours plus de consommation pour plus de profit… Andy Warhol, devenu la star du Pop Art, utilise les mêmes rouages que la société de consommation dans son travail artistique : il multiplie et assomme le regardeur. La Campbell’s Soup est hissée au rang d’une icône artistique symbolisant la consommation.

Andy Warhol, Boîte de soupe Campbells à la grande déchirure.

Andy Warhol, Boîte de soupe Campbells à la grande déchirure.

Andy Warhol, installation de boîtes d'emballage Brillo, Del Monte et Heinz

Andy Warhol, installation de boîtes d'emballage Brillo, Del Monte et Heinz, 1964.

A l’inverse, les stars sont profanées car traitées comme n’importe quelle autre image : Marylin Monroe et Liz Taylor.

Andy Warhol, Marilyn, sérigraphie sur toile, 1975

Andy Warhol, Marilyn, sérigraphie sur toile, 1975

Andy Warhol, Ten Lizes

Andy Warhol, Ten Lizes

La critique d’Andy Warhol est tragique : star, riche homme d’affaire, consommateur comblé, la fin est la même pour tous : la mort, sujet abordé d’une façon de plus en plus récurrente  dans son travail.

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IV. Entraînement à l’épreuve d’Histoire des Arts

Andy WARHOL, Bouteilles de Coca-Cola vertes, 1962

Andy WARHOL, Bouteilles de Coca-Cola vertes, 1962, huile sur toile, 209,6 x 144,8 cm, Whitney Museum of American art, New York.

Andy WARHOL, Bouteilles de Coca-Cola vertes, 1962, huile sur toile, 209,6 x 144,8 cm, Whitney Museum of American art, New York.

Des questions pour vous aider à analyser cette œuvre et leurs réponses sont disponibles sur le site Eduscol (qui propose deux autres sujets « Les annales zéro de l’épreuve écrite d’Histoire des Arts » pour les candidats libres au brevet des collège.)

Duane Hanson, Les touristes, 1970

Duane Hanson, Les touristes, 1970

Duane Hanson, Les touristes, 1970

Description des Touristes

  • Que représente cette sculpture ?
  • Comment est-elle faite ? Quels matériaux sont utilisés ?
  • Quelle est la particularité de cette sculpture ?
  • Qu’est-ce que dénonce Duane Hanson ?
  • Citez un autre artiste et une autre œuvre du Pop Art.

Correction

  • Cette sculpture de Duane Hanson représente deux touristes grandeur nature d’un aspect absolument réel.
  • Elle est faite en résine à partir d’un moule sur modèle vivant. Les personnages sont peints à l’huile et de vrais cheveux, des yeux de verre ainsi que des vêtements et des ustensiles viennent renforcer l’ancrage dans la réalité des années 60.
  • La particularité de cette sculpture est qu’elle trompe le spectateur en lui faisant croire que les sculptures sont des personnages réels.
  • Duane Hanson critique ici l’aliénation des gens par la société de consommation ; malgré eux et parce qu’ils copient les modèles vus à la télé, ce couple est une caricature des touristes parfaits : photo, lunettes, chemises à palmiers, cabas et provisions.
  • Ils sont en extase devant quelque chose que le guide touristique impose d’admirer. Comme la ménagère qui fait ses courses, ils sont à l’arrêt, sans expression personnelle, vide de sentiments et de libre arbitre. Ils ont perdu leur personnalité et sont prisonniers de la société de consommation.


Tony Cragg

Tony Cragg est un artiste anglais né en 1949, à Liverpool en Grande Bretagne et encore vivant. Il collecte des objets qui ont été jetés. Il se considère comme un archéologue de la vie moderne (un archéologue recherche les objets des périodes anciennes pour les étudier) et s’étonne de ce que la société a produit, utilisé et fini par jeter. Une partie de son travail consiste à les trier par couleur et à créer des mosaïques colorées « dessinant » directement au sol ou sur les murs des galeries des objets du quotidien ou des silhouettes…

Tony Cragg, Bassine, Installation, 1978

Tony Cragg, Travailleur, Installation, 1978

Tony Cragg, Bassine, Installation, 1978

Les installations sont éphémères mais reproductibles. Seule la photographie gardera le souvenir de ses réalisations…

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32 Comments » for Dossier EDD : Le Pop Art américain attaque la société de consommation
  1. Réutilisez des éléments que l’on veut critiquer dans son oeuvre est une pratique relativement courante, mais je suis toujours agréablement surpris par la capacité de certains artistes à nous surprendre, notamment ici avec les personnages en cire ultra réalistes…

  2. Hélène Laulan, heleneart dit :

    L’histoire de l’art se construit avec des œuvres d’artistes qui cherchent à surprendre ses contemporains en les impressionnant ou en les provoquant. Les artistes hyperréalistes mettent en avant leur talent et leur dextérité dans des œuvres engagées qui marquent les spectateurs.
    Parmi les artistes cités, concernant la technique utilisée, seul Maurizio Cattelan utilise la cire pour des sculptures certes hyperréalistes mais toujours caricaturales (Gilles Barbier utilise aussi cette technique). Duane Hanson et après lui Ron Mueck utilisent la résine (polyester).

  3. Me dit :

    galère galère cette épreuve d’histoire des art

  4. heleneart dit :

    Côté élève ou côté enseignant ?

  5. Corentin dit :

    Comment montré que Warhol critique la socièter de consomation ?
    Merci d’une réponse rapide ^^ 🙂

  6. heleneart dit :

    Je répondrai volontiers à une question sans faute d’orthographe !

  7. ariana1109 dit :

    lol

  8. axlleb dit :

    répondrais* et fautes* 😉

  9. heleneart dit :

    J’ai bien écrit que je m’engage à répondre à une question qui ne comporte aucune faute d’orthographe. 😛

  10. josy27 dit :

    Eh bien vous n’allez pas répondre souvent… ce n’est pas une critique bien au contraire… entièrement solidaire

  11. Marie dit :

    Comment était la situation économique des Etats-Unis en 1960 ?
    Merci

  12. heleneart dit :

    En 1960, les Etats Unis sont au faîte au faîte de leur puissance et de leur prospérité mais les difficultés liées à la production de masse industrielle commencent à ronger les bases du système américain. La surproduction fait dérailler la croissance, les inégalités sociales se creusent et le chômage explose. Les métiers artisanaux disparaissent et les métiers sans qualification d’ouvrier à l’usine ne sont pas payés. Le problème noir mine aussi les rapports sociaux en maintenant des inégalités. Le phénomène hippie montre la contestation des jeunes face à la société inhumaine régie par des systèmes financiers.

  13. maxence dit :

    bonjour j’aimerai savoir comment les artistes du pop art font pour critiquer la sociéter de consomation des Etats-unis. merci d’une reponse rapide

  14. heleneart dit :

    Le dossier sur le Pop Art du Centre Pompidou apporte une réponse illustrée :
    http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ens-pop_art/ens-pop_art.htm.
    Il faut reprendre le travail de chaque artiste pour voir en quoi chacun ironise à partir de et sur la société de consommation.
    Le terme « Pop Art », inventé par Lawrence Alloway à la fin des années cinquante, indique que l’art prend appui sur la culture populaire de son temps et sa croyance dans le pouvoir des images. Le « Pop Art » utilise les outils de la consommation de masse ( surproduction, publicité à outrance et mensongère ) en les détournant sur un mode ironique. Andy Warhol dit vouloir devenir une machine pour produire toujours davantage d’œuvres d’art et annonce qu’il n’y a rien derrière ses images (lire « Ma philosophie de A à B et vice versa »).

  15. morgane dit :

    bonjour,
    j’aimerais connaître le sens de cette expression  » société de consommation « .
    merci

  16. alicougaia dit :

    Aucune oeuvre littéraire ou musical sur la société de consommation?

  17. alicougaia dit :

    Musical, j’ai en fait trouvé. Mais je suis à la recherche d’une oeuvre littéraire critiquant cette société de consommation.

  18. heleneart dit :

    Peut-être « Les choses » de Georges Pérec.

  19. alicougaia dit :

    Ce n’est pas plutôt « Les Choses » de Jean-Jacques Goldman?

  20. alicougaia dit :

    Et, sinon, aucune oeuvre littéraire? C’est le plus dur à trouver…

  21. alicougaia dit :

    L’article dont vous m’avez donné le lien est génial, merci 😉

  22. heleneart dit :

    Non, il s’agit bien du roman « Les choses : une histoire des années soixante » de Georges Pérec (prix Renaudot 1965). J’ai fait un projet avec un artiste qui avait amené le livre dans sa boîte à outils mais je ne l’ai pas lu en entier.

  23. heleneart dit :

    Jean-Jacques Goldman connaît Georges Pérec…

  24. alicougaia dit :

    Ah, d’accord. Merci beaucoup!

  25. Juliette dit :

    Pour mon sujet d’histoire des arts je travaille sur Supermarket Lady et après avoir tout bien détaillée il me faudrait la réponse a cette question. Quelle est le lien entre l’art au 20eme siècle et la société de consommation

  26. Alexia et Eva dit :

    Notre sujet de l’oral d’histoire des art est aussi sur le Pop art, et on aimerait avoir plus de détails sur ce mouvement qu’on arrive pas tellement a décrire avec nos mots.

  27. heleneart dit :

    « Pop » comme populaire et comme une explosion.
    Utiliser les images populaires pour un art à l’image de notre société, utiliser les règles de la société de consommation dans l’art pour témoigner et dénoncer.

    Par exemple, Andy Warhol utilise la sérigraphie, procédé de reproduction propre à l’univers de la publicité et du prêt à porter pour créer des œuvres en série ; le procédé est le même mais il est détourné : Andy Warhol fait les sérigraphies manuellement et de nombreuses erreurs de coulures et de superpositions des planches sont visibles.

    Si vous avez tant de mal à définir le mouvement du Pop Art avec vos mots, c’est parce qu’une œuvre d’art rend visible des concepts (idées) multiples et paradoxaux (opposées).

    En bref : Pop Art = valorisation de l’art de la pub, utilisation des techniques de l’industrie, dénonciation indirecte de la société de consommation en montrant des images détournées de celle-ci (société de consommation = production de masse au prix le plus bas, obsolescence programmée, poubelle et consommation rapide et compulsive encouragée par la télé et les pubs).

  28. Emilie dit :

    Je voudrais savoir si quelqu’un pourrait m’aider a repondre a la question  » donner une appreciation personnelle sur CADDIE de Duane HANSON ! Merci davance

  29. heleneart dit :

    Il faut que vous disiez ce que vous en pensez, personne ne peut le faire pour vous.

  30. Malvine dit :

    Bonjour j’aimerais savoir votre avis personnelle sur Ten Lizes et Cambell’s soup cans, qu’en pensez vous de ces tableaux ? est ce qu’ils vous plaisent ? Si oui ou non justifiez, merci d’avance !

  31. heleneart dit :

    Il faut voir les œuvres en vrai. Ten Lizes est visible au centre George Pompidou. C’est une œuvre monumentale, on ne s’y attend pas. Et c’est fort, 10 images différentes et identiques de la célèbre artiste souriante et gigantesque qui nous regarde mais nous ignore car derrière son image il n’y a rien. Il faut regarder le tableau et écrire, il y a toujours quelque chose à dire… Pour les Cambell’s soup cans, je ne les ai jamais fréquentées mais je suppose que l’effet doit être un peu identique à Ten Lizes. C’est drôle, provocateur et tellement jouissif.

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