Le nombre d’enfants, une question à l’affiche au Sénégal

En  juillet 2011, le Planning Familial du Sénégal a lancé une campagne d’affichage autour d’un slogan évocateur.

Quelques précisions s’imposent avant l’analyse de l’image.

On trouvera une enquête démographique récente (octobre 2011) sur le site de lagence statistique du Sénégal. Les pages consacrées à la fécondité donnent les informations suivantes :

– l’Indice de Fécondité  est estimé à 5,0 enfants par femme pour l’ensemble du Sénégal ; 

– la fécondité des femmes sénégalaises a connu une baisse très modérée : elle est passée de 6.6 enfants en 1986, à 6 enfants en 1992 et à 5 enfants en 2010-2011.

– elle est beaucoup plus élevé en milieu rural (6,0 enfants par femme) qu’en milieu urbain (3,9).

 

Ces données éclairent les enjeux d’une telle campagne publicitaire.

A l’instar des PMA  sahéliens, le Sénégal demeure dans une phase initiale de transition démographique. La fécondité ne baisse que légèrement et la maîtrise démographique tendant à ralentir, la croissance de la population est loin d’être assurée. Il faut donc inciter à réduire la natalité, objectif à atteindre par un espacement des naissances.

Or celui-ci se heurte à une faible utilisation des méthodes contraceptives (1 femme sur 10 au Sénégal, voir lien) et à des traditions culturelles natalistes très tenaces.

A cet égard, l’opposition ville-campagne est particulièrement significative (un écart de 2pts dans l’indice de fécondité). Elle éclaire le contexte du message publicitaire : placardé vers la fin du mois de juin (tout comme l’année précédente), il adresse dans Dakar un message aux nombreux migrants qui s’apprêtent à retourner au village à l’occasion de la saison des pluies. C’est donc une relation ville-campagne et pas seulement une opposition- qu’il faut ici discerner sur cette question démographique.Les mouvements migratoires saisonniers de la (grande) ville au village sont ici envisagés comme un vecteur de diffusion de changement des mentalités et pratiques natalistes.

Analyse de l’image.

a) Du logo à la photo : le triangle deux parents-un enfant. Attention de ne pas confondre avec le modèle familial de l’enfant unique (Chine). Il faut davantage
porter l’attention sur le lien que l’enfant crée entre ses deux parents comme le suggère cette cellule familiale en forme de triangle.  Le 1er d’une fratrie apparaît ici comme une étape de la vie familiale qui mérite une escale.

b) Le costume traditionnel.  Le boubou est revêtu par les deux parents : on veut éviter la méfiance à l’encontre de la modernité. L’espacement des naissances ne doit
pas être perçu comme une menace venue de la ville avec son cortège de changements de comportements. On s’assure d’une connivence culturelle pour mieux faire passer le message en milieu rural en particulier.

c)  La femme est un élément du triangle mais elle est aussi au centre de l’affiche comme elle est au coeur des préoccupations du Planning familial.
D’après la ministre de la santé, 800.000 femmes sénégalaises (sur une population totale de 12 millions d’habitants)  veulent différer ou éviter une grossesse mais n’utilisent pas de moyens de contraception efficaces.

Par ailleurs, le visage souriant de la maman n’est pas sans laisser une impression d’âge : celle-ci fait davantage figure de jeune adulte que de jeune fille. Ce choix n’a sans doutes rien d’innocent pour un Planning familial qui entend lutter contre les mariages précoces (et non consentis) et la maternité adolescente, phénomènes encore bien présents dans les milieux ruraux. L’enjeu est culturel, il est aussi démographique : c’est en retardant la première naissance que l’on contribuera à ralentir la natalité.

 

d) L’homme est relégué sur la marge mais de par sa taille conserve un ascendant que l’on montre bienveillant et protecteur. Il s’agit encore une fois de ne pas
se heurter aux codes culturels qui prévalent dans la société sénégalaise.

 

e) Le slogan : on note bien sûr la dualité espacer/rapprocher qui donne au message sa force publicitaire. Remarquons qu’il ne s’agit pas de réduire le nombre
d’enfants même si c’est l’effet indirect escompté. Le mot espacer ne heurte pas directement l’attachement à une famille (très) nombreuse.

Enfin, le terme de bonheur s’affirme comme le point d’orgue du message, la finalité revendiquée. Il fait écho à une véritable vogue publicitaire (voir lien) et souligne l’importance nouvelle de l’individu que véhiculent les affiches, leurs images et leurs mots. Bonheur de l’enfant, unique non en nombre mais en tant que personne ; bonheur de la femme  actrice et décideuse de sa maternité.

Certains débattront de savoir si ce bonheur là est une valeur importée ou universelle.

Si l’affiche observée traduit une incitation au ralentissement démographique, d’autres à caractère commercial reflètent davantage un changement de mentalité et de modèle familial largement diffusé au sein des classes moyennes et aisées. (voir par ailleurs « Leuk », un emblème de classe moyenne )

Qu’il s’agisse de consommer de la margarine ou de souscrire à une assurance habitation, on est face à des mises en scène similaires  :

– deux parents-deux enfants, telle est la cellule familiale

– si la différence d’âge entre les deux enfants n’est pas très marquée, on constatera qu’il n’est pas question d’enfants en bas âge. Rien ne laisse augurer d’un élargissement de la fratrie.

– que le mot soit ou non écrit, le bonheur semble bien être la récurrence du message publicitaire. Vivre à 4, c’est vivre heureux.

– Allez chercher l’africanité du décor : on est dans un petit jardin privatif d’un rez de chaussée d’immeuble moderne ou dans un cadre champêtre qui évoque davantage des contrées européennes qu’un paysage de savane. Quant à la tenue vestimentaire, cette fois-ci, nulle trace d’habits traditionnels.

Tout ceci s’incrit dans un concept de modernité qui s’accompagne d’un modèle familial.

Certains objecteront que ces affiches ne s’adressent qu’à une catégorie minoritaire de la société.

Il n’empêche, il suffit de discuter avec de jeunes adultes y compris de milieu modeste pour comprendre que l’idée fait son chemin.

« Nous n’aurons pas de 3ème  » témoignait dernièrement un chauffeur de taxi d’une trentaine d’années, père de deux jeunes enfants. Comptant lui-même une dizaine de frères et soeurs, il disait « ne pas vouloir faire comme son père« .

La ville s’impose ici comme lieu et vecteur de changements de mentalités, un moteur essentiel de la transition démographique. (cf R Pourtier, « Le préservatif ou la Kalachnikov », conférence au FIG de Saint Dié en octobre 2011).

« Leuk », un emblème de classe moyenne

En novembre 2011,  la CBAO (une banque sénégalaise à capitaux marocains) a déployé dans Dakar une campagne publicitaire pour un crédit à la consommation.

« Leuk » (lièvre en wolof), c’est avant tout une référence culturelle nationale. Les générations sénégalaises ont en effet appris à lire à travers les récits du lièvre malin écrits en partie par LS Senghor, père de l’indépendance. Mais à travers l’affiche publicitaire, ce symbole identitaire incarne également les caractéristiques d’une classe moyenne émergente.

On se situe en effet dans une gamme sociale intermédiaire entre ceux -ultra majoritaires- pour qui une voiture (neuve de surcroît) reste un rêve inaccessible et les plus fortunés qui n’ont guère besoin d’emprunter, surtout sans apport, pour acquérir un tel bien.

Par ailleurs, l’existence même d’une campagne publicitaire suppose une réalité quantitative : on cherche à atteindre un large public qui ne saurait se limiter à la upper class. Telle est la classe moyenne dans Dakar, de plus en plus présente à défaut d’être majoritaire, loin des réalités de la pauvreté du Sénégal (IDH à 0,5) , loin aussi de l’ imagerie dominante d’une Afrique toujours misérable.

 « Leuk » décline résolument un concept de modernité : à l’automobile achetée à crédit, on associe une famille à deux enfants que l’on met au premier plan. Voilà un net décalage avec des chiffres de fécondité à 5 enfants par femme pour le Sénégal et à 4 enfants par femme en milieu urbain. Mais le modèle est bien là pour le public concerné, récurrent dans les affiches publicitaires : une famille moderne est composée de deux parents-deux enfants.On relèvera la différence de taille et d’âge bien marquée entre les deux enfants, témoin d’ un espacement et donc une probable planification des naissances. (voir par ailleurs  « Espacer les naissances rapproche du bonheur »)

Observons également la tenue vestimentaire : décontractée pour les deux enfants, chic pour les deux parents. Le père,  affublée d’une chemise-cravatte-boutons de manchettes, fait figure d’homme d’affaires en même temps que de mari attentionné et bon père de famille.

« Leuk » ne saurait se contenter d’une belle automobile. On le retrouve avec sa famille (ce « luky Leuk » n’est jamais solitaire) devant un réfrigérateur et un lave linge.

Le lave-linge est en lui-même une révolution de mentalités et un emblème de modernité. Dans le contexte local, laver les vêtements est habituellement une tâche qui incombe au personnel domestique(le terme de « bonne » est largement répandu). Utiliser un lave-linge même dans les milieux les plus aisés était impensable il y a quelques années.

Le réfrigérateur est lui un équipement banal mais celui que l’on affiche, un king size à l’américaine, l’est beaucoup moins.

Famille moderne, équipement moderne, tel est l’étendard de Leuk, monsieur middle class.

Observons toutefois que la tenue traditionnelle (le boubou) s’est substituée aux habits de la précédente image. Il faut aussi faire écho à l’identité culturelle sénégalaise et souligner une compatibilité entre tradition et modernité.

Suivons maintenant les lièvres jusqu’au salon de leur tanière.

 

Les voici,  dans l’ambiance chaleureuse de Noël, confortablement assis sur un large canapé, nullement étonnés de côtoyer un conifère enneigé en pleine Afrique tropicale. Comme il se doit, les cadeaux sont au pied du sapin décoré.

Noël…dans un pays à écrasante majorité musulmane (90%), tel un standard festif mondialisé. Il est bien ici question de faire « comme partout dans le monde », quelle que soit l’identité culturelle.

Rappelons par ailleurs que nous sommes au début du mois de novembre : on sort tout juste de la grande fête musulmane de la Tabaski (l’Aïd) qui a engagé dans les familles des dépenses souvent considérables. Pas de répit dans cette course effrénée  -de lièvres diront certains- à la consommation.

On n’en oubliera pas le corollaire que rappelle chacune des affiches : l’endettement, tel un prix à payer pour rentrer dans la modernité.

Dans un contexte macro-économique de crise majeure, on ne saurait occulter sous le masque du lièvre un risque de nouvelle misère sociale, le surendettement.

Un pouvoir d’achat croissant lié au recours au crédit, une course à la consommation dans une quête de modernité,une forte perméabilité à la mondialisation associée au maintien d’une identité culturelle, une fragilité due à l’endettement, telles sont les caractéristiques d’une classe moyenne émergente au sein d’une capitale africaine perçue à travers une campagne publicitaire.

Au delà de cette analyse, on observera que Leuk, aussi malin soit-il, a pris le risque de vanter un monde d’opulence sans visage humain.

 

Les affiches publicitaires à l’étude

Une banque de données de photos prises à Dakar entre 2010 et 2012  est
consultable en ligne sur Panoramio.

On recommande d’utiliser les étiquettes à droite de l’écran pour un parcours thématique ciblée. (ex : « formation, éducation »).
Cette banque de données est bien sûr évolutive, nous espérons l’enrichir au fil des semaines et mois qui viennent.

 

 

Telle une métropole au diapason de la mondialisation, Dakar se couvre d’affiches publicitaires désormais incontournables dans le paysage urbain. Au dire de certains, le phénomène est plutôt
récent et ne s’est affirmé de façon massive que dans la 2ème moitié des années 2000.

 

Dans un pays où le coût de la vie est de plus en plus élevé et où le salaire moyen tourne autour de 150 euros par mois, ces images ne s’adressent pour la plupart qu’à une minorité. Il n’en
demeure pas moins qu’elles reflètent l’émergence d’une classe moyenne au pouvoir d’achat significatif, cible privilégiée des banques, assurances, firmes automobiles et nouvelles
technologies. En ce sens, c’est bien Dakar et non le Sénégal qu’il faut identifier comme théâtre de ce ballet publicitaire (le taux de pauvreté y avoisine les 10% contre plus de 50% voire bien
davantage dans le reste du pays).

 

 

Par ailleurs, il serait restrictif de limiter la publicité aux consommateurs potentiels. Celle-ci offre du rêve à la multitude et  participe ainsi de manière importante à la
diffusion de standards de consommation mondialisés.

http://static.panoramio.com/photos/original/61798680.jpg

Publicité Canal + pour la série Desperate Housewives (mars 2010) (mais où est donc le désespoir?)


Ce rêve de modernité n’empêche pourtant pas la prise en compte de réalités locales pour un public toujours sensible à son identité culturelle quelque soit le niveau de vie.

http://static.panoramio.com/photos/original/61798127.jpg

Loterie de moutons organisée par Moneygram (transfert d’argent) à l’occasion de la Tabaski (fête de l’Aïd), octobre 2011

 

Mondiales et locales, les affiches publicitaires constituent un témoin important de leur temps

 

–  sur l’évolution de la société et des mentalités (quel modèle familial? quelle place et image de la femme, de l’homme, de l’enfant?)

– sur les représentations territoriales à plusieurs échelles (le pays, la région du monde, le monde)

– sur les enjeux  du développement (démographie, santé, éducation, formation)

 

 

Par là même, elles s’offrent à de nombreux thèmes des programmes de géographie en collège et lycée.

 

On songe prioritairement à la question III du programme de 4ème « la mondialisation et la diversité culturelle ».

et aux différentes entrées du futur programme de Terminale (« Le continent africain face au développement et à la mondialisation » ; « les territoires dans la mondialisation »).

 

On pense aussi aux sujets sur le développement qui traversent les programmes de 5ème et 2nde.

 

On suggère enfin des utilisations possibles pour le nouveau programme d’ECJS en Terminale (ex : « argent et modes de vie »).

Dakar comme espace perçu : un atlas réalisé par des élèves de 1ère ES

Mise en ligne du travail réalisé par les élèves de 1ère ES du lycée J Mermoz en 2011-2012 dans le cadre de l’Accompagnement Personnalisé. Professeurs encadrants : Y Simalla (SES), A Lamotte (H géo).

– Enquête sur le terrain (marché de Ouakam, questionnaire par mots-clé sur la perception des quartiers de Dakar)

– Traitement statistique avec le logiciel Ethnos

– Cartographie des données par thème

– Croquis de synthèse

 

 

Les caractéristiques des quartiers de Dakar selon les habitants de
Ouakam

Cliquez au bas de l’image ci-dessous pour faire défiler l’animation.

 

 

 



Géographie mémorielle : Dakar, une mémoire ambivalente

 

Ambivalent :  formé de l’élément préf. d’orig. lat. ambi « tous les deux » et du part. prés. du lat. valere « valoir ».

 

Nous nous proposons à travers cet article de décrypter la mémoire d’une capitale africaine à travers les noms de ses principales rues, avenues et places.

Comme d’autres villes d’Afrique francophone, Dakar garde une forte empreinte de l’époque coloniale mais inscrit aussi dans sa toponymie une volonté d’indépendance, d’identité endogène et
africaine. Ainsi se trame une mémoire ambivalente. 

La difficile cohabitation de cette double mémoire trouve son meilleur symbole dans la statue de Demba et Dupont (voir détails dans l’animation) dont l’histoire hésite entre le passé
récusé ou assumé de la période coloniale.

 

Mode d’emploi : laisser défiler l’animation pour chaque diapo. Utiliser le curseur au bas de l’écran pour passer d’une diapo à l’autre

 

A) Dakar Plateau (quartier central)

 

 

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B) Dakar dans son ensemble (sauf Plateau)

 

 

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Powerpoint

Dakar est-elle la fille de Koweit City? Questions sur l’aménagement de la corniche ouest.

Depuis peu, Dakar tient sa vitrine : la corniche ouest, une portion de littoral longée d’une voie rapide, plantée de palmiers, ponctuée de monuments et ouverte sur l’océan.

Cet aménagement a été réalisé à l’occasion du sommet de l’Organisation de la Conférence islamique qui s’est tenu dans la capitale sénégalaise en 2008.(à propos de l’OCI, lire les informations sur le site de la Documentation française , voir la carte)

Deux après, la ville porte encore l’empreinte de l’événement (photo : juillet 2010)

oci


L’objectif avoué était de fournir à la métropole ouest-africaine un aménagement littoral « aux normes internationales ».

Voir le site de l’ANOCI

3 axes prioritaires ont été définis :

– la circulation ( désengorger le centre dakarois et faciliter les liaisons pendulaires par la construction d’une 2X2 voies)

– la promotion du haut standing (hôtellerie, habitat et activités de luxe)

– l’aménagement paysager.(voir lien)

 

L’espace concerné est celui dit de la « Corniche Ouest » indiqué sur l’image ci-dessous (trait rouge).

 

dakar corniche GE

 

Sa position est éminament stratégique : assurant une liaison majeure entre l’aéroport et le centre ville, elle constitue une vitrine idéale pour la ville elle-même et le pouvoir en place.

 

A) Un acteur majeur d’aménagement : le monde islamique, le Koweit en particulier.

– L’OCI

– le Koweit

– M. Kharafi

 

B) L’aménagement d’un espace : à quoi ressemble la corniche ouest en 2010?

1)) L’infrastructure routière : une réussite incontestable.

2) Le haut standing : fortunes et infortunes à l’affiche

3) L’aménagement paysager se fait toujours attendre.

 

C) Dakar-Koweit city : similitudes et critères de différenciation

1) Des similitudes

–  La configuration urbaine : « un air de famille ».

–  Le paysage : une étrange ressemblance

–  Activités : le « Seaplaza«  (Dakar), un « Soukshark »  (KC) en modèle réduit.

 

2) Derrière les apparences, des mondes encore bien différents

– Sur le plan social

– Sur le plan sociétal

 

Bilan : l’aménagement d’un littoral au regard des critères de développement durable

 

A) Un acteur majeur d’aménagement : le monde islamique, le Koweit en particulier.

 

A proximité d’une grande mosquée qui jouxte la corniche, on peut voir une affiche riche d’enseignements (cliquer pour agrandir si nécessaire) :

affiche OCI corniche

Inscriptions :

Agence nationale de l’OCI.

Projet : élargissement, embellissement, aménagement de la corniche ouest de Dakar.

Financement : fonds kowetiens (FKDEA), Etat du Sénégal (ANOCI), Kharafi and sons.

 

 

L’OCI est une structure permanente dotée d’agences nationales au sein des pays membres. Via la BID (Banque islamque de développement), elle représente une capacité financière d’investissements en
application du principe fondateur de solidarité et de devoir de développement au sein du monde islamique.

Ainsi s’opère un transfert de richesses non négligeable entre les pays pétroliers du Golfe persique et les Etats musulmans d’Afrique noire.

 

Dans le cas présent, c’est le Koweit qui semble être le principal contributeur de l’opération via le Fonds Koweitien pour le Développement Economique Arabe. Il suffit de
rentrer le sigle FKDEA dans un moteur de recherche pour se convaincre de l’importance des sommes versées au profit du développement  de pays musulmans d’Afrique
(Maroc, Mali, Sénégal, …).

Le nom de Kharafi and sons vaut également l’investigation. Sur un site spécialisé dans les opérations financières (Performance Bourse), on trouve les informations
suivantes :

« L’homme le plus riche du Koweït (par ailleurs deuxième fortune du Moyen-Orient) Nasser al-Kharafi a lancé une société d’investissement afin de développer des
projets hôteliers et immobiliers à travers le monde… Elle détient en portefeuille plus d’une vingtaine d’hôtels et centres touristiques, soit un total de 4 000 chambres, essentiellement situées
au Moyen-Orient et en Afrique. »

On apprend ainsi que des fonds privés participent à l’opération d’aménagement et que d’autres mobiles peuvent s’ajouter au seul principe de solidarité et d’aide au développement.

A l’autre bout de la corniche, on retrouve le nom de Kharafi sur une affiche d’opération immobilère (voir géolocalisation sur Panoramio et Google earth) :

panneau intercontinetal mamellesOn notera que la
date du permis de construire (janvier 2008) correspond à quelques semaines  près au sommet de l’OCI (mars 2008).

 

Dans l’aménagement du littoral dakarois, on trouve ainsi un acteur institutionnel (l’OCI), un pays en particulier (le Koweit) et une dualité d’ investissements en termes de nature (publique,privée) et d’intérêts (solidarité, rentabilité).

 

 

B) L’aménagement d’un espace : à quoi ressemble la corniche ouest en 2010?

Voir  photographies géolocalisées sur le site Panoramio

 

On peut guider notre observation à partir des 3 axes prioritaires énoncés plus haut.

 

1) L’infrastructure routière : une réussite incontestable.

corniche Dakar en vitrine

 

L’élargissement  de la route à 2X2 voies et le creusement de plusieurs tunnels ont constitué une « voie expresse » qui  a sensiblement  fluidifié la circulation entre le centre de
Dakar coincé au sud de la péninsule et le reste de l’agglomération. L’effet de cette modernisation a soulagé le quotidien de milliers de Dakarois jusqu’alors victimes de monstrueux embouteillages générés par les mouvements pendulaires.

 

2) Le haut standing : fortunes et infortunes à l’affiche

L’aménagement de la corniche a fortement accéléré les investissements ciblant le haut standing.

Voir article sur le site de Jeune Afrique à propos du programme « Waterfront »

Non loin des hôtels de luxe (Terrou bi, Radisson) qui jalonnent l’espace littoral se sont multipliées les opérations immobilières visant une clientèle très haut de gamme. Certaines sont en voied’achèvement. (voir lien), d’autres sont à l’état de chantier ralenti ou
arrêté, derrière des palissades en tôle et de grands panneaux publicitaires. (voir liens : ab, c).

hotel baobab, affiche déchirée

Comme un symbole, l’affiche déchirée d’un hôtel de luxe programmé (le Baobab) sur fond de chantier abandonné  (voir géolocalisation) traduit un contexte particulier d’ investissements immobiliers aux origines incertaines.Le programme aurait
en effet été arrêté pour des raisons de suspicion de blanchiment d’argent (voir
article du journal « L’obs » daté de novembre 2009
)

L’image peut être comparée avec le programme hôtelier cartographié sur le site de l’ANOCI (voir lien) : le passage de la représentation virtuelle à la réalité traduit bien un problème d’interférences entre politique d’aménagement et réseaux clandestins.

 

3) L’aménagement paysager se fait toujours attendre.

Plusieurs années après le début des travaux (2006), l’espace public bordant l’océan est toujours à l’état de friche, comme en témoigne l’image ci-dessous.

corniche-espace-en-friche.jpg

Hormis deux allées de palmiers, aucun élément paysager aménagé n’apparaît  dans l’horizon. (voir autres images).

On est ici dans un cas d’interrogation prospective : sorti de l’urgence des besoins (circulation) et des objectifs de rentabilités privées et immédiates (haut standing), les promesses de réalisation au service d’un large public seront-elles tenues ou bien sacrifiées au profit d’autres intérêts?

 

 

C) Dakar-Koweit city : similitudes et critères de différenciation

 

Le lien entre donateur et bénéficiaire dans cette opération d’aménagement nous invite à élargir nos horizons et nous demander s’il y a des éléments de comparaison entre la ville aménagée-Dakar-
et la principale ville du pays donateur-Koweit city. Dans quelle mesure Koweit city aurait-elle servi de modèle d’aménagement ? On ne perdra pas de vue toutefois que la ville du Golfe persique ne représente pas en elle-même un modèle originale ni originel. Tout comme pour la ville  de Dubaï, la conception urbaine relève d’une inspiration ou d’un surdimensionnement des standards internationaux de la modernité et du luxe.

 

1) Des similitudes

 

a) La configuration urbaine : « un air de famille ».

Indépendamment de l’aménagement du littoral, une première exploration sur Google Earth nous amène à constater des ressemblances en termes de structures urbaines, comme nous le montre l’image
ci-dessous. (précisons que les échelles sont légèrement différentes et que l’image de Dakar a une orientation Sud Nord, à l’inverse de KC)

comparaison-Dakar-KC.jpg

L’expression « long littoral » s’oppose à la partie symétrique barrée par le port. Les pôles « centre » et « aéroport » posent  le principe d’une liaison majeure et d’une fonction de « vitrine » que
peut jouer le littoral. Dans cette optique, on notera que le littoral s’impose davantage comme « itinéraire recommandé » à Dakar qu’à KC (emplacement, infrastructures)

 

b) Le paysage : une étrange ressemblance

 

Dakar littoral et centre,  2010

corniche espace en réserve et centre b

Koweit city, littoral et centre, 2010 (photo prise sur Panoramio, voir lien)

koweit-c-perspective.jpg

Une route longeant le littoral, un centre en arrière-plan, (il faut tenir compte d’un effet d’échelle pour l’image de Dakar) , un panorama ouvert sur la mer forment les éléments communs aux deux photographies. Les plantations et la belle plage au 1er plan de KC pourraient laisser penser que la portion d’espace dakaroise correspondante est en attente d’aménagement. On a bien ici une impression de similitude et de modèle à copier.

 

c) Activités : le « Seaplaza«  (Dakar), un « Soukshark »  (KC) en modèle réduit.

 

sea plazza entrée

 

C’est le dernier né de la Corniche : ouvert au début de l’été 2010, le « Seaplaza » est un complexe commercial de standing qui s’inspire des normes de modernité internationale. Le concept bien connu de boutiques de marques associées à un supermarché avait déjà vu le jour en 2008 dans le quartier des Almadies (« Dakar city« ) mais le Seaplaza dépasse sa concurrente en affichant des ambitions bien plus élevées en termes de surface, d’enseignes et d’activités. Ici seront proposés des espaces de loisirs uniques à Dakar : un bowling et 3 salles de cinéma. (NB : hormis les centres culturels, il n’existe plus de salles de cinéma à Dakar, les rares salles existantes ont du fermer il y a plusieurs années).

pub seaplaza

 

Comme son nom l’indique, la marque de fabrique du complexe commercial est étroitement associée à son emplacement littoral.

 

– La structure vitrée et metallique offre  un horizon sur l’océan.

sea plazza vue sur mer

 

– On notera par ailleurs que le site de micro falaise a permis une structure en contre-bas à l’instar des édifices avoisinants (place du souvenir, hôte Radisson) ; elle assure une
horizontalité du paysage et n’obstrue pas la vue sur la mer.place du souvenir, centre commercial, horizon, horizontalit

 

Sur le site web du complexe, à la page « Concept « Environnement », on trouve des arguments de vente que l’on peut soumettre à une analyse géographique (cliquer sur l’image ci-dessous pour l’agrandir)

sea-plaza-page-web.jpg

 

Par l’image de localisation et le texte, ces arguments mettent en valeur

– le site (« merveilleusement situé en bordure de mer », « écrin naturel »),

– les commodités d’accès (la mention de l’aéroport cible la clientèle étrangère ; concernant le centre ville, on notera une erreur – hasardeuse?- de localisation ; il se situe à quelques km plus au sud)

– le voisinage : l’hôtel de luxe Radisson est localisé et mentionné. Les deux voisins – complexe commercial et hôtel 5 étoiles- s’offrent l’un à l’autre comme facteur d’attraction.

 

L’image, le site, les services proposés constituent ensemble le concept du chic au sein de l’espace dakarois. La clientèle fortunée, locale et internationale, n’est pas
la seule concernée ; la production de ce type d’espace en 2010 reflète une évolution sociale récente et très marquée au Sénégal : l’émergence d’une classe moyenne aisée au fort pouvoir d’achat.

 

Les conditions étaient donc propices au mimétisme de la grande soeur koweitienne. Car avoir un « beau littoral » comme à Koweit City, c’est aussi avoir son Soukshark , immmense complexe commercial luxueux en bordure de mer (voir exemples de photos géolocalisation sur une page panoramio). On précisera que le complexe dakarois relève de l’initiative d’un homme d’affaires sénégalais (voir lien) et ne doit rien à des fonds kowetiens. Mais dans le cadre plus général de l’aménagement  littoral, on ne peut que souligner certaines cohérences entre le bailleur de fonds principal (le Koweit) et un modèle urbain de référence (K City)


 

2) Derrière les apparences, des mondes encore bien différents.

Les similitudes d’un espace à l’autre s’exposent toutefois à des limites qui relativisent la comparaison

 

a) Sur le plan social,

si l’on rattache le littoral à l’ensemble de la ville, on admettra que la vitrine dakaroise fait beaucoup plus office de trompe l’oeil que son acolyte koweitienne. A titre d’exemple, la partie sud de la corniche  s’adosse au secteur de « Medina » que l’artiste Youssou N’dour a érigé en symbole de quartier populaire.

 

b) Sur le plan sociétal,

Dakar doit tenir compte de très fortes composantes traditionnelles qui occupent durablement l’espace : « Soumbédioune », zone de pêche artisanale, marché populaire, campe en plein milieu de la corniche  ; marabouts et étales artisanaux informels s’inscrivent dans le paysage sur fond d’océan. (voir liens : a, b)

Par ailleurs, dans l’esprit des Dakarois, le mot Corniche résonne avant tout comme synonyme de terrain de sport, celui qu’ils se sont appropriés sans aménagement préalable. Le visiteur est frappé par ce spectacle quotidien de fin de journée, des concentrations impressionnantes d’hommes et de femmes pratiquant le jogging et la culture physique.

Voilà une spécificité locale qui montre que l’usage d’un littoral ne se limite pas à la volonté des aménageurs, au mimétisme d’un modèle, il dépend aussi fortement de la manière dont les sociétés elles-mêmes s’approprient l’espace.

Extrait d’un article du site Seneweb sur les travaux de la corniche : « l’Agence nationale de l’Oci a initié une démarche innovante qui a consisté à aller à la rencontre des pêcheurs de Soumbédioune, des menuisiers, de nos amis du parcours sportif« 

 

 

 

Au final, peut-on affirmer que la corniche de Dakar fait de la ville sénégalaise la fille de Koweit city?

On dirait avec plus de justesse qu’il s’agit d’un processus de mondialisation de production d’espaces passant par le canal koweitien, tant en termes d’investissements que de modèle d’aménagement.

Dans d’autres métropoles d’Afrique, l’immobilier de luxe sur le littoral se développe en référence au modèle américain. (voir lien)

 

Affirmant son ambition d’être un symbole de « Renaissance africaine« , Dakar expose
avec fiereté son nouveau littoral. « Elle a tout d’une grande » dirait le slogan publicitaire. Mais exposer une vitrine, c’est aussi susciter des interrogations sur l’arrière boutique. ou
l’envers du décors. En ce sens, Dakar et Koweit City restent des cousins très éloignés!

 

 

Post scriptum  : l’aménagement littoral au regard des critères de développement durable.

 

Les 3 domaines du développement durable nous conduisent aux réflexion suivantes

 

Le développement économique procède ici de la volonté de renforcer l’internationalisation de la capitale sénégalaise par la promotion du tourisme d’affaires et l’accueil des congrès internationaux. La promotion de l’hôtellerie de luxe s’inscrit dans ce projet. Il s’agit de donner davantage d’atouts à Dakar au sein d’une concurrence entre grandes métropoles ouest africaines. Des polémiques nées de supiscions de détournements de fonds (voir lien) ou tentatives de blanchiment d’argent (voir lien) nous incitent à la prudence et nous gardent d’un optimisme exagéré sur les mécanismes et perspectives de développement.

 

Le paramètre environnemental mérite une analyse nuancée. En matière d’aménagement paysager, les nombreux espaces laissés en friche nous laissent dans l’expectative. Certains projets évoquent un bétonnage inquiétant de la côte (voir lien) mais d’autres réalisations offrent une horizontalité panoramique qui n’obstrue guère le paysage (voir lien)

Le critère social est sans doutes le plus complexe. A qui profite les retombées de l’aménagement de la corniche?

La prédominance du luxe (hôtels, résidences) n’échappe pas au regard du visiteur. La fonction de vitrine prend ici tout son sens : comme pour une bijouterie de la place Vendôme, on regarde, on
rêve, mais on n’entre ni n’achète. La corniche s’affirme ainsi comme un espace social éminament sélectif.

On aurait tort toutefois de percevoir ce lieu comme exclusif et fermé. Les populations dakaroises continuent de se l’approprier de façon informelle, par la pratique massive du sport d’une part et par le maintien des activités et sociétés traditionnelles (Soumbédioune, pêche, artisanat) d’autre part.

Sur cette portion de littoral s’entrecroisent  volontés politiques d’aménagement et  appropriation des espaces par les habitants.

 

 

 

Le littoral d’un quartier traditionnel dakarois (Yoff) : le développement durable en question.

yoff pecheur presNB : cliquer sur les photos pour les agrandir


Contexte géographique

yoff peche localisation

Un littoral traditionnel : l’emprise de la zone de pêche artisanale
 
zone de pêche artisanaleLe trait jaune ci-dessus
correspond à la zone d’implantation actuelle des pirogues des pêcheurs. (environ 1 km de long)

peche et habitat précaireCette zone est la projection littorale du village
traditionnel
(voir article
évoquant  l’héritage des villages lébous dans la péninsule dakaroise)
. Le front de mer est ainsi constitué d’un habitat modeste et précaire comme le montre la photo ci-dessus.

Cette vue longitudinale montre assez bien l’intégration de cette portion de littoral dans le tissu urbain dakarois.
yoff peche et front urbain


Transport

Le mode de transport est aussi traditionnel mais particulièrement adapté aux configurations géographiques du lieu : en l’absence de route littorale, le transport des produits de la
pêche s’opère commodément par les charrettes et chevaux.
yoff plage transport poissons par charrette

Société

yoff peche enfants villageoisLes activités liées à la pêche contribuent
fortement au maintien du lien social et des traditions : pour sortir et rentrer les pirogues, tirer les filets, trier-distribuer-vendre les poissons, les villageois s’assemblent fréquemment
et mènent une existence quotidienne solidaire.
Dakar Yoff-littoral 0378

Economie
fabrique de glace

L’édification récente d’une fabrique de glace relève d’investissements extérieurs au village, en partie étrangers (société sénégalo grecque).
100 2809
Elle ouvre les produits de la pêche à un marché plus large mais profite davantage au mareyeurs qu’au pêcheurs eux-mêmes.
Il y a donc une introduction de modernité au sein de ce monde traditionnel mais elle n’a pas toutes les répercussions attendues en terme de progrès et développement local.


Environnement : la délicate gestion des déchets

a) Les déchets organiques et  l’élevage traditionnel yoff dépot d'orduresLa jeune fille déverse  un seau de détritus en bordure de mer ; il s’agit d’abord de nourrir les troupeaux de moutons, très présents sur cette
portion de littoral, avec des déchets organiques (pelures de légumes, restes de poissons, etc…).
yoff moutons orduresL’image ci-dessus (cliquer pour agrandir la photo) montre que
le tri selectif est en fait rarement opéré : aux déchets organiques se mêlent des détritus de toute sorte, en plastique en particulier. Ils restent sur les plages ou sont emportés par la mer et
contribuent sensiblement à la pollution du littoral dakarois.

Des campagnes de sensibilisation sont menées dans le village : on incite les femmes à déverser les eaux usées dans le réseau prévu à cet effet et à faire le tri des déchets. Mais le poids des
habitudes et l’absence de surveillance semblent prendre le dessus.
ne pas verser
La municipalité de Yoff embauche des ramasseurs…
yoff ramasseur…mais les moyens engagés restent disproportionnés : l’arrière-plan
visible sur la photo ne doit pas faire illusion. La réalité quotidienne correspond  davantage à la photo ci-dessous.
yoff moutons ordures et peche

b) Le déversement des déchets urbains.

yoff rivière d'orduresLe paysage est évocateur : il est bien ici question d’une
embouchure d’ordures qui éventre le littoral.

Les images Google earth correspondantes sont significatives.

Elles montrent d’une part que la situation a  empiré en l’espace de quelques années sous la pression de la croissance urbaine.
2002
estuaire déchets 2002
2009

estuaire déchets 2009

Par ailleurs, la comparaison entre l’image actuelle (2009) et la plus ancienne (1942) est édifiante : elle nous fait observer que la zone de déversement de déchets se situe en marge de l’espace
villageois traditionnel
. (N.B : l’outil dessin de Google eath permet une correpondance entre deux images de  période différente ; on a donc délimité la zone de déchets sur l’image 2009 et
la zone villageoise sur l’image 1942).
village et déchets 2009
le village en 42

On est donc en présence de deux logiques spatiales perpendiculaires et contradictoires :
celle d’un littoral dunaire que l’on voudrait continu, entravé par un déversement d’ordures
et celle d’un quartier traditionnel qui cherche à mettre « de côté » ses déchets.
Modernité et tradition se heurtent ici en un même espace.

Bilan : les difficultés d’un développement durable

« Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs » (rapport Bruntland,
1987)
Le cas étudié répond-il aux différents critères du développement durable? (écologiquement viable, économiquement rentable, socialement équitable)

– L’activité économique de la pêche artisanale a permis le maintien d’une structure sociale traditionnelle. En ce sens, on assiste bien à un processus de transmission générationnelle d’un
modèle de production, échanges et relations sociales qui ne s’est pas dissout dans la modernité urbaine.

Toutefois,

sur le plan écologique, la pression urbaine associée au manque d’équipements et à une gestion déficiente des déchets a conduit à une forte dégradation environnementale.

–  l’activité de la pêche artisanale reste faiblement rentable et de surcroit s’avère socialement peu équitable. Le produit de la pêche profite en effet davantage aux
distributeurs qu’aux pêcheurs eux-mêmes. On rappellera à ce titre que la fabrique de glace pour la conservation et le transport des poissons construite au sein du village sert des intérêts externes
(société greco sénégalaise)

– enfin, les interférences entre l’échelle locale et l’échelle mondiale suscitent de sérieuses inquiétudes : 
->  la montée du niveau de la mer due au réchauffement climatique est une menace directe sur l’activité de la pêche artisanale (pirogues stationnées sur une très étroite bande
littorale)
-> les gros chalutiers étrangers (asiatiques en particulier) sont souvent accusés de réduire durablement les réserves halieutiques au large des côtes sénégalaises (utilisation de
filets à petites mailles ne répondant pas aux normes internationales).
-> cet appauvrissement est une des causes d’un renforcement des fuites migratoires clandestines : les plus grandes des belles pirogues colorées sont de celles que l’on retrouve parfois
entre le Sénégal et les îles Canaries avec les drames humains que l’on connaît.

Plus d’informations sur la pêche au Sénégal : voir le site de l’IRD du Sénégal

Au « Virage », ça dérape

virage perpective

 

Attractif de par sa position littorale, le quartier dakarois du « Virage » est en proie à une urbanisation frénétique et anarchique. (localisation, images Google Earth sur la
progression de l’urbanisation : voir lien)

En dépit de la « loi Littoral » équivalente à celle de la France, les constructions spéculatives s’opérent en toute illégalité à la vue de tous.

L’horizon de la mer tend à s’effacer et la plage elle-même, sans avoir complétement disparu, est sérieusement menacée par les chantiers et le bétonnage incontrôlé de la côte.

 

Illustration en quelques clichés pris entre février et avril 2010

 

Obstruction panoramique : l’horizon du littoral victime du bétonnage.

obstruction en cours

 

Ci-dessous : l’impression d’une plage que l’on enfouit sous les gravats. (février puis fin avril)

plage et chantier

 

virage entrée plage

Vu de la plage :  un bétonnage apparent et oppressant

vue de la plage

 

Au delà du seul rivage, on assiste à une sauvage « course à la mer » (proximité, panorama) qui multiplie et élève les édifices.

constructions obstruction

Voir (et entendre!) la perspective panoramique en vidéo.

 

 

Voir comparaison en février 2011

Documents extraits de la manifestation à la plage du Virage en juin 2010

halte au massacre du littoral
littoral pour tous
Interviews
Propos du président d’une association pour la défense du littoral

« Il faut que le domaine public maritime qui est commun à tous les Sénégalais reste aux citoyens sénégalais et aux citoyens du monde. Il faut que les visiteurs qui viennent au Sénégal
puissent voir la mer, nous ne voulons pas de béton sur le littoral. »

« Dans les pays du Nord, les constructions pareilles, on les démolit ; il faut mettre des pergolas et pas du béton. Nous voulons qu’on détruise ces constructions . »
Documents audio
– Protestation du gérant d’une paillotte qui estime avoir été spolié par le promoteur immobilier voisin avec la complicité des pouvoirs publics.

Ce document est à prendre avec les réserves nécessaires et n’a pas la prétention d’établir la vérité sur ce contentieux. Il est destiné à montrer que la gestion de
l’espace en de pareilles circonstances est sujette à polémique et met en cause des problèmes de gouvernance.

« Je ne veux pas quitter cet endroit, c’est le Domaine Public Maritime. J’ai fait une demande en bonne et due forme. Lui (nb : le promoteur immobilier) , ce qu’il a comme titre foncier
c’est du faux. Les gens du cadastres font ce qu’ils veulent. Il faut que la corruption s’arrête ici au Sénégal. »
Doc audio

Le littoral dakarois, liens et documents

Présentation du littoral dakarois


En images, croquis et schémas. Télécharger le doc en
Pdf

La ville et ses îles. Télécharger le doc en Pdf
Documentation :
Tensions autorités/populations au sujet d’une île protégée : voir lien
Une île classée patrimoine : voir site de
l’Unesco
Capacités et méthodes : – passer de l’observation au croquis – réaliser des croquis et schémas cartographiques ; utiliser les ressources en ligne.


1) La dégradation du littoral par la pollution domestique et industrielle

 – Le cas de Yoff : croquis et images. Télécharger en Pdf
– Le cas de la baie de Hann : croquis et images   Télécharger en Pdf
Lire une image :
a) Contexte culturel, pratiques polluantes et sensibilisation environnementale. Télécharger en ppt
b) Etude d’une peinture murale : le réel et l’idéal. La perception d’un paysage patrimoine menacé.Télécharger en pptx
Texte et organigramme :
Tensions autour d’un projet de traitement des eaux usées. (télécharger en ppt)
Capacités et méthodes :– Etude critique de documents de types différents (textes, images) – prélever, hiérarchiser des informations – cerner le sens général d’un
document, le mettre en relation avec la situation géographique étudiée.

2) La dégradation paysagère du littoral : le bétonnage de la côte

Lois, protestations, contentieux : les problèmes de gouvernance.
Paysages, affiches et interviews.
– Voir article
sur le blog villesdafrique
: images et interviews audio réalisées à l’occasion d’une manifestion contre le « massacre » du littoral (juin 2010)
– Page documents (affiches et extraits d’interview) : télécharger en pdf
Capacités et méthodes : – Etude critique de documents de types différents (textes, images, …)

3) Les usages concurrentiels d’un littoral saturé
(« La concurrence pour l’espace »).

– Images, schéma géographique, schéma systémique sur le DD. Télécharger en
pdf.
– Diapo animées des schémas. Télécharger en
ppt. 
Capacités et méthodes : réaliser des schémas cartographiques, et des schémas fléchés


4) Une portion de littoral aménagé : quel modèle d’aménagement?

Documents et commentaires sur le site HG de l’Académie de Créteil : voir lien
Etude d’une séquence vidéo sur le lancement des travaux de la corniche. Comparaison Dakar/Koweit city. Croquis.
Capacités et méthodes
– analyse critique d’un document -confronter des situations géographiques, approches synchroniques – passer de l’observation au croquis.

Approfondir le sujet : voir lien (site HG Créteil)

– Tous les croquis et schémas animés : télécharger en
pptx.

– Fonds de croquis et schémas à imprimer : télécharger en ppt