Adaptation, psychologie et néolibéralisme :

Nombre d’approche psychologisante (y compris le DSM) mesurent la santé mentale de la personne à sa capacité à s’adapter à l’ordre social néolibéral. La souffrance mentale est considérée pour un certain nombre de cas comme un défaut d’adpatation du sujet à l’hyper-flexibilité qu’exige la société libérale et néolibérale.

Les sociétés holistes – traditionnelles – maintenait les individus dans des cases (engendrant les névroses décrites par Freud), les sociétés individualistes produisent les pathologies du stress et de la dépression (qui sont des pathologie de l’adaptation).

Nombre d’analystes renvoient le sujet à son narcissisme, là où il faut voir une pathologie de l’injonction à la performance et à l’adpatation.

Tout au plus, le sujet peut avoir droit à connaître une crise d’adaptation de quelques semaines, au-delà, c’est interpréter comme la marque qu’il manque de capacité d’adaptation.

Accompagnement existentiel :

L’accompagnement socio-existentiel permet à la personne d’acquérir une analyse objective des conditions sociales de sa situations et des origines sociales de sa souffrance psychique.

Il permet donc d’opérer un premier reframing et donc modification de la signitification donnée par la subjectivité à sa situation.

La deuxième étape consiste à modifier le relation de la subjectivité à sa situation par une modification du sens des possibilités d’action ouverts par la situation.

Ex : un sportif de haut niveau qui a un accident peut considérer que la situation met un terme à sa carrière sportive, alors qu’il est peut être possible d’envisager la pratique d’une autre activité sportive, par exemple en handisport.

Accompagnement existentiel – étapes – :

– Expérience sociales vécue : explicitation des savoirs implicites de la personne socialement dominée sur le social liée à sa position sociale. Valorisation de ce savoir

– Conscientisation : Explication des mécanismes sociaux qui produisent les phénomènes de souffrance sociale.

– Analyse des pratiques que les personnes ont déjà mises en place. Reconnaissance des capacités d’action que reflètent ces pratiques.

– Analyse des possibles de la situation et des stratégies possibles d’action. Réflexion sur de nouvelles stratégies d’action.

Angoisses existentielles, conflits éthiques et conditions sociales :

Un des domaines de l’accompagnement existentiel est celui des conflits de valeurs générées par les conditions sociales.

Conflits de valeurs : conflits de loyauté, détresse morale ou souffrance éthique au travail,

Conditions sociales :

« Le féminisme sans la lutte des classes, c’est du développement personnel » ou « l’écologie sans la lutte des classes c’est du jardinage ».

Il en va de même dans les approches existentiels : l’analyse existentiel au travail sans la prise en compte de l’organisation du travail, c’est du management existentiel.

L’évacuation des conditions sociales matérielles est la cause de beaucoup de dérive néolibérales.

Psychique et social :

Comme le met en lumière Gaulejac, il y a une dimension qui se trouve à la croisé du psychique et du social, et qui ne relève pas de la psychothérapie. La psychothérapie s’interesse au psychisme du sujet et cherche dans le fonctionnement du sujet les causes de son mal-être.

Or la sociologie clinique ne relève pas de la psychothérapie dans la mesure où elle ne recherche pas dans le psychisme du sujet les causes de son mal-être, mais dans le social. Le mal-être ressentie par la subjectivité n’est pas une pathologie, mais un mal-être existentiel, qui trouve sa cause dans l’organisation du social.

C’est pour cela que nombre de psychothérapies sont incapables d’aides les personnes : les femmes victimes de violences sexistes, les travailleurs confrontés à de la souffrance au travail ect…

Il est nécessaire de développer un accompagnement socioexistentiel qui aide les personnes à faire face aux conflits psychiques existentiels liés à des causes sociales.

Il y a de fait tout un domaine qui ne relève pas de la psychopathologie (au sens strict) et qui se trouve aujourd’hui instrumentalisé soit par les spiritualités new-age, soit par les developpement personnel néo-managérial.

Ce domaine est celui de l’existentiel qui avait été par exemple le sujet de philosophies comme l’épicurisme, le stoicisme, le transcendantalisme américain ou encore l’existentialisme français.

L’existentiel est un domaine qui apparaît comme autonome lorsque les religions personnelles ne jouent plus la fonction sociale d’orienter les existences de chacun et chacune.

La différence entre le développement personnel et l’approche existentielle est la suivante : le développement personnel est un tournée vers la réalisation de soi et la recherche de bien-être (en lien avec les dimensions narcissiques, égotistes et individualistes de sociétés modernes), l’approche existentialiste est tournée vers le soutien face aux épreuves de vie, aux difficultés de l’existence.

L’une des questions qui se pose est la suivante : à partir du moment où l’on reconnaît que le mal-être existentiel des personnes à une origine sociale (organisation du travail, sexisme ect…), quel type d’accompagnement met-on en place pour aider les personnes face aux épreuves de la vie ?

Les aides psychothérapeutiques sont inadaptées dans la mesure où elles tendent à considérer que le problème est interne à la personne et cherche donc à agir sur elle pour l’adapter à la situation sociale.

Expérientiel :

Les rapports sociaux de pouvoir sont macro-sociaux. Mais de ce fait, ils ne sont jamais saisis par le sujet au niveau micro-social directement. C’est par l’expérience social qu’il en fait, par une perspective expérientiel, qu’ils se donnent à la subjectivité et qu’il la façonne.

Management existentiel :

Le management existentiel ne fait plus du sens du travail un problème de l’organisation du travail, mais un problème psychologique qui doit être réglé par de la psychologie existentielle.

Phénoménologie critique :

Sartre, Castoriadis, Freire ect… La praxis (discours, travail, action politique) comme médiation nécessaire pour transformer le monde social et se transformer soi.

Psychanalyse :

La psychanalyse est la thérapie des fantasmes : elle entreprend de guérir le patient de la souffrance engendré par ses propres fantasmes.

Mais quelle pratique aide le sujet face à la souffrance psychique que provoque la réalité sociale ou la réalité en générale ? Les discriminations sociales, les violences économiques, la maladie ect…

Récupération capitaliste :

Le problème du capitalisme n’est pas seulement qu’il instrumentalise le désir. Spinoza : « je ne désir pas une chose parce qu’elle a de la valeur, c’est parce que je la désir qu’elle a de la valeur ».

Le problème, c’est surtout quel type de désir sont utilisés à des fins mercantile en étant détourné de leur finalité :

– il y a des désirs problématiques comme des désirs d’accumulation illimité. La centration sur l’avoir plutôt que l’être.

– il y des désirs positifs : comme l’aspiration à la réalisation de soi, à la coopération, à la justice sociale.

Le capitalisme industriel de la société de consommation de masse c’était appuyé entre autres sur l’angoisse du vide existentiel, dans des sociétés sécularisées, en le comblant par l’accumulation de bien.

Le nouvel esprit du capitalisme s’appuie plutôt sur les finalités existentielles que les personnes valorisent, y compris en faisant le reproche au capitalisme de les mettre à mal (critique artiste) : réalisation de soi, coopération, justice sociale, justice environnementale, recherche de sens, bonheur, ethique, émancipation…

Le capitalisme tend à chercher à enroler les subjectivités en leur donnant l’impression de se métamorphoser de manière à réaliser leurs aspirations existentielles.

Le rôle de la critique est de mettre en lumière l’imposture de ces récupérations : les mêmes mots sont utilisés, mais en réalité avec un autre sens, et une finalité qui est autre : « l’accumulation du profit pour le profit ».

Or fondamentales, la justice sociale et environnementale, la réalisation de soi ou encore la recherche de sens ne peuvent pas se trouver dans cette finalité d’accumulation.

Rigidité caractérielle :

L’approche psychothérapeutique consiste toujours à aller chercher dans le sujet la cause du problème. Il y a toujours un abord psychopathologique (qui fait par exemple la différence entre la psychanalyse et la psychologie humaniste).

Y compris dans la psychodynamique du travail, le présupposé, c’est que même s’il y a environnement de travail problématique, si le sujet est en mauvaise santé mentale cela tient à ses rigidités. Le plus paradoxal c’est que cela se finit en conseillant à la patiente de quitter son emploi.

Comme si par définition, par exemple, une posture militante n’impliquait pas une certaine rigidité des principes.

(Voir cas clinique rapporté par Dejours dans « Ce qu’il y a de meilleurs en nous »).

Savoirs informels :

Les personnes possèdent des savoirs informels qui sont des savoirs sur les rapports sociaux de pouvoir ou des savoirs liés aux pratiques de résistance. Le rôle de l’accompagnement existentiel ou de l’éducation populaire est entre autres de valoriser ce type de savoirs, tout en les éclairant aussi par des savoirs critiques issus des sciences sociales.

(voir aussi les savoirs situés, les savoirs minoritaires…)