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Daily Archives: 2 juin 2020

Apprenant ?

Très joli article de eduveille, un site de l’IFé (Institut Français de l’Education) : https://eduveille.hypotheses.org/15351

Cet article explore les usages du mot apprenant, son origine, comme nom commun puis son usage comme adjectif, accolé à nation, société, communauté, territoires ou académies, etc. En étudiant ce mot, l’article balaye différentes visions de l’apprentissage : celui de l’individu face à des savoirs à acquérir ou dans des situations informelles, celui de groupes humains qui apprennent à oeuvrer ensemble (coopérer par exemple pour le bien économique d’une entreprise ou pour faire face à des défis éducatifs mondiaux), outillés par le « numérique » qui favorise les échanges, les confrontations d’idées, la communication … avec l’idée phare du XXIème siècle que nous pourrions tous apprendre, tout le temps, partout, de tous. Très intéressant et très bien documenté !

La conclusion, inspirée des propos de B. Stiegler, invite à une réflexion entre le temps de loisir libre (otium) et le temps contraint (?) (negotium), avec l’expression d’une crainte : que les temps libres soient systématiquement mis à profit des apprentissages contraints. C’est-à-dire la tentation de rentabiliser chaque instant en termes d’apprentissage « utiles » (économiquement, socialement, …).

Mes réactions ?

En partant des neurosciences, nous nous apercevons que le cerveau ne fait qu’apprendre tout au long de sa vie. Il s’adapte à nos expériences de vie, quelles qu’elles soient, et nous permet d’évoluer à l’échelle d’une vie d’homme. Cette évolution se fait dans un environnement, qui lui-même évolue, et il n’est pas inintéressant de constater que les processus cognitifs à l’oeuvre à l’échelle d’un individu, sont de plus en plus visibles à l’échelle collective (on parle d’intelligence collective, de mémoire collective mais aussi de langages spécifiques à des corps de métier, d’action de groupe, …). N’y-a-t-il pas, dans le vivant, une pulsion à se tourner vers l’extérieur de soi (ad + prehendere) pour former des organismes toujours plus complexes et « apprenants », ie capables d’exister, d’évoluer et d’aménager, voire créer, un environnement adapté ? Apprendre semble naturel, et certains résultats scientifiques relayés par S. Dehaene, nous montrent même que les humains apprennent avec plaisir dès le plus jeune âge. L’utilité des apprentissages ne me semble pas mesurée d’abord à l’échelle socio-économique, mais à l’échelle biologique, selon des ressorts que l’on ne comprend pas complètement. Il semble exister des processus qui font que parfois « je prends » et parfois non, cela n’est pas totalement volontaire. Peut-on d’ailleurs obliger, contraindre quelqu’un à apprendre contre son gré ? La tendance n’est-elle pas plutôt de faire plier la volonté individuelle pour la faire s’adapter à ce qui est désirable à l’échelle du groupe : la ludification des apprentissages répond à cette tendance, ainsi que la profusion des nudges en neuromarketing … on ne peut pas apprendre à la place de quelqu’un d’autre et on ne peut pas l’empêcher d’apprendre, mais on peut agir sur son environnement, sur ses groupes d’appartenance, pour l’éduquer (ex-ducere : conduire ailleurs) … ou le manipuler …

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