Aliénation sociale :

 

C’est quand des éléments sociaux intériorisés par l’esprit de l’individu prennent la place du sujet, soit en aliénation totalement la subjectivité, soit qu’elle vienne en limiter la liberté, la marge de manœuvre. Les idées sociales oppressives intériorisées par le sujet sont de cette nature. Elles peuvent constituer comme les cages d’une prison. Mais, il est possible pour le sujet d’essayer de briser les barreaux de la cage.

Qu’est-ce qui permet de distinguer les deux ? C’est le sentiment d’aliénation subjective. Le sujet reconnaît il ces pensées comme étant les siennes ou comme lui étant extérieur.

 

L’aliénation fonctionne comme des conduites dissociantes. Il ne s’agit pas de conduites qui émanent du sujet. Il s’agit de conduites liées à la mémoire traumatique qui est dissociée de la mémoire autobiographique.  La mémoire autobiographique renvoie au sujet narratif.

 

L’alinéation n’est que rarement un phénomène total d’emprise sur l’esprit, mais il se caractérise plutôt par une subjectivité morcelé avec des morceaux de subjectivités subjectivités dans lesquels le sujet ne se reconnaît pas. Phénomènes de dépossession de soi.

 

Angoisse et synthèse du moi : L’angoisse peut provoquer des dissociations de la subjectivité.

 

Analyse existentielle  1:

 

Le moi empirique : il est constitué par la positionnalité sociale et les épreuves de vie.

– Le « sujet » est la liberté d’action compte tenu des conditions du moi empiriques. Il est le produit des choix qu’effectue le sujet compte tenu des conditions données.

– Le sujet trouve sa condition de possibilité dans l’intentionnalité de la conscience (la capacité à formuler des projets)

– Si la liberté est déterminé, il n’y plus de libre arbitre.

– Le sujet est de ce qui donne sens à la situation. Le sujet est ce qui réalise un choix éthique face aux conditions de la situation. La liberté et la responsabilité de choisir des projets.

 

Ex : Un garçon victime de maltraitance dans son enfance. Son père bat sa mère et ses enfants. Il peut répéter le schèma familial qu’il a intériorisé. Pourtant, il sait devenu adulte que cette attitude est socialement condamné. Pourtant, il reproduit la violence. Il est arrêté. Son avocat le défend : « il a été lui même un enfant battu ». Le juge et la société considère qu’il est tout de même coupable.

 

Néanmoins, la contradiction entre ces deux réalités (le modèle familial et l’interdit social) peut devenir un objet de réflexion pour la conscience morale (cf. Pharo). L’homme peut décider qu’il est légitime de ne pas reproduire la violence. Il peut par exemple si nécessaire décider d’effectuer une psychothérapie pour éviter de reproduire la violence qu’il a vécu.

 

Ex : Les élèves de milieux socialement défavorisés ont moins de chances de réussir à l’école.

Néanmoins, les élèves de milieux socialement défavorisé qui réussissent à l’école ont le même rapport au savoir que les élèves favorisés. (Escol)

Il serait donc possible d’agir sur la réussite des élèves en agissant sur leur rapport au savoir, ce qui veut dire sur le sens qu’ils donnent aux savoirs scolaires (reframing).

 

Ex : la maladie mentale. Le sujet a une phobie ou un TOC. Cette maladie produit un comportement. Le sujet peut donner des sens différents à cette maladie (religieux, scientifique…). Compte tenu des contraintes que lui impose la maladie, il peut essayer de déterminer des projets : être dans le déni de la maladie, entamer un traitement ect…

 

La facticité n’abolie jamais le sujet (sauf par exemple crise psychotique, drogue ect…). En revanche, les marges de manœuvre du sujet sont plus ou moins importantes. La connaissance (ex : conscientisation) et la praxis peuvent modifier la situation et donc ouvrir d’autres possibles.

 

L’analyse existentielle porte sur les problèmes suivants :

– les questions relatives au sens

– les questions relatives aux choix, donc à la liberté, la responsabilité et la morale.

 

Il y a deux dimensions de la connaissance de soi :

– la connaissance objectif qui cherche ce qui a déterminé les pensées ou les actes (archéologie de la conscience)

– la connaissance subjective qui cherche le sens que les acteurs donnent à leur actions et qui implique une donnation de sens irreductible à l’approche objective – analyser la manière dont ils ont tenté de se construire comme sujet et les accompagner dans cet effort (téléologie de la conscience)

 

Il y a deux dimensions : a) le moi empirique (mécanique) celui des neurosciences dans l’analyse des maladies mentales b) le sujet comme conscience intentionnelle. Dans la maladie mentale, la conscience intentionnelle est confronté à un dysfonctionnement mécanique neurologique. C’est sur ce mécanisme qu’agissent les médicaments. Mais le sujet n’est pas cette partie mécanique.

 

Sartre fait une erreur d’attribution : il attribue au sujet des réalités qui relèvent de la facticité (la maladie mentale). En revanche, il appartient au sujet d’assumer ou non la situation. Il peut être dans le déni (la mauvaise foi).

 

La question de l’erreur d’attribution est fondamentale : il s’agit de distinguer ce qui relève de la situation et ce qui relève du sujet. La maladie n’est pas de la responsabilité du sujet. Mais c’est l’attitude face à la maladie qui est de la responsabilité du sujet (Epitète : ce qui dépend de soi, ce qui ne dépend pas de soi).

 

Trois notions : a) conditions sociales b) épreuves de vie c) projet

 

Analyse socio-existentielle 2 :

 

L’analyse socio-existentielle porte sur :

– sur les déterminants sociaux (sociologie des rapports sociaux)

– sur les épreuves de la vie (sociologie des épreuves)

 

Les mytifications sociales :

– les mythes : idées sociales qui ont un rôle négatif sur le sujet par exemple en le culpabilisant, en l’infériorisant, en l’empêchant d’agir.

– lutter contre l’introjection de l’oppresseur en soi (identification à l’aggresseur)

 

Les possibles :

– inédits possibles

– actes limites et inédits viables.

 

Bourdieu/Freud/Sartre : Il faudrait discuter les controverses Freud/Sartre et Sartre/Bourdieu.

 

Bourdieu/Garfinkel (avec le cas d’Agnes, une personne transgenre qui performe le genre)

 

Conscience morale : Patrick Pharo propose une interessante théorisation de la conscience morale. La conscience morale est liée à l’existence d’idéaux moraux dans la société. Néanmoins, l’enfant et l’adulte font l’expérience de la disjonction entre les idéaux et les pratiques. Deux attitudes peuvent alors être mises en œuvre. Soit le réfoulement des idées morales. Soit le fait que cette disjonction entre pratique et idéal soit pris comme objet de réflexion morale.

 

Consentement et soumission  (féminisme) : il n’y aurait jamais de consentement à la domination, de soumission librement consenti, car en réalité derrière la soumission librement consentie, il y a toujours une violence. (Nicole Claude Mathieu : « céder n’est pas consentir »)

L’analyse féministe, c’est toujours faire apparaître la violence qu’il y a derrière le consentement à la domination et non pas un désir de domination (vs. Lordon)

 

Conscience opprimée (analyse de la…) :

– WEB Du Bois

– Albert Memmi

– Frantz Fanon

– Simone de Beauvoir

– Paulo Freire

– Nicole-Claude Mathieu

 

Droit et dignité : lutter dans le cadre d’une lutte pour des droits collectifs, c’est lutter pour sa dignité. Prendre conscience que l’on a des droits, c’est prendre conscience que l’a une dignité, que l’on a une valeur, que l’on est digne de respect.

 

Interprétation : L’interprétation ne porte pas sur un hypothétique inconscient. Elle ne porte pas sur des analogies de fonctionnement entre le présent et le passé qui porterait sur le fonctionnement inconscient de la personne.

L’interprétation porte en premier lieu sur l’interprétation de la réalité (recadrage, reframming).

 

Moi profond/moi superficiel (Bergson) : Ce qui est vient de la société est-il nécessairement aliénant pour le moi ? Tout dépend si cela correspond aux valeurs du moi ou si c’est incohérent avec son projet.

Le moi se constitue par l’agrégation d’expériences sociales sur fond de capacités humaines. Le moi empirique est constitué par la positionnalité sociale, les épreuves de vie et les expériences vécues. Comment émerge le sujet ? Le sujet émerge par la réfléxivité sur ces expériences de vie.

Cf. P. Pharo : la conscience morale comme objet de réflexion.

Idem : face à l’absence de sens de l’existence, émerge une réflexion sur le sens de l’existence

Qu’est-ce qu’être un sujet ?

– c’est une capacité de réflexion sur l’existence

– c’est une capacité de décision

– c’est une capacité d’action.

 

Objectivation et réification : Un des enjeux, c’est de résister à la réification dans le discours d’autrui. La réification n’est pas l’objectivation. L’objectivation est ce que fait la science : elle produit des catégorie d’organisation du réel. Mais, le sujet a la capacité de déborder ces catégories d’objectivation par son projet.

Ainsi, une personne trans est réifié comme homme à la naissance, mais par son projet, elle peut mettre en œuvre des pratiques pour échapper à cette réification.

 

Situation : Les approches psychothérapeutiques cherchent à changer la nature de la personne en considérant qu’elle est dysfonctionnelle. Par exemple, la théorie des personnalités (DSM) est d’ailleurs paradoxale en présupposant une nature stable de la personne qui en réalité ne peut de ce fait être transformé par la psychothérapie. D’autres comme les TCC supposent des shémas de pensée dysfonctionnels, tandis que d’autres comme la psychanalyse présuppose un shéma de pensée dysfonctionnel.

Or il ne s’agit pas de changer la personne. Mais, il s’agit de changer l’interprétation des faits et de la réalité. Il s’agit de changer la relation du sujet au fait ou à la réalité. Il s’agit de changer la situation. Mais il ne s’agit pas de changer la personne en soi.

Les personnes en soi ne sont pas dysfonctionnelles, c’est leur relation aux personnes ou à la réalité, ou la réalité elle même qui est dysfonctionnelle.

 

Situation et conscience :

 

La situation :

– déterminants sociaux

– épreuves de vie : évenement potentiellement traumatique et évènements de vie critique.

 

L’aliénation : C’est ce qui dans le sujet est perçu par lui comme extérieur à lui et qui le contraint (l’aliénation peut avoir une origine biologique ou sociale) (= chez Freire, « mytification »).

 

Le sujet : se caractérise par sa capacité de réflexion sur la situation et l’aliénation, et sa capacité à incorporé des éléments du social ou à les rejeter.

 

Concience et conscientisation (Freire) :

– la conscience mytsifiée (aliénée par une idéologie oppressive) [Voir Lefebvre, Guterman]

– la conscience révolté (conscience de son oppression)

– la conscience fataliste (impuissance)

– la conscience sociale critique (consciente des rapports sociaux et de leur caractère historico-social)

 

Résistance :

– Scott : les dominés ne consentent jamais à leur domination. Il y a toujours une résistance qui est toujours au moins cachée

– Havel : les dominés ne consentent pas à la domination, mais cette résistance en étant seulement infrapolitique peut perpétuer le système de domination.

– Nicole Claude Mathieu : les dominées ne consentent jamais à leur domination, mais par un ensemble de mécanismes de violence, elles peuvent être réduite à l’impuissance.

 

Socio-existentiel :  L’accompagnement socio-existentiel se distingue des autres approches existentielles dans la mesure où il s’agit de mener une réflexion qui porte sur la relation entre les rapports sociaux de pouvoir et les épreuves de vie. Comment les épreuves de vie sont-elles vécues par une personne singulière compte-tenu de sa positionnalité sociale ?

 

Soumission : différentes hypothèses :

– la mauvaise foi : le sujet nie sa liberté (Sartre)

– désir inconscient : le sujet peut désirer inconsciement sa soumission (Freud)

– la violence : il n’y a jamais consentement à la domination, il y a toujours une violence (NC Mathieu)

 

Le problème est de distinguer la mauvaise foi et la violence. Dans quel cas la responsabilité du sujet est abolie ?

 

Symbolisme et traumatisme : La variabilité de l’effet de l’acte traumatique tient également à la valeur symbolique accordée par le sujet à l’évènement, par exemple dans le cas d’une transgression religieuse.

 

Violence : il ne s’agit pas de débusquer la violence qui se trouve au coeur de la subjectivité, mais d’analyser les violences qu’ont subi les sujectivités et qui les ont produites. Ces violences peuvent conduire à l’identification à l’agresseur.