Aliénation sociale et mentale :

On renvoie aujourd’hui ce qui relève de l’aliénation sociale (aliénation objective) et ce qui renvoie à l’aliénation existentielle (aliénation subjective) à l’aliénation mentale.

Il existe bien une aliénation mentale, mais nombre de personnes qui sont considérées comme renvoyés à la psychopathologie sont en réalité des personnes dont la situation renvoie à des difficultés sociales ou existentielles.

Approche existentielle de la souffrance psychique :

– la souffrance liée à des épreuves sociales – supposer d’analyser les mécanismes sociaux

– la souffrance liée à des épreuves existentielles – cette souffrance est liée à la condition existentielle de l’être humain et chacun/chacune peut l’éprouver.

La plupart des épreuves de vie sont à la fois sociales et existentielles.

– Epreuves existentielles et conflits de valeurs – certaines souffrances existentielles sont liées à des conflits de valeurs.

– Souffrance et projets existentiels  – certaines souffrances existentielles sont liées à la question du projet existentiel

– Souffrance et situations-limites : certaines souffrances sont liées à la confrontation du sujet avec des situations-limites.

Approche socio-existentielle :

L’approche socio-existentielle n’est pas adapté à tout type de personnes et de situation concernant le lien entre souffrance sociale et souffrance psychique :

– pas adapté pour traiter les cas psychiatriques graves

– pas adapté pour traiter les situations d’addictologie

– pas adapté pour les personnes qui souhaitent une prise en charge individualisée et qui considèrent que leur situation est totalement individuelle, personnelle

– pas adapté pour les personnes qui pensent que c’est elles le problèmes et que c’est en faisant avant tout un effort sur elles-mêmes que la situation pourrait changer.

Impact (mesure d’impact) :

Les étudiant-e-s tendent le plus souvent à formuler leur problématique de recherche en terme d’impact, d’effets. Ils pensent que la science a pour objet de montrer l’efficacité de telle ou telle pratique. On voit donc bien là l’identification de la science à la rationalité instrumentale.

Le problème, c’est qu’en outre les méthodes qu’ils veulent utiliser pour prouver un impact ne sont pas adaptées. L’observation ethnographique décrit. L’entretien qualitatif vise à déterminer le sens que les acteurs/trices mettent dans leurs actes.

Injonction biographique :

Le fait de demander à la subjectivité de mettre sa vie en récit, le conduit à la reconstruire son existence comme s’il en était le sujet et l’acteur.

Cette injonction a être un sujet participe de dispositifs d’autonomisation et de responsabilisation qui vise à invisibiliser le poids des structures sociales sur les trajectoires individuelles.

Foucault parlait également de techniques d’aveu qui visent à pénétrer l’intimité de la personne (ex : la confession, la talking cure…)

Une approche conscientisante vise au contraire à rendre visible le poids des structures et la place des individus au sein des structures sociales.

Maltraitance théorique et psychothérapie :

F. Sironi parle d’« une situation de maltraitance par la théorie et de maltraitance par la pratique, du fait de la non-prise en compte, de manière adéquate, de la véritable origine des souffrances psychologiques des personnes concernées ». (Sironi, Françoise. « Chapitre 6. Prévenir la vengeance », , Psychopathologie des violences collectives. sous la direction de Sironi Françoise. Odile Jacob, 2007, pp. 153-175.)

La maltraitance par la théorie, en psychothérapie, provient ainsi de l’imposition d’un schéma d’interprétation théorique inadéquat à la situation vécue par le patient. Par exemple, une interprétation psychanalytique, centrée sur la relation aux parents, de violences politiques telles que la torture.

F. Sironi : « J’appelle donc maltraitance théorique, une maltraitance induite par les théories, les pratiques ou les dispositifs thérapeutiques inadéquats. Ce phénomène apparaît lorsque les théories sous-jacentes à des pratiques sont plaquées sur une réalité clinique qu’elles recouvrent, qu’elles redécoupent ou qu’elles ignorent. Elles agissent alors comme de véritables discrédits envers la spécificité des problématiques et des populations concernées. Ce type de maltraitance a un impact direct et visible sur les patients, les cliniciens, et sur la production de savoir dans la discipline concernée. On comprend alors que la portée de la maltraitance théorique n’est pas uniquement clinique, elle est politique. » ( Sironi, Françoise. « Chapitre 7. Pour en finir avec la maltraitance théorique », , Psychopathologie des violences collectives. sous la direction de Sironi Françoise. Odile Jacob, 2007, pp. 181-196.)

Exemple donné par Sironi : « Mme C. a tenté de suivre une psychothérapie à deux reprises, mais en vain… elle abandonnait au bout de la troisième séance, sur une impression de malentendu. Elle avait très nettement le sentiment qu’on ne la comprenait pas. On l’invitait à parler d’elle, alors qu’elle commençait par parler de son engagement syndical dans son pays, raison pour laquelle elle a été torturée et emprisonnée. On s’intéressait exclusivement à sa petite enfance, à ses relations avec son père, avec sa mère. »

Rapports sociaux/Pratiques sociales :

Ce que la pédagogie critique vise c’est de mettre en place des pratiques sociales dans les espaces éducatifs qui remettent en question les rapports sociaux de pouvoir. Les pratiques sociales visent à agir sur des rapports sociaux de pouvoir, à faire bouger les lignes sur les rapports sociaux du pouvoir. Il ne s’agit pas de méthodes ou d’outils, mais bien de pratiques sociales :

« En d’autres termes, s’il y a bien déplacement des lignes de tension, le rapport social hommes/femmes reste inentamé(7). A l’inverse, ce sont les pratiques sociales -et non les relations sociales -qui peuvent dessiner des formes de résistance et être donc porteuses de changement potentiel au niveau des rapports sociaux. Je prendrai l’exemple de la Coordination infirmière, mouvement social de la fin des années 80. Dans les réunions, les formes de convivialité étaient indéniablement féminines : s’appeler par son prénom, prendre des nouvelles de la santé, remarquer un nouveau vêtement ou le passage chez le coiffeur, etc. Il s’agit bien là de relations sociales qui ont certes adouci le climat des réunions mais elles n’ont entamé en rien la dynamique de domination hommes / femmes au sein du mouvement. Dès qu’un enjeu se profilait à l’horizon, les mécanismes se remettaient en place (exemple : qui va parler devant les médias ?). Ce qui a permis d’ébranler les rapports sociaux de sexe, ce sont les pratiques sociales collectives : décision par exemple que ce seront des femmes qui auront les responsabilités formelles (présidence de l’association 1901) et les responsabilités pratiques (responsabilité du service d’ordre durant les manifestations), décision qu’il y ait un apprentissage collectif à la prise de parole en public, etc. » (Kergoat Danièle. Comprendre les rapports sociaux. In: Raison présente, n°178, 2e trimestre 2011. Articuler le rapports sociaux. pp. 11-21. DOI : https://doi.org/10.3406/raipr.2011.4300)

Souffrance psychique et groupes sociaux :

Les femmes sont deux fois plus atteintes de troubles anxieux et dépressifs. Il est d’ailleurs intéressant que les auteurs qui ont travaillé sur le caractère social de la dépression n’ont pas noté ce fait et se soit orienté vers une théorie de l’individualisation sociale (Erhenberg). Or la disproportion homme/femme sur ce type de trouble peut correspondre à la disproportion liés aux agressions sexistes et sexuelles.

Les hommes en revanche sont nettement plus sujets à l’acoolisme et donc hospitalisés pour addiction.

Les groupes sociaux ouvriers et classes populaires sont plus atteints de troubles mentaux, entre autres dépressifs, que les professions intermédiaires et les cadres.

Subjectivité (psychisme et social) :

Il faut distinguer plusieurs cas de figure. La facticité :

– le biologique (ex : maladie génétique)

– le social (trouble à variabilité statistique – ex : dépression)

– la sociologie déterminer des constantes dans le fonctionnement social

– la psychologie détermine des constantes dans le fonctionnement du psychisme (en présupposant ou pas une réduction du psychisme au neurologique).

Les approches scientifiques visent à expliquer le fonctionnement de la réalité en déterminant des constantes et des relations de causalité.

Supposer de considérer le psychisme comme irréductible à cette logique implique de passer par la propriété de l’intentionnalité de la conscience aussi bien en sociologie (sociologie compréhensive) qu’en psychologie ( Ce sont les approches compréhensives, herméneutiques ou intentionalistes.

Les actions des êtres humains sont compréhensibles car elles sont dotées de sens. Ce qui fait donc la singularité de la pensée et de l’action humaine ne se trouve pas dans une approche scientifique déterministe, mais dans l’intentionnalité, dans le projet.

Il faut distinguer les épreuves de vie (sociales et existentielles) qui génère un mal-être de la maladie mentale, de l’addictologie, et des troubles psychiques (ex : anxiété ect…)

La maladie mentale, les troubles psychiques, l’addictologie suppose le plus souvent une prise de médicament et/ou une prise en charge spécialisée.

L’accompagnement existentiel porte uniquement sur une souffrance liées aux épreuves de la vie (existentielles et sociales) sans troubles psychique nécessitant une prise en charge médicamenteuse, ou alors uniquement en complément chez des personnes stabilisées.