Doctrine Truman, 11 mars 1947
1/ Présentez le document:
Texte extrait du discours prononcé par le président des Etats-Unis H.Truman devant le Congrès le 11 mars 1947. Le président dénonce la mainmise progressive des partis communistes et de l ‘ URSS sur une partie de l ‘ Europe et demande au Congrès le vote d ‘une aide financière aux « peuples libres ». Au début de l ‘ année 1947, après s ‘ être assurée d ‘un glacis protecteur le long de sa frontière occidentale, l ‘ URSS continue d’ imposer sa tutelle sur les gouvernements des pays d ‘ Europe de l’est qui deviennent progressivement des pays satellites. La guerre civile grecque cristallise alors les oppositions et fait réagir les Etats-Unis par la voix de son président.
2/Quelle analyse Truman fait-il de la situation en Europe et quelles menaces dénonce-t-il ?
Le président Truman reprend la symbolique du « rideau de fer » énoncée par Churchill à Fulton en 1946 : L’Europe est à présent divisée. A l’ouest, des démocraties parlementaires où l’expression des idées et des croyances est libre, à l’ Est, des Etats dominés par des partis communistes minoritaires arrivés au pouvoir grâce à l’Armée Rouge et des élections truquées et qui gouvernent par la « terreur » et l’« oppression ». La misère consécutive à la guerre rend ainsi les démocraties occidentales vulnérables à l’expansion communiste.
3/ Quel doit être le rôle des Etats-Unis ?
Les Etats-Unis doivent répondre aux attentes des Européens par une aide économique et financière majeure permettant non seulement de rebâtir les territoires dévastés et relancer les économies mais aussi, par ricochet , de sauvegarder leur liberté menacée par la misère. Truman énonce ici la doctrine du containment .
4/Quelles conséquences directes résultent de cette déclaration ?
Dés le mois de juin 1947, le secrétaire d’Etat américain, le gal Marshall, annonce la mise en place d’un plan d’aide aux Etats européens ruinés par la guerre. L’URSS refuse ainsi que les pays d’Europe de l’est, parfois sous la contrainte soviétique comme la Tchécoslovaquie. A l’ouest, 16 pays se regroupent bientôt dans l’OECE (Organisation Européenne de Coopération Economique) chargée de répartir l’aide Marshall. La rupture avec l’URSS sera définitivement consommée au mois de septembre 1947 avec la création du Kominform et l’énoncé de la doctrine Jdanov. Chacun doit à présent choisir son camp. C’est le début de la guerre froide.
Le monde en 1947 vu par Charles de Gaulle
L’auteur de ce discours prononcé à Strasbourg en avril 1947 est Charles de Gaulle, ancien chef de la France Libre mais alors libéré de tout mandat officiel depuis sa démission de la présidence du Conseil en janvier 1946. Au mois d’avril 1947, les relations entre les deux Grands, Etats-Unis et URSS, sont tendues et n’ont cessé de se dégrader depuis les grandes conférences de Yalta et Potsdam. Il n’y a plus de « Grande Alliance » mais une défiance réciproque comme l’a illustré le président Truman devant le Congrès un mois auparavant.
2/Quel constat de Gaulle fait-il de l’équilibre politique en Europe et de sa place dans le monde ?
L’Europe d’avant-guerre s’organisait encore autour du vieux principe du Congrès de Vienne de 1815, à savoir un certain équilibre entre les puissances. Certes, et de Gaulle en convient, les grandes nations s’opposaient régulièrement dans le cadre de conflits territoriaux mais elles partageaient au fond les mêmes valeurs et la civilisation européenne rayonnait dans le monde grâce aux empires coloniaux.
La seconde guerre mondiale a ruiné l’Europe et a placé ses Etats dans la dépendance des deux Grands dont de Gaulle évoque la puissance, le désir d’expansion et l’incompatibilité des idéologies. De cette rivalité, L’ Europe devient un enjeu.
3/ Quelle nouvelle hiérarchie mondiale fait-il ressortir ? Sur quoi repose la puissance des Etats-Unis et de l’URSS ? En quoi lui paraît-elle une menace potentielle ?
Selon le gal de Gaulle, depuis 1945, « l’Amérique et la Russie » dominent le monde. Il évoque « deux masses énormes » antagonistes et expansionnistes dotées de « moyens de destructions terribles ». En effet, les Etats-Unis sortent de la guerre plus puissants que jamais : ils concentrent 60% du stock d’or mondial, réalisent la moitié de la production industrielle et sont seuls à disposer de l’arme nucléaire. De son côté, l’URSS a su imposer aux alliés de nombreuses annexions en Europe de l’est pour former un glacis protecteur et, en 1947, poursuit sa politique de satellisation des Etats de l’ Europe orientale.
4/ Pourquoi peut-on dire qu’on évolue vers un monde coupé en deux ?
Selon l’auteur, le monde a changé et l’organisation d’une Europe fondée sur une civilisation commune laisse progressivement la place à une Europe et au-delà, un monde, divisé par un « rideau de fer » où, de part et d’autre, s’opposent deux systèmes idéologiques antinomiques. Cette bipolarisation semble à de Gaulle irréversible car les rivalités ne portent plus sur des différends territoriaux mais sur des valeurs et des modes de vie.
1/ Présentez le document
Ce texte est extrait du communiqué publié à l’issue de la conférence communiste internationale de Pologne en octobre 1947 présenté par A. Jdanov. Responsable de la propagande du PCUS depuis 1938, ce dernier, très proche de Staline, membre du Politburo, représente l’URSS à cette conférence qui voit la naissance du Kominform. Jdanov, dans son analyse très manichéenne, présente un monde d’après-guerre divisé en deux camps. L’un, impérialiste et colonialiste dominé par les Etats-Unis, l’autre, anti-impérialiste et antifasciste derrière l’URSS. Le contexte porte à la rupture entre les deux Grands après l’énoncé de la doctrine Truman du containment en mars 1947 et la proposition du plan Marshall du mois de juin que l’URSS a refusé en dénonçant la volonté hégémonique des Etats-Unis sur une Europe ruinée et dépendante.
2/ Quels sont les fondements de la doctrine Jdanov ?
Cette doctrine a pour fondement une double analyse : l’existence de deux camps antagonistes aux idéologies opposées et le rôle primordial, au sein de ces camps, des Etats-Unis et de l’URSS. Mais Jdanov présente les Etats du camp impérialiste et colonialiste comme des « satellites » dépendants de la toute puissance des Etats-Unis , partisans d’un monde dépassé alors qu’ au contraire, L’ URSS apparait comme un pays frère qui suscite l’ adhésion et la « sympathie » des pays engagés dans une voie progressiste.
3/ En quoi le texte est-il caractéristique de la guerre froide ?
Ce texte est caractéristique du climat de guerre froide qui s’impose alors par le vocabulaire utilisé. Jdanov oppose, comme Truman l’avait fait au mois de mars, le « bien » et le « mal » d’une façon systématique : à l’Ouest, ce sont des régimes « réactionnaire », « antidémocratiques », « impérialistes », au contraire du camp soviétique constitué de pays « frères », « démocratiques », « progressistes » œuvrant pour l’émancipation des peuples et le progrès.
Ce texte illustre la bipolarisation qui s’installe après-guerre et la lutte idéologique entre les deux camps mais aussi la volonté de l’URSS, après avoir constitué son glacis protecteur le long de sa frontière occidentale, d’imposer son leadership sur le camp socialiste. C’est enfin une réponse directe à la doctrine Truman et au plan Marshall présentés par l’URSS comme des preuves de l’impérialisme américain.
4/Comment l’URSS a-t-elle imposé sa tutelle en Europe de l’est entre 1945 et 1948 ?
A Yalta, en février 1945 puis à Potsdam, en juillet, l’URSS a su imposer aux alliés la reconnaissance d’annexions territoriales sur sa frontière occidentale. Par ailleurs, l’Armée Rouge, après avoir libéré la plupart des pays d’Europe de l’Est est restée en place en favorisant la constitution de gouvernements de Fronts nationaux où les partis communistes locaux avaient une place prépondérante. Les pratiques d’élections truquées, d’élimination d’opposants par la « tactique du Salami », d’épuration des PC nationaux et la création du Kominform, bureau de liaison des différents partis communistes européens dirigés depuis Moscou, ont assuré à l’URSS une mainmise complète sur les gouvernement de la plupart des pays de l’Europe de l’est. Enfin, le « Coup de Prague » de février 1948, et la prise de pouvoir par les communistes en Tchécoslovaquie fait rentrer dans le rang la seule démocratie à l’est du rideau de fer.