Soif, Amélie Nothomb

Soif, Amélie Nothomb, Albin Michel

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Résumé

« Pour éprouver la soif, il faut être vivant. » Amélie Nothomb « On n’apprend des vérités si fortes qu’en ayant soif, qu’en éprouvant l’amour et en mourant : trois activités qui nécessitent un corps. » Avec sa plume inimitable, Amélie Nothomb donne voix et corps à Jésus Christ, quelques heures avant la crucifixion. Elle nous fait rencontrer un Christ ô combien humain et incarné, qui monte avec résignation au sommet du Golgotha. Aucun défi littéraire n’arrête l’imagination puissante et fulgurante d’Amélie Nothomb, qui livre ici un de ses textes les plus intimes.

 

La presse

Amélie Nothomb ose explorer, à la première personne, les états d’âme de Jésus au temps de sa passion. L’occasion d’une belle méditation sur ce que veut dire avoir un corps.

D’aucuns trouveront prétentieux le nouveau livre d’Amélie Nothomb. Pour qui se prend la romancière, qui ose imaginer ce que fut le monologue intérieur de Jésus dans les heures de sa Passion ? D’autres lui reprocheront une trop grande liberté par rapport aux textes du Nouveau Testament, notamment quand elle évoque une relation amoureuse avec Marie Madeleine, ou fait dire à Jésus qu’il n’a jamais prononcé telle ou telle parole contenue dans les Écritures. Mais un roman n’est pas parole d’Évangile.

Dans ce livre au titre lapidaire, Amélie Nothomb offre une belle réflexion – une méditation ? – sur ce que signifie avoir un corps. Sans corps, on ne peut éprouver de sentiments, faire l’expérience de la soif ou de la mort. La romancière imagine ce qui traverse l’esprit de Jésus dans les dernières heures de sa vie, depuis son procès et jusqu’à son ensevelissement, et même après. Le temps de la Passion ravive la mémoire d’événements, d’expériences, de rencontres marquantes…

Dominique Greiner, La Croix

Le 21 août, Amélie Nothomb publiait chez Albin Michel, Soif. La romancière confirme recevoir déjà beaucoup de courriers de lecteurs bouleversés. La plus belle récompense, selon elle, qui confie que ce vingt-septième roman est le livre de sa vie.

Comment est né ce livre ?

« Il m’est venu quand j’avais deux ans et demi, lorsque mon père m’a parlé de Jésus pour la première fois. Ça m’a fait un choc terrible et je me suis dit que Jésus était le héros de ma vie. Tout le rend unique et en premier lieu sa façon de s’exprimer. Ses mots sont très forts, Jésus est un modèle d’éloquence. »

Que signifie la Passion du Christ pour un écrivain ?

« Écrire est toujours une manière de parler de ce qui vous dépasse et la Passion du Christ est le cas absolu. Les évangiles sont à la fois un texte sublime qui a beaucoup à nous apporter et d’une grande perversion. Le passage qui pose vraiment problème, c’est la crucifixion, le reste est merveilleux. Enfant, la crucifixion m’était égale, je n’y pensais pas. Adolescente, j’ai connu la souffrance et j’ai réalisé que le Christ était un homme qui souffrait. On m’a appris que le corps n’était pas bien, on est tous marqué par ce message, par la haine du corps, or, c’est nier une partie de soi. Pour moi, Jésus est le contraire, pleinement incarné, le plus incarné des hommes, un homme lambda qui a décidé d’aller jusqu’au bout de ses possibilités. Je ne sais pas si c’est blasphématoire mais j’aime cette idée, parce que c’est une décision que chacun de nous pourrait prendre. Une chanson de Depeche Mode m’a accompagnée durant les années 80 : My Personal Jesus. J’ai voulu raconter “ my personnal ” Jésus. J’ai choisi de développer son côté charnel, un christ proche des autres grâce à son corps. »

Pourquoi avez-vous gardé de la tradition le lien du Christ avec sa mère Marie ?

« J’ai toujours trouvé que c’était une magnifique relation mère-fils, bouleversante. J’adore les représentations de descente de croix. Ce n’est pas morbide. Elles disent un amour au-delà de la mort. Même mort, une mère a envie de serrer son fils dans ses bras. »

Mais pourquoi un regard sur Judas si inhabituel ? 

« Judas a longtemps été le prototype de l’abjection puis à partir du XXe siècle, il y a eu un retournement et on l’a vu comme un homme extraordinaire, qui aurait agi par amour. Pour moi, la vérité est entre les deux. Judas est l’ami sombre, celui qui détonne dans une soirée. Personne ne comprend pourquoi vous l’invitez ni pourquoi vous l’aimez, il n’a rien d’aimable, c’est inexplicable et pourtant, il est votre ami. »

Avez-vous toujours de l’empathie pour vos personnages ?

« L’empathie est indispensable pour écrire. C’est une richesse pour un écrivain, mais c’est très difficile à vivre. Il n’y a pas de frontière entre moi et l’autre. Je ne pourrai pas être psy. »

Écrire “ Soif ” vous a-t-il apaisée ?

« Surtout, ça m’a indiqué une direction. Je sais désormais vers quoi je dois aller. »

Vous vouliez être Dieu quand vous étiez enfant mais un écrivain est un petit dieu avec ses mots, il crée et tue…

« Oh, j’étais un bébé ! Mais le pouvoir d’un écrivain est en effet considérable. Quand on n’écrit pas, on a pleinement conscience qu’on n’est pas Dieu, mais à certains moments d’écriture, on ressent cette puissance incroyable. Il y a un prix à payer : c’est un métier très dur, mais le plus beau métier du monde, sans aucun doute. »

Est-ce un choix de ne jamais mettre de résumé sur la couverture de vos livres ?

« Je n’aime pas du tout les quatrièmes (1), cette espèce d’argumentaire publicitaire. Et puis comment résumer un livre sans le réduire ? Je préfère mettre une phrase, qui de préférence ne permette pas d’en deviner le contenu. »

Cette phrase en exergue, vous la choisissez vous-même ? 

« Bien sûr, ainsi que le titre. La quatrième reste un détail, mais un titre… c’est essentiel. C’est comme si une mère laissait un autre choisir le nom de son enfant ! »

Albin Michel a publié votre premier roman, “ Hygiène de l’assassin ”, en 1992 et vous êtes toujours dans cette maison d’édition. Une fidélité rare.

« Aussi longtemps qu’une histoire d’amour fonctionne, pourquoi partir ? Mon éditeur est le premier qui a cru en moi. Certes, les propositions n’ont pas manqué mais j’aime l’idée de rester avec celui qui a cru en moi. »

La Nouvelle République

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