Correction ECD : Les Etats-Unis et le monde depuis 1918 (TES1)

 

Discours de W.Wilson devant le Congrès, 8/1/1918
Photographie d’une réunion de l’American First Committee, 1941

 

Les interventions militaires américaines lors des deux guerres mondiales marquent des étapes majeures dans l’affirmation du rôle mondial des États-Unis mais elles sont aussi les enjeux de débats internes qui divisent la société comme en témoignent  ces 2 documents. Le premier est un extrait du discours du président démocrate W.Wilson devant le Congrès le 2 janvier 1918. Ce dernier y présente les principes qui devront régir le nouvel ordre international une fois la paix signée. En janvier 1918, les combats se poursuivent et l’issue du conflit reste incertaine. Les États-Unis sont entrés en guerre en avril 1917 mais leur contribution sur le terrain commence à peine à produire ses effets. Le 2nd document est une photographie prise à l’occasion d’un meeting de l' »American First Committee » en 1941.Ce mouvement isolationniste et pacifiste refuse l’hypothèse d’une entrée en guerre des Etats-Unis et le soutien matériel que le pays apporte à la cause des Alliés. Cette réunion se tient avant l’attaque japonaise de Pearl Harbor du 7 décembre 1941.
Ce deux documents nous permettent de rendre compte tout d’abord de la politique étrangère des Etats-Unis en 1918, marquée par le principe de la « Destinée Manifeste » et l’ambition mondiale de Wilson puis en 1941, alors que le président Roosevelt peine à se défaire de la tentation isolationniste d’une nation encore profondément acquise à  la doctrine Monroe.

Le président Wilson est intimement persuadé du rôle majeur que doivent jouer les E.U dans le règlement de la paix et l’organisation d’un nouvel ordre mondial. Le « wilsonisme » défend en effet les principes de la « Destinée Manifeste » : la mission d’étendre au monde les valeurs sur lesquelles reposent la nation américaine : la démocratie et le libéralisme. Le programme en 14 points qu’il présente devant le Congrès marque ainsi une rupture dans la tradition isolationniste des EU et en particulier dans l’intérêt porté à la résolution  de conflits extra-américains. Cette conviction se marque tout d’abord dans la tonalité très volontariste des propos du président: « nous exigeons »,  » nous voulons », ce programme, le seul possible (…) » et encore « Il faut qu’une SDN (…) ». Conscient de l’importance de la contribution américaine à l’effort de guerre (près de 4.3 millions d’hommes seront  mobilisés, plusieurs dizaines de milliards de $ prêtés aux alliés), Wilson fait savoir que les Etats-Unis  entendent jouer un rôle de premier plan dans l’établissement de la paix. Il en présente ensuite quelques grands principes : liberté de navigation, suppression des barrières douanières, armement réduit, fin des grands empires continentaux et reconnaissance du principe des nationalités et enfin multilatéralisme avec la création d’une Société des Nations. En fait, toutes décisions qui, au-delà des grands principes de liberté et de droit international, donneraient  aux Etats-Unis une influence inédite sur la scène internationale.

 

Au mois de janvier 1919, Wilson est le 1er président américain à faire le déplacement en Europe; signe supplémentaire de la nouvelle ambition des EU. Il y dirige la Conférence de la Paix qui se conclue en juin par le Traité de Versailles. Mais en mars 1920, le Congrès refuse sa ratification et au mois de novembre, le nouveau président Harding est élu sur le thème « America first ».

 

Le 2nd document illustre la permanence des tentations isolationnistes qui avaient stoppé l’élan du wilsonisme en 1920. L’American First Committee (AFC), fondé en 1940, auquel participe notamment le célèbre aviateur C. Lindbergh, refuse tout compromis avec la Doctrine Monroe. Énoncée en 1823, elle stipule que les  États Unis ne doivent pas intervenir en Europe et les pays européens sur le continent américain. L’AFC  milite contre la politique de Roosevelt qui , réélu président en 1940, annonce que le pays doit être l' »arsenal des démocraties » et vient de faire adopter la loi du « prêt-bail » autorisant la fourniture  aux pays  dont la défense est jugée nécessaire à la sécurité des Etats-Unis, une aide matérielle et financière. C’est le sens du slogan :’Non aux convois ». Mais c’est surtout la perspective d’une entrée en guerre qui mobilise l’AFC. L’association dramatise alors son message en lui donnant un double sens : » Save Our Sons, soit SOS » ou un écho aux disparus de la 1ère guerre mondiale : »Non à la mort de soldat américain », « Sauvez nos fils ».  Ce repli isolationniste qui devient plus audible en 1941 témoigne en fait d’une ligne directrice de la politique étrangère américaine entre 1920 et 1937 malgré quelques incursions dans le concert des nations européennes (Plan Dawes et Plan Young).  Il faut attendre 1937 pour que Roosevelt assouplisse cette position avec le vote des lois « cash and carry ». La défaite de la France puis les menaces sur la Grande Bretagne qui touchent directement les intérêts américains relancent le débat. Alors que le Congrès rétablit la conscription, les neutralistes se mobilisent dans l’AFC. C’est finalement l’attaque japonaise de Pearl Harbor le 7 décembre 1941 qui contraindra l’Amérique à entrer en guerre et signera l’échec final de la campagne pacifiste de l’AFC dissoute 4 jours plus tard.

 

Ces deux documents témoignent des tentations interventionnistes d’une part et isolationnistes d’autre part qui cohabitent et s’expriment successivement dans la politique étrangère des  Etats-Unis. Ils témoignent aussi, à deux moments différents, de deux échecs : celui du wilsonisme refusé par le Congrès en 1920 et celui du lobby isolationniste en 1941. Il faut finalement  attendre 1945 pour que les Etats-Unis assument véritablement et d’une façon plus consensuelle le rôle mondial  assigné par Wilson en 1918.

 

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