Maurice PAPON

Maurice Papon (1910-2007) Secrétaire général de la Préfecture de Gironde puis Préfet de police de Paris et Ministre. Condamné à 10 ans de prison pour complicité de Crimes contre l’Humanité en 1997

Un documentaire qui fait le récapitulatif au moment de son procès

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=LckzjyqIIWs[/youtube]

Un récapitulatif sur son rôle dans la répression de la manifestation algérienne à Paris en 1961

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=6yAZ_fDfMI4[/youtube]

Paul TOUVIER

Ce fonctionnaire français collaborateur avec l’Allemagne nazie a rejoint la Milice dont il est devenu le chef à Lyon. Il participe activement à la répression contre les Résistants et aux exécutions ou déportations de Juifs. Après la Seconde Guerre mondiale, il est notamment doublement condamné à mort par contumace en 1946 (à Lyon) et 1947 (à Chambéry) pour Crimes contre l’Humanité, notamment l’exécution de 7 juifs à Rillieaux-la-Pape (banlieue de Lyon) en représailles à l’assassinat du chef national de la Milice, Philippe Henriot en 1944.

En fuite grâce à la complicité de réseaux catholiques, il se cache, notamment dans les Alpes, sa région natale. Fugitif, il est grâcié par le Président de la République, Georges Pompidou en 1971, suite à un avis favorable de la Magistrature, ce qui est à l’origine d’un scandale. Retrouvé et arrêté en 1989, il est finalement jugé à Versailles. Reconnu coupable de Crimes contre l’Humanité, il est condamné à la réclusion à perpétuité. C’est le premier français dans ce cas et un excellent exemple de l’évolution des mémoires de la Seconde Guerre mondiale.

Il meurt à la prison de Fresnes en 1996.

INA, JT-rétrospective sur Touvier (1994)

Klaus BARBIE : « Le boucher de Lyon »

Klaus BARBIE

Klaus Barbie lors de son procès à Lyon en 1987

né en 1913 à Bad Godesberg, Allemagne – Mort en 1991 à la prison de Lyon

Officier SS, membre du Parti nazi, il a notamment été le chef de la Gestapo à Lyon durant la Seconde guerre mondiale et à ce titre il a arrêté et torturé de nombreuses personnes, dont Jean Moulin. En exil en Bolivie, il a été jugé en 1987 à Lyon pour Crimes contre l’Humanité et condamné à la prison à perpétuité. Son procès marque en France un tournant dans l’évolution de la Mémoire de la Seconde Guerre mondiale en France et le début des grands procès des années 80-90, illustrant la judiciarisation de la Mémoire.

Il adhère dès 1933 aux Jeunesses hitlériennes puis entre dans la SS en 1933. Il entre au SD (Service de Sécurité du Reich) puis effectue son service militaire et sa formation d’officier à partir de 1938.

Durant la Seconde Guerre mondiale, il est envoyé aux Pays-Bas où il est muté dans la Gestapo et participe à la traque et la déportation de juifs, de francs-maçons et émigrés. Son action lui vaut d’être promu et décoré

En 1942, il est envoyé en France car il parle bien français, notamment dans l’Ain, puis à Dijon et enfin à Lyon. Après l’invasion de la zone libre, il devient le Chef de la Gestapo à Lyon. Il y traque les résistants, les communistes et les Juifs et est responsable de l’arrestation et de la torture de nombre d’entre eux, notamment Jean Moulin en juillet 1943 mais aussi le Président Albert Lebrun. il est aussi responsable de nombreux convois de déportation notamment la rafle des enfants d’Izieu, de l’exécution d’otages notamment les prisonniers de Montluc ou des Juifs de Bron. C’est ce qui lui vaut le surnom de « Boucher de Lyon ».

En 1944, il sévit dans l’Ain, le Jura et la Haute-Savoie dans la répression des maquis avant de gagner les Vosges puis l’Allemagne.

Recherché, il se cache sous une fausse identité après la guerre et parvient à échapper aux arrestations. En 1947, il entre dans un réseau financé par le CIC, un service de renseignement américain qui l’utilise en ce début de Guerre froide dans la lutte contre les communistes et le protège des recherches françaises compte tenu de son expérience et de ses connaissances sur les communistes français.

En 1951, accusé de vol par la police allemande, il est exflitré en Amérique du sud avec la complicité de la CIA notamment. Installé en Bolivie, il y mène une nouvelle vie sous une fausse identité (Klaus Altmann) et y dirige une compagnie d’exploitation de bois puis une compagnie maritime qui fait aussi du trafic d’armes et de drogues pour les dictatures d’extrême-droite en Amérique du Sud dans les années 60. Toujours protégé par le gouvernement bolivien et les services secrets américains, il continue d’aider la CIA notamment dans la traque puis l’exécution de Che Guevara en Bolivie en 1967. Il crée également une organisation paramilitaire d’extrême-droite (Les fiancés de la mort) qui aide le gouvernement bolivien.

EN 1969, la demande de visa pour l’Allemagne de sa fille le fait identifier par la police allemande mais il continue d’être protégé par les Etats-Unis dans le cadre de la Guerre froide en Amérique latine.

Le changement de gouvernement qui n’est plus soutenu par les Etats-Unis au début des années 80, son identification en Bolivie notamment par Beate Klarsfeld et des journalistes français (notamment Ladislas de Hoyos qui le piège pour TF1 en 1972), les pressions de la France sur le gouvernement bolivien (à qui il a donné une substantielle aide au développement) conduisent à son extradition en 1983. Il est jugé en 1987 à Lyon pour Crimes contre l’Humanité et défendu notamment par Me Jacques Vergès.

Condamné à perpétuité pour ses crimes, il meurt à la prison de Lyon d’un cancer en 1991.

Video INA : Biographie de Klaus Barbie, un chef nazi (1987)

Video INA : Une biographie de Barbie avec interview de Serge et Beate Klarsfeld (1984)

Video INA : La 2° vie de Barbie en Bolivie (1987)

Video INA : Barbie : l’amnésie (1983)

Video INA : La traque de Barbie par Beate Klarsfeld (1987)

Video INA : La condamnation de Klaus Barbie (1987)

 

 

Nicolas Sarkozy et ses initiatives controversées au sujet de la Mémoire de la Seconde Guerre mondiale

Parmi les initiatives du présiudent Nicolas Sarkozy au sujet de la Mémoire de la Seconde Guerre mondiale, 2 ont été controversées, notamment en 2007 la demande de la lecture par les enseignants de lycée de la lettre de Guy Môquet.

Video INA : La lettre de Guy Môquet (2007)

Mais aussi en 2008 la demande que tous les enfants de CM2 se voient confier la mémoire d’un enfant juif déporté.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=npOTfVJxizM[/youtube]

Un très bon article de Challenges qui fait le point sur les positions des 4 derniers présidents sur la Mémoire et la Repentance où se croisent à la fois la Seconde Guerre mondiale et la Guerre d’Algérie.

http://www.challenges.fr/monde/20121018.FAP1071/memoire-repentance-quatre-presidents-quatre-postures.html

Adolf EICHMANN

Adolf EICHMANN

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(né à Solingen, Allemagne en 1906 – condamné à mort exécuté en 1962 à Jérusalem, Israël)

Officier nazi de la SS et haut fonctionnaire du III° Reich, il a été l’organisateur de la logistique de la « Solution Finale » à la tête du 4° Bureau du RSHA et à ce titre, responsable de la Déportation en camps et de l’extermination de millions de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

Son enlèvement par les services secrets israëliens en Argentine où il avait trouvé refuge après la guerre et son procès en Israël ont marqué un tournant dans l’Histoire et le Mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Il a été reconnu coupable de Crimes contre l’Humanité, condamné à mort et exécuté.

 

 

Fils de comptable, élevé en Allemagne puis en Autriche, il sort de l’école sans diplôme et entre dans les années 20 dans la compagnie minière de son père. Membre d’organisation scout de jeunesse proche de l’extrême-droite, il fréquent les organisations nazies autrichiennes dès les années 20 et s’engage dans la SS autrichienne en 1932.

Dès 1934, il entre dans le SD (Services de Sécurité du Reich) dirigé par Reinhard Heydrich. Il y grimpe les échelons de la hiérarchie et est affecté aux bureaux des affaires juives. Il se rend en Israël en 1937 pour y évaluer la possibilité d’une évacuation des Juifs puis est affecté en Autriche après l’Anschluss en 1938. Il y organise l’expulsion des Juifs d’Autriche.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il organise la déportation de milliers de Juifs à l’est puis prend la tête du Bureau 4 du RSHA (le service de renseignement unifié du Reich), le bureau chargé des affaires juives. Il met sur pied le Plan Madagascar pour déporter tous les Juifs d’Europe sur l’île (protectorat français) mais sans suite. Invité à la Conférence de Wansse, il est chargé de mettre en oeuvre la Solution Finale par Himmler et organise le transport des convois de déportation de millions juifs dans les camps d’extermination.

En fuite en 1945, il trouve refuge en Argentine où il mène une nouvelle vie sous une nouvelle identité. Identifié et traqué par le Mossad, les Services secrets israëliens, il est enlevé et exfiltré de Buenos Aires vers Israël afin d’y être jugé pour ses crimes. Lors de son procès, la multiplicité des témoignages, des preuves et des nouvelles sources marquent un tournant dans l’Histoire du Génocide des Juifs tout autant que son comportement glacial, méticuleux et son absence totale de remords. Il est condamné à mort et exécuté en 1962 à Jérusalem. Ses cendres sont dispersées dans les eaux internationales.

Son procès a inspiré la philosophe juive Hannah Arendt pour écrire « Eichmann à Jérusalem ou la banalité du Mal« .

Extraits de son procès :

[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/ximebz_extraits-du-proces-d-adolf-eichmann_news[/dailymotion]

Le procès de Nüremberg

Le procès de Nüremberg tenu entre 1945 et 1946 est capital dans le bilan de la 2° guerre mondiale et la volonté de reconstruire la paix sur des bases nouvelles. C’est le premier exemple de justice internationale avec notamment la création d’un chef d’accusation rétroactif pour les accusés : le « crime contre l’Humanité ». Ce procès est une étape dans les Mémoires de la 2° guerre mondiale.

Pour approfondir en video : un documentaire en 5 épisodes.

Continue reading Le procès de Nüremberg

Les Mémoires de la Seconde Guerre mondiale en chansons

Pour illustrer de manière plus ludique et décalée les cours en chansons, voici une sélection de chansons qui évoquent la Seconde Guerre mondiale en France.

Leurs auteurs, leurs contextes historiques, leurs paroles et leurs sujets reflètent bien la diversité des mémoires de la guerre et leur évolution.

  • Le mythe résistancialiste peut notamment être illustré par :

« Le chant des partisans » coécrit en 1943 par Maurice Druon et Joseph Kessel, résistants puis auteurs membres de l’Académie française.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=sUZWlf_vuKg[/youtube]

Sa reprise par Zebda bien plus récemment s’inscrit bien sûr dans une lecture différente et très contemporaine de la résistance. Le message y est politique (le collectif « Motivés » est engagé à l’extrême-gauche). La résistance se fait donc contre d’autres adversaires, notamment les autorités de droite et Nicolas Sarkozy.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=mXTZQdmN3RY[/youtube]

 

Serge Reggiani décrit l’invasion allemande comme celle des « loups » dans « Les loups »

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=8v77VIxElwM[/youtube]

  • La mémoire communiste de la guerre est illustrée dans « L’affiche rouge » de Léo Ferré sur des paroles du poète Louis Aragon (tous deux proches des communistes) :

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=uhOe-5HU15U[/youtube]

  • La mémoire refoulée du Génocide des Juifs et de la Déportation s’est réveillée plus tardivement. Elle est particulièrement bien illustrée par :

Jean Ferrat : « Nuit et brouillard » qui parle de l’ensemble des déportés, ennemis du Reich d’après le Décret du même nom

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=3k8VsijdTwo[/youtube]

Louis Chedid, le père de M (sur des paroles de sa mère Andrée) parle de la célèbre Anne Franck, jeune juive hollandaise déportée dont l’histoire est relatée dans son journal intime (Le journal d’Anne Franck) dans « Anne, ma sœur Anne »

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=IIZysMH6oXg[/youtube]

Le toujours poignant « Comme toi » de Jean-Jacques Goldman en 1985 évoquant ce génocide sous les traits d’une jeune fille tuée dans le ghetto de Varsovie  « qui s’appelait Sarah, elle n’avait pas 8 ans »,

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=ySZBnMukO8g[/youtube]

  • A contrecourant (comme toujours), Michel Sardou sort « Les ricains », une bombe musicale en 1967, juste après la sortie de la France de l’OTAN et les critiques du Général de Gaulle sur l’intervention américaine au Viet-Nam. Il y rappelle le sacrifice des américains durant la Seconde Guerre mondiale, en particulier le débarquement en Normandie et la libération de la France par ceux qu’alors dans les années 60 on critique en France avec une certaine américanophobie. Du coup, la chanson est censurée et interdite d’antenne.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=IYINRTN4YNQ[/youtube]

  • Plus récemment, Mickey 3D a sorti une chanson sur Jean Moulin, incarnation du courage. Ecoutez bien les paroles qui illustrent une certaine vision contemporaine assez sombre et pessimiste de la France durant la Seconde Guerre mondiale :

Mickey 3 D : Jean Moulin (2007) sur Deezer

Pierre MENDES-FRANCE

Pierre Mendès-France (1907-1982)

Une histoire de la Gauche française

« L’estime [du peuple] ira demain à ceux qui ne lui dissimuleront plus la vérité. »

Député radical, Président du Conseil (1954-55)

Merci à mon collègue et ami Fred pour cette excellente bio que je vous recommande de lire (ainsi que le très beau texte de son « appel à la jeunesse ») :

A l’âge de 15 ans, il obtient son bac et il entre l’année suivante à l’Ecole libre des sciences politiques. A 21 ans, Il devient le plus jeune avocat de France. Economiste reconnu, il est à la fois l’héritier du rigorisme économique de Raymond Poincaré et le fils spirituel du déjà très engagé Léon Blum.

Son ascendance juive lié à l’antisémitisme latent des années 30, en fera un membre de la LAURS la Ligue d’action universitaire républicaine et socialiste, mouvement étudiant opposé à l’extrême droite, puis un opposant farouche à l’envoi d’une délégation française aux JO de Berlin en 1936.

Radical et novateur, il deviendra député de l’Eure à partir de 1932, maire de Louviers à partir de 1935 et conseiller général de l’Eure en 1937 malgré une campagne farouchement antisémite. Ephémère sous-secrétaire d’État au Trésor dans le gouvernement Léon Blum (du 13 mars au 8 avril 1938), il se fera remarquer par des positions avant-gardistes que l’on qualifierait aujourd’hui de keynésiennes.

Faussement accusé de désertion au début de la seconde guerre mondiale lors d’un procès inique, il réussira à s’évader peu après pour rejoindre Londres où il intègrera tout d’abord les forces aériennes françaises libres avant de participer au CFLN puis au GPRF comme commissaire aux finances.

En conflit avec le héros de la France libérée (de Gaulle), s’en suivra alors une période « d’exil » de 1945 à 1950, à l’écart de la vie politique française au sein de la BIRD puis du FMI et enfin de l’ONU.

De retour dans la vie politique française, il devient président du Conseil le 18 juin 1954, soit à peine un mois après la débâcle de Dien Bien Phu. Elu pour mettre fin au bourbier indochinois, il signe le 20 juillet 1954 les Accords de Genève qui mettent fin au conflit puis engage dans la foulée des négociations pour la Tunisie.

Parallèlement il tente des réformes institutionnelles sensées mettre fin à l’instabilité ministérielle de la IVème république. Mais trop occupé par le volet international et sans doute peu attiré par les jeux (joutes) politiques du fait de sa haute idée de ce que doit être un homme d’Etat, son gouvernement succombera 7 mois plus tard.

Son gouvernement est finalement renversé le 5 février 1955 sur le problème du statut réservé à l’Algérie. PMF continuera la politique au sein du Front Républicain puis du PSU avant de tenter un dernier baroud d’honneur lors des présidentielles avec un ticket Deferre-Mendès (sur un modèle d’outre atlantique : président – vice-président) qui ne réussira pas à convaincre les électeurs. Dès lors la maladie le tiendra définitivement éloigné de la politique française.

Devenu un « sage », il soutiendra François Mitterrand lors de son élection de 1981 avant de s’éteindre le 18 octobre 1982.

Pierre Mendès France devient alors le symbole de l’exigence en politique. Rigoureux, austère, intransigeant avec lui comme avec les autres, PMF incarne à la fois les réussites et les échecs de ce que l’on peut appeler au sens large : la Gauche française. Incarnant une gauche moderne et ancrée dans les réalités du XXème siècle, il n’aura de cesse de proposer un projet moderne pour la France et sa jeunesse tout en prônant une rigueur budgétaire et économique à contre courant de sa tendance politique. Mais à contrario, il ne saura, ou ne voudra jamais s’arranger avec les compromis et compromissions que l’accès au pouvoir suprême exige de ses candidats et marque à lui seul les ambigüités qu’entretiennent les hommes de Gauche avec ce dernier. D’une part en traduisant l’incapacité de l’aile la plus réformatrice de la Gauche à s’imposer dans les arcanes de ses principaux partis alors même que sa pensée est dominante dans l’opinion publique (ce qui explique le prestige et la quasi mythification du gouvernement et de l’homme Mendès malgré son peu de temps au pouvoir). Et d’autre part, en marquant l’inaptitude globale des candidats de Gauche aux exigences du combat pour l’élection présidentielle, à l’exception de François Mitterrand, car nécessitant à leurs yeux des renoncements inconcevables à leur idéal.

C’est aussi çà l’héritage de Mendès.

Bibliographie

Le plus récent et le plus complet : « Pierre Mendès France » d’Eric Roussel, Gallimard, 2007.

Le plus connu : « Pierre Mendès France » de Jean Lacouture, Poche, réédition en 2004.

Textes

Pour moi le plus beau texte de Pierre Mendès-France – Message à la Jeunesse (22 décembre 1955)

http://pluriel.free.fr/PMF2.html

Vidéos

Documentaire : Le mystère Mendès-France : [youtube]https://www.youtube.com/watch?v=xmM5uoithYo[/youtube]

En Vidéo : le récit très surprenant et symbolique de son évasion en 1941 et de l’homme Mendès :

[kml_flashembed movie="http://youtube.com/v/fnj2M4Ls9bY" width="425" height="350" wmode="transparent" /]

Discours à Nevers

Les actualités de septembre 1954 (PMF au conseil de l’Europe)

Pour plus d’informations : le site à visiter : http://www.mendes-france.fr/

Enfin sur le Mendésisme (comme morale politique ou comme éthique de la République).: http://michel-loussouarn.blogspot.com/2006/08/le-mendsisme-une-ide-neuve.html

et sur son existence actuel : http://www.marianne2.fr/Pour-un-nouveau-mendesisme!_a85180.html?start_liste=5&paa=2

Liste des présidents et gouvernements de la IV° République

Vous trouverez ci-joint la liste des différents présidents de la République et des chefs de gouvernement de la IV° République (de même, vous pouvez déjà trouver la même chose pour la V° République : Liste des Présidents de la République et Premiers Ministres de la V° République)

Liste des présidents et gouvernements de la IV° République

De cette liste que retenir ou plutôt qui ?

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Kwame N’KRUMAH

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Kwame N’KRUMAH

Né le 21 septembre 1909 à Nkroful (Ghana)

Mort en exil le 27 avril 1972 à Bucarest (Roumanie)

Premier Ministre (1957-60) puis Président du Ghana (1960-66)

Pionnier du nationalisme africain et du panafricanisme, il joua un rôle déterminant dans l’émancipation de l’Afrique. Artisan de l’indépendance du Ghana en 1957, il a aussi participé activement à la conférence de Bandung et obtenu le soutien des pays d’Asie envers les colonies africaines (afro-asiatisme).

Après des études en Angleterre et aux Etats-Unis, il milite pour l’émancipation de l’Afrique et fait figure de pionnier du nationalisme panafricain en participant notamment en 1945 au Congrès Panafricain. Après son retour en Gold Coast en 1947, il fonde un nouveau parti indépendantiste, le CPP (Convention’s People Party), appelle au boycott et à la désobéissance civile, comme Gandhi en Inde, ce qui lui vaut d’être emprisonné.

En 1951, suite à sa victoire aux élections législatives, il est libéré et devient Premier Ministre, collaborant avec les autorités britanniques, développant l’éducation et la santé à partir des excédents commerciaux de l’exportation du cacao, une des principales richesses du pays. Un nouveau succès aux législatives de 1956 lui permet de forcer les britanniques à accorder l’indépendance de la Gold Coast, 2° colonie africaine noire à être décolonisée, le 6 mars 1957, un an après le Soudan. Il donne au pays symboliquement le nom de Ghana, en hommage au puissant empire du Ghana.

Il développe alors ses projets panafricains pour l’émancipation de l’Afrique et pour la création d’Etats-Unis d’Afrique. Il soutient son collègue, Ahmed Sékou Touré, président de la Guinée, qui refuse d’adhérer à l’Union Française et fait de la Guinée, la 1° colonie d’Afrique noire française indépendante. Ainsi, il réalise une union entre Ghana et Guinée en 1959, rejoint par le Mali de Modibo Keïta en 1960, qui restera purement symbolique. Il participe en 1963 à la rédaction de la charte de création de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine) mais ses idées fédératrices ne sont pas retenues.

Sur le plan national, la phase libérale du début des années 60 et des erreurs économiques conduisent le pays à la crise. N’Krumah devient alors de plus en plus autoritaire et son régime se transforme en dictature. Après avoir adhéré au mouvement des non-alignés au début des années 60, il socialise progressivement l’économie et oriente le Ghana vers le bloc de l’est. Isolé politiquement à sur le plan national et international, il est renversé par un coup d’état en 1966 lors d’un voyage en Chine et finit sa vie en exil en Roumanie.

Conférence de Bandung (avril 1955)

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La Conférence de Bandung (ou Bandoeng) a eu lieu en 1955 en Indonésie à l’invitation du président indonésien, Ahmed Sukarno. Elle est un tournant dans l’histoire de la décolonisation et une date-clé des relations in
ternationales du XX° siècle, consacrant l’émergence du Tiers-Monde et des non-alignés. Dans ses accords finaux, elle encouragea la poursuite de la décolonisation, notamment en Afrique et insista sur la nécessaire solidarité des nations asiatiques et africaines (mouvement afro-asiatique). Pour en savoir plus et faire le point, lisez la suite :

Nehru (premier ministre indien) est l’instigateur de la conférence. Après l’indépendance de l’Inde en 1947, il a organisé une première conférence des relations asiatiques à Delhi réunissant 25 pays puis une seconde toujours à Delhi en 1949. Après l’indépendance de l’Indonésie en 1949, le rapprochement sino-indien de 1954 et l’indépendance de l’Indochine à l’issue de la Conférence de Genève en 1954, la nécessité d’une grande conférence internationale des pays décolonisés et de ceux qui étaient en cours d’émancipation, notamment en Afrique devenait nécessaire

L’Ethiopie et le Liberia ont été les 2 seuls états africains qui n’ont pas été colonisés. Après l’indépendance de l’Egypte avant la 2° Guerre mondiale puis de la Libye en 1951 et le développement du nationalisme au Maghreb, le début de la Guerre d’Algérie (1954) et l’émergence des mouvements nationalistes en Afrique noire (notamment au Ghana avec Kwame N’KRUMAH), les conditions étaient réunies.

Le contexte

En 1955, la Guerre de Corée s’est achevée depuis 2 ans, la Guerre d’Indochine depuis 1 an et la Guerre d’Algérie vient de débuter (novembre 1954). 2 ans après la mort de Staline, l’heure est à la « Coexistence Pacifique » dans les relations internationales sous Khrouchtchev en URSS et Eisenhower aux USA. D’autre part, les 2 blocs structurent alors leurs alliances militaires internationales. 1955 est l’année de la signature du Pacte de Varsovie, alliance militaire du bloc de l’Est, et du Pacte de Bagdad (alliance militaire pro-occidentale au Moyen-Orient) un an après la création de l’OTASE (Organisation du Traité de l’Asie du Sud-Est, organisation pro-occidentale en Asie).

La Conférence

29 participants (23 pays asiatiques et 6 africains), tous indépendants et décolonisés à l’exception du Ghana et du Soudan. Ils ont en commun d’être indépendants, décolonisés depuis les 10 années précédentes pour la plupart d’entre eux, d’être pays du « sud », c’est-à-dire du Tiers-monde et d’être asiatiques ou africains. Les différences se marquent essentiellement par rapport à l’orientation de leurs politiques internationales et de leurs alliances dans le cadre de la guerre froide.

On peut repérer 3 tendances :

  • Le bloc de l’est (communiste) : Chine, nord-Viet Nam
  • Le bloc occidental : sud-Viet Nam, Laos, Cambodge, Thaïlande, Philippines, Japon, Turquie, Irak, Iran, Pakistan, Liban, Ethiopie, Libye, Liberia
  • Les neutres ou incertains : Inde, Indonésie, Birmanie, Afghanistan, Egypte, Syrie, Jordanie, Arabie saoudite, Yémen, Soudan, Ghana

Les leaders de certains pays jouent un rôle-clé dans la conférence et apparaissent comme les leaders du Tiers-Monde. On peut citer :

Nehru et Zhou Enlai

  • Sukarno (Indonésie), hôte de la Conférence
  • Nehru (Inde), initiateur du mouvement
  • Nasser (Egypte) qui apparait comme le leader du monde arabe
  • Zhou Enlaï (Chine) : 1er ministre chinois qui apparait comme un modèle pour de nombreux pays d’Asie
  • N’Krumah (Ghana) qui apparaît comme le pionnier du nationalisme panafricain en Afrique noire

Les principes des accords de Bandung

  • La condamnation du colonialisme et l’encouragement à l’émancipation du monde
  • Le droit des peuples à disposer d’eux-même (principe des 14 points de Wilson en 1918)
  • Egale souveraineté de toutes les nationsZhou Enlaï, Sukarno et Nasser
  • Respect des Droits de l’Homme et de la Charte de l’ONU
  • Non-ingérence dans les affaires intérieures des états, notamment de la part des grandes puissances (anciennes métropoles coloniales, et 2 Grands : USA et URSS)
  • Désarmement, interdiction des armes nucléaires
  • Règlement pacifique des différends et Coexistence Pacifique des nations
  • Solidarité afro-asiatique de l’ensemble des nations : soutien et coopération politique, économique, culturelle…

Les divergences

La Coexistence Pacifique et l’objectif de créer une force neutre dans la Guerre froide se heurtent aux réalités des alliances de chacun. Certains pays comme l’Inde de Nehru, souhaitent que tous les états du Tiers-Monde soient neutres. Le Pakistan et d’autres soutiennent la liberté d’adhérer à des formes collectives de défense, notamment des organisations internationales.

La Conférence encourage la décolonisation en Afrique et lui a insufflé un élan. D’autre part, elle est aussi à l’origine du mouvement des non-alignés, créé par ceux qui souhaitent développer une 3° force neutre et indépendante des 2 blocs. Un an plus tard, à Brioni en Yougoslavie, se tient la 1° réunion des non-alignés à l’invitation de Tito (Yougoslavie) avec Nehru (Inde) et Nasser (Egypte).

Retrouvez ici le texte de la décalartion finale et les 10 points des accords de Bandung : Déclaration finale de Bandung

Fiche de révision : La décolonisation (tableau récapitulatif)

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Et voilà la fiche récapitulative sur la décolonisation (colonies, métropoles, leaders et mouvements nationalistes, dates d’indépendance, modes de décolonisation et conséquences) sous forme de tableau. Ca tient sur une page (bien serrée évidemment) :

Décolonisation (tableau récapitulatif)

Suite à vos remarques sur le format du fichier et pour certains sur l’impossibilité de le télécharger correctement, je l’ai reposté en format excel et normalement, cela devrait fonctionner. Si ce n’est pas le cas, merci de m’en faire part dans vos commentaires.

Chronologie de la décolonisation et de l’émergence du Tiers-Monde

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Une longue chrono détaillée pour un chapitre touffu sur la décolonisation de 1945 à nos jours car la décolonisation est-elle vraiment achevée ? :

 

1945

La fin de la Seconde Guerre Mondiale entraîne le réveil des nationalismes. Les 2 Grands (USA et URSS) et l’ONU (notamment dans sa charte de fondation) encouragent la décolonisation

Indépendance des mandats français du Proche-Orient (Syrie et Liban) et fondation de la Ligue Arabe

8 mai : Emeutes de Sétif en Algérie durement réprimées par l’armée française

17 août : Proclamation de l’indépendance de l’Indonésie par Sukarno ==> Guerre contre les Pays-Bas (1946-49)

2 septembre : Proclamation de l’indépendance de la République du Viet-Nam par Ho Chi Minh

1946

Echec des négociations entre la France et le Viet-Minh d’Ho Chi Minh

==> Début de la Guerre d’Indochine (1946-54). Voir : Chronologie de la Guerre d’Indochine

1947

Insurrection nationaliste à Madagascar durement réprimée par l’armée française

Plan de partage de l’ONU pour le mandat britannique en Palestine qui prévoit la création de 2 Etats

15 août : Indépendance de l’Empire britannique des Indes et partition dans la violence

==> Création de 2 Etats (Union Indienne et Pakistan) et 1° guerre indo-pakistanaise (notamment pour le Cachemire)

1948

Fin du mandat britannique en Palestine ==> Indépendance proclamée unilatéralement d’Israël et 1° guerre israëlo-arabe

1949

Indépendance officielle de l’Indonésie

1952

Début de la Guerre des Mau-Mau au Kenya contre l’armée britannique (1952-56). Indépendance en 1963

Arrestation et déportation d’Habib Bourguiba, chef du parti nationaliste tunisien (Néo-Destour)

==> Violences, attentats terroristes et contre-attentats en Tunisie (1952-54)

1953

Renversement et arrestation du sultan du Maroc Mohammed V, accusé de soutenir les nationalistes de l’Istiqlal

==> Recrudescence de la violence au Maroc, vague d’attentats terroristes et contre-terroristes (1954-55)

1954

Défaite française contre le Viet-Minh à Dien Bien Phu, conférence de la paix à Genève

==> Indépendance de l’Indochine (Viet-Nam, Cambodge, Laos) et partition du Viet-Nam en 2 (Viet-Nam du nord : communiste ; Viet-Nam du sud soutenu par les USA)

Discours de Carthage de Pierre Mendès-France en Tunisie qui accorde une large autonomie

1er novembre : « Toussaint sanglante », attentats et attaques du FLN en Algérie

==> Début de la Guerre d’Algérie (1954-62). Voir aussi Chronologie de la Guerre d’Algérie

1955

Conférence de Bandung (Indonésie) rassemblant 29 pays du Tiers-Monde afroasiatique. Emergence du Tiers-Monde et des non-alignés, encouragement à la décolonisation en Afrique (mouvement afro-asiatique)

Retour au Maroc de Mohammed V, rappelé au pouvoir par la France

1956

Loi-cadre de Gaston Deferre sur le statut des DOM-TOM. Préparation de la décolonisation de l’Afrique noire

Indépendance du Maroc et de la Tunisie

Pleins pouvoirs donnés à l’armée en Algérie par le président du conseil français, Guy Mollet

1° réunion des non-alignés à Brioni (Yougoslavie) à l’invitation de Tito avec Nehru (Inde) et Nasser (Egypte)

25 juillet : Discours d’Alexandrie du Colonel Nasser, président égyptien. Nationalisation du Canal de Suez

==> Crise de Suez (août-novembre 1956). Intervention israëlo-franco-britannique contre l’Egypte. Voir aussi Chronologie de la Crise de Suez

1957

Indépendance du Ghana (Gold Coast britannique) avec N’Krumah, pionnier du nationalisme en Afrique noire

Bataille d’Alger menée par le Général Massu et le Colonel Bigeard contre les attentats du FLN

1958

13 mai : Prise du Gouvernement général à Alger, le Général Salan prend la tête d’un Comité de salut public

==> Crise politique de la IV° République en France, retour au pouvoir du général de Gaulle puis V° République

==> Le FLN refuse la « Paix des Braves » et crée le GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne)

Union Française constituée des colonies d’Afrique noire. Refus de la Guinée ==> Indépendance

1960

Indépendance des colonies d’Afrique noire de l’Union française (Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina-Faso, Niger, Bénin, Togo, Cote d’Ivoire, Tchad, Centrafrique, Congo, Cameroun, Gabon, Madagascar)

30 juin : Indépendance du Congo belge et discours du Premier Ministre Patrice Lumumba à Kinshasa.

Juillet-août 1960 : Crise politique et début de la guerre civile au Congo belge avec la sécession du Katanga et la rupture entre le président Kazavubu et le Premier Ministre Lumumba. Le Colonel Mobutu s’impose comme dictateur de 1965 à 1997 après avoir réprimé la sécession du Katanga et la révolution communiste menée par Che Guevara.

1961

17 janvier : Assassinat de Lumumba à Elizabethville (Katanga)

Référendum en France favorable à l’autodétermination des algériens

Putsch des généraux à Alger réprimé par le Général De Gaulle è Création de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) par Salan. Vague d’attentats de l’OAS.

1962

18 mars : Accords d’Evian pour la paix en Algérie

1er juillet : Indépendance de l’Algérie è Exil des pieds-noirs, massacres contre les européens et les harkis en Algérie
1969

Le Colonel Muammar Kadhafi prend le pouvoir en Libye. A la mort de Nasser (1970), il s’impose comme un des leaders du panarabisme (avec Saddam Hussein en Irak et Hafez el-Assad en Syrie). Dictature panarabe et socialiste puis favorable à l’islamisme et soutien du terrorisme international et depuis peu panafricain et fréquentable !

1970

Proclamation de l’indépendance de la Rodhésie du sud (Zimbabwe, colonie britannique)

==> 1° guerre d’indépendance du Zimbabwe (1972-80)

1971

Indépendance du Pakistan oriental (Bangladesh), guerre indo-pakistanaise

Idi Amin Dada prend le pouvoir en Ouganda ==> Sanglante dictature du « Dernier Roi d’Ecosse » (1971-79)

1973

Dernière conférence des non-alignés à Alger. Fin du mouvement

1975

Indépendance de 3 des 4 îles des Comores françaises. Mayotte qui a voté à 99 % contre reste française.

Fin du protectorat espagnol au Rio de Oro (Sahara occidental), Marche verte et intervention armée marocaine contre le Front Polisario (mouvement indépendantiste sahraouï==> Début du « problème du Sahara occidental »

Indépendances des colonies portugaises d’Angola et du Mozambique après 10 ans de lutte contre les guérillas marxistes ==> Exil des colons portugais, guerres civiles pour le pouvoir dans les 2 nouveaux états

Le Colonel Mengitsu fait assassiner l’Empereur d’Ethiopie Haïlé Sélassié, renversé en 1974 et prend le pouvoir ==> Début d’une sanglante dictature marxiste alliée à l’URSS connue sous le nom de « Terreur rouge » jusqu’en 1991.

1977

Le capitaine Jean-Bedel Bokassa se proclame « Empereur de Centrafrique » et se fait couronner en grande pompe.

1980

Indépendance du Zimbabwe. Apartheid mis en place par la minorité blanche contre la majorité noire (comme en Afrique du sud) ==> 2° guerre d’indépendance du Zimbabwe (1983-89) entre le gouvernement blanc de Ian Smith et la ZANU-PF de Robert Mugabe qui s’impose en 1987 comme dictateur.

1990

Fin de l’apartheid en Afrique du sud, transition démocratique avec l’ANC menée par le président Frederik De Klerk et le leader de l’ANC (emprisonné pendant 28 ans) Nelson Mandela qui devient le 1er président noir du pays. ==> Indépendance de la Namibie (occupée depuis 1918 par l’Afrique du sud)
1998

L’île comorienne d’Anjouan demande son rattachement à la France. C’est le seul exemple de colonie ayant depuis son indépendance demandée à être rattachée à son ancienne métropole

2001

Le Timor-oriental (ex-colonie portugaise indépendante en 1975), occupé depuis 25 ans par l’Indonésie est évacué par les troupes indonésiennes. C’est le dernier état « décolonisé ».

Patrice LUMUMBA (1925-61)

Bac

Patrice Emery LUMUMBA

né le 2 juillet 1925 à Onalua (République Démocratique du Congo)

assassiné le 17 janvier 1961 au Katanga (RDC)

Premier Ministre du Congo (juin-septembre 1960)

Leader nationaliste militant pour l’indépendance du Congo belge, colonie de triste mémoire où les belges s’y rendirent coupables des pires crimes, notamment à l’époque du Roi Léopold II (1875-1908), il obtient une indépendance négociée et rapide en 1960 et en deivient le premier ministre. Hélas, les intérêts économiques, les ambitions politiques du Président Kazavubu, la sécession du Katanga, la guerre civile attisée par les grandes puissances qui se méfient d’un homme jugé sympayhisant du bloc de l’est auront raison de lui,de la démocratie et de la paix au Congo. Son ignoble assassinant a de quoi faire réfléchir sur la décolonisation. La suite de la biographie avec des documents sur lesquels les élèves de Terminale ES ont à travailler pour la rentrée :

Autodidacte, il travaille comme employé d’une société minière au sud-Kivu puis comme journaliste avant de s’engager en politique. Militant anticolonialiste, il fonde en 1958 le MNC (Mouvement National Congolais) et lutte pour l’indépendance, ce qui lui vaut d’être arrêté puis libéré peu avant l’indépendance accordée par la Belgique à sa colonie le 30 juin 1960. Ce jour-là, il prononce un discours virulent contre les crimes coloniaux commis par la Belgique et devient alors le 1° Premier Ministre du Congo indépendant.

Lumumba, qui veut tourner la page du colonialisme, décrète l’africanisation de l’armée. Cependant, les cadres de l’armée restent belges, le temps de former des officiers noirs. Cela conduit à des violences commises par les noirs contre les belges militaires et civils. Le gouvernement belge du Roi Baudouin Ier réplique en envoyant des troupes pour protéger ses ressortissants et soutenir la rébellion de la province minière du Katanga au sud du pays où Moïse Tschombé s’est proclamé dirigeant avec le soutien politique, économique (les compagnies belges continuent d’y exploiter les minerais) et militaires (les gendarmes et officiers de l’armée katangaise sont des mercenaires belges).

A k’été 1960, la crise politique congolaise prend une autre ampleur. Face au centralisme de Lumumba, d’autres provinces coimme le sud-Kasaï font sécession. L’ONU sous la pression des Etats-Unis annule l’envoi de casques bleus promis à Lumumba pour rétablir la paix. Le conflit congolais devient un conflit de guerre froide puisque face à l’hostilité des grandes puissances occidentales (USA, Belgique, France, ONU), il doit se tourner vers l’URSS. Ainsi, le président Kasavubu, sous la pression internationale et à l’initiative du gouvernement blege, décide de rompre avec Lumumba et de le limoger. Lumumba en appelle au peule qui le soutient et au Parlement qui vote le renversement de Kasavubu.

La crise provoque l’émergence d’un officier de l’armée congolaise, soutenu par la France qui a des intérês dans la région, le Colonel Joseph-Désiré Mobutu qui rétablit l’ordre et prend le pouvoir. Dès décembre, Lumumba, menacé et en résidence surveillée tente de gagner Stanleyville, son fief où il a de nombreux partisans. Arrêté, il est livré par Mobutu aux autorités katangaises de Tschombé et transféré par avion à Elisabethville, capitale du Katanga. Torturé et humilié avec ses compagnons, il est alors assassiné par des « Tigres katangais » commandés par des officiers mercenaires belges. L’implication du gouvernement belge dans son assassinat a été reconnue en 2002. L’implication des Etats-Unis qui craignaient de voir le Congo et ses richesses basculer dans le bloc de l’est, semble aussi évidente. Sa mort fut très regrettée par le peuple congolais et par l’ensemble des pays non-alignés dont il était un leader. Mobutu, quant à lui, devint président à vie à partir de 1965 jusqu’à son renversement en 1997. Depuis, et sous la férule des Kabila père et fils, le Congo est toujours en guerre civile.

Documents :

Le rapport d’enquête parlementaire belge sur l’assassinat de Lumumba

Exceptionnel documentaire de France O sur l’assassinat de Lumumba. La qualité de l’enquête fait lmargement oublier la mauvaise qualité de l’image et du son. Passionnant. Parmi les images d’archives, celles du discouirs du 30 juin 1960 et de la crise de l’été 1960. D’exceptionnels témoignages des bourreaux belges de Lumumba.

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Tout aussi intéressant, un documentaire (Histoire) de l’incontournable historien politique Alexandre Adler sue la décolonisation surprise du Congo belge en 1960, Lumumba et sa « révolution congolaise ».

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Dernière lettre de Lumumba à sa femme Pauline (novembre 1960) :

« Ma compagne chérie, je t’écris ces mots sans savoir s’ils te parviendront, quand ils te parviendront et si je serai en vie lorsque tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon pays, je n’ai jamais douté un seul instant du triomphe final de la cause sacrée à laquelle mes compagnons et moi avons consacré toute
notre vie. Mais ce que nous voulions pour notre pays, son droit à une vie
honorable, à une dignité sans tache, à une indépendance sans restrictions, le colonialisme belge et ses alliés occidentaux – qui ont trouvé des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés, parmi certains hauts fonctionnaires des NationsUnies, cet organisme en qui nous avons placé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assistance – ne l’ont jamais voulu.
Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller notre indépendance. Que pourrai je dire d’autre ? Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes, ce n’est pas ma personne qui compte.
C’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a transformé l’indépendance en une cage d’où l’on nous regarde du dehors, tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir.
Mais ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens au fond de moi-même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur.
Nous ne sommes pas seuls. L’Afrique, l’Asie et les peuples libres et libérés de tous les coins du monde se trouveront toujours aux côtés de millions de congolais qui n’abandonneront la lutte que le jour où il n’y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires dans notre pays. A mes enfants que je laisse, et que peut-être
je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau et qu’il
attend d’eux, comme il attend de chaque Congolais, d’accomplir la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance et de notre souveraineté, car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans
indépendance il n’y a pas d’hommes libres. Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m’ont jamais amené à demander la grâce, car je préfère mourir la tête haute, la foi
inébranlable et la confiance profonde dans la destinée de mon pays, plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés. L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité.
Ne me pleure pas, ma compagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre son indépendance et sa liberté.
Vive le Congo ! Vive l’Afrique ! « 

Le discours de Lumumba le jour de l’indépendance du Congo (30 juin 1960) qui lui valut la haine de la Belgique et des Etats-Unis :

« Congolais et Congolaises,

Combattants de l’indépendance aujourd’hui victorieux, je vous salue au nom du gouvernement congolais. A vous tous, mes amis, qui avez lutté sans relâche à nos côtés,je vous demande de faire de ce 30 juin 1960, une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos coeurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceuxci, à leur tour, fassent connaître à leurs enfants l’histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté.

Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd’hui dans l’entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, nos souffrances, ni notre sang.

Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin a l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force. Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonial, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire; Nous avons connu le travail harassant, exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim; ni de nous vêtir ou nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers. Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir parce que nous étions des nègres.

Qui oubliera qu’à un Noir on disait « tu », non certes comme un ami, mais parce que le « vous » honorable était réservé aux seuls blancs ? Nous avons connu que nos terres fussent spoliées au nom de textes prétendument légaux qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort. Nous avons connu que la loi n’était jamais la même selon qu’il s’agissait d’un Blanc ou d’un Noir, accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres. Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses, exiles dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort elle-même. Nous avons connu qu’il y avait des maisons magnifiques pour les Blancs et des paillotes croulantes, ni dans les magasins dits européens, qu’un Noir voyageait a même la coque des péniches, aux pieds du Blanc dans sa cabine de luxe. Qui oubliera enfin les fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’une justice d’oppression et d’exploitation.

Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert. Mais tout cela aussi, nous que le vote de vos représentants élus a agréés pour diriger notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre coeur de l’oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut, tout cela est désormais fini.

La République du Congo a été proclamée et notre cher pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants. Ensemble, mes frères, mes soeurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur.

Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail. Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir quand il travaille dans la liberté, et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique tout entière. Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants.

Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles. Nous allons mettre fin à l’oppression de la pensée libre et faire en sorte que tous les citoyens jouissent pleinement des libertés fondamentales prévues dans la Déclaration des Droits de l’homme. Nous allons supprimer efficacement toute discrimination quelle qu’elle soit et donner à chacun la juste place que lui vaudra sa dignité humaine, son travail et son dévouement au pays. Nous allons faire régner non pas la paix des fusils et des baïonnettes, mais la paix des coeurs et de bonnes volontés. Et pour tout cela, chers compatriotes, soyez sûrs que nous pourrons compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l’assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu’elle sera loyale et ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu’elle soit.

Dans ce domaine, la Belgique qui, comprenant enfin le sens de l’histoire, n’a pas essayé de s’opposer à notre indépendance est prête à nous accorder son aide et son amitié, et un traité vient d’être signé dans ce sens entre nos deux pays égaux et indépendants. Cette coopération, j’en suis sûr, sera profitable aux deux pays. De notre côté, tout en restant vigilants, nous saurons respecter les engagements librement consentis. Ainsi, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, le Congo notre chère république que mon gouvernement va créer, sera un pays riche, libre et prospère. Mais pour que nous arrivions sans retard à ce but, vous tous législateur et citoyens congolais, je vous demande de m’aider de toutes vos forces

Je vous demande à tous d’oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l’étranger. Je demande à la minorité parlementaire d’aider mon gouvernement par une opposition constructive et de rester strictement dans les voies légales et démocratiques. Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise. Je vous demande enfin de respecter inconditionnellement la vie et les biens de vos concitoyens et des étrangers établis dans notre pays. Si la conduite de ces étrangers laisse à désirer, notre justice sera prompte à les expulser du territoire de la République. Si par contre, leur conduite est bonne, il faut les laisser en paix, car eux aussi travaillent à la prospérité de notre pays.

L’indépendance du Congo marque un pas vers la libération de tout le continent africain. Voilà, Sire, Excellences, Mesdames, Messieurs, mes chers compatriotes, mes frères de ma race, mes frères de lutte, ce que j’ai voulu vous dire au nom du gouvernement en ce jour magnifique de notre indépendance complète et souveraine. Notre gouvernement fort, national, populaire, sera le salut de ce pays. J’invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants, de se mettre résolument au travail en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique. Hommage aux combattants de la liberté nationale!

Vive le Congo indépendant et souverain! »