Lire un paysage d’une ville africaine sans bidonville : l’exemple d’un quartier « Sicap » de Dakar

Paysage de référence (cliché A.Lamotte, 2012)

paysage dieupeul sicap 2012

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Il est habituel de voir dans les manuels de géographie des paysages de villes d’Afrique avec des bidonvilles. Cette sorte d’imagerie laisse penser qu’il s’agit là d’un élément prédominant et systématique de l’espace urbain africain.

A Dakar pourtant, si l’on excepte les périphéries, le bidonville se limite à quelques endroits rares et confinés.

Mieux encore, plusieurs quartiers héritent encore aujourd’hui d’un aménagement planifié et occupent une place significative au sein de l’agglomération.  On pense en
particulier aux secteurs de la Sicap (Société immobilière du Cap Vert), nom d’un organisme d’Etat, qui a organisé la croissance de la capitale sénégalaise dans les années 1950 et 1960. (Observons à cette occasion une continuité entre la période coloniale finissante et les débuts de l’indépendance)

La photographie ci-dessus montre un paysage assez typique de cette zone aménagée, héritière d’une période vieille d’un demi siècle et actuellement en pleine mutation.

 

1) Inscrire le paysage dans l’espace dakarois

situer-le-paysage-sicap.jpg

Le paysage observé doit  être associé à la fome cônique de la voirie qui structure le coeur de l’agglomération,  témoigne d’un aménagement planifié et confère à la capitale sénégalaise une morphologie spécifique bien identifiable lorsque l’on survole la ville (voir Atterrissage de nuit sur Dakar)

 

2) Interroger les héritages au moyen d’une  vidéo d’époque

Voir lien 

Daté de 1963, un document vidéo de l’INA présente la naissance des quartiers Sicap comme un remède à la pauvreté et un moyen d’éradiquer les bidonvilles alors étendus. (celui qui est mentionné est celui de la Médina plus au sud de la péninsule du cap Vert).

Dans  la séquence minutée 3’30 à 4’00, on entend les commentaires qui suivent :

« Sous l’égide d’une société d’Etat, la Sicap, une banlieue populaire mais moderne s’est créée en même temps que disparaissaient tranche par tranche les taudis de la Médina. Les Africains y sont relogés dans des pavillons agréables à des conditions financières défiant sans doutes toute concurrence,  un loyer mensuel très modeste pour accéder en 10 ans à la propriété.»

Les  images sont éloquentes :

 

a) Sicap vu de haut : habitat pavillonaire et tracé géométrique au premier plan, groupe d’immeubles et formation d’une place centrale (aujourd’hui place de l’OUA dite couramment « du jet d’eau ») en arrière plansicap-ina-a.jpg

 

b) Sicap vu du sol : habitat pavillonnaire standard, voirie aménagée, quartier electrifié 

sicap ina c

 

c) Pavillon Sicap en gros plan :  une maison de banlieue de plainpied « à la française » avec son toit en pente.

sicap-ina-b.jpg

C’est bien cette maison Sicap que l’on retrouve aujourd’hui comme témoin majeur de cette période d’aménagement. Elle fait le lien entre les images d’hier et le paysage d’aujourd’hui.

 

3) Observation du paysage

Faire défiler le curseur en bas de l’image pour lire l’animation

 

On prend ainsi conscience des transformations en cours au sein du quartier Sicap : les maisons d’origine sont encore bien présentes mais se transforment et par endroits laissent place à un habitat collectif de plus en plus prédominant.

 

Ajout en date du 13 juillet 2013. Extrait du site des quartiers Sicap concernant le profil socio professionnel :

Composition socioprofessionnelle

Du fait de transfert de résidents secondaires ou tertiaires, les Sicap Liberté comptent des couches sociales de niveau d’instruction et de revenus forts disparates.Il faut cependant noter qu’elles sont habitées en grande partie de salariés, à majorité fonctionnaires, de hiérarchie moyenne. La plupart sont à la retraite, le taux variant selon un gradient croissant qui va de Liberté 1 à Liberté 6. Ceci s’explique aisément dans la mesure où les logements étaient octroyés à des agents actifs répartis sur une période de 26 ans (1958 à 1974). Ces retraités vivent à coté de veuves, de divorcées, des chômeurs de très longue durée, même si on y dénombre des enseignants de tous les ordres, des médecins, des pharmaciens, des vétérinaires, des parlementaires, d’anciens gouverneurs, des officiers actifs ou non de l’Armée, de la Police, de la Gendarmerie, de la Douane, des opérateurs économiques évoluant surtout dans l’informel.

 

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