Comment enseigner la grammaire ?

Présentation

La difficulté principale de l’apprentissage du français est la grammaire qui semble paradoxalement une matière où les enseignants se sentent les plus assurés.

Cependant, comme en témoigne la fréquentation de ce site, des incohérences leur apparaissent et ils ont besoin de repères.

On peut distinguer quatre démarches :

La grammaire orthographique

Cette grammaire traditionnelle sert de base à des règles qui paraissent indiscutables alors qu’elles ont été « simplifiées » ou privilégient les exceptions. Un certain nombre de ces règles sont même inutiles.

Les élèves passent beaucoup de temps sur des exercices qui ne leur sont pas profitables (et qui leur sont souvent néfastes) car il n’y a pas eu de temps pour observer et manipuler.

On observe aussi que les enseignants laissent peu les élèves parler alors que la phase orale est indispensable pour s’entrainer aux richesses de notre langue, rassembler et préciser les observations, valider et perfectionner les apprentissages.

La grammaire notionnelle

Les manuels indiquent une notion puis des exercices d’application et les enseignants restreignent souvent la grammaire à cette démarche.

Par exemple, on fait apprendre à des élèves de 7 ans qu’un nom commun est un mot qui désigne une personne, un animal ou une chose. Pas évident : les adjectifs qualificatifs peuvent être utilisés comme noms, les verbes à l’infinitif sont souvent homographes d’un nom, … Le silence est-il une chose ?

Cela oblige à n’utiliser que des phrases sélectionnées en raison de la variété des tournures écrites et orales.

Ces « notions » se contredisent souvent entre manuels, entre cours, et font l’objet d’une longue liste de particularités dans l’enseignement secondaire.

On pourrait regretter que les programmes français n’indiquent pas la différence entre un complément circonstanciel, un complément de phrase, un complément essentiel, par exemple, si on ne devinait pas que de telles définitions seraient utilisées comme des notions indiscutables amenuisant encore le temps de recherche et de découverte.*

La grammaire structurale

On découpe la phrase en groupes puis on analyse ces groupes et leurs composants.

La différence entre la fonction et la nature n’apparait pas toujours clairement.

C’est cette démarche qui fait dire « le groupe sujet » alors qu’il n’y a généralement qu’un mot pour le sujet (pronom personnel, nom propre, …).

Le « groupe verbal » n’est plus indiqué dans les programmes français, contrairement, semble-t-il, au Québec.

Cette démarche d’analyse par boites, par tiroirs, par arbres, ne semble efficace que pour certains élèves.

Comme dans les deux précédents types de grammaire, il est souvent fait appel au sens (un complément circonstanciel indique le lieu, le temps, la manière, etc.) et à la construction (un complément circonstanciel peut être déplacé et supprimé) malgré les contradictions (Je mange un gâteau. Je mange. Je vais au jardin.)

La grammaire par manipulations

Celle-ci a été privilégiée après mai 68, l’oral étant alors la panacée.

Les exercices tant à l’oral qu’à l’écrit rendaient les élèves actifs et leur permettaient de s’approprier les connaissances. (Remplacer le sujet dans « Ce travail est fatigant. » Courir est fatigant. Anastasien est fatigant. Ce que tu me dis est fatigant.« ) Il était alors facile de rechercher la nature sans être limité par une définition préalable donc restrictive.

Il est indéniable qu’un temps de recherche et de mise en commun est indispensable.

Pourtant cette démarche est devenue rare.

L’enseignant se sent investi de la mission de transmettre un savoir et il reproduit souvent la manière dont il l’a acquis, en tentant d’en gommer les incohérences.

La grammaire est l’internet de la langue.

Qui peut donner actuellement les règles du fonctionnement de l’internet ?

De la même façon, l’étude de la langue ne peut se résumer en des règles à appliquer même si une clarification des notions est indispensable.

*Pouvez-vous analyser cette phrase ?

Circulaire n° 2007-013 du 11-1-2007 : L’enseignement de la grammaire

Dès les premiers apprentissages de la lecture, il faut faire comprendre aux élèves qu’une phrase est composée d’éléments dont chacun a un rôle particulier et permet de dire qui fait quoi, où, quand, comment, etc. Avant même de nommer classes et fonctions, le maître donne ainsi aux enfants qui apprennent à lire la capacité de saisir que la langue est organisée, que tous les mots n’ont pas le même poids, que l’ordre des mots dans une phrase oriente le sens.

L’enseignement de la grammaire proprement dit suit cette initiation. Il nécessite une progression précise allant du plus fréquent au plus rare et du plus simple au plus complexe, de telle sorte que l’élève découvre, étape après étape, les mécanismes syntaxiques du français et s’approprie les règles grammaticales.

Cette progression, traduite par le professeur en une programmation adaptée à la classe et aux élèves, doit obéir à la logique interne du système syntaxique du français : la grammaire enseignée au fil de l’étude des textes ne peut suffire.

Référence

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