Au Quebec, l’exercice de la psychothérapie est encadrée. Ce qui a donné lieu à une réflexion sur la distinction entre la psychothérapie et l’intervention sociale en accompagnement individuel. Trois critères ont été formulés :

– sa nature (traitement psychologique s’appuyant en particulier sur l’une des quatre méthodes suivantes : a) psychodynamique b) systémique c) cognitivo-comportemental d) humaniste)

– son objet (« pour un trouble mental, pour des perturbations comportementales ou pour tout autre problème entraînant une souffrance ou une détresse psychologique »)

– sa finalité (« Qui a pour but de favoriser chez le client des changements significatifs dans son fonctionnement cognitif, émotionnel ou comportemental, dans son système interpersonnel, dans sa personnalité ou dans son état de santé »)

L’approche socio-existentielle n’est pas une approche psychothérapeutique pour les raisons suivantes:

– Sa nature :

Un traitement psychologique porte sur la modification du fonctionnement interne du psychisme d’une personne de manière à modifier son fonctionnement cognitif, émotionnel, comportemental, relationnel, ou sa personnalité. Cela de manière à améliorer son état de santé.

L’approche socio-existentielle s’appuie sur la méthode régressive-progressive de Jean-Paul Sartre (reprise de Henri Lefebvre). Elle combine la sociologie des rapports sociaux, la sociologie des épreuves, ainsi que la philosophie existentialiste phénoménologique.

Elle ne vise pas une analyse et une modification du fonctionnement psychologique de la personne.

– Son objet :

L’approche socio-existentielle ne vise pas la souffrance psychologique, ce qui voudrait dire la souffrance qui est liée au fonctionnement psychique interne de la personne ou de sa relation aux autres personnes.

L’approche socio-existentielle s’intéresse à des souffrances réactionnelles qui sont liées :

– à une souffrance sociale (qui a une origine dans des problèmes sociaux)

– à une souffrance existentielle (qui relève de questionnements philosophiques sur le sens de l’existence)

– à une souffrance morale (qui est liée à des questions relevant de l’éthique et de la philosophie morale).

– Sa finalité : L’approche socio-existentielle ne vise pas à modifier le fonctionnement de la personnalité propre à la personne. Elle ne part pas de l’idée que le problème se trouve dans la personnalité intrinsèque du sujet.

Elle vise à dévoiler les systèmes d’emprise qui relèvent de problématiques sociologiques (exemple : sociologie des organisations, sociologie des rapports sociaux de sexe)

Elle vise à analyser des idées sociales intériorisées par la personne et qui ont une action opprimante. Cela suppose là encore une analyse sociologique des rapports sociaux de pouvoir pour pouvoir analyser l’origine sociale de ces idées et leur caractère oppressif.

L’approche socio-existentielle vise à faire réfléchir la personne sous un angle philosophique à son projet existentiel et à la manière de le mettre en œuvre (« consultation philosophique »).

En bref :

La principale différence entre la psychothérapie et l’approche socio-existentielle, c’est que la psychothérapie vise à agir sur le fonctionnement interne de la personne ou sur son fonctionnement dans les relations avec les autres personnes. Elle repose sur l’idée que l’intervention porte sur la personne, que le problème se trouve dans la personne en elle-même. L’approche socio-existentielle vise à analyser le social et les effets du social sur la personne, y compris sur son psychisme, via l’intériorisation de normes sociales oppressives.