Médias de l’audio-visuel et opinions publiques lors des crises politiques depuis les années 20.

De la 1ère émission de Radio Tour Eiffel en décembre 1921 au « choc » des résultats du 1er tour de l’élection présidentielle d’avril 2002, les médias audio-visuels, radio, télévision puis internet, prennent progressivement une place prépondérante dans la formation et l’expression de l’opinion publique  et tout particulièrement lors des périodes de troubles et de conflits. Enjeu de pouvoir, instrument d’information et parfois de propagande, les médias A.V, ont tout à la fois relayé l’autorité de l’Etat, l’expression des contestations et finalement l’émiettement de l’opinion publique.
Pourquoi et comment ces médias se sont-ils progressivement imposés comme les relais privilégiés de l’opinion publique et comme des enjeux de pouvoir à l’occasion des grandes crises politiques?
Nous montrerons tout d’abord l’émergence de la radio dans les 30?s et la « guerre des ondes » entre la France libre et Vichy, puis le rôle croissant de la TV et des  radios que tente de contrôler l’Etat dès l’après-guerre et jusque dans les 70?s et enfin, la libéralisation et la multiplication des médias de l’audiovisuel et la fragmentation de l’opinion publique dont témoigne le « choc » d’avril 20022.

 

1/ 1920’s -1945

– Etat des lieux (contextualisation du sujet )  1er déclin de la presse écrite après la 1ère GM et développement de la radio.

Monopole de l’Etat (Radio Tour Eiffel) mais autorisations pour les 1ères  radios privées (Radiola, Radio Luxembourg).
– Equipement progressif mais rapide des Français: 10% en 1932, 60% en 1939
– Impact sur l’opinion publique modéré mais réel: le président du Conseil A.Tardieu inaugure les campagnes électorales la radio en 1932.Le Présidt.Doumergue intervient régulièrement en 1934 comme L. Blum en 1936 ( cf. aussi campagne législative de 1936: la droite dénonce la propagande du gvt (« TSFIO »)
crise du 6/2/1934 : le gvt discrédite les manifestants à la radio (des « repris de justice » des « voyous »)/
-La radio devient un enjeu majeur dans le conflit (guerre des ondes) : Pétain annonce l’armistice le 17 juin 1940 à la radio/ Appel du 18 juin de de Gaulle à la BBC. Instrument de propagande allemande et vichyste : Radio-Paris (éditoriaux de Ph. Henriot/ dénonciation du « général Micro »: DG), Radiodiffusion nationale (Radio Vichy)/  Rôle majeur pour diffuser l’esprit et les messages de résistance (, Radio-Londres, « Les Français parlent aux Français », P. Dac, les 1ers « jingles » : « Radio-Paris ment …Radio-Paris est allemande »).

 

En 1945 la radio s’est durablement imposée auprès des Français qui, au cours des années 50 et 60, s’équipent aussi progressivement  d’un téléviseur. Les médias audio-visuels deviennent plus que jamais les premiers « faiseurs » d’opinions mais aussi un enjeu de pouvoir pour les gouvernements qui cherchent à les contrôler et à  tirer profit de leurs audiences.

 

2/ 1945-1974
– Reprise en main de la radio par l’Etat/épuration : création de la RTF, interdiction des radios privées => création des radios périphériques (Europe n°1 en 1955 émet depuis l’Allemagne)/ Création de la Maison de la Radio en 1963 et de l’ORTF en 1964 contrôlé par le ministre de l’information.
– Evolution technique : création du transistor en 1956 => mobilité, miniaturisation. Développement de la télévision : 37 000 en 1953 à  1.3 millions en 1960 à 11 millions en 1970/ 1er JT en 1949 qui s’impose progressivement comme 1er source d’information/
– De Gaulle intervient régulièrement à la TV (20 fois entre 58 et 62 : conférences de presse, allocutions).
– Expl de la crise d’avril 1961 : putsch des généraux à Alger le 22 avril 1961 => De Gaulle intervient à la radio et à la télévision le 23 avril (discours rediffusé  à  la  radio  tous  les  quarts d’heures dans la nuit du 23 au 24). A Alger, le message est relayé par les radios périphériques (Europe 1, Radio Luxembourg). Rôle sur le contingent.
Rôle majeur dans la campagne électorale de 1965 (les candidats de l’opposition ont accès à la TV/ mise ballottage de DG => intervention à la radio et TV pour le 2nd tour)
– La crise de mai-juin 1968 : Radios et surtout TV publiques perçues comme « la voix de son maître » (cf. dessins et affiches)/ cf. pression sur les journalistes, censure => les radios périph. couvrent les événements du quartier Latin => rôle dans la formation d’un opinion publique d’abord favorable aux étudiants/ mvts. de grèves aussi à l’ORTF à partir du 25 mai
De juin à août: reprise en main par l’Etat de l’information/ licenciements et mutations à l’ORTF/ utilisation de la radio par de Gaulle (discours du 30 mai)/ mise en avant de la majorité silencieuse => apparent retournement de l’opinion publique.
Rappel du mot de Pompidou en 1972 sur la » télévision considérée comme la voix de la France »

 

A partir des années 70, les médias AV connaissent une double évolution : émancipation de la tutelle publique et multiplication. Leurs rapports avec l’OP deviennent plus interactifs et leur influence plus difficile à cerner.  

3/ Depuis 1974
– réorganisation par VGE de l’ORTF (7 sociétés autonomes) mais maintien du contrôle de l’Etat./ multiplication des radios pirates mais faibles impact sur l’opinion publique/
– 1982: Mitterrand libéralise l’audiovisuel => développt des « radios-libres »/ progressivement création de nouvelles chaines de TV (Canal +, 1984) et privatisation de TF1 (1987).
Un contrôle plus distant (HACA, CNCL puis CSA) mais tjrs. département ministériel attribué à la communication.
– Rôle de la TV dans les campagnes présidentielles (1er débat en 1974: VGE-Mitterrand : 25 millions de téléspectateurs) mais expl. de 2002: accusation d’avoir donné une place trop importante aux thèmes de l’insécurité/ absence de vision des progrès du candidat Le Pen dans les sondages et focalisation sur le duel Jospin-Chirac./ rôle du web dans la mobilisation du 2nd tour.
– Plus généralement : critique de la « télécratie » et de la démocratie d’opinion (les sondages décident les choix politiques).
– Multiplication des sources d’infos. (Câble, satel. et TNT)  et d’expression par internet. (Médiapart mais aussi les réseaux sociaux) => Individualisation de l’information, émiettement de l’opinion publique collective en une multitude d’opinions individuelles et de témoignages publiques.

 

Conclusion

– Les crises politiques ont mis en avant le rôle des médias comme outil de mobilisation, de contestation mais aussi, pour le pouvoir, de reprise en main de l’opinion publique ou de propagande.
– Bouleversement avec internet : multiplication des médias, fragmentation des collectivités, individualisation de l’information.
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