LA FRANCE DE LA Vème REPUBLIQUE

(voir aussi plan détaillé sur l’évolution de la fonction présidentielle)

a) Une nouvelle République : 1958 – 1962

a 1) La constitution de la Vème République

Le Président de la République :  « pivot » du nouveau régime est élu pour 7 ans  par un collège de 81500 grands électeurs jusqu’ ‘ en 1962. Il nomme le ler ministre, peut dissoudre l’AN, soumettre à référendum un projet de loi et, par l’art.16, obtenir les pleins pouvoirs pour 6 mois en cas de crise grave.

Le ler ministre: nommé par le Président n’est pas soumis à l’investiture de l’Assemblée mais son gouvernement peut être mis en minorité par une motion de censure (majorité absolue des présents). Aucun ministre ne peut cumuler un mandat parlementaire ( => mise en place de la suppléance) . Il détient personnellement et concurremment avec le Parlement l’initiative des lois. Il peut prendre des ordonnances (acte pris par le gouvernement sur l’autorisation du Parlement et pour une période donnée).

Le Parlement est bicaméral :

L’Assemblée Nationale : Elle garde son rôle législatif et budgétaire mais le gouvernement peut faire adopter un texte de loi sans vote par le 49.3. Elle n’est plus permanente mais se réunie lors de 2 sessions (à partir de 1995 une session unique de neuf mois). Son ordre du jour est fixé par le gvt. Elle ne peut le renverser qu’en adoptant une motion de censure à la majorité absolue de ses membres (les abstentions étant considérées comme des refus de la motion)

Élue pour 5 ans au SUD selon un système majoritaire uninominal à deux tours. Seuls les candidats ayant obtenu au premier tour au moins 10 % de suffrages des électeurs inscrits (chiffre ramené à 12,5 % en 1976) peuvent se présenter au second tour (sont élus directement au premier tour ceux qui ont obtenu un nombre de suffrages exprimés égal au quart des électeurs inscrits). Ce mode de scrutin favorisera la stabilité parlementaire

Sénat : élu au SUI (collège d’élus locaux formé dans chaque département par les députés, les conseillers généraux et les représentants des conseils municipaux) pour 9 ans renouvelable par tiers tous les 3 ans. Discute des projets et proposition de lois. Rôle restreint (mais supérieur au Conseil de la République qui ne donnait que des avis).

L’Assemblée vote les lois et en propose, avec le Sénat. On parle alors de projet de loi lorsque le texte est déposé par le gouvernement et de proposition de loi lorsqu’il émane du Parlement. En cas de rejet d’un projet ou d’une proposition de loi par le Sénat, le texte retourne à l’Assemblée nationale pour être amendé. Ce va-et-vient du texte de loi entre les deux chambres, jusqu’au vote d’un texte identique, est appelé « navette parlementaire » ou tout simplement « navette ». Si le désaccord persiste, une commission parlementaire mixte paritaire est créée, composée de sept députés et de sept sénateurs afin de régler la question. Un nouveau texte est alors proposé aux deux chambres. Si aucun accord ne peut alors être trouvé, et à la demande du gouvernement, c’est finalement l’Assemblée nationale, élue au suffrage universel direct, qui vote la loi selon les termes de son choix. Cette procédure est appelée le pouvoir du dernier mot accordé à l’Assemblée nationale.

Le Conseil Constitutionnel: 9 membres (3 Prés. de la Rép., 3 du Sénat, 3 de l ‘ Assem.)  qui veillent à la conformité des lois et à la régularité des élections.

  a2) La victoire gaulliste

Le texte est approuvé par référendum le 28 septembre par 79% des suffrages favorables. Toutes les forces politiques avaient appelé à voter oui sauf le PCF, une partie de la gauche derrière quelques personnalités telles que Mitterrand et PMF.

Les législatives des 23 et 30 novembre 1958 permettent aux gaullistes regroupés dans I ‘ UNR (Union pour la Nouvelle République) de devenir la principale formation politique  (70% des voix) alors que la gauche subit un grave échec (15%). Le renouvellement des hommes politiques est considérable avec 420 nouveaux députés sur 552 élus.

De Gaulle est élu président de la République le 21 décembre avec 78% des suffrages et choisit M. Debré comme ler ministre.

   Michel Débré

b) Les années de Gaulle:1962-1968

b1) Le règlement des problèmes coloniaux

  b11/L’Algérie :

De Gaulle souhaite avant tout restaurer la grandeur de la France mise en cause par le conflit algérien. Pragmatique, il souhaite tout d’abord ménager les différents partis.  En juin 1958, de Gaulle se rend en Algérie (à Alger : « Je vous ai compris ! », et à Mostaganem : « vive l’Algérie française ! »). En septembre, il offre au FLN la « paix des braves ».  En septembre 1959, il annonce l’autodétermination : les Algériens choisiront entre la sécession, la francisation ou l’association. Pour la première fois un gouvernement envisage une Algérie indépendante. Du 24 janvier au 1er février 1960 a lieu à Alger la « semaine des barricades ». . Le 8 janvier 1961, le référendum sur l’autodétermination de l’Algérie en métropole donne 75 % de « oui » des suffrages exprimés.

Le 22 avril 1961 le putsch des généraux (Challe, Salan, Jouhaux et Zeller) éclate à Alger.. Parallèlement, des pourparlers de paix ont lieu avec les représentants du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne, organe exécutif du FLN créé en 195Smilie: 8). Ces négociations se déroulent dans un véritable climat de violence :

–  l’OAS (Organisation armée secrète) créée en février 1961 à Madrid par des activistes et des officiers sous l’autorité du général Salan multiplie les attentats contre les partisans de l’indépendance..

–  le 17 octobre 1961 environ 30 000 hommes, femmes et enfants algériens manifestent à Paris contre la décision du couvre-feu décidée en réplique aux attentats. La police tire sur la foule (cent morts) ;

Finalement le conflit se termine par les accords d’Evian du 18 mars 1962 qui imposent un cessez-le-feu. Ils sont approuvés par le référendum du 8 avril 1962 (90 % de « oui » des suffrages exprimés.

b12/L’Afrique noire française

Avec l’arrivée de de Gaulle au Pouvoir en 1958, L’Union Française se transforme en Communauté Française suivant la nouvelle Constitution. Il s ‘ agit d ‘une étape intermédiaire pour préparer l ‘indépendance. Par référendum, tous les territoires, sauf la Guinée de Sékou-Touré, répondent favorablement.

Dès 1960, de Gaulle accorde  l’indépendance totale. Ainsi, par une évolution qui permit d’éviter les débordements de violence, 15 Etats deviennent en 1960 indépendants tout en restant liés avec la France par des accords de coopération.

b2) Réforme et crise de l’année 1962

De Gaulle remplace Debré par Pompidou en avril 1962 qui n’est pas parlementaire ce qui déplaît aux partis politiques. Il souhaite  profiter de l’émotion de l’attentat orchestré contre lui par l’OAS au Petit Clamart (22 avril 1962) et annonce en septembre 1962 son projet d’un référendum sur l’élection du président de la République au SUD. Le président doit avoir un contrat avec le peuple et une légitimité que seul le SUD peut lui apporter.

Les partis politiques s’opposent d’emblée au projet et le Conseil d’Etat rappelle qu’un projet de révision constitutionnelle demande l’application de l’article 89 ( vote par les deux chambres du Parlement puis référendum) et non de l’article 11 (référendum).

En octobre, le gouvernement est renversé après le vote d’une motion de censure (par 280 voix sur 480 députés). De Gaulle riposte par la dissolution de l’assemblée. Finalement, les Français approuvent en octobre à 68 % le SUD contre l’avis du « Cartel des non »: Communistes,  socialistes,  MRP  et Indépendants

Même succès aux élections législatives de novembre sur 482 députés, l ‘ UNR en a 233 et grâce à l’apport du PRI (Parti des Républicains Indépendants de VGE) emporte la majorité absolu des sièges (268 députés/241 de maj abs).

     G.Pompidou

b3) Stabilité politique et diplomatie d ‘ indépendance nationale

   b31) Stabilité mais usure du pouvoir

 En 11 ans, il n ‘ y aura que 3 1er ministres seulement : Debré (1958-1962), Pompidou (1962-1968), Couve de Murville (1968-1969). Même stabilité dans les ministères : P. Messmer : ministre des armés de 1960 à 1969, A. Malraux, min. des affaires culturelles de 1959 à 1969)).

Mais l’usure du pouvoir entame la popularité de de Gaulle qui lors de l’élection présidentielle de 1965 est mis en ballotage au 1er tour par le candidat de la gauche: Mitterrand. Au second tour De Gaulle ne recueille que 55,5% des voix et considère que cette victoire est un demi – échec. Effritement aussi lors de l ‘ élection législative de 1967 où la majorité ne l ‘ emporte que de justesse.

 b 32) une politique étrangère de grandeur et d ‘indépendance nationale

De Gaulle considère la politique étrangère de la France comme un « domaine réservé » et il se fait « une certaine idée de la France ».

Elle s ‘exprime surtout à l ‘ égard des Etats – Unis jugés par de Gaulle trop pesants. Il dote la France de la force de frappe en 1960 et en mars 1966 quitte l’organisation politique de l’OTAN.  (cf. R.I). Il critique l’intervention américaine au Vietnam (discours de Phnom Penh en 1966) ainsi que celle d’Israël en 1967 lors de la guerre des Six Jours. Il soutient cependant Kennedy lors de la crise de Cuba.

A l ‘ égard de la construction européenne, de Gaulle ne remet pas en cause le traité de Rome mais refuse la « supranationalité ». Il refuse par ailleurs l ‘ entrée de la GB par deux veto en 1963 et 1967.(la GB ne rentrera qu’en 1972).

En fait si l’Europe doit se faire c’est à partir du couple France / Allemagne. Dès septembre 1962 il fait un voyage triomphal en Allemagne où il est reçu par Adenauer avec lequel il signe le traité de janvier 1963 qui inaugure l’ère des rencontres régulières.

De Gaulle définit une politique étrangère propre reconnaissant la Chine communiste dès 1964 et en se déplaçant au Mexique (1964) et en URSS (1966).

 c) La crise de 1968 et le départ de de Gaulle : 1968-1969

La crise qui s’ouvre en mai 1968 révèle un malaise latent aux sociétés en fin de croissance. Aux Etats-Unis, au Japon en Allemagne et en Italie elle se développe aussi sous des formes proches. Elle ne devient en France une crise politique que dans sa dernière phase et encore celle ci se résout par une victoire écrasante du gaullisme.

c1) La crise de 1968

La génération des baby-boomers est massivement entrée à l’université : 140 000 étudiants en 1950, 800 000 en 1968. Une partie du monde étudiant est gagnée aux idées anarchistes et gauchistes qui contestent la société capitalistes dans un contexte d’opposition à la guerre du Vietnam. A Nanterre ils s’organisent dans le « Mouvement du 22 mars »  autour de Daniel  Cohn – Bendit. Les incidents entraînent la fermeture de l ‘université le 2 mai 1968 et le déplacement du mouvement vers la Sorbonne et la Quartier Latin. Les affrontements débutent dans la nuit du 10 au 11 mai entre police et étudiants.

Le 13 mai les syndicats décident de se joindre au mouvement et lancent le mot d’ordre de grève générale. Grèves et occupations d’usines se multiplient (Renault, Citroën) et à la fin du mois de mai il y a 10 millions de grévistes (volontaires ou non soit 40% de la p.a) qui paralysent le pays. La crise devient sociale.

Pompidou organise une confrontation générale qui débouche sur les accords de Grenelle du 27 mai 1968 : les salaires sont augmentés en moyenne de 10% (le SMIG 35%). Mais la base refuse de s’associer à la signature des syndicats (CFDT, CGT) et le mouvement continue. En fait on s’aperçoit vite que les syndicats ne contrôlent pas grand-chose d’un mouvement largement spontané aux contours dépassant de très loin les clientèles classiques des centrales syndicales. Mais la crise devient alors politique.

Le 27 mai 1968 se tient au stade de Charléty un grand rassemblement de la gauche et le 28 mai ,F. Mitterrand  demande la formation d’un gouvernement provisoire présidé par Mendès France alors que le PCF propose un « gouvernement populaire ». Le 29 mai, de Gaulle est introuvable. Il est en fait à Baden-Baden pour consulter le général Massu qui commande les forces armées stationnées en Allemagne.

Le 30 mai De Gaulle dissout l’assemblée et appelle les Français à refuser le désordre. Dès  17 heures, 500 000 d’entre eux sont dans les rues de Paris pour soutenir le gouvernement. C ‘ est le tournant des événements.

Les élections  des 23 et 30 juin voient l ‘ UDR et ses alliés remporter la majorité absolue avec 294 députés sur 487. La gauche s’effondre en particulier le PCF qui passe de 73 à 34 députés

c2) Le départ du général de Gaulle:1968-1969

En fait la victoire gaulliste aux Législatives est plutôt celle de la peur du désordre que celle du gaullisme. Il tente de remobiliser l ‘opinion en sa faveur en lui proposant un référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat. La gauche et le centre se déclarent hostiles au projet mais aussi une partie de la majorité (VGE).

Le 27 avril 1969, 52 % des votants votent « non ». Sans y être obligé, de Gaulle démissionne le 28 avril.

d) Néo-gaullisme et libéralisme : 1969-1981

 d1) La présidence de G. Pompidou : 1969 -1974

Pompidou apparaît comme l ‘ héritier de de Gaulle. il est élu président de la République en juin 1969. La gauche est à nouveau laminé au 1er tour (Deferre obtient 5 % des voix, Rocard : 3,5 %). Il l ‘ emporte au second tour contre le président du Sénat, le centriste A. Poher avec 57,5% des voix

  J.Chaban Delmas

   d11) La « Nouvelle Société » de J. Chaban-Delmas

Nommé 1er ministre, CD pratique une politique d ‘ouverture vers le Parlement, les centristes (VGE aux finances,) et même le syndicalisme modéré (Delors). il annonce son intention     d’établir une « Nouvelle Société » : libéralisation de la télévision, amorce de la décentralisation régionale, modernisation de l ‘industrie française. Surtout il met en place une politique contractuelle (conventions collectives), créé le SMIC et généralise la mensualisation des salaires. Création du ministère de l’Environnement en 1971, loi sur la formation professionnelle continue.

   d12) Les nouvelles difficultés

Ce nouveau programme indispose la fraction la plus conservatrice de la majorité et Pompidou est lui aussi réticent. La rivalité ne peut que conduire au départ du 1ler ministre en juin 1972. Pompidou nomme alors P. Messmer qui mène une politique plus conservatrice Mesmer reprend le contrôle étatique des médias (radio, télévision).

 P.Messmer

D ‘autre part l ‘opposition se réorganise en un front commun : Les socialistes se regroupent en 1971, au congrès d’Epinay, dans le parti socialiste dont Mitterrand devient le dirigeant.

En mai 1972 socialistes, communistes de G. Marchais et radicaux de gauche signent le « Programme commun de gouvernement » en vue des législatives de 1973. Les résultats est une nette progression de l ‘ opposition mais la droite reste majoritaire.

Lorsque Pompidou meurt en avril 1974, la France est déjà entrée dans la crise économique mais avec des institutions fortes et acceptées. Cependant la droite est à présent divisée entre les gaullistes de l’UDR et la droite « modérée » regroupée autour de Valéry Giscard d’Estaing.

 d2) V. Giscard d’Estaing et le « Libéralisme avancé »

Le septennat s ‘ouvre sur la crise qui se traduit par la stagnation économique et l ‘ inflation (En 1974 : 15 %). Le chômage se développe (450 000 en 1974 et 900 000 fin 1975).L ‘ élection présidentielle est serrée : F. Mitterrand  arrive en tête au 1er tour  avec 43,2 % des voix. Alors que VGE n ‘ en obtient que 32,6 %. Ce dernier l ‘ emporte d ‘ extrême justesse au 2nd tour avec 50,8 % des voix (424 000 voix d’avance). C ‘est la bipolarisation.

 V.Giscard d’Estaing

      d21) La phase de transition : 1974 -1976

VGE (48 ans) nomme J. Chirac 1er ministre (pas le choix : le groupe UDR est prépondérant à l’Assemblée.) et entame une politique de réformes : majorité à 18 ans (21 ans depuis 1792), création d’un secrétariat à la condition féminine, Loi sur le divorce par consentement mutuel (1974), loi sur l’avortement (1975).

 Une présidence plus « proche des Français » : remontée des  Champs Elysées à pied,  « causeries » au coin du feu à la TV, repas chez les Français, invitations des éboueurs…

Face à la crise le gouvernement réagit en garantissant les ressources des chômeurs pour au moins un an, augmentation du minimum vieillesse. Cependant les effets de la crise se font de plus en plus sentir (chômage passe de 450 000 en 1974 à 1 million en 1975) alors que le gouvernement hésite entre la déflation et la relance par la consommation. De plus, les tensions entre VGE qui veut tout contrôler et J. Chirac entraînent la démission de ce dernier en août 1976 (le 1er ministre souhaitait une dissolution de l’AN et des élections anticipées ce qui refuse VGE). Chirac transforme l’UDR en RPR (Rassemblement pour la République) et est élu à la mairie de Paris en 1977. Les giscardiens se rassemblent dans l’UDF (Union pour la démocratie française) en 1978.

  J.Chirac

  d22) la phase centriste : 1976 – 1981

R. Barre qui succède à J. Chirac est un adepte des grands équilibres économiques et non de l’intervention de l’Etat. Son plan veut lutter contre l ‘ inflation (prix et tarifs publics bloqués pendant 3 mois, encadrement du crédit, encouragement à l’épargne), libérer les entreprises du contrôle des prix et favoriser les exportations.

Malgré quelques résultats entre 1977 et 1979, le second choc de 1980 vient ruiner les efforts du pays et l ‘inflation reste à 13,6 % de même que le chômage qui touche en 1981, 1,6 millions de personnes.

 R.Barre

e) Alternances et cohabitations : 1981 – 2002

  e1) F. Mitterrand président : 1981-1995

    Le 10 mai 1981, F. Mitterrand est élu président de la République avec 51,7 % des voix devant VGE. Il nomme P. Mauroy premier ministre et dissout l ‘ Assemblée nationale. Les élections  des 14 et 21 juin donnent lieu à une « marée rose » avec une majorité absolue pour le seul PS;. Ils gouvernent avec le PCF (4 ministres) et les Radicaux de gauche.

  F.Mitterrand

  e11) « l’état de grâce » et les grandes réformes

P. Mauroy décide de faire une politique de relance par la consommation afin de combattre le chômage (et non plus l’inflation) : taux d’intérêts baissés, SMIC et bas salaires revalorisés (10%), baisse de la durée du travail à 39 heures payées 40, hausse des allocations familiales (20%), de logement et des prestations vieillesses. Le gvt crée aussi 225 000 emplois publics.

A ceci s ‘ ajoute des mesures structurelles promises par F. Mitterrand dans son programme des « 110 propositions » : Décentralisation par les lois de Deferre de 1982 et 1983. Nationalisations : CGE, PUK, Rhône-Poulenc, Thomson-Brandt, 36 banques (CIC, Paribas…l’Etat contrôle 95% du crédit).

Et des réformes sociales : retraite à 60 ans, 5ème semaine de congé, abolition de la peine de mort.

  e12) La rigueur.

La politique de relance par la consommation n ‘ a pas enrayé la crise. chômage continue sa progression (2 millions en octobre 1981). L’augmentation des dépenses publiques a entrainé une augmentation du déficit public (+ 28%). La balance commerciale et la balance des paiements se détériorent car la politique de relance favorise surtout les importations.  P. Mauroy décide d ‘un virage à 180 ° en annoncent en juin 1982 la « rigueur ». 3 dévaluations successives (81, 82, 83) n ‘ont d ‘autres effets que baisse de la valeur du franc. Malgré le blocage des prix et des salaires en 82. En 1984, il y a 2,3 millions de chômeurs.

Les revers se multiplient : au début 84 le gouvernement décide de diminuer l’activité de la sidérurgie et des mines s’aliénant le soutien des syndicats mais aussi du PCF.  Forte opposition sur le projet d’un service public unique d’enseignement de Savary qui est retiré. Echec aux élections européennes de juin 1984 la majorité ne recueille que 33% des voix (le PC tombe à 11%).

L. Fabius (38 ans) succède à P. Mauroy en juillet 1984 et poursuit, sans les communistes, la politique d ‘ austérité mais abandonne les grands projets idéologiques dont le coût  accroissaient le déficit budgétaire.

 P.Mauroy    L.Fabius

Pour éviter un revers prévisibles aux élections législatives de 1986, Mitterrand impose le scrutin proportionnel interdisant aux partis de droite de se rassembler mais au risque de voir le Front National rentrer à l’assemblée.

 e2) La 1ere cohabitation : 1986 – 1988

Aux élections de juin 1986, la droite libérale l’emporte malgré le bon score du Front National qui obtient 9,6% des voix et 35 députés. Le PS limite les dégâts (avec 32 % des suffrages exprimés le PS reste le parti n° 1 mais le PCF s ‘ effondre au niveau de 1932 (35 députés)). Au même moment les premières régionales donnent à la droite 20 des 22 régions.

F. Mitterrand nomme J. Chirac 1er ministre. Se met en place une dyarchie c’est-à-dire un partage concurrencé du pouvoir entre les deux têtes de l’exécutif .Il y a donc partage des tâches : « le 1er min ; détermine et conduit la politique de la nation » ( art.5 et 20 ) / le président Mitterrand rappelle les règles en s’ appuyant sur la C° de 1958 : «  Le PR assure la continuité de l’ Etat et le fonctionnement régulier des pouvoirs publics » , il «  garantit l’indépendance nationale et l’intégrité du territoire, il est le chef des armées » , enfin , il «  veille à l’ application des grands principes républicains ». Le Président s’arroge le domaine de la défense et des AE.

Mitterrand n’intervient pas dans la politique quotidienne mais refuse à 3 reprises de signer des ordonnances de privatisation demandées par le gvt qui doit passer alors par l’AN. Le PR conserve cependant une fonction tribunitienne forte.

C ‘ est un retour à la politique libérale avec E. Balladur à l ‘ économie. Privatisations de Saint Gobain, Paribas, Société Générale. Au total 65 entreprises sont concernées. Mais il ne revient pas sur les réformes de 1981.

Cependant le gouvernement est confronté à de nombreuses difficultés manifestations étudiantes contre la réforme Devaquet, , grèves dures à la SNCF en hiver 1995,  vague d ‘attentats terroristes, otages du Liban, violences en Nouvelle – Calédonie.

En même temps les résultats économiques ne sont pas à la hauteur des espérances: (2.6 millions de chômeurs  en février 1987),  malgré un léger redressement (hausse moins rapide du chômage) en partie ruiné par le krach boursier de 1987.

  e3) Le retour de la gauche au pouvoir: 1988 – 1993

Lors des élections présidentielles de juin 1988, la division a droite (Chirac + Barre)  permet à F. Mitterrand de l’emporter largement avec 54% des voix contre 46% à Chirac. Il nomme alors M. Rocard 1er ministre et prononce la dissolution de l ‘ A.N. Les socialistes n ‘obtiennent alors qu’ ‘une majorité relative.

Il met en place le RMI financé par le nouvel impôt sur les fortune ( ISF : impôt de solidarité sur la fortune). Il lance un « Plan pour l ‘ emploi » et crée la CSG pour financer la SS.

Cependant, les déficits publics ne font que s ‘ accroître et le nombre des chômeurs augmente continuellement (9 % de la p.a ).

Les rivalités entre F. Mitterrand et M. Rocard entraînent le départ du 1er ministre en mai 1991.

E. Cresson est nommée 1er ministre en mai 1991 au moment où la croissance se ralentie considérablement. Elle est confrontée à des mouvements sociaux graves (paysans, infirmières) et affaiblie par les scandales politico – financiers qui touchent les socialistes. Commence l’ère des « Affaires »  (délits d ‘initiés, financement des partis politiques).

Elle démissionne en avril 1992 et est remplacée par Pierre Bérégovoy .Sa politique économique est aussi un échec : fin 1992, le nombre des chômeurs dépasse les 3 millions et en 1993, pour la première fois depuis la guerre, la croissance est négative. Par contre l ‘inflation est réduite à 2%. Les Français accueillent mollement l ‘Union Européenne: le traité de Maastricht est ratifié avec 51 % de oui.

M.Rocard  E.Cresson   P.Bérégovoy

 e4) La seconde cohabitation: mars 1993 – mai 1995.

Les élections législatives de mars 1993 sont un succès historique pour la droite libérale qui emporte 80 % des sièges (462 députés sur 577).

F. Mitterrand nomme alors E. Balladur premier ministre. C’est une cohabitation « courtoise ».

Le nouveau gouvernement cherche à restaurer la confiance et à limiter les déficits publics et lance un emprunt avec succès. Ainsi que de nouvelles privatisations. Cependant la courbe du chômage, même ralentie dans sa progression, poursuit sa hausse jusqu’en 1994 où elle atteint un sommet historique avec 3.4 millions demandeurs d ‘ emplois.

 E.Balladur

e5) Le septennat de Jacques Chirac et la 3eme cohabitation: 1995 – 2002

     J. Chirac et E. Balladur sont en compétition à droite.  En face, le PS présente L. Jospin. (Enarque, longtemps militant trotskiste, au PS en 1971 et 1er secrétaire en 1981, ministre de l’éducation Nationale en 1988, en disgrâce avec Mitterrand en 1992).

Chirac finit par s’imposer au 2nd tour avec 52,6 % des voix. Il lance le thème de la « fracture sociale »

e51) La rigueur : 1995- 1997 :

A. Juppé est nommé 1er ministre. Très vite la réduction de la dette publique devient prioritaire pour satisfaire les critères imposés par Maastricht pour créer l’euro. Les mesures de lutte contre le chômage et la « fracture sociale » passent au second plan.

  A.Juppé

A l’automne 1995 ; l’annonce du plan Juppé pour combler le déficit de la SS => des grèves dans les services publics. L’impopularité du 1er ministre s’accroît => Chirac décide de dissoudre l’AN et d ‘ anticiper les élections législatives prévues en 1998. La « gauche plurielle » emporte les élections.

e52) La 3ème cohabitation : 1997- 2002

L. Jospin est appelé à Matignon et forme un gouvernement « pluriel » (rose, rouge, vert) avec des ministres communistes, écologistes, et radicaux.

Il va bénéficier de retour de la croissance et en mars 2000, le nombre de chômeurs repasse sous la barre des 2.5 millions.

Le gouvernement créé des emplois jeunes et réduit le temps de travail à 35 heures ( mise en place des « RTT »), le Pacte civil de solidarité (PACS). Progressivement la popularité de Jospin s’effrite : division de la majorité, opposition des enseignants à la réforme Allègre, montée de l’insécurité, déficit croissant de la SS.

Le quinquennat est approuvé par référendum en octobre 2000 par 73 % de « oui » mais 70 % d’abstentions.

 L.Jospin

Les 3 cohabitations:

f) le quinquennat de J.Chirac:2002-2007

– Election présidentielle du 21 avril 2002 : Atomisation de la vie politique : 16 candidats lors du 1er tour de la présidentielle de 2002. Développement du vote protestataire (Le Pen au second tour avec 16.8% des voix) associé à une forte abstention et au développement des formes de revendications associatives (Attac, Confédération paysanne, Act-up). L’ensemble de la classe politique appelle à voter pour Chirac (qui n’avait fait que 19.7% des voix au 1er tour) qui l’emporte au 2nd tour par 82,5% des voix.

Au mois de juin 2002 la droite gagne les législatives avec 53% des voix.

Le quinquennat est marqué par une grave crise de confiance à l’ égard des dirigeants: le gvt de Raffarin subit une lourde défaite aux régionales de 2004 (20 régions à gauche sauf Corse et Alsace). Echec du référendum sur la Constitution européenne en mai 2005 (54.8%) alors que les grands partis appelaient à voter oui.

Le nouveau 1er ministre de Villepin en 2005 doit affronter des mouvements de contestation:, émeutes dans les banlieues en novembre 2005, CPE (contrat de travail pour les moins de 26 ans) qui est retiré.

 J.P Raffarin   D.de Villepin

Conclusion:

Elections de mai 2007: un regain de participation car avec 83.7% des votants au 1er tour, c’est la plus forte participation depuis 1974. N. Sarkozy l’emporte avec 53,6% des votes.

Cependant, aux élections législatives de juin 2007, l’abstention a atteint un record de 40%

Recul de l’extrême droite: (10%,) des écologistes et des communistes.

La présidence de N.Sarkozy est marquée par un retour de la prééminence du PR sur le 1er ministre : communication directe, »hyper-présidence », une dégradation de l’image de la fonction présidentielle dans un 1er temps et une tentative de représidentialisation ensuite.

 

 

Category(s): 1.PLANS DÉTAILLES COMPOSITIONS HISTOIRE, H7.Gouverner la France depuis 1946

Laisser un commentaire