La citoyenneté sous l’Antiquité

Que signifie être un citoyen à Athènes et à Rome dans une cadre politique , géographique et temporel si différents ?

Athènes et la démocratie constitue LE modèle politique depuis le XVIII°s . En effet, ce sont les grecs qui ont inventé la démocratie et la notion de citoyen, mais une démocratie bien éloignée de la notre.

Que signifie être citoyen à Athènes ?

Pour être citoyen, il faut être un homme de condition libre et fils de citoyen . A 18 ans, ceux qui répondent à ces critères sont inscrits sur les registres des démotes et effectuent l’EPHEBIE (service militaire de 2 ans ). En -451 Périclès limite l’accès à la citoyenneté au fils de père citoyen et de grand -père maternel citoyen .

La population athénienne et le DEMOS (les citoyens) ne se confondent pas. De fait, les citoyens ne représentent que 13 % de la population athénienne. Les 87 % restant sont exclus de la citoyenneté et se répartissent en 3 groupes. Les esclaves ne disposent d’aucun droit, ils sont une marchandises appartenant à leur maître. Les métèques sont des étrangers qui résident dans la cité. En échange, ils paient une taxe et occupent souvent des fonctions commerçantes. Cependant, ils participent à certaines fêtes et peuvent être soldats. Quant aux femmes, elles ne disposent d’aucun droit politique mais jouent un rôle essentiel au sein du foyer et dans la vie religieuse.

Les citoyens doivent participer à la vie politique puisque c’est une démocratie directe. Le MISTHOS permet de compenser la perte d’une journée de travail, mais surtout le citoyen doit se battre pour sa cité.

L’Assemblée des citoyens (l’ecclésia) est au centre du fonctionnement de la démocratie athénienne. Ouverte à tous les citoyens, elle détient un large pouvoir, notamment législatif, décide de la paix et de la guerre, vote l’ostracisme d’un citoyen. C’est une démocratie directe. De même, elle désigne les magistrats (archontes, stratèges), soit par l’élection, soit par le tirage au sort, qui ont pour rôle de diriger la cité et faire appliquer ses lois. Ces derniers sont soumis au contrôle des citoyens et doivent rendre des comptes à l’issue de leur charge. Ainsi, chaque citoyen est dans sa vie gouverné et gouvernant. Si la citoyenneté est un privilège, elle impose un certain nombre de devoirs que le citoyen se doit de respecter scrupuleusement s’il ne veut pas perdre momentanément ou définitivement son statut.

La démocratie athénienne favorise la tenue de débats intenses entre les citoyens. Dans le cadre de l’ecclésia ou du théâtre, la parole est relativement ouverte, y compris pour émettre des critiques sur le système démocratique :

  • une démocratie détournée par quelques citoyens influents (les démagogues) 
  • l’absence de réelle égalité entre citoyens 
  • l’incapacité des plus pauvres à s’occuper d’affaires publiques malgré le misthos.

La notion de citoyenneté à Athènes est restrictive. Les citoyens sont des privilégiés, ce qui ne signifie pas qu’ils n’aient pas de devoirs importants. Mais Athènes a inventé un régime politique original et très exigeant, ce qui explique qu’il n’a pas duré longtemps.

Des fêtes religieuses comme les panathénées sont des évènements civiques parce qu’ils rassemblent TOUS les habitants d’Athènes.

L’Empire romain du I au III° siècle est un système politique radicalement différent de celui précédemment étudié à Athènes, de même les limites géographiques différent .Le terme de citoyenneté recèle-t-il une autre réalité ?, réalité qui se modifie au cours des siècles en fonction de la politique des empereurs.

Auguste fonde l’Empire en 27 av JC. Cet empire repose sur le pouvoir d’un homme et d’une dynastie issus de César. En effet, Octave, fils adoptif de César, remporte des victoires sur Antoine, fidèle de César, puis se fait proclamer empereur sous le nom d’Auguste. Il réorganise l’armée et l’administration, sans oublier de s’attribuer les pouvoirs du Sénat et du peuple.

Les pouvoirs de l ‘Empereur sont politique, militaire IMPERATOR , religieux AUGUSTUS et judiciaire, il est donc le seul maître de Rome et de l’Empire tout en gardant des apparences républicaines. En effet perdurent des institutions républicaines comme le Sénat mais qui n’ont plus qu’un rôle consultatif. Ce régime se nomme le PRINCIPAT.

La légitimité du nouvel empereur provient du principe dynastique, puisque l’empereur de son vivant désigne son successeur et l’adopte le cas échéant.

L’Empereur se met en scène (statue, arc de triomphe, colonne..) en se glorifiant, il glorifie le peuple qui lui est soumis car le personnage de l’empereur est divin. L’architecture est un instrument de propagande. Le culte à l’empereur est un ciment de cohésion des populations de l’empire.

Pour asseoir son autorité, il distribue du blé et organise des jeux (panem etcircenses, Juvénal poète romain)

Rome fut d’abord une cité monarchique (VIII°-VI°s avt JC), puis une République au VI°s pour enfin se transformer en un immense empire en 27 avt JC . Cet empire bordé par le limes s’étend des îles britanniques au nord, à l’Égypte au sud et au bord de la Mésopotamie à L’est. Rome est la capitale  les provinces dépendent de Rome, et les villes sont administrées par des magistrats municipaux. Certaines villes anciennes gardent leurs institutions mais les notables se soumettent à l’autorité de Rome. Il existe deux grands types d’habitants dans l’Empire, les citoyens romains et les PEREGRINS, sans oublier les esclaves.

Le citoyen romain s’identifie par trois noms (Tria nomina ), il porte la toge. Il existe deux catégories de citoyens : les honestiores  (magistrats municipaux, chevaliers et sénateurs parmi lesquels l’empereur choisit ses conseillers) et les humiliores qui constituent la clientèle des honestiores.

La citoyenneté procure des droits :

  • servir dans la légion
  • justiciable devant des magistrats romain
  • des privilèges (disposer librement de ses biens )
  • droit d’être élu
  • ne payent pas le tributum (impôt proportionnel à la fortune )
  • cursus honorum

Mais aussi des devoirs

  • Payer l’impôt sur les successions
  • participer au culte public et surtout au culte impérial
  • et défendre l’empire

La citoyenneté romaine s’acquiert d’abord par la naissance, mais aussi après avoir servi 24 ans dans les troupes auxiliaires de l’armée romaine, ou alors après avoir exercé des fonctions de magistrat dans une cité. L’empereur peut aussi accorder la citoyenneté sur recommandation pour d’anciens esclaves ou des étrangers (pérégrins).

Sous l’empereur Claude (41-54),  1/10° de la population de l’Empire est composée de citoyens. Claude accorde le droit de cité aux notables romanisés de la Gaule chevelue (tables claudiennes 48 ap JC )

En 212, l’empereur Caracalla accorde la citoyenneté à tous les citoyens libres, ce qui lui permet de réduire l’influence des honestiores (sénateurs) et d’augmenter les impôts.

Asterix, combat des chefs

La romanisation désigne le processus par lequel la civilisation romaine (son mode de vie, ses valeurs, ses traits culturels) se répand dans les territoires conquis par Rome. De l’axe rhino-danubien à l’Afrique du Nord, de l’Atlantique à l’Asie Mineure, l’administration romaine s’impose face aux autorités locales qui n’ont d’autre choix que de se soumettre et de collaborer avec l’occupant (les armées font régner la pax romana).

La romanisation se définit également par un phénomène d’acculturation des populations mises en contact avec la civilisation des Romains. Cette acculturation sera toutefois variable selon les régions, dépendant du degré de résistance culturelle des différentes populations. En Europe, les tribus celtes, une fois vaincues, vont volontiers adopter le mode de vie à la romaine contribuant ainsi à l’éclosion d’une civilisation originale et brillante, la civilisation gallo-romaine qui s’épanouira au cours des quelques siècles suivants.

La religion est liée à la vie quotidienne des romains, il y a les cultes familiaux, le panthéon gréco-romain, le culte impérial mais aussi l’acceptation et l’intégration de dieux venus des différentes provinces de l’Empire, c’est ce que l’on nomme le syncrétisme.

Les romains transforment les territoires conquis en construisant des aqueducs, des thermes, des amphithéâtres, des villes selon le plan de Rome. Le droit romain s’impose et s’est poursuivi alors même que l’Empire disparaissait. Cet empire est la base de notre héritage gréco-romain à l’échelle européenne.

La citoyenneté à Rome est un élément d’intégration des peuples de l’Empire sans accorder de véritable pouvoir politique sauf à l’échelle locale.

correction eva citoyenneté 2017

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