• Retour sur l’existentialisme

 

Sociologie –  sous sa forme structuraliste : se réfère à des rapports sociaux de pouvoir ; entre les classes sociales, assignation à un sexe ; et tout ça nous détermine socialement

Sur l’existentialisme: un texte fondateur et accessible : Sartre – L’existentialisme est un humanisme :

LIEN : http://prepagrandnoumea.net/hec2015/TEXTES/SARTRE%20L%20existentialisme%20est%20un%20humanisme.pdf 

 

 

  • Les questions existentielles sont plus vastes que l’existentialisme

 

 

Les questions existentielles constituent un champ de la philosophie qui dépasse l’existentialisme en tant que courant philosophique.

 

Dans le champ de la psychothérapie, 3 grandes approches coexistent :

  1. Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), conception positive de la science, se réfère actuellement aux sciences cognitives (trouve son origine entre autres chez Pavlov et Skinner pour le comportementalisme)
  2. La Psychanalyse
  3. Enfin, la “3 e force”, les thérapies humanistes (Rogers et Maslow) et les thérapies existentielles (V. Frankl / Rollo May / Irvin Yalom)

 

Dans la psychologie existentielle, la question du sens de l’existence est fondamentale.

 

Selon Irvin Yalom, par exemple les 4 questionnements principaux de l’homme sont

  1. la mort
  2. l’absence de sens
  3. l’isolement existentiel
  4. la liberté

 

 

  • La diversité des formes d’accompagnement 

 

 

La question de la liberté dans notre monde contemporain pose la question des contraintes qui sont posées à cette liberté, entre autres  les systèmes d’emprise.

 

Ces systèmes d’emprise sont par exemple à l’oeuvre dans la sphère professionnelle (cf. Livre de Pascale Jamoule “Je n’existais plus”)

 

Peuvent avoir des conséquences telles que: 

  • Risque de dérive sectaire.
  • Risque de dépression, burn out, etc.

 

Il est donc important de prendre en compte la situation sociale dans laquelle se trouve la personne.

 

Il existe différent types d’accompagnement :

 

  • Le coaching est tourné vers la performance et lié au monde de l’entreprise.

 

  • Le développement personnel est plus tourné vers l’accomplissement de soi (cf. pyramide de Maslow : le but ultime est l’accomplissement de soi). L’objectif du développement personnel est d’accompagner des personnes et non pas d’optimiser la performance – le but est la réalisation de soi.

 

  • La consultation philosophique : il s’agit d’une pratique professionnelle émergente ( depuis une vingtaine d’années) qui reste encore peu développée en France où ce sont surtout des pratiques de philosophie en groupe qui sont développées (café philo, discussion à visé philo pour enfants et adultes, etc.). L’accompagnement existentiel peut-être  une forme d’accompagnement philosophique. 

 

  • L’accompagnement existentiel : il est mis en œuvre pour des personnes qui sont face à des épreuves de vie; sociales ou existentielles. Il s’agit par exemple de personnes en rupture biographique (changement d’emploi, reconversion, retraite…) ou faisant face à une crise existentielle (maladie, deuil…)

 

IMPORTANT : Ces accompagnements philosophiques ne se substituent pas à la psychothérapie (ou à une prise en charge plus médicalisée). Elle est en dehors de l’approche psychopathologique. Le questionnement existentiel ne relève pas du pathologique. Cela peut concerner tout individu qui se questionne sur le sens de l’existence en général, d’un point vue philosophique ou plus personnel lors d’une rupture ou d’une crise existentielle.

 

Faire face à une épreuve sociale ou/et existentielle peut générer souffrance et angoisse sans que cela renvoie clairement à une psychopathologie. Toute épreuve de vie peut générer de la souffrance et les personnes peuvent rechercher du soutien à cette souffrance. Mais il n’est pas certain que la forme psychothérapeutique constitue la forme de soutien pertinente.

 

 

  • Les pratiques et formes de l’accompagnement existentiel

 

 

Il existe plusieurs formes d’accompagnement existentiel qui relèvent de “pratiques existentielles” (de Bouver) par référence aux “exercices spirituels” (Hadot) en philosophie:

 

  • Le journal et la pratique diaristique sont des exemples de formes de pratiques existentielles.
  • Les pratiques d’accompagnement existentiel : 

(détail ici : https://lewebpedagogique.com/educationsdesoi/2021/11/13/les-pratiques-daccompagnement-existentiel/)

 

  • L’entretien dialogique (/socratique) : les questionnements, la contradiction, la logique et le raisonnement sont au coeur de cette forme d’accompagnement.

 

  • L’animation d’une discussion de groupe.

 

  • Le récit de vie et comment on analyse ce récit de vie (cf. C Delory-Monberger). Le récit de vie est en lien avec le concept de logothérapie (Viktor Frankl) il s’agit d’une thérapie par le sens – selon laquelle la finalité de l’existence n’est pas le bonheur (ce que l’on pourrait trouver en psychologie positive par ex.) mais de donner un sens à sa vie (cf. le livre Découvrir un sens à sa vie V. Frankl).

 

  • Le commentaire existentiel.

 

  • L’écriture créative existentielle (qui rejoint la question du journal).

 

  • La création visuelle.

 

Question : et qu’en est-il de la danse ? Il existe des pratiques de danse-thérapie : est-ce que cela peut constituer une pratique existentielle ? 

 

Réponse d’Irène Pereira : la danse-thérapie est un domaine assez marginal mais en effet il existe des travaux sur les liens entre corps, pensée et questions existentielles (par exemple : Richard Shusterman et la philosophe pragmatique).

 

 

  • Déterminisme ou conditionnement : approche marxienne de l‘Histoire

 

 

L’approche déterministe analyse l’individu à travers  un ensemble de relation de cause à effet (par exemple, la sociologie explicative analyse comment les individus sont déterminés par leur milieu social). 

 

La philosophie existentielle développée notamment dans la phénoménologie pose la question du sens que les individus donnent à leur propre réalité

 

A la différence de la sociologie explicative, la  sociologie compréhensive va  s’intéresser à la manière dont les personnes perçoivent et construisent leur réalité. 

 

Paulo Freire, en tant que pédagogue marxiste et existentialiste considère que les personnes ne sont pas déterminées socialement mais conditionnées. Autrement dit, ce ne sont pas les femmes et les hommes qui sont déterminées mais les conditions sociales dans lesquelles ils vivent.

 

En effet, selon Marx ; les humains font leur histoire mais dans des conditions sociales déterminées. Ce sont eux qui vont donner un sens à ces conditions. 

  1. cf. l’exemple de la montagne de Sartre :
  • l’être humain se retrouve face à une montagne, il peut décider en lui-même si elle est un obstacle ou un défi. 
  • La montagne est la condition sociale et le choix de l’être humain : le sens qu’il donnera à cette condition sociale. 

 

Les institutions sont traversées de rapports sociaux de pouvoir et de domination (de genre, classe, etc.). Elles peuvent avoir  des modes de fonctionnement (bureaucratie par ex.) qui peuvent être violents envers le public (maltraitance institutionnelle) et envers personnes internes (harcèlement institutionnel)

 

Jean Oury par exemple distingue :

  • l’aliénation sociale
  • aliénation mentale. 

Mais la psychothérapie institutionnelle semble se concentrer plus sur l’action sur l’institution que sur la critique du social et sa transformation. 

 

(Ajout d’un participant : Pour aller plus loin et découvrir le concept de pathoplastie : une publication de vulgarisation. )

 

Durant une partie du XXe siècle, la critique de la bureaucratie est une thématique importante (qui s’inspire entre autres de Max Weber). Elle se traduit par la mise en lumière d’un processus de réification..

 

 

  • Institutions sociales, réification et souffrance au travail 

 

 

Aujourd’hui les institutions sont influencées par le new public management : en lien avec le néolibéralisme, cette tendance consiste à appliquer des logiques issues du secteur privé (recherche de l’efficience économique, etc.) à des institutions publiques.  

 

Qu’est que la réification fait sur les personnes ? 

Elle est source de souffrance au travail.

 

  • D’un point de vue éthique, 6 salariés sur 10 souffrent d’un conflit de valeur au travail. C’est un des principaux risques psychosociaux identifiés en éthique professionnelle et santé au travail. 

 

  • Du point de vue existentiel, c’est la perte de sens du travail qui peut être source de souffrance. Par exemple, des salariés se sentent robotisés, en obéissant chaque jour à des commandes vocales. 

(cf. Documentaire Lidl sur les commandes vocales. Impression de robotisation.). 

 

Cela rejoint le concept de Bullshit job décrit par l’anthropologue anarchiste David Graeber : ces formes de travail produisent chez celles et ceux qui les occupent un sentiment d’absence de sens par absence d’utilité sociale.

 

Christophe Dejours a décrit ce qu’il appelle la “banalité du mal” en entreprise – et notamment le concept de soumission librement consentie. C’est la souffrance, de celles et ceux qui poussent à la dépression des subordonnés en sachant pourtant que c’est mal (par exemple).

 

Mais il y a d’autres alternatives au fait de subir, il est aussi possible de résister.

 

 

  • Au-delà de la soumission : les pratiques de résistance au travail 

 

 

  • dissidence éthique ou le fait de dénoncer des situations que l’on considère comme injuste (le cas du lanceur d’alerte cela va plus loin encore que la simple dissidence car c’est un statut spécifique). Il arrive que le coût pour la personne soit élevée. Dans une vision existentialiste, on peut admettre cette dimension tragique (on ne recherche pas en soi les émotions positives comme dans la psychologie positive). 

 

  • Albert Hirschman distingue 3 possibilités :
  • exit (sortie, partir, démissionner, etc.)
  • loyauté (le contraire des lanceurs d’alerte, etc.)
  • voice (dissidence, dénonciation, devenir lanceur.euse d’alerte, militer etc.)

 

Selon Christophe Dejours, le collectif de travail occupe un rôle très important pour soutenir les individus expérimentant un conflit éthique. À l’échelle du collectif, de nouvelles valeurs peuvent être créées : le collectif est alors créateur de règles déontiques. 

 

 Antonio Duarte explique aussi comment on peut dissimuler de manière collective : les travailleur.euse.s pour favoriser les demandes d’asile en résistant aux injonctions institutionnelles.

 

 

  • Faire entendre sa voix est un acte politique de résistance 

 

 

Chez Sartre, la question de l’engagement pour lutter contre l’injustice est une dimension importante de sa vision de l’existentialisme. 

 

Remarque :

Les gens portent ce type d’engagement et combattent les injustices, on les aime bien généralement quand iels sont loin de nous ! On adore Rosa Parks mais par contre sur Assa Traoré et sur le racisme en France aujourd’hui les voix sont plus timides (c’est plus facile de parler du racisme aux États Unis il y a des décennies que du racisme aujourd’hui en France).

 

En résumé, il est difficile d’avoir le courage moral (Paulo Freire) d’assumer la congruence (C-Rogers) entre ce qu’on pense, ce qu’on dit et ce fait.

Bell Hooks – pédagogue critique et féministe- disait que faire entendre une voix différente est une des formes de lutte contre les rapports de pouvoir et que cela constitue déjà un acte d’émancipation et de transformation.

Cette question de la voix est importante : P. Freire par exemple a lutté contre la “culture du silence” par une pédagogie dialogique. Selon ses propres mots : « Dire une parole authentique c’est déjà transformer le monde”.