EED: Quelle place occupent les Etats-Unis dans le monde de l’après guerre froide? ( Bac Blanc 2012)

 Pour les sujets de composition: voir dans la rubrique: Plans détaillés composition Histoire.

                      

Questions :

1/ Les présidents Bush, père et fils ont-ils la même vision du rôle que doit jouer la communauté internationale (doc.1 et 4) ?

G.Bush est favorable à un « nouvel ordre mondial », c’est-à-dire un monde dans lequel l’ONU serait chargée de dire le droit et jouer un rôle de juge de paix. Jusque là, la guerre froide et l’usage immodéré du véto par les deux grandes puissances antagonistes empêchaient tout retour aux principes d’une sécurité collective définis à San Francisco en 1945. Les Etats-Unis sont prêts à favoriser ce multilatéralisme où l’ONU jouerait le premier rôle comme ils l’ont fait lors de la guerre du Golfe que G.Bush cite comme exemplaire de ce nouveau concert des nations. En janvier 1991 c’est en effet une coalition de 29 pays, mandatée par l’ONU et coordonnée par les Etats-Unis, qui intervient pour libérer le Koweït des troupes irakiennes.

Le dessin de Chappatte du 20 août 2003 présente G.W Bush, fils du précédent, s’affranchir de l’ONU et décider  d’intervenir unilatéralement en Irak sans l’appui de la communauté internationale. Le dessin de droite qui rappelle l’attentat d’août 2003 contre le quartier général de l’ONU à Bagdad  illustre aussi l’impuissance des Nations Unies contre le terrorisme.

 2/ Quelle nouvelle menace pèse sur le monde de l’après guerre froide. Quelles en sont les particularités (doc.3 et 4) ?

La nouvelle menace est celle du terrorisme international organisé en réseaux tel celui Al Qaida d’Oussama Ben Laden responsable des attentats du World Trade Center du 11 septembre 2001 (doc.3). Il s’agit d’une guerre asymétrique entre des Etats et des groupes formés de fanatiques prêts à se suicider en perpétrant des attentas dont l’objectif est de faire le plus grand nombre possible de victimes, notamment civiles (doc.4) et de démontrer la vulnérabilité des Etats.

 3/Pourquoi a-t-on pu écrire dans Le Monde du 13 septembre 2001 : « Nous sommes tous des Américains »  (doc.3 et 5) ?

Cette formule qui rappelle dans sa forme celle prononcée par Kennedy en 1963 devant le mur de Berlin (« Ich bin ein Berliner ») témoigne à la fois de la sympathie et de la solidarité des Occidentaux avec les Etats-Unis endeuillés et de la compassion pour les victimes innocentes des attentats.  Elle traduit aussi selon P. Kennedy (doc.5)  la crainte qu’un tel évènement puisse survenir dans les grandes capitales et ne constitue pas en soi l’affirmation d’un soutien « inconditionnel à l’oncle Sam ».

 4/ A l’aides des documents 2,4 et 5 définissez l’unilatéralisme des Etats-Unis.

M.Klare (doc.2) rapporte un discours du président Clinton de 1999 dans lequel ce dernier  rappelle que les Etats-Unis doivent être prêts lorsque leurs intérêts et leur sécurité sont en jeu. C’est ainsi que le président  justifie auprès de certains isolationnistes républicains les interventions américaines en Somalie en 1992, dans le conflit israélo-palestinien avec les Accords de 1993 ou encore en Bosnie en 1994. C’est encore un unilatéralisme modéré car B.Clinton n’impose pas aux Etats-Unis d’intervenir systématiquement, voire préventivement contrairement à G.W Bush qui engage son pays contre l’Irak en mars 2003. P. Kennedy (doc.5) critique sévèrement cette politique unilatéraliste d’ « America first » qui marginalise l’ONU (doc.4) refuse de ratifier le protocole de Kyoto, l’interdiction des mines anti-personnelles, ou de reconnaître le TPI.

 5/Quelles limites à l’unilatéralisme des Etats-Unis les documents 2 et 5 révèlent-ils ?

Le président Clinton, s’il demande aux Américains d’être prêts pour défendre les intérêts du pays, rappelle aussi que les Etats-Unis « ne peuvent et ne doivent pas être partout » (doc.2). P. Kennedy note que les Etats-Unis ont aussi besoin des autres pays pour « capturer les terroristes, geler les avoirs financiers ou trouver des bases aériennes pour les troupes ». Enfin, l’unilatéralisme américain favorise cette « lame de fond » d’hostilité dans les pays musulmans mais aussi, selon Kennedy, dans le monde entier (doc.5).

 

Réponse organisée :

 La chute du mur de Berlin en novembre 1989 et la fin de l’URSS deux ans plus tard sonnent le glas d’un monde bipolaire marqué depuis 1947 par la permanence du conflit entre les Etats-Unis et l’URSS. Quelle place occupe « l’ hyperpuissance américaine » dans ce monde de l’après-guerre froide ? Au début des années 90, G.Bush fait le choix du multilatéralisme. Les Etats-Unis semblent être le bras armé de l’ONU. A partir de 1993, son successeur Clinton se veut plus prudent et pratique un multilatéralisme plus ciblé. Enfin, après les attentats du 11 septembre 2001, G.W Bush s’engage clairement dans une politique unilatéraliste où prime la défense des intérêts nationaux.

 La fin de la guerre froide est une opportunité historique pour les Nations Unies  qui comme le dit G.Bush « sont en mesure de réaliser la vision de leurs fondateurs » (doc.1). De fait, l’ONU réalise 24 nouvelles missions entre 1991 et 1996 soit 6 de plus que durant les 43 années précédentes. Mais ce nouveau rôle n’est possible que parce les Etats-Unis  engagent leur puissance au service des Nations Unies. G.Bush rappelle ainsi l’opération « Tempête du désert » : Le 17 janvier 1991, les troupes de l’ONU (29 pays, 800 000 hommes dont 515 000 américains) chassent l’armée irakienne du Koweït qu’elle avait envahie au mois d’août 1990. Il s’agit alors de rétablir le statuquo international et non pas d’évincer S .Hussein du pouvoir en Irak. Les Etats-Unis prennent aussi un part primordiale dans l’opération « Restore Hope » en Somalie et s’investissent dans le conflit israélo-arabe en parrainant, avec l’URSS, la première conférence de paix pour le Proche-Orient à Madrid  en octobre 1991. L’accord de 1993 (une déclaration en vue de la paix) est signé à  Washington.

 A partir de 1993 et de l’échec en Somalie où les troupes américaines perdent 19 hommes, le président Clinton redéfinit la diplomatie américaine vers un multilatéralisme plus ciblé : les Etats-Unis n’interviennent que si leur sécurité est menacée et si celle de leurs troupes est assurée (« zéro cercueil »). Pour autant il refuse le repli isolationniste défendu par une partie de l’opinion publique (doc.2) et défend une politique d’ « enlargement », de promotion de la stabilité et de la démocratie dans le monde. Ainsi pour le président Clinton, l’évolution des conflits, même lointains, conditionne la sécurité des Etats-Unis qui doivent être prêts à intervenir en prenant, le cas échéant l’initiative. C’est le sens de leurs interventions militaire dans le cadre de l’OTAN en Yougoslavie à partir de 1995 et de l’échec de la FORPRONU. Les américains imposent aux belligérants l’accord de Dayton en 1995 qui divisent la Bosnie en deux entités : la Fédération croato-bosniaque et la République serbe de Bosnie. L’Otan intervient de nouveau en 1999 au Kosovo contre les Serbes. Ainsi, selon  les termes de M.Albrigt, les Etats-Unis apparaissent comme la « Nation indispensable ». Dans le même temps, le pays élargit son influence stratégique avec l’entrée dans l’OTAN en 1999 de la Pologne, la Hongrie et la  République Tchèque.Pour autant la « pax americana » trouve ses limites dans le retrait des troupes de Somalie en 1994 ou l’échec du rapprochement israélo-palestinien après les accords de Washington et l’assassinat d’I. Rabin en 1995.

 G.Bush inaugure une politique beaucoup plus unilatéraliste résumée par la formule : « America first ». La priorité est donnée à la sécurité nationale et à la défense des intérêts nationaux. Elle se traduit d’abord par le  refus de ratifier la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel et le Protocole de Tokyo ainsi que la Cour Pénale Internationale. Après les attentats du 11 septembre, G.Bush s’oriente vers un unilatéralisme assumé qui s’affranchit des instances internationales (doc.4). Si l’intervention contre le régime taliban en Afghanistan  se fait dans le cadre de l’ONU, celle de 2003 contre l’Irak est un exemple de la nouvelle stratégie unilatérale des Etats-Unis. G.Bush dénonce  l’ « Axe du mal » et les « Etats voyous » et applique le principe : « Think local, act  global ». Autrement dit, assurer la sécurité du pays c’est être capable d’intervenir partout et mener des guerres préventives. Ainsi, en 2003, devant la menace d’un veto français à l’ONU, les Etats-Unis organisent leur propre coalition pour mener la guerre en Irak.Mais ce « wilsonisme botté »(P.Hassner) du président Bush trouve rapidement ses limites. Face au  caractère asymétrique du conflit opposant des Etats à des nébuleuses terroristes dont les activistes sont prêts à se suicider, la dissuasion classique et les stratégies militaires traditionnelles sont peu efficaces. D’autre part, comme le souligne P. Kennedy (doc.5), si l’opinion internationale a pu manifester une compassion pour les victimes des attentats du 11 septembre, elle est beaucoup plus critique, notamment dans les pays musulmans, sur la diplomatie unilatéraliste américaine.

 En 1991 G.Bush se veut le chantre du multilatéralisme et du « nouvel ordre mondial ». Unique puissance globale, les Etats-Unis apparaissent tel le bras armé de l’ONU.  Mais progressivement, cette « nation indispensable » s’affranchit des règles de la sécurité collective pour assurer la défense de ses seuls intérêts suscitant ainsi le désarroi de ses alliés et une « lame de fond » antiaméricaine. B.Obama, au pouvoir depuis janvier 2009, semble renouer avec la politique multilatéraliste de G.Bush, mais les Etats-Unis , voire l’ONU, ont-ils  aujourd’hui la même capacité à favoriser l’émergence d’un nouvel ordre dans un monde devenu multipolaire et plus complexe qu’en 1991 ?

Category(s): 3.ECD HISTOIRE, H4.Les Etats-Unis et le monde depuis les 14 points du président Wilson
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