Adaptation/transformation :

Est-ce que l’éducation consiste à adapter l’être humain à son environnement dans une perspective darwinienne sociale et behvioriste ou est-ce que l’éducation doit permettre à l’être humain de transformer son environnement social ?

Conscience des opprimé-e-s :

Oppression : intériorisée, interpersonnelle, institutionnelle, structurelle.

Rôle des violences dans l’oppression intériorisée : violences physiques, psychologiques, sociales

L’inconscient comme inconscient social structuré par les rapports sociaux de pouvoir.

(et pas l’inconscient est structuré comme un langage)

Deux mécanismes de double conscience : l’introjection (de la violence) = identification à l’oppresseur / dissociation (face à la violence) –

Intériorisation d’idées opprimant-e-s : préjugés négatifs, stigmatisations, idéologie oppressive ect…

Relations d’emprise et système d’emprise

Ex : « Capitalisme intériorisé » ( Anders Hayden), sexisme intériorisé, homophobie intériorisée, transphobie intériorisée, racisme intériorisé ect…

Mots clefs : charge mentale, stress minoritaire (distal/proximal), oppression intériorisée, identification à l’oppresseur, dissociation, double conscience, intériorisation/introjection/internalisation

Réel : analyser les mécanismes réel : Emprise, micro-agressions, rapports sociaux de pouvoir,

Affect : culpabilisation, honte, angoisse, colère.

Auteurs : Fanon, Du Bois, Freire, NC Mathieu

Idée importante de NC Mathieu : il n’y a pas de symétrie entre la conscience de l’opprimé-e et celle des l’oppresseur.

Conscience des opprimé-e-s, inconscient social et savoirs des minoritaires

Conscience des privilégiés :

Inconscience de leurs privilèges sociaux.

Aliénation sociale ou réification impersonnelle lié au système dans son ensemble.

Mécanisme de défenses : déni, clivage, refoulement… (voir comment on devient un tortionnaire).

Conscience et intersectionnalité :

Avec l’intersectionnalité, sous des rapports différents, la conscience peut être à la fois celle de l’opprimé-e et du privilégié (voir A Memmi, Portrait du colinisateur, portrait du colonisé)

Double conscience : l’opprimé-e souffre du fait qu’il a introjecté en lui-même l’oppresseur (Freire)

L’oppresseur pour sa part ne souffre pas (ou alors parfois de la réification impersonnelle) car il est dans l’illusion de sa liberté.

Education populaire (Qu’est-ce que) : C’est un ensemble de pratiques d’enquêtes, qui partent de nos expériences de la vie quotidienne, pour nous permettre de dévoiler comment les systèmes d’oppression (sexisme, racisme, capitalisme, validisme…) fonctionnent sans que l’on s’en rende compte. Ce dévoilement de la réalité sociale a pour objectif de nous permettre d’en prendre conscience pour ensuite la changer collectivement.

Epreuves (ligne) : faire construire une ligne des épreuves de vie vécue par les personnes, qu’est-ce qu’elles identifient comme des épreuves de vie.

Epreuves de vie  (approche socio-existentielle):

Les épreuves de vie peuvent être divisées en deux grandes catégories :

– les épreuves sociales : chômage, pauvreté, précarité économique, violences discriminatoires ect…

– les épreuves existentielles : deuil, maladie, mort, veillissement. L’épreuve existentielle est liée à la temporalité et également à la corporalité de l’expérience humaine. Tout expérience humaine nous est donné à travers l’expérience du temps et d’un corps.

En réalité, il apparaît assez difficile de détacher l’épreuve existentielle en la considérant indépendament des conditions sociales : par exemple le niveau de richessse ou de pauvreté influe sur l’état de santé et la mortalité.

Mais les épreuves existentielles ne sont pas que des épreuves sociales : toute personne qu’elle soit riche ou pauvre peut être confronté à la maladie ou à la mort, et la richesse ne permet pas de passer outre l’épreuve existentielle.

Epreuves :

Soit deux frères ou deux sœurs, confrontés aux mêmes épreuves, pourquoi ont-ils ou ont-elles des trajectoires sociales différentes ?

Hypothèses : Les personnes produisent un cadre d’interprétation différent des épreuves de vie auxquels ils ou elles sont confrontés.

– Les individus peuvent être catégorisés selon :

a) leur positionnalité sociale (ex : homme/femme)

b) selon leur cadre d’interprétation (ex : pro-féministe/anti-féministe)

Idées à déconstruire :

Idées à discuter

Idée à opposer

Le psychisme d’une personne serait déterminé par des caractéristiques internes

L’analyse du psychisme doit prendre en compte la positionnalité sociale et les épreuves de vie auxquelles ont été confrontés les individus

Les causes de l’aliénation se trouvent dans la personnalité du sujet, dans un désir inconscient

Une philosophie liberatrice cherche au contraire à dévoiler les mécanismes externes qui provoquent l’aliénation de la conscience.

L’approche du psychisme doit être individuelle.

L’approche du psychisme doit être tournée vers la mise en valeur de points communs collectifs.

Il s’agit de favoriser un travail sur soi du sujet pour s’adapter à la réalité sociale

Il s’agit de développer une solidarité collective en vue d’une transformation sociale de la réalité.

Jumeaux : Comment expliquer la différence de personnalité de jumeaux ?

Place des épreuves dans la vie : micro-épreuves et épreuves de vie.

Groupe social et épreuve :

Le fait de détacher l’épreuve du groupe social est très discutable :

– certaines épreuves sont propres à des groupes sociaux : l’épreuve des violences sexistes, de la pauvreté, ou encore du racisme.

– les épreuves existentielles : les épreuves existentielles (ex : une maladie) ne suffisent pas forcement à créer un destin commun même si cela peut arriver (ex : SIDA). Mais la trajectoire ne sera pas la même pour un pauvre et un riche.

Notions de psychologie de l’opprimée :

– Colonisation mentale

– Aliénation

– Emprise mentale : « On parle d’emprise mentale lorsqu’un individu ou un groupe exerce, d’une façon ou d’une autre, une tentative de contrôle, le plus souvent psychique, sur autrui entraînant une déstabilisation des processus décisionnels, de la capacité à juger, du pouvoir d’auto critique. » (UNADFI)

Philosophie : La philosophie n’est pas nécessairement la discipline qui crée des concepts, mais la discipline qui produit des distinctions conceptuelles qui évitent la confusion dans la pensée.

Philosophie sociale de la subjectivité

Psychanalyse : La psychanalyse en essentialisant une anthropologie hobbsienne a sans doutes mieux décrit la conscience de l’oppresseur que celle des opprimé-e-s.

La détestation du victimaire de la part des psychanalystes tient sans doute à ce que leur anthropologie leur permet mieux de décrire la conscience des dominant et des bourreaux que celles des victimes.

Psychologisation : il ne s’agit pas de psychologiser le social, mais de sociologiser l’inconscient.

Il y a deux modèles d’interprétation opposé. Le modèle psychologique vise à projeter sur l’explication de la société des concepts issus de la psychologie ou de la psychanalyse.

Le modèle sociologique vise à analyser la manière dont le social est intériorisé par le psychisme, comment les rapports sociaux de pouvoir construisent le psychisme.

Psychisme de l’opprimé :

Ontologie : être inachevé – aspiration au plus-être (Jaspers)

– Conscience intentionnelle – projets – sujet authentique (Sartre)

– Introjection de l’oppresseur (Fanon) – sujet inauthentique. (aliénation)

= Opprimé comme être double, clivé et en lutte intérieure pour se débarrasser de l’oppresseur qui est en lui et qui l’empêche de se réaliser.

Mythes : conscience fataliste – adaptation à la réalité sociale.

Education critique : conscience critique – transformation de la réalité sociale.

– Conscience morale – refoulement des idées morales (Pharo)

Psycho-socio-analyse : La pédagogie des opprimés procède à une socioanalyse en essayant d’identifier les introjections opprimantes (identification à l’oppresseur, mythes) qui emêchent les opprimé-e-s d’agir.

La libération est marquée par une capacité à assumer sa liberté, à agir et à développer un être-soi authentique. L’inauthenticité et l’aliénation tient chez Freire au fait que le sujet s’identifie à l’oppresseur (qui est dominé par la logique de l’avoir et de la nécrophilie) au lieu de développer son être-plus.

Néanmoins, le développement de l’être-soi authentique trouve sa condition de possibilité dans une transformation de la réalité sociale.

La pédagogie bancaire (comme les thérapies adaptatives) vise l’adaptation du sujet à la société, la pédagogie des opprimés visent l’engagement dans l’action et la transformation de la société.

Savoirs et conscience opprimé-e-s : La méthodologie d’enquête socio-existentielle

La recherche : Dans quelle mesure l’expérience phénoménologique des subjectivités relativement à l’expérience vécue (VD) varie en fonction de la positionnalité sociale (VI) ?

H1 : Il y aurait des différences de conscience phénoménologique en fonction de la positionnalité sociale

H2 : Il y aurait des différences de savoirs expérientiels en fonction de la positionnalité sociale.

– Détermination de la positionnalité sociale

– Entretiens phénoménologiques : Conscience et savoirs expérientiels

– Analyse : Différences des vécus et de savoirs en fonction de la positionnalité sociale.

Ces différences se manifesterait en particulier dans les épreuves sociales d’oppression (exploitation, discrimination, violence, stigmatisation ect…)

Mais ces différences liées à la positionnalité sociale peuvent également se manifester sans doutes dans d’autres épreuves socio-existentielles.

Référence : Beauvoir, Fanon, Freire,

Subjectivité/objectivité. Point de vue/Totalité. Dialectique.

Totalité : L’approche de la pédagogie critique de Paulo Freire suppose d’être capable avec les éléments qui sont amenés par les participantes de les articuler dans une totalité systémique qui leur donnent sens par les liens qui sont organisés entre eux.

Il y a deux formes d’explication systémique :

– la première consiste à analyser la réalité depuis la positionnalité sociale des opprimées (approche subjective : oppression) = elle met en avant le point de vue subjectif des opprimés. Elle s’appuie sur son point de vue sur la réalité sociale, sur son oppression.

– la deuxième consiste à analyser la situation depuis la logique objective du système d’oppression (relation d’emprise). La seconde logique dévoile le fonctionnement du système de domination dans lequel est pris le sujet et qui le contraint dans ses choix sans qu’il s’en rende nécessairement compte.

La synthèse culturelle dont parle Paulo Freire articule des deux points de vue : subjectif et objectif pour tenter de saisir la totalité.

Vie quotidienne et aliénation mentale :

– l’accélération du temps social (Rosa) qui produit l’épuisement mental

– l’économie de l’attention (colonisation de l’attention par le capitalisme numérique)

– l’emprise numérique et technologique : ensemble de procédés techniques qui visent à produire une colonisation mentale, ou plus généralement des contraintes physiques et psychiques, en lien avec des intérêts politiques et/ou économiques.

Travail en groupe et expériences vécues : il est préférable de faire travailler les expériences vécues en petit groupe, cela permet lors de la mise en commun en grand groupe de préserver un certain anonymat des expériences individuelles.

Annexe :

Psychologie dominante

Psychologie des opprimés

– L’être humain possède en lui-même des tendances naturelles (pulsions) agressives et destructrices (anthropologie hobbsienne)

– Les opprimés ont un désir de soumission (masochisme de l’opprimé)

– La souffrance des opprimés provient de conflits intrapsychiques

– La souffrance trouve son origine dans des fantasmes

– La souffrance est individuelle

– La thérapie est orientée vers l’analyse des conflits psychiques passés

– Les opprimés et les oppresseurs ont interiorisés en eux les rapports sociaux d’oppression.

– Les opprimés ne consentent jamais à leur domination, ils cèdent sous l’effet de violences

– La souffrance des opprimés a une origine sociale

– La souffrance trouve son origine dans le réel, la réalité sociale

– La souffrance est collective car elle est sociale

– L’intervention est tournée vers le développement des capacités d’action, la capacité à transformer le réel

– L’intervention distingue ce qui relève du réel et ce qui a été introjecté dans l’origine de la souffrance

– L’intervention procède à une analyse critique des rapports sociaux de pouvoir intériorisés