EED: Pourquoi les relations Est-Ouest connaissent-elles un renouveau des tensions du milieu des années 70 à 1985? (TS1)

 

             

a/Questions

1/Où et comment l’URSS développe-t-elle son influence stratégique dans les années 70 (doc.1et2) ?

Le dessin de Tim (doc.1) présente Brejnev, secrétaire général du PCUS coiffé d’un casque colonial sur lequel est dessiné le continent africain ainsi que la faucille et le marteau, emblème de l’URSS. Derrière lui, des porteurs noirs transportent de lourdes caisses sur leur tête. La référence à l’imagerie coloniale est évidente. En effet, à partir des années 70, l’URSS cherche à étendre son influence en Afrique, en particulier au Mozambique et en Angola, en Ethiopie mais aussi au Bénin, au Togo ou encore en Guinée. C’est la « stratégie oblique » de Brejnev qui cherche à rompre la continentalisation de l’URSS par une percée dans le Tiers-Monde  et tout particulièrement en Afrique.

 2/Comment les Américains réagissent-ils à l’invasion de l’Afghanistan ?

Au mois de janvier 1980, le président américain J. Carter dénonce l’invasion militaire soviétique de l’Afghanistan comme une « menace pour la paix mondiale », pour la stabilité des relations Est-Ouest  mais aussi pour les approvisionnements pétroliers. La course aux « mers chaudes » entraîne l’URSS vers l’Océan Indien et le pays menace à présent l’un des allies des Etats-Unis dans la région : le Pakistan. Le président Carter achève son discours en sollicitant du Congrès une aide économique et militaire au Pakistan.

 3/ En quoi ces deux discours rappellent-ils les débuts de la guerre froide (doc.2et3) ?

Les président Carter (doc.2) et Reagan (doc.3) accusent l’URSS de bellicisme et ils utilisent un vocabulaire emprunté au registre très manichéen et volontairement dramatique de la guerre froide. Le président Carter évoque « l’extermination impitoyable » du gouvernement afghan, les « menaces » sur le sous-continent indien, les « intimidations » de l’URSS et la « survie de l’Europe occidentale, de l’Extrême-Orient et finalement des Etats-Unis ». R.  Reagan rappelle les valeurs du camp occidental et l’antagoniste entre les deux modèles de société ; d’un côté, « les pulsions agressives de l’Empire du Mal », de l’autre, une Amérique qui a foi en Dieu et qui « recherche une paix véritable ». Les deux présidents appellent à la mobilisation contre la politique de l’URSS. Carter évoque le « défi » à relever alors que Reagan défend le combat entre « le juste et le faux, le bien et le mal ». Les arguments invoqués et le ton employé ici viennent en écho à la rhétorique  empruntée par Churchill dans son discours de Fulton en 1946, mais aussi à celles  d’H.Truman et de Jdanov en 1947. Il est d’ailleurs intéressant de constater la similitude des demandes d’aides économiques faites aux Congrès par Truman en 1947 et Carter en 1980.

 4/Comment la crise des euromissiles fait-elle à nouveau de l’Europe le théâtre majeur de l’opposition entre les deux blocs (doc.3)?

A partir de 1977, sans violer les accords SALT1 de 1972, l’URSS installe sur son territoire des missiles SS20 à têtes multiples dont le rayon d’action de 4500kms ne dépasse pas le territoire européen. La défense de l’Europe est donc découplée de celle des Etats-Unis. Dès 1979, l’OTAN menace d’installer en Europe occidentale ses propres missiles si des négociations  n’aboutissent pas avec l’URSS. C’est ce qui est fait finalement à partir de 1983 avec la mise en place des Pershing et des missiles de croisières en RFA, Italie, Pays-Bas et Royaume-Uni.

 b/Réponse organisée : « Pourquoi les relations est-ouest connaissent-elles un renouveau des tensions du milieu des années 70 à 1985 ? »

En 1975, alors que la conférence d’Helsinki apparait comme le point d’orgue de la détente entre les Etats-Unis et l’URSS, commence en réalité  une nouvelle « guerre fraîche » entre les deux Grands qui se poursuit jusqu’à l’arrivée de M. Gorbatchev au pouvoir en 1985. De 1975 au début des années 80, le repli des Etats-Unis favorise l’offensive diplomatique de l’URSS à laquelle répond, à partir de 1983, un « nouveau containment » américain.

A partir du milieu des années 70, profitant de la remise en cause du rôle « impérial » des Etats-Unis, l’URSS cherche à rompre son encerclement et développe une « stratégie oblique » d’expansion de son influence dans le Tiers-Monde. C’est le cas en Asie avec la victoire en 1975 des communistes au Vietnam, au Laos et au Cambodge ; en Amérique Centrale où, au Nicaragua, les Sandinistes prennent le pouvoir en 1979, et au Salvador et au Guatemala où l’URSS soutient les guérillas antigouvernementales. En Afrique enfin comme l’illustre le dessin de Tim (doc.1)  où les soviétiques s’impliquent avec l’aide des Cubains en Ethiopie, Angola, Mozambique ou encore au Bénin et au Congo, à Madagascar. En Europe, l’URSS rompt l’équilibre des forces en installant des SS20, missiles de portée intermédiaires menaçant directement les pays d’Europe occidentale (doc. 4). Enfin, le 24 décembre 1979, l’Armée Rouge entre en Afghanistan pour soutenir le régime communiste mis en place l’année précédente et menacé par la guérilla islamique.

Les Etats-Unis paraissent dans un premier temps subir cette offensive diplomatique. Affectés par la dévaluation du dollar, les effets de la crise économique, la défaite au Vietnam et le scandale du Watergate qui entraine la démission du président Nixon en 1974, le pays  traverse une crise de confiance. La révolution en Iran en janvier 1979 et le départ du Shah lui fait perdre un allié précieux dans la région en même temps que l’échec de l’opération lancée par le président Carter en avril 1980 pour récupérer les otages de l’ambassade américaine de Téhéran choque l’Amérique. Seul ou presque l’accord de Camp David de 1978 entre l’égyptien Sadate et l’israélien Bégin semble conforter les Etats-Unis dans leur rôle de puissance mondiale. C’est dans ce contexte de repli que le pays répond  avec une certaine retenue à l’invasion soviétique de l’Afghanistan malgré le discours très alarmiste de son président qui évoque la « survie de l’Europe occidentale, de l’Extrême-Orient et finalement des Etats-Unis » (doc.2) mais qui ne décrète qu’un embargo sur les exportations de blé vers l’URSS ( vite levé d’ailleurs) et le boycott les JO de Moscou. Enfin les accords SALTII, signés en 1979, ne sont pas ratifiés par le Congrès.

 L’élection  de R. Reagan à la présidence des Etats-Unis en 1980 modifie la donne. Adversaire de la détente qu’il considère comme une duperie pour les Etats-Unis, il fustige les « prétendues solutions du gel nucléaire prônées par certains » (doc.3) et reprend le lexique très manichéen de la guerre froide en rappelant le combat que doivent mener les Etats-Unis contre l’  « Empire du Mal » et le communisme, « nouveau chapitre, triste et bizarre de notre histoire (…) ». Sous la bannière  « America is back », R. Reagan considère que la restauration de la puissance américaine passe par le rétablissement de la puissance militaire et l’établissement d’un rapport de force dissuasif («  nous devons obtenir la paix par la force » (doc.3): le budget de la défense passe de 222 milliards de $ en 1982 à 300 en 1985, des missiles Pershing et Cruise sont installés en 1983 en Europe occidentale dont le rayon d’action  intègre le territoire soviétique (doc.4), enfin, le président américain lance le projet IDS (Initiative de Défense Stratégique). Son coût, estimé à près de 100 milliards de dollars sur cinq ans est  un défi technologique et financier que l’URSS ne peur relever. Dans le même temps les Etats-Unis renouent avec la politique de containment par un soutien financier et militaire massif en Asie aux gouvernements pakistanais, thaïlandais, philippin et indonésien, aux mouvements des Moudjahidines en Afghanistan ; en Amérique Latine aux gouvernements du Salvador, du Guatemala et du Chili., ils soutiennent aussi les « Contras », guérilla opposée au gouvernement sandiniste du Nicaragua. En octobre 1983, les Marines interviennent sur l’Ile de la Grenade, dans les Caraïbes, et renversent le régime pro-cubain mis en place en 1979.

Entre 1979 et 1985, la « guerre fraîche » a ravivé les tensions et aucun sommet n’a lieu entre les deux Grands.  En 1985, à la recherche d’un nouveau souffle pour son pays, Gorbatchev favorise le retour de la détente avec les Etats-Unis.

 

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