Ce document est volontairement court et simple, dans sa rédaction, pour pouvoir donner quelques repères de base à tous les doctorants et doctorantes indépendamment de leur discipline d’origine avant d’assister à l’atelier de réflexion sur l’éthique de la recherche.

Déontologie et éthique :

Éthique générale : L’éthique constitue un sous-champ de la philosophie. Les mots éthique et morale ont la même signification à l’origine. Il n’existe pas de consensus néanmoins chez les philosophes sur le sens actuel de ces deux notions et sur ce qui les distinguent ou pas.

Ethique appliquée : il s’agit d’un sous-champ de l’éthique qui concerne les applications de l’éthique à des domaines particuliers : éthique médicale, éthique de la recherche, éthique professionnelle, éthique animale…

Déontologie professionnelle : Il s’agit d’un ensemble de règles et de normes qui s’appliquent à un professionnel dans l’exercice de son activité. Certaines professions ont un code de déontologie.

Ethique professionnelle réflexive : L’éthique professionnelle va être mise en œuvre lorsque les règles de droit et la déontologie s’avèrent insuffisantes pour répondre à des cas particuliers. L’éthique professionnelle fait intervenir les valeurs personnelles et professionnelles auxquelles le ou la professionnelle adhère dans l’analyse des situations, dans la décision et l’action.

Origines de l’éthique de la recherche et de l’intégrité scientifique :

L’éthique de la recherche : On peut associer l’émergence de la réflexion institutionnelle sur l’éthique de la recherche au procès des médecins de Nuremberg et à l’édiction du Code de Nuremberg (1947). Il s’agit d’un ensemble de 10 critères qui portent sur l’expérimentation sur les êtres humains. L’éthique de la recherche trouve donc son origine dans une réaction à des exactions commises par des scientifiques nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

Il est néanmoins important de ne pas réduire l’éthique de la recherche à la rédaction de réglementations (que l’on peut qualifier plutôt de déontologie professionnelle). Au sens strict, l’éthique désigne plutôt un champ de réflexion (éthique de la recherche réflexive).

Cette réflexion éthique peut être menée de manière individuelle (on peut parler de « conscience éthique du chercheur ou de la chercheuse »). Elle peut être menée de manière collective. On peut alors parler d’une réflexion éthique intersubjective. Cette réflexion peut être menée par exemple de manière plus formelle au sein d’un comité d’éthique ou de manière plus informelle au sein d’un groupe (entre chercheurs/ses, entre chercheurs/ses et participant-e-s à une enquête…)

L’intégrité scientifique : « L’intégrité scientifique est l’ensemble des valeurs et des règles qui garantissent l’honnêteté et la rigueur de la recherche et de l’enseignement supérieur. Elle est indispensable à la cohésion des collectifs de recherche et à l’entretien de la confiance que la société accorde à la science. » (HCERES). Cette préoccupation trouve sa première formulation institutionnelle dans la Déclaration de Singapour de 2010. On peut l’interpréter comme étant liée à une mise en concurrence au niveau international des chercheurs et chercheuses, et à la volonté des pouvoirs publics de garantir que les résultats, financés par les fonds alloués à la recherche, ne soient pas le produits de fraudes.

De ce fait, les deux notions n’ont pas la même origine historique et ne semblent pas orientées par les mêmes préoccupations.

Ethique et méthodes de recherche:

Il faut noter que les approches en éthique de la recherche peuvent être assez différentes selon que l’on se situe dans une discipline influencée par les méthodes des recherches médicales – méthodes expérimentales (ex: psychologie cognitive, psychologie sociale…) – ou que l’on utilise des méthodes qualitatives (ex: sociologie, ethnologie…) .

Dans les recherches reposant sur les méthodes expérimentales, les réglementations déontologiques (ou éthique de la recherche réglementaire) sont très présentes. Cela tient au fait que ces approches pratiquent une expérimentation sur l’humain pouvant avoir des impacts sur la santé et/ou le comportement des participant-e-s. Les réflexions éthiques sont ici marquées par les conséquences des abus qui ont pu avoir lieu dans ce type de recherches (comme la non prise en compte du consentement éclairé des personnes).

Dans les recherches qualitatives, il n’y a pas de visée d’expérimentation sur les humains, mais plutôt un objectif de description et/ou de compréhension. Les pratiques sont moins réglementées (sauf dans certains secteurs comme les recherches en santé). Il s’agit davantage d’éthique réflexive. Les réflexions portent, en particulier, sur les relations du chercheur ou de la chercheuse à son terrain, les enjeux sociaux de sa recherche…

Il faut tenir également compte pour aborder l’éthique de la recherche qu’au sein d’une même discipline, l’éthique de la recherche va être influencée par l’épistémologie sous-jacente et les méthodes mises en oeuvre par les chercheurs ou chercheuses.

Par exemple, certaines épistémologies et méthodes reposent sur une collaboration entre les chercheurs ou chercheuses et les participant-e-s à l’enquête. D’autres approches considèrent que la recherche scientifique repose sur une rupture avec le sens commun et une distance épistémologique avec les participant-e-s à la recherche. Cela n’induit pas les mêmes positionnements éthiques vis-à-vis des enquêtés.

Orientation de la formation dans le cadre de l’atelier:

L’orientation de la formation qui vous est proposée dans le cadre des ateliers organisés à l’Université Paris 8 est la suivante:

  • La formation ne porte pas sur le droit, la déontologie professionnelle, l’intégrité scientifique et l’éthique réglementaire.

  • Il s’agit d’une formation en éthique réflexive de la recherche. Il s’agit donc de discuter de dilemmes et d’enjeux éthiques avec un éclairage philosophique sur les problèmes que les doctorants et doctorantes peuvent rencontrer.

  • Il s’agit de favoriser une réflexion sur les différentes manières d’appréhender l’éthique de la recherche selon les disciplines et de favoriser un regard interdisciplinaire. L’objectif est de réfléchir au lien entre épistémologies, méthodes et éthique en recherche.
  • L’un des aspects est de réfléchir à la place de la recherche dans la société, à la responsabilité sociale des chercheuses et chercheurs, aux relations avec les enjeux politiques, sociaux et économiques.

De ce point de vue, l’enseignante-chercheuse qui anime l’atelier n’est pas omnisciente sur toutes les disciplines. Les connaissances disciplinaires plus spécialisées des doctorantes et des doctorants constituent un enrichissement pour l’atelier. Ainsi, il est possible que sur des questions plus techniques vos camarades participant-e-s à l’atelier peuvent répondre plus précisément à vos interrogations.

Avant l’atelier :

Il est préférable, avant l’assistance à l’atelier sur l’éthique de la recherche et l’éthique de l’enseignement, de penser à des questions ou à des situations-problèmes que vous voudriez évoquer durant la séance. Les séances s’appuieront principalement sur les demandes des doctorants et des doctorantes.

N.B: Si vous rencontrez un problème d’éthique particulier (par exemple situations de « souffrances ») dans le cadre de votre formation doctorale, nous vous proposons de prendre directement contact avec Lea Maroufin (coordination des écoles de doctorales de Paris 8): lea.maroufin[@]univ-paris8.fr