EDC Les Journées nationales du souvenirs (1946)

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Ce document est une affiche de Guy Georget réalisée en 1946 à l’occasion des Journées Nationales du Souvenir, organisées par 4 associations d’anciens combattants, de prisonniers de guerre, de déportés résistants et  de travailleurs du  STO dans la ville de Compiègne , siège d’un des principaux  camp de transit pendant la guerre. Le pays est alors en plein effort de reconstruction et l’épuration s’achève. Il faut restaurer l’unité nationale et travailler à la réconciliation des Français. La construction progressive du « mythe resistancialiste » exaltant le patriotisme, la résistance et  l’union de toutes les victimes est en marche comme en témoigne ce document.

 Ainsi pouvons-nous nous interroger sur la volonté de l’auteur de cette affiche de mêler les différentes mémoires de la déportation dans l’immédiat après-guerre.

Description

1er plan :

Un groupe d’hommes, de tailles similaires, de couleur identique sombre.

Des postures fraternelles, de retrouvailles. Des gestes amicaux (mains sur l’épaule, bras levé).

Des attributs vestimentaires qui les identifient : un prisonnier de guerre (le calot et le manteau), un ancien combattant (le casque), un déporté (la tenue rayée) et un travailleur du STO (le béret).

2nd plan :

Un paysage ravagé par les destructions de la guerre qui témoigne de la situation du pays : arbres calcinés, maisons détruites qui se fondent dans une couleur sombre et uniforme.

       Les éléments lexicographiques :

C’est une affiche informative, il n’y a pas de slogan ou d’appel. Les noms des 4 associations sont présentés sans hiérarchie: l’Union française des associations d’anciens combattants, la Fédération nationale des prisonniers de guerre, la fédération nationale des déportés et internes résistants et patriotes et la Fédération nationale des déportés du travail.

       Les éléments symboliques :

La bannière (le calicot) nationale (bleu/blanc/rouge) qui surmonte le groupe et l’affiche.

 

Explication (en quoi cette affiche révèle-t-elle la volonté d’unir les mémoires de la 2nd GM ?)

les personnages représentés ne sont pas réellement distingués, l’auteur les associe sous un même stéréotype alors que les destins des uns et des autres sont très différents. Les prisonniers de guerre (environ 2 millions) sont associés aux anciens combattants, aux déportés du STO (600 000) et aux déportés (162 000). Il n’est fait aucune mention de la spécificité du génocide juif ni même de cette population parmi les déportés alors qu’elle en représentée près de 50%. Les victimes de la barbarie nazie sont regroupées sous la bannière protectrice de la « France éternelle ». La souffrance est celle de tous les Français qui doivent s’unir pour reconstruire le pays.

Cependant,l’affiche ne désigne pas les héros ni non plus les « collabos ». En 1946, la nécessité de restaurer l’union des victimes  et la concorde nationale s’imposent. Mais dans la réalité des faits, ce sont les résistants et patriotes qui sont associés aux commémorations et non les requis du STO ou les déportés raciaux. Progressivement, la mémoire qui s’impose est celle de l’épopée résistante et non plus celle de la souffrance partagée. C’est le « mythe resistancialiste » (H.Rousso).

Category(s): 3.ECD HISTOIRE, H1.Les mémoires de la Seconde guerre mondiale

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